Marche de Sahxxx

Marche de Sahxxx accompagnée par Maria

Jeudi 10 juillet :: 1ère étape

S  1ère étape : j’ai commencé le chemin par une grande montée ; elle était très dure, mais malgré tout, je n’ai pas lâché et je suis très fière de moi. J’étais très fatiguée, mais j’ai fait mes 15 km. Maria est très encourageante, à l’écoute, elle m'aide beaucoup à avancer ; On a toutes les deux envie de réussir le chemin. Je l'apprécie beaucoup. Je l’admire car elle me donne confiance en moi. J’ai hâte de continuer l’aventure à ses côtés.

Maria : Première étape de 15 km. S est une jeune fille très motivée. Elle est facile à vivre. Elle découvre son corps et des sensations “bizarres” :  ses muscles, son dos, ses pieds. Une longue montée nous a ouvert le chemin. De nombreuses pauses ont été nécessaires. Malgré son ancienne mauvaise hygiène de vie, elle n’a rien lâché. Je suis heureuse de l’accompagner.

Vendredi 11 juillet : 2ème étape

S : Aujourd’hui, je n'étais pas très bien, j’ai mal dormi, mais j’avais la motivation pour marcher. On a commencé la marche doucement avec quelques montées, j’avais mal aux pieds et à la tête, mais j’ai continué. Je me suis mise à pleurer et ça m’a fait du bien. On est montées à 1270 m de haut avec des chemins très compliqués, très techniques, mais j’ai continué, Maria m’a beaucoup soutenue. On a fait une pause, ensuite, nous sommes reparties. Il y avait beaucoup de descentes et de montées très longues. J’ai eu un coup de nerf et malgré que j'avais du mal à respirer, je me suis mise à marcher, marcher super vite et j'ai fait une crise d’asthme et d’angoisse. Maria m'a aidée à me calmer mais c’était très compliqué, donc elle m’a mise à l’ombre et est partie demander de l’aide. René et Cécile nous ont accueillies ; ils ont appelé une infirmière ; elle m'a conseillée du repos, ensuite Cécile nous a ramenées à notre gîte. Maria m'a beaucoup aidée et je la remercie beaucoup

Maria : Nous avons Maria et moi, marché 10 km aujourd’hui sur les 15 km prévus. Un chemin un peu technique avec montées et descentes qui ont épuisé S. physiquement et moralement. Sur les derniers kilomètres, elle s’est énervée. Elle a accéléré et elle a eu un coup de chaud et une crise d’asthme. Je l’ai laissée assise à l’ombre et j’ai demandé de l’aide à la première habitation. René et Cécile nous ont accueillies, très gentiment. On a appelé une infirmière qu’ils connaissaient car pas de pharmacie, ni médecin dans le village. L’infirmière a questionné S :  antibiotiques, + la chaleur, + corps pas habitué à l’effort, et son asthme…Elle lui a conseillé du repos. Elle m’a dit qu’elle pouvait continuer à marcher. Cependant, avant de partir, elle m’a dit d’appeler le 15 si aggravation. S a récupéré. Aujourd’hui, repos et demain nous reprenons la marche S est toujours aussi motivée.

Samedi 12 juillet

S : Aujourd’hui, Maria et moi avons pris le car jusqu’à Saugues. Nous sommes parties déposer nos sacs au gîte, puis on est parties pique-niquer au bord d'un lac. C’était génial, j’ai bronzé. Ensuite, on est rentrées au gîte. J’ai pris ma douche, puis on est parties manger. On est rentrées se reposer.

Maria : Nous avons passé l’essentiel de la journée au bord d’un lac. S est à la fois très motivée et me dit que sa vie lui manque, ses amis, ses addictions. Elle se confie à moi. Elle a grandi dans la violence. Elle l'a été également. S a du mental, cependant son corps souffre, physiquement, elle a du mal à marcher, surtout en montée. Nos échanges sont sincères et très agréables.

Dimanche 13 juillet : (4ème étape)

S : Aujourd’hui, je me suis réveillée à 6h. J’étais très fatiguée. Je n'avais pas le moral, j’ai commencé le chemin avec une marche rapide et malgré que Maria insistait pour faire des pauses, j’ai continué à marcher. Mon cœur s’est emballé ; j'avais du mal à respirer. J’ai craqué. Je me suis arrêtée mais malgré mes angoisses, j’ai fait mes 14 km sans m’arrêter. Ensuite, nous avons pris un taxi pour arriver à notre gîte.

Maria : Réveil à 6h10. S se lève très rapidement. Elle ne parle pas, elle n'est pas bien. Je respecte son silence. Quand des pèlerins lui parlent, elle répond à peine. Je l’entends pleurer, elle s’arrête, elle craque, elle veut arrêter la marche. Elle a marché 14 km, à vive allure. S s'est essoufflée et a moralement craqué. On s’est arrêtées. Puis il lui restait 10 mn d’appel. Elle a appelé sa mère, eu ses sœurs et sa grand-mère. Elles lui ont remonté le moral, puis Célestin a fait la même chose. Nous sommes arrivées au Sauvage en taxi S veut marcher demain.

Lundi 14 juillet (5ème étape)

S : Aujourd’hui, je me suis réveillée à 7h. J’ai pris mon petit déjeuner. J’ai préparé mon sac et nous avons commencé le chemin dans une jolie forêt, le chemin était un peu technique des moments, mais j’ai eu un coup de mou. Donc, je me suis arrêtée. J'ai fait mes 13 km. C’était long mais j’ai réussi. Nous sommes arrivées, au gîte nous avons mangé, puis je me suis reposée. Maria m'a beaucoup soutenue. Elle est à l’écoute. Elle me donne de très bons conseils et j'apprécie beaucoup son soutien. J’ai envie de continuer mon aventure à ses côtés.

Maria : Comme prévu S a marché aujourd’hui. Nous avons marché doucement. Elle m’a bien écoutée, elle n’a pas voulu fumer dans la forêt. Je l’ai félicitée. A 1km du refuge, elle a “serré”, cela n’a pas duré longtemps. Demain, nous diviserons l’étape en deux. Son corps et son mental pourront continuer à s’habituer. S est très motivée, cependant le manque de son ancienne vie la travaille. S est une jeune femme avec beaucoup de qualités et de possibilités. Je suis très motivée à la soutenir et à l’aider à marcher. Je prends beaucoup de plaisir à ses côtés, cependant, à tout moment, elle pourrait basculer dans le côté sombre. Malgré tout, son enthousiasme et sa maturité me rassurent

Mardi 15 juillet

S : Aujourd’hui, je me suis réveillée à 7h. J’ai pris mon petit déjeuner, ensuite j’ai préparé mon sac, puis nous avons pris le chemin. C’était très compliqué ; il y avait beaucoup de montées et de descentes très techniques. J’ai eu une crise d’asthme ; j’ai eu beaucoup de mal à reprendre ma respiration. Je me suis arrêtée, les pèlerins et Maria m’ont beaucoup soutenue, ils m’ont beaucoup donné de courage. J’ai continué à marcher malgré que mes jambes tremblaient. J’avais mal au dos, aux pieds. Bref partout. J’ai “pété un câble”. Je me suis assise en plein chemin pendant longtemps. J’ai continué à marcher jusqu’au gîte, mais les descentes étaient très dures. Je n’ai plus la force de marcher physiquement et moralement ; c’est très compliqué. J’ai appelé le responsable, ma mère et mes éducateurs, qui m’ont donné plein de courage, mais je suis perdue… Malgré tout, j’ai fait mes 8 km, ce n’est pas beaucoup, mais j’ai eu du mal

Maria : Hier soir S était bien. Nous avons sympathisé avec des pèlerins, Francis et Amélie. Ils sont venus avec nous au bal du 14 juillet. On s’est amusées. S a dansé. On est rentrées tôt car le lendemain, on devait se lever tôt.

Ce matin, S allait bien. La marche a commencé par une longue montée, cela a été éprouvant pour elle, surtout mentalement. Il restait peu de marche à “serrer”. Nous sommes restées longtemps assises par terre. Elle a craqué. Elle ne voulait plus marcher. On a appelé Célestin, le responsable de la marche. Il l’a rassurée, puis nous avons coupé l’étape et trouvé un gîte. S est mitigée. Elle pleure beaucoup et fume beaucoup. Elle reste calme et respectueuse envers moi, même si cela lui coûte. La nuit porte conseil.

Mercredi 16 juillet (7ème étape)

S : Aujoud’hui, je me suis réveillée à 8h. J’ai pris mon petit déjeuner, j’ai aidé Fred à étendre le linge. Ensuite, j’ai préparé mon sac. Nous les avons laissés au gîte, puis nous sommes parties à la rivière. J’ai bronzé. Ensuite, nous avons marché 2,5 km pour aller jusqu’au gîte, puis Fred nous a déposées à Aumont Aubrac. Nous avons marché sous le soleil, il faisait grave chaud. J’ai “pété les plombs” à 8 mn du gîte, mais j’ai continué à marcher, mais plus les jours passent, plus j’en ai marre. Tout me manque, ma famille, mes amies, mon copain, mon téléphone. Bref tout.

Je sais que ce chemin est important, mais ça devient de plus en plus dur pour moi. Je n’ai plus le courage d’avancer malgré tout le soutien et l'amour que l’on me donne. Je n'ai plus le moral pour avancer, malgré tout, j’ai fait les 9 km.

Maria : Hier soir, nous avons passé une excellente soirée. S était bien. Nous étions 16 à table dont 4 enfants de 8 à 14 ans. S va avoir 16 ans. Elle était très heureuse et elle s’est amusée avec des enfants de son âge pleins de bienveillance. Quand je vois S faire attention à son langage, donner aux pèlerins le meilleur d’elle, je remercie Seuil et je me remercie. Nos hôtes ont été formidables et généreux avec nous. Tous les pèlerins nous ont soutenues. S devient une véritable vedette sur le chemin. Cependant, je sens toujours beaucoup de fragilité en elle. S est prête à “serrer” à tout moment. Ce matin, nous sommes allées à une cascade et S a marché. Elle s’est arrêtée à 500 m à 8 mn du gîte. Elle m'a regardée dans les yeux et m'a dit “je reprendrai la marche dans 1h30 ou 2h”. J’ai patienté et nous sommes arrivées au gîte. S n’est pas bien. Elle “serre”. Les enfants et les pèlerins que nous connaissons sont là. Cela va nous aider. Elle me dit qu’elle va fuguer, ne plus marcher.

A chaque jour suffit sa peine.

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