Marche de Lylxxx accompagnée par Manon
Vendredi 27 septembre
L : Bonjour, je m’appelle L. J’ai 17 ans. Je viens du Nord de la France, près de la mer. Un jour, mon éducatrice, m’a proposé un étrange voyage qui consiste à marcher trois mois et j’ai accepté. J’ai pris le train pour Lyon pour commencer ce petit périple. Je suis tout d’abord restée trois petits jours dans un gîte très sympathique pour un stage de préparation. Et me voici aujourd’hui au Puy en Velay à écrire dans un petit carnet pour le blog de Seuil dans un petit café assez sympa lui aussi. Il me manque juste la présence d’une personne. Mais dans la globalité, mon voyage se passe très bien. Mon accompagnatrice, Manon, est super. Elle est à l’écoute, très patiente et fortement sympathique. Je suis très heureuse de marcher et de cohabiter avec elle pendant ces trois mois.
Manon : Et l’aventure commence ! Je suis Manon et j’accompagne L dans cette toute nouvelle expérience pour elle.
J’ai rencontré L il y a trois jours. J’ai découvert une jeune fille extrêmement motivée qui sait ce qu’elle veut et pourquoi elle est là. L chante et joue du ukulélé (elle en porte même un sur son dos. On attend les concerts et les chants en duo, on vous racontera, promis). Elle est fan de rock et de métal. Elle se découvre une nouvelle passion pour les sudokus depuis trois jours. Amoureuse de tous les animaux du monde. Elle est ravie d’apprendre que l’on passera bientôt au milieu du pré des vaches de l’Aubrac. Depuis quelques jours, on se partage des histoires et des souvenirs, on cuisine et on mange à deux le soir, on se prépare physiquement et mentalement. C’est un peu stressées, excitées, heureuses, curieuses, impatientes que nous avons quitté Sylvie, notre référente de marche, à la gare ce matin et que l’on vous écrit après un chocolat chaud au Puy en Velay.
Vrai grand départ demain, je me réjouis de retrouver la marche et d’accompagner L dans cette découverte en douceur, petits pas par petits pas, pour savourer.
Samedi 28 septembre :
L : Et encore une journée de plus. Aujourd’hui a été à la fois dure et simple. Les premiers kilomètres ont été durs pendant les montées. Mais j’ai croisé beaucoup d’animaux, à un moment donné, il y a eu même un chien qui s’est mis devant, mais avec une pierre, il voulait jouer au “va chercher”, puis nous avons croisé des vaches et un petit chat noir vers l’arrivée au gîte. Manon m’aide énormément, elle me motive malgré que je râle toutes les 5 minutes avec mes douleurs aux jambes etc… Je ne sais pas si ça l'énerve ou si elle doit en avoir marre et de vouloir me dire à un moment de fermer ma bouche ou autres. Mais Manon est une personne incroyable, c’est l’une des rencontres qui me manquera beaucoup, je pense. Et là, je vous écris dans l’auberge d’Anne de la première étape. Elle est super, incroyablement zen et plein de bons petits conseils. Voilà le petit topo de ma journée.
Manon : Yes, 1ère étape donc ! Avec des hauts et des bas pour L, les montées ne sont décidément pas (encore ! 🙂) ses meilleures copines… mais dès que le plat est de retour, elle trouve son rythme, stable et régulier, les bâtons en rythme, imperturbable… presque 🙂
Un chien nous a accompagnées quelques mètres en déposant un caillou à nos pieds, puis en se couchant devant nous en attendant qu’on le lui lance. La pluie, elle aussi, nous a accompagnées en mettant légèrement le moral à l’épreuve : l’après-midi et la soirée au gîte nous ont offert de belles discussions avec notre hôte et d'autres pèlerins ainsi que de joyeuses parties de uno. Les montées ont vite été oubliées !
Allez, prêtes pour recommencer demain.
Dimanche 29 septembre
L : Aujourd’hui, ça s’est très très bien passé. Anne en partant m’a encore donné de très bons conseils, c’est une femme extra !! Elle m’a fait un câlin avant de partir de son gîte. Sylvie aussi m’a fait un câlin (c’est une des hôtes dans gîte de ce soir-là). La route m’a semblé un peu plus facile qu'hier. J’étais moins épuisée etc… Puis nous sommes arrivées au gîte du Pont Eiffel, tenu par un vieil homme très gentil qui s’appelle André. C’est un homme super. Il a plein de jolies histoires à raconter et lui aussi, il est de très bons conseils. Il veut une carte postale quand j’arriverais à la fin et bah, il l’aura, vu que je compte aller jusqu’au bout. Et puis, j’ai un peu pleuré aussi car j’évoquais mon passé et mon présent. Manon m’a réconfortée d’un doux câlin qui m’a fait beaucoup de bien. C’est la première fois que je me sens bien quelque part. Ça va faire cinq jours que je ne ronge plus mes ongles, que je dors superbement bien la nuit, que je ne suis pas stressée h24, j’adore. Je me sens super bien ici, c’est un monde très différent qui m’a permis de me rendre compte que j’ai de la valeur et que je ne suis pas une mauvaise personne. Voilà c’est un peu tout.
Manon : La douceur de cette journée. Les mots de notre hôte et des autres pèlerins qui donnent confiance et force à L. Le sourire de L et ses yeux pleins d’émotions quand ils la prennent dans leurs bras et l’embrassent pour lui dire “bonne chance, courage, tu es forte, tu vas le faire, crois en toi, je crois en toi.”
Tous ces mots de motivation, les leurs ou les siens, que je garde moi aussi précieusement écrits quelque part pour les jours coups durs.
Les rayons doux du soleil qui me réchauffent au plus profond de moi-même m’apaisent, me font sourire.
La vue magnifique sur Saint Privat d’Allier vertigineuse.
Les trois femmes belges qui nous cèdent leur place sur un banc et qui nous félicitent de ce projet.
Les mûres tout au long du chemin, à portée de main à cause desquelles L a bien failli me perdre pour toujours
Les montées que L grimpe avec plus de patience qu’hier.
Les descentes pleines de pierres instables que L traverse méticuleusement et attentivement. Ses jambes qui tremblent parfois, mais la tête qui reste calme. Son corps qui accepte déjà doucement ce changement de rythme. Sa tête aussi.
Les petits panneaux jaunes qu’elle attend et qu’elle cherche des yeux pour savoir précisément le nombre de kilomètres déjà derrière nous et ceux qu’il nous reste à parcourir.
Sa promesse d’envoyer une carte à notre hôte de ce soir lorsqu’on arrivera à Santiago.
Sa douceur, son désir de bien faire, de faire plaisir et de rendre service.
Ses yeux pétillants quand elle écoute les histoires un peu magiques du Chemin.
Ses “ je vais le faire”
Ss sourires et son rire
Quelle douce journée.
Lundi 30 septembre
L : Aujourd’hui, mentalement ça a été très dur. Des idées noires me sont revenues toute la journée mais… je ne pouvais trop rien faire pour les atténuer. En revanche au niveau du chemin, je l’ai bien senti, malgré la montée de 2h et encore les 6 km que nous avons faits après. Manon a eu aussi un petit coup de mou qui l’a affecté, et je me suis inquiétée car je ne la sentais pas trop bien et ça m’embêtait un peu. On a discuté et ça va bien, juste un petit coup de mou comme tant d’autres. Demain, je fais l’étape des 19 km jusqu’à Saugues. Cette étape me préparera pour celle des 27 km. Je suis sûre que je vais le faire. Le pull est doux pour dormir et le bracelet m’accompagne toujours. 🙂
Manon : Et puis parfois, il y a des jours où l'énergie est plus basse, sans vraiment de raison. Ou pour plein de petits détails à la fois. Pourtant le soleil nous accompagnait de nouveau. Pourtant on a revu et rencontré plein de chouettes personnes. Pourtant on a mangé un super sandwich ce midi et bu un sirop fait maison. Pourtant il y avait toujours des mûres le long des chemins. Pourtant L marchait bien d'un bon rythme. Elle était même en-tête cet après-midi.
La soirée nous a fait du bien tout de même. Après avoir finalement réussi à faire une omelette avec nos œufs à la coque cuits dans une bouilloire (on a bien ri et puis finalement on se satisfait de peu en randonnée), on a passé la soirée avec une ancienne copine (oui, oui, on l'a rencontrée il y a 2 jours déjà) et de nouveaux gars dont un vraiment très fun (on ne sait même pas comment il s'appelle mais il a égayé ces moments), puis une belle discussion avec L avant de dormir. Demain est un autre jour.
Mardi 1er octobre
L : De nouveau sur le chemin, les premiers kilomètres sont passés tout seul, les derniers étaient un peu durs, j'avais beaucoup mal aux jambes et envie de vomir à un moment. Je pense que c’était dû par rapport à l’effort que j’ai fourni au début.
Aujourd’hui, je me suis impressionnée moi-même, c’était au moment où j’étais presque au point mort, d’un coup dans un petit plat, puis de suite sur une petite montée, je me suis mise à accélérer beaucoup, même Manon qui fait beaucoup de randonnées en montagne était impressionnée par la vitesse à laquelle j’allais. C’est fou à quel point mon corps a des ressources que même moi je ne connais pas. Mais après cet effort, j’étais à sec, je n’avais plus de jus. Puis nous sommes arrivées au gîte du Sauvage où nous avons revu des gens que nous avons croisés sur la route, comme Thomas et puis un autre dont je ne sais plus le nom. Ils sont super sympathiques. Il y a aussi Jean-Michel et sa femme. Je ne sais pas non plus trop comment elle s’appelle, mais ils sont supers sympas. Ils ont même une fille de mon âge. Nous avons mangé un petit repas et après je suis montée dans ma chambre avec Manon. Voilà
Manon : Aujourd’hui, c’était la plus longue marche que L ait faite de toute sa vie ! 19 km ! Elle a déroulé facilement les 15 premiers, ça fait tellement plaisir de la voir trouver son rythme. Les 4 derniers ont, par contre, été un beau challenge mais je pense qu’elle s’est découvert des ressources qu’elle ne soupçonnait pas. Elle en est fière. Et elle peut l’être.
Moi, je vais bien, c’est fou à quel point c’est différent de faire le chemin pour soi ou pour accompagner quelqu’un. J’ai l’impression que toute mon attention, mon organisation sont tournées vers elle et pour elle. Prendre soin d’elle sans être trop envahissante., la soutenir pour prendre sa place dans les groupes sans pour autant trop la pousser ou au contraire trop la laisser seule, respecter son rythme tout en la boostant à la fois. C’est un apprentissage pour moi aussi, d’ajustement, d’équilibre, de patience, d’observation, de confiance c’est précieux.
Demain est une petite étape, ça va être tout doux.
Mercredi 2 octobre
L : Aujourd’hui, c’était très tranquille. Une petite étape de 13 km. C’était tout tranquille. Manon et moi avons fait le début du chemin avec Thomas et Jean-Baptiste qui étaient au Sauvage avec nous hier soir. Jean-Baptiste a tracé sa route jusqu’au Mont Aubrac et Thomas est dans un gîte à même pas 30 m du nôtre. Nous avons été boire un petit verre avec Hélène, Claude, Thomas, Manon, Théo et Emma que nous avons rencontrés à cette terrasse. L’ambiance était super cool. Je suis super contente et puis là, nous sommes dans un gîte super cool avec une hôtesse adorable. Elle m’a rassurée pour vendredi et l’étape 27 km “je vais la faire cette étape !!! 😀 ☀J’ai très hâte mais en même temps j’appréhende. .
Le repas que nous a fait Fabienne était délicieux. Une omelette aux cèpes “miam” avec des pommes de terre sautées et demain soir avec Hélène, Claude Manon et Thomas nous allons manger du vrai aligot au Mont Aubrac, trop hâte de cette petite soirée !!! 💛
Manon : Mais quelle journée encore ! Commencée dans le brouillard en quittant Le Sauvage et en traversant la forêt. Une atmosphère mystérieuse dont on a profité avec nos deux copains, Thomas et Jean-Baptiste. La marche est facile, elle descend en douceur et nous permet de profiter des endroits qu’on traverse. Mais à un moment, L est dans sa bulle, dans sa tête. J'ai eu la chance qu'il y a quelques jours, on a pu discuter ensemble de ce qui se passait à l’intérieur d’elle dans ces moments-là. Elle a pu me donner les codes pour la comprendre. Alors, je m’adapte en tentant d’être la plus adéquate pour elle. Je cherche la juste distance. La juste présence. Quelque chose bascule pendant notre pause de midi et les derniers kilomètres se terminent en chantant le Roi Lion et Pocahontas.
Le soir, après avoir aidé notre merveilleuse hôtesse (une de plus) à cuisiner, nous avons rejoint notre copain Thomas dans un café. Et là, magie du chemin, on retrouve tour à tour Claude et Hélène, on rencontre Emma et Théo, on recroise les trois femmes belges. La table s’agrandit. C’est joyeux, c’est heureux. L s’ouvre. J’ai l’impression de la voir s’épanouir.
Ce soir, après le repas et notre habituelle routine des comptes, elle m’a dit “je commence à bien l’aimer ce petit train de vie”. C’est ma phrase cadeau du soir.
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Bonsoir à vous deux ! Ravis que L, ce porte super bien ! Ça a l'air d'être vraiment trop cool ! En y pensant j'aurai tellement eu envie de vous accompagner mais ce n'est pas le but. Je suis à la fois tellement heureux que tu kiff tout ça et également tellement fière de toi ! COURAGE ! pour les 27Km tu va en faire qu'une bouchée, je crois en toi ! Tu me manque vraiment énormément L ... ❤️ Passez une bonne soirée !