Marche de Louxxx accompagné par Julie
Stage de préparation : :
L : Bonjour, je m’appelle L; j’ai 15 ans.Je vais vous faire partager mes journées de marche sur le GR 65 (Saint Jacques de Compostelle).Aujourd’hui, c’est mon 4ème jour , tout se passe bien, mais j’ai douleurs aux mollets, genoux, épaules, mais maintenant tout va bien
Mercredi 10 juillet
L : C’est le jour de départ . J'avais un peu peur mais tout s'est bien passé. J’ai dormi à Rennes pour prendre le train qui mène à Cahors
Julie : Je m’appelle Julie. J’habite Chambéry, j’ai 43 ans. Aujourd’hui, je suis à Rennes pour faire la rencontre de L, 15 ans qui vit dans le Nord-Pas-d- Calais. Il s’est levé à 3h du matin pour laver du linge et partir en voiture avec son éducatrice qui l’amène après 2h de route à la gare. Ensuite, il prendra le train seul jusqu’à Rennes. Grosse motivation on dirait ! Nous sommes un binôme reconstitué, car L et moi-même étions partis initialement avec d’autres personnes. Voyons le bon côté des choses. Nous avons tous les deux raccrochés avec notre projet initial : marcher sur les chemins de Compostelle.
Nous avons passé la journée à Rennes, d’abord en compagnie d’Anthony, responsable des marches, qui nous briefe un peu. Puis il nous quitte dans l’après-midi. On prend le temps de se détendre un peu. L avec sa petite nuit de 2h de sommeil est fatigué. En fin d'après-midi, nous sommes allés nous balader dans le vieux Rennes et nous avons été au cinéma voir “Un petit truc en plus”. L s’est endormi pendant le film.
Nous revenons à l’auberge de jeunesse et regagnons notre dortoir.Nous discutons un peu avec un voisin de lit. Le même voisin de lit pour lequel L me disait “le mec du dessus, je le sens pas” 3h auparavant. Finalement, il finira par me dire “non, bon finalement, il n'y a pas de problème avec ce type, il a l’air cool”. J’espère que ce voyage lui ouvrira l’esprit, qu’il apprendra à connaître avant de juger, entre autres. Demain nous nous levons tôt pour prendre le train direction Cahors.
Jeudi 11 juillet
L : C’est le grand départ de Cahors pour Lascabannes.C’était compliqué dû aux douleurs mais on s’y habitue.On a dormi dans une yourte.C’était incroyable.
Julie : Grosse journée en train aujourd’hui. Montés dans le premier train à 7h45, sortis du train à 16h30. Ça a été long ! Nous avons pris notre mal en patience. Arrivés à Cahors, nous sommes allés à la cathédrale. D’une part pour récupérer la crédentiale de L, d’autre part, car L souhaitait se recueillir et allumer un cierge. Je souhaitais également déposer un cierge pour une personne chère qui vient de me quitter. Tous les deux dans nos retranchements devant la Vierge et nos cierges, nous avons pleuré. Ensuite, nous regagnons notre gîte et partons pour aller faire quelques courses pour ce soir et demain. Nous faisons les comptes, nous nous mettons à table et nous discutons, discutons. L est un livre ouvert ! Il a plein de choses à raconter tout le temps. Il est intéressant avec de réelles discussions et de vraies valeurs. J’espère que ce chemin lui apportera un peu plus de paix intérieure. Il me dit qu’il est content que je sois son accompagnante car je suis avec lui pour partager le repas, l’écouter, rigoler. J’ai bien insisté sur le fait que je n’étais pas son ennemi, bien au contraire, que nous sommes plutôt une équipe et que pour que cela fonctionne au mieux, il nous faudra nous parler et surtout nous respecter. Il est d'accord avec cela.
Nous prendrons notre chemin demain. Ce soir pendant que je vous écris, il feuillette sa crédentiale et son livret. Il me dit avoir hâte de se mettre en marche.Buen camino l
Vendredi 12 juillet
L: On est parti de Lascabannes pour Lauzerte. J’ai fait des rencontres magiques même inoubliables avec Serge, Dominique, Angélique et Eloise. ce sont des personnes magiques qui m’ont remonté le moral quand je l’avais moins. Ils m’ont poussé vers le haut et ce genre de personnes, je voudrais rester avec eux parce qu’ils m'aident beaucoup.
Julie : Notre premier jour de marche sur le chemin “magique”. Après un lever matinal à 6h, un petit déjeuner en règle et des étirements, une photo et… top départ. L est motivé et marche d’un pas décidé. Au fur et à mesure que le temps passe, les douleurs aux épaules s’invitent de plus en plus. J’explique à L qu’effectivement cela risque d’être dur quelques jours, il faut que son corps s'habitue à ce changement de rythme et des nouveaux efforts. Pause pique-nique bien méritée et gargantuesque. L se fait plaisir avec son camembert. Je le lui laisse bien volontiers Je cherche local pour quelques jours encore avec ma tomme de Savoie rapportée de Chambéry (là où je vis). Après la pause déjeuner, j’ai perdu L. Il ne parle quasiment plus. Clairement, il est crevé et ses douleurs le tiraillent. Pour le moment le sac n’est pas son meilleur ami on dirait. Il a hâte d’arriver au gîte. Nous y voilà enfin. Et ce soir c’est nuit en yourte dans un cadre de rêve. Le calme plat car en plus il n’y a presque personne, même sur le chemin nous n’avons pas croisé grand monde. L aurait aimé en voir plus pour parler plus encore.Cela viendra.
Après une petite douche, L se fait happer par son duvet. Il est crevé, clairement. Le gars du gîte est aromatherapeuthe et apporte à L une potion magique à base d’huiles essentielles pour le soulager. Il suit les préconisations du sorcier Benoit et L trouve ça touchant qu’il lui propose ce remède naturel.L ne semble pas convaincu de reprendre le sac demain. J’espère que la magie du chemin ainsi qu’une bonne dose de sommeil lui donneront l’élan demain
Samedi 13 juillet
L : On est partis de Lauzerte pour Moissac. Mais on s’est arrêtés à Ostabat pour ne pas faire trop de kilomètres.
Julie : Hier il me dit qu’il fera son possible pour aller au bout, mais qu'il ne promet rien. Je ne comprends pas pourquoi il me dit cela. Tout se passe bien pour le moment : notre relation est fluide et joyeuse, nous rencontrons des personnes “sensass” et bienveillantes. L marche bien malgré des douleurs diverses (normal à ce stade de la marche).Il ne donne pas d’arguments expliquant cette annonce.
Ce matin, il ne semble pas avoir mal aux épaules : la potion magique d'hier a-t-elle fait effet ou bien le fait de marcher en compagnie ce matin (nous marchons avec un couple) lui fait oublier ses petits bobos.Un peu des deux probablement. C’est L qui a demandé si nous pouvions marcher tous ensemble (L a besoin de voir et de parler avec du monde autre que moi). Je trouve sa démarche très mature. Du coup, la marche passe plus vite. Petite pause pique-nique juste tous les deux. Notre couple va plus loin, mais je suis fatiguée, il me faut m’arrêter.L’après-midi est plus silencieuse, c’est la digestion ou la fatigue: qui a pris le dessus. Nous montons au gîte à Lauzerte chez Serge. On aurait pu l’appeler “Au petit Paradis” ou le gîte avec un patron le cœur sur la main.Serge est exceptionnellement accueillant, généreux, gentil. Adorable ! outre le fait de laisser la gratuité totale pour L (gîte et couvert) pour nous faire économiser un peu d’argent, il nous propose la lessive en machine, le repas est gargantuesque et digne d’un 3* à base de produits frais et du jardin…et pour faire honneur, il faut se resservir deux fois de chaque plat ! Sachant qu'il y a deux entrées, deux plats, deux fromages, deux desserts. On n’en peut plus ! Demain c’est régime.
Nous allons ensuite tous ensemble boire un verre sur la place.
C’est une ambiance hyper festive qui nous attendait en cette fin de journée. Qu’est-ce qu'on s’amuse et qu’on rigole tous ensemble. Les liens se tissent avec tellement de facilité. C’est la magie du chemin. L semble vraiment bien dans cet environnement. C’est ce que je ne comprends pas lorsqu’il me dit qu’il arrêtera peut-être..
NB Le chemin est déjà en train d’opérer de grands changements chez L. Il a mangé des légumes, des blettes et même des tomates. Je dois dire qu'il n’a pas su dire “non” face à la gentillesse et la générosité. Du coup, L a mangé de bon cœur.
Dimanche 14 juillet
L
Julie : Pendant la journée la marche s’est bien passée. L ne s'est plaint d’aucune douleur aujourd’hui ! Le métier commence à rentrer. Il marche très vite ce matin encore plus que d'habitude. Du coup, il est souvent loin devant, seul ou avec une pèlerine. Il gagne en autonomie. Petite pause café avec nos compagnons et pause déjeuner que L réclame. Il n’a pas faim, mais est fatigué. Il lâche trop de watts le matin et l’énergie redescend à partir de la mi-journée. Il n’arrive pas encore à doser l’effort entre le début et la fin de journée.
Ce soir, nous sommes dans un gîte à la campagne et nous ne sommes que cinq pèlerins. C’est très calme. Tant mieux car hier, nous ne nous sommes pas arrêtés une minute. Je suis cuite. Heureusement, nous n’avons fait qu’une petite journée de marche donc nous sommes arrivés tôt, ce qui me laisse le temps de faire les comptes, d’organiser la suite, de faire le repas. L lui c’est programme : sieste ! Quand je lui demande si ce soir il écrit son blog (puisque comme tous les jours précédents, il m’a dit “demain, je le fais”, il me répond “ha non, la flemme”. Idem pour ce qui est de faire les comptes. Et laver le linge “ça peut attendre demain”. Après la marche, il ne se passe plus rien pour L. C'est un relâchement total. Pour le moment, c’est le début et je me dis que ça viendra plus tard, je veux dire qu’il s’investira peut-être au fur et à mesure pour tout ce qui concerne l’organisation du voyage. On verra… ou pas?
Depuis que nous sommes partis, il me dit qu’il fera son possible pour le faire, mais qu’il ne promet rien, hier, il me disait qu’il se laissait encore dix fois pour prendre une décision et aujourd’hui, il me dit qu’il arrête demain.
En trois jours, seulement de marche, le délai s’est nettement raccourci. J’ai la boule au ventre car je ne comprends pas les raisons. Je pense que cette marche lui aurait tellement apporté, l’aurait tellement élevé. Serait-ce la deuxième fois que le chemin m’appelle pour me rejeter ? Je commence à être une adepte des marches de trois jours sur Compostelle. Visiblement mon chemin est… court et rapide, mais malgré tout à chaque fois l’expérience est courte mais puissante
Lundi 15 juillet :
L : On part du village de Moissac pour Auvillar. On dort chez Dominique, c’est comme Serge, toujours à l’écoute, vraiment rien à dire.
Mardi 16 juillet
L : Aujourd’hui, c’était une grosse journée. On a fait 25 bornes au départ d’ Auvillar. C’était dur. J’ai une énorme douleur aux mollets Mais Dieu est là pour m’aider. Bon allez. Bisous
Julie : Nous quittons le gîte ‘Le Parchemin” à Auvillar. Nous avons encore une fois bien mangé. Les repas sont succulents. Les hôtes prennent soin des pèlerins. Les repas sont faits “maison” et à base de produits frais. Quel bonheur pour une gourmande comme moi. Même L commence à apprécier de manger des légumes. Il est même lui-même aller chercher les blettes au jardin qui seront le soir même dans nos assiettes sous forme de tarte. Bref, je me régale sur le camino et L lui découvre de nouvelles saveurs.
Nous avons bien marché aujourd’hui avec Héloïse et Angélique, nos deux pèlerines préférées. Enfin surtout de L. Il ne veut plus les lâcher. Grâce à elles, il s’est remis en marche. A partir de la mi-journée, L commence à avoir des douleurs à la jambe. Nos deux pèlerines prennent soin de L. Petit massage et un paracétamol et ça repart ! L semble vraiment apprécier qu'on soit aux petits soins pour lui. Je lui dis qu’il en profite et qu’il se laisse faire, c’est pas tous les jours. L arrive sur une patte au gîte (façon de parler). Visiblement, ça lui fait bien mal. Arrivés au gîte après la douche, nous arrivons à faire les comptes ensemble. J’ai réussi à le motiver car il voulait savoir combien il lui restait d'argent de poche. Bingo ! Je lui dis ….”ben, il faut compter, car je ne sais pas”.
Petite séance de mathématiques. C’est pas ce qu'il affectionne le plus, mais nous faisons ensemble. Puis, on passe à l'écriture de blog. Il me dit “plus tard”. Cela peut signifier qu’il ne le fera pas. Bon, on verra.
Il me pose des questions “qui lit ces écrits ?” est-ce que mon nom est diffusé ? J’en profite pour lui montrer et lire avec lui les carnets de route d’autres binômes. Nous tombons sur l’aventure d’un jeune qui part en Italie et qui va réaliser son rêve : monter et faire un tour en Ferrari. C'est une histoire de dingue. En Italie, un type lui propose d’aller faire un tour en Ferrari. Je crois que L a fait “tilt” et il a pu voir que d’autres sont aussi dans la même “panade” que lui et que finalement ce n’est pas si pire. Ce jeune dont nous avons lu le blog avait vraiment l’air de kiffer sa marche. J’espère qu’il en sera de même pour L. Il faut qu’il s’accroche.
Aujourd’hui, il m’a dit qu’il ferait son possible pour aller au bout, mais qu’il verrait à Saint Jean Pied de Port. A chaque jour suffit sa peine ! On verra
Dans la bibliothèque du gîte, je tombe sur des livres du camino. L les feuillette 5 mn et ça nous donne l’occasion de regarder la carte et de voir l’itinéraire que nous allons faire.
Héloïse revient du centre ville et a une surprise pour L : elle a ramené un bout de pastèque pour L et lui dit “commence ça, tu ne feras pas d’infidélité à la pastèque” . C’est super attentionné de la part d’Héloïse. L est touché , il y a de quoi.
Nous n’allons pas tarder à passer à table. Nous sommes dans un gîte végétarien. ça ne semble pas satisfaire L, mais… je vous dirais plus tard
Mercredi 17 juillet
L : Cela a été compliqué ce matin. J’ai toujours la douleur aux mollets. Je vais attendre vendredi pour voir si ça va mieux, sinon je serai obligé de quitter le chemin.
Sinon tout s’est bien passé. On a bu un coup ce matin. On a vu des paysages magnifiques, on a croisé un âne qui ne voulait plus marcher. J’ai essayé de le faire avancer mais ça n’a pas fonctionné. Ce soir on s’est fait un resto avec deux filles qu’on a rencontrées sur le chemin, ça m’a fait mal vu que c’est notre dernière soirée ensemble. Sur ce que le bon dieu soit avec vous.
Julie : Du coup, le repas s’est bien passé, L n’a pas mangé l’entrée de crudités, je me suis “dévouée” pour finir son assiette, mais ça ne m’a pas demandé trop d'efforts, j’avoue. C’était délicieux. Et ensuite, un couscous végétarien. Il regarde et me dit “‘il manque les merguez quand même”. Il goûte et contre toute attente, il trouve ça très bon. Je vous le dis, restez chez lui. L sera presque converti au végétarisme. Je dis “presque” parce qu’il y a quand même du job, hein !
Levés à 5h30, un peu dans le coltard pour L Moi, je saute du lit dès le réveil. Il ne vaut mieux pas trop traîner après la sonnerie du réveil, ça c'est ma façon de faire, le lever est moins difficile, il me semble.
Nous nous mettons en marche avec Héloïse et Angélique. Au début, ça va, puis les douleurs à la jambe reviennent de plus en plus intensément. L ne se plaint pas trop mais le signale. On fait ce que l’on peut pour soulager la douleur : crème voltarène et doliprane, mais plus on avance plus il se manifeste et plus il marche lentement. Nous avons quand même 27 km à parcourir malgré le raccourci pris (sinon c’était plutôt 35 km). Il a fallu qu’il tienne bon jusqu’à Condom. Heureusement, demain, c’est repos, ça tombe bien car nos corps en ont besoin. Moi aussi, je commence à avoir des douleurs. Mon sac est très lourd. Je porte le maximum pour soulager L., du coup, vu avec Anthony, ce sera deux jours de repos pour mettre toutes les chances de notre côté.
L a enfin passé des coups de fil aujourd’hui à son éducatrice et à sa maman et son petit frère. Ça lui a fait du bien, malgré le remous émotionnel après avoir raccroché;
Arrivé au gîte, L a fait une sieste, il est “cuit". Ce soir, pour nos derniers moments avec Héloïse et Angélique, nous allons manger en ville.
Ah ! Oui j’oubliais de parler de l’âne que nous avons croisé en chemin cet après-midi. Une petite famille faisait le camino avec un âne et là l’expression “têtu comme un âne” a pris tout son sens. L a voulu prendre les choses en main pour aider cette petite famille, rien à faire, il n’avance pas malgré l'appât de la pomme. En fait, l’âne a peur de l’eau. Il n’arrive pas à avancer car il doit mettre les sabots dans l’eau. Après, nous nous y sommes mis à quatre pour le tirer et le pousser mais rien à faire. C’est l’âne qui aura le mot de la fin ! Du coup, nous disons que nous sommes désolés mais que nous allons reprendre notre chemin. Nous leur souhaitons “bon courage” et un “bon chemin”.
Jeudi 18 juillet
L : Bon aujourd’hui, c’était l’enfer. J’ai toujours mal au mollet et ça empire. Mais bon pas grave, on garde le sourire.
Bon aujourd’hui, j’ai dormi et je suis allé à la messe pour voir comment c’est. Sur ce, bonne nuit.
Julie : Aujourd’hui, c’est une journée très très off. L s’est levé ce matin en même temps que moi, puis s’est recouché. Je suis allée faire des courses seule. J’ai demandé à L ce que je lui prenais. Rien. En gros, si je l’écoute, il n’est pas utile de se nourrir. Bon, je vais choisir pour lui. Je lui prends du jambon cru, des biscuits, du camembert, des pâtes, des champignons et finalement quand il se relève à 13h, il semble bien content de trouver toutes ces victuailles. Il s’improvise une assiette de pâtes à la crème, camembert et champignons sautés. Ça m’a fait d’autant plus plaisir qu’il se met pour la première fois du voyage au fourneau. De mon côté, ça sera tomates/ mozzarella. Puis au lieu de la piscine, il me dit préférer ne rien faire, attendre 18h pour aller à la messe et basta. Il retourne se coucher tout l’après-midi. Moi, j’en profite pour faire pas mal d'étirements, car j’ai mal à la cheville. Il me demande ce qu’il se passera si vendredi ça ne va pas mieux. Je lui réponds qu’on verra ça demain. Chaque chose en son temps. Il s’imagine rentrer chez lui.
Une fille dans la chambre d’à côté parle de ses douleurs au téléphone, mais elle dit tout faire pour que ça aille mieux, elle prend soin d’elle et sait que le début est dur pour le corps. Il faudrait que L arrive à l’intégrer. C’est dur pour lui de passer au-dessus des premières douleurs. Si dans la vie on s’arrêtait dès le premier obstacle, la première chute, le premier bobo, on n’irait pas loin. Allez L. Du nerf.
Vendredi 19 juillet
L : Ohé les gens, c’est encore moi. Aujourd’hui, rien de nouveau, rien à faire à part boire un coup et dormir. Voilà ce qu’il y a à faire. J’ai été voir un docteur pour ma jambe ; il m’a dit : “tu peux ou arrêter le chemin”. Moi perso, je vais arrêter. Je ne vais pas marcher avec une jambe en moins. J’ai appelé Anthony, responsable des marches, qui m’a dit “tu peux le faire” ; mais moi je veux arrêter et me débrouiller tout seul et pour ma jambe. Bref. Bonne soirée.
Julie : Aujourd’hui, journée très très tranquille à mon goût. Depuis hier, L dort beaucoup la nuit et le jour. Chaleur ? Fatigue ? je ne sais pas.
J’ai réussi à décrocher un rendez-vous ce matin pour 12h chez un ostéopathe pour la jambe de L. Incroyable. Je vais faire des courses et ensuite, je suis revenue chercher L. L'ostéopathe est super. Bon, il n’a rien trouvé à l’examen clinique de L. Bonne ou mauvaise nouvelle, je ne sais pas. L dit avoir toujours aussi mal après deux jours de repos intensif. J’en profite pour lui parler d’une douleur intense à la cheville me concernant et de mes douleurs au nerf sciatique. Finalement, il me diagnostique un début de tendinite. Je m’en doutais un peu. Malheureusement, ça fait deux jours que je me masse aux huiles essentielles, je mets de la glace dans l’espoir que cela ne s’aggrave pas. Par contre, L lui n’est pas très volontaire pour se débarrasser de sa douleur. Les étirements, la glace… ça ne dure pas longtemps, certainement pas assez longtemps pour apaiser la douleur. Tout le monde le lui dit. L'ostéopathe lui a montré comment s’étirer et lui dit qu’il est nécessaire de le faire.
J’espère que demain, L sera un peu plus pro-actif. Je lui propose depuis deux jours d’aller profiter de la piscine qui a l’air vraiment pas mal, mais il me joue la carte de la “flemme”. Demain, je ne lui laisse pas le choix. J’ai réussi à le faire sortir du gîte en lui proposant d’aller boire un verre “en ville”
Ensuite, nous retournons au gîte, il est OK pour faire les comptes avec moi. Ensuite, on se met au fourneau. Chacun s’improvise un menu. A chacun le sien, car je mange beaucoup de légumes et L préfère les pâtes au fromage.
Samedi 20 juillet
L : Bon, je vais vous la faire simple. Cet après-midi, on a été à la piscine et le matin au marché.
Julie : Ce matin, nous sommes à Condom, donc nous sommes allés au marché acheter quelques légumes, enfin des pommes de terre, quoi. (je me moque, je me suis pris quelques tomates également pour moi). Puis, ça sera activité piscine aujourd’hui : non négociable. L est satisfait de la piscine. Je me réconcilie avec les longueurs (j’ai besoin de me défouler alors ça fera l’affaire). Nous faisons une visio avec nos anciennes pèlerines. Elles essayent coûte que coûte de le re-motiver à se mettre en route. Nous avons vu et parlé à un autre couple également avec qui nous avions marché. Tout le monde lui dit de ne pas lâcher, mais je ne le sens pas dans la perspective de repartir. Demain, nous restons encore à Condom. ce sera encore piscine et on attend lundi que L donne sa décision de continuer ou non. Moi, j’essaye tant bien que mal de canaliser mon énergie. Je ne suis pas habituée à la sédentarité. Aujourd’hui, la piscine m’a sauvée.
Dimanche 21 juillet
L : n’a pas écrit
Julie : Petit tour au marché ce matin et balade le long du canal. C’est l’occasion de discuter sérieusement sur les anciennes motivations de L concernant la marche et les nouvelles qui le poussent à abandonner cette fois-ci. Nous recevons encore et encore des messages de motivation de nos anciens camarades, après la visio d’hier, d’aujourd’hui. Elles nous envoient une vidéo (elles marchent sous la pluie et nous disent qu’elles ne lâchent rien ! et ajoute : allez L, rechausse tes chaussures ! “ Mais rien ne semble le faire changer d’avis. De mon côté, j’essaye de lui faire prendre conscience de certaines notions : l’empathie, la projection, les réelles motivations, les choix, les conséquences de ses choix etc… car plus tard, plus sérieusement, il y aura le travail et ce sera pas la même, j’essaye de lui en faire prendre conscience. J’espère que cette courte expérience lui aura quand même apporté, que ça lui fera réfléchir.
Cet après-midi, je suis allée me balader seule, il n’a pas voulu sortir. Je suis arrivée à le pousser ce matin, mais pas cet après-midi. J’ai trouvé un livre : Une jeune femme retrace son expérience du chemin. Je l’ai emballé et lui ai dit qu’il pourra l’ouvrir quand bon lui semblera. Quand il sera de retour chez lui ou bien dans deux ans… - peu importe - Je pense que ce livre, s'il le lit, lui rappellera quelques épisodes de sa courte expérience sur le chemin et s’il ne le lit pas, ça lui rappellera quand même son expérience qui fut courte mais pleine de joie et de bienveillance, de belles rencontres etc… Il n’a pas été indifférent à tout cela et peut-être qu’il y reviendra. Qui sait !
_______________________________________
« Pour des raisons de confidentialité, les commentaires mentionnant des informations personnelles concernant les jeunes (prénom, photos, etc…) seront supprimés. Merci d’anonymiser vos commentaires ! »
L je crois en toi . Le courage de vivre cette expérience est unique.
Je lirai ton journal de bord à ton petit frère.
Soit fort gros bisous ta M .