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Marche de Irixxx

Dernière mise à jour : 21 août

Marche de Irixxx accompagnée par Clémence

 

I :

 

Bonjour à tous, 

Je m'appelle I. J'ai 16 ans. Il y a 2 mois, j'ai décidé de marcher pendant 3 mois avec Seuil.  Je suis arrivée le 28 mai à Lyon puis j'ai mangé avec mon éducatrice et les représentants de Seuil et mon accompagnante Clémence. Pour elle aussi, c'est une première fois avec Seuil. 

Après avoir mangé on a fait les courses et on a pris le train. On a dormi dans un hameau au milieu de nulle part dans un gîte atypique avec un beau paysage. Pendant 3 jours, tous les matins en me levant je voyais des belles tourterelles qui me rappelaient mon grand-père. 

Actuellement, nous marchons depuis deux semaines et tout se passe bien. Les paysages sont magnifiques. Le gîte qui m'a le plus marquée est Le Soulié. C'est un endroit magique !

 

Clémence :

 

Je m'appelle Clémence. J'ai 27 ans et je suis originaire de Poitiers (86).

J'accompagne I. dans sa marche jusqu'à Fisterra.  Nous marchons depuis deux semaines sur la voie du Puy. Tout va bien. Une seule ampoule au tableau. Peu de courbatures. Entente mutuelle. Rencontres humaines inoubliables. Partage et entraide quotidiens. 

En seize jours de marche, nous sommes passées du brouillard glaçant au soleil tapageur des steppes de l'Aubrac, aux Causses du Lot en passant par la Lozère et l'Aveyron. 

Les jours passent et ne se ressemblent pas. Chaque journée nous apporte son lot de surprises et de découvertes. 

Le Lot a particulièrement conquis mon cœur. Ici, les sentiers sont sauvages, la végétation est foisonnante et les maisons en pierres sèches enchantent les Causses. 

Pour ces deux semaines, je remercie l'hospitalité d'Arnaud (gîte relais du pèlerin Saint Jacques), Mehdi et Fanny (gîte L'Escole), Thierry, Rachel (gîte les bouleaux nains), Nadège (gîte les Camps d'Estelas), Michel du gîte Le Soulié, Arnaud (gîte de Saint-Roch) et Didier de la source d'Ussac.

Je remercie les pèlerins Laurent et Dénisse pour leur gentillesse, Carine pour sa théorie du mouton noir, Olivier et Virginie pour leur humour parfait, Isabelle pour sa sensibilité et Bernard, avec qui nous cheminons depuis plusieurs jours déjà. 

Et enfin, merci à I. avec qui je suis ravie d'avancer chaque jour. 

Place à la suite de nos aventures !


Mardi 18 juin : 

 

I : Nous sommes le 18 juin et nous sommes arrivées à Cahors à 15h30. Nous avons marché 27 km. La ville est magnifique. On est arrivées sur une grande place avec une grande fontaine et on a bu un verre. Cela fait deux semaines que je prends des diabolos à la fraise. J'aime trop ça.

 

Clémence : Difficile de quitter Nicolas du gîte la 108 du Bach ! Chez lui, ambiance décontractée et conversations “sans filtre” furent au menu de la soirée. Un passage plus que recommandable. Surtout si vous aimez le curry de légumes et les tartes aux fruits. Sans oublier le Rocamadour. Sous un soleil de plomb, nous avons rejoint Cahors par des chemins de causse, chênes verts et prairies rocailleuses ont défilé sous nos yeux. Point de moutons ni de circaètes Jean le Blanc aujourd’hui, mais de nombreux lézards et papillons ouvraient la voie. A Cahors, un paquet attendant I. Son contenu a su la combler.

 

Mercredi 19 juin

 

I : Jour de repos à Cahors. Ce matin, nous sommes parties à 10h, nous avons aidé le gars du gîte à faire les lits de tout l’étage pour que je dorme plus, il était trop gentil avec nous, normalement c’est tout le monde dehors à 8h30 et après on est parties au marché et il y avait un stand marocain et on a acheté des msemmens  et l’après-midi, cinéma. On a regardé “Bad Boy”.

 

Clémence : Aujourd’hui, nous ne marchons pas, jour de repos. Le temps semble passer plus lentement lorsque nous ne cheminons pas. I a gagné une heure de sommeil grâce à Jacques qui tient le gîte “Le second souffle” où nous logeons. Il lui a proposé de faire les lits contre une semi-grasse matinée. Un deal qu’elle a accepté sans rechigner. Au marché du mercredi, nous avons trouvé notre repas du midi. Cinéma et lecture sous le ciel de Cahors finirent de compléter cette journée. Une fois encore, les hirondelles ont accompagné mes pensées à chaque fois que je levais les yeux vers les nuages.  Elles ont l’air nombreuses par ici.  Quelle joie de les observer.

 

Jeudi 20 juin

 

I : Journée de merde, il a plu toute la journée. On a fait 23 km qu’on a faits en une seule traite. On est parties à 8 h et on est arrivées à 13h.On a mangé directement dans le gîte. On ne voulait pas arrêter sur le chemin.

 

Clémence : Première journée de pluie depuis notre départ, telles des fusées décollant de Guyane (petit clin d’oeil à Jacques du gîte Le second Souffle à Cahors), nous avons parcouru les 23 km du jour quasiment sans nous arrêter. A part la visière de ma casquette dégoulinante d’eau, je n’ai pas vu grand-chose du paysage. I était fière d’elle quand elle a réalisé qu’elle avait très bien marché. Ses capacités physiques m’impressionnent.

 

Vendredi 21 juin

 

I :: Aujourd'hui, c’était une belle journée, le soleil a répondu présent toute la journée, beau paysage avec un beau temps, nous avons pris notre temps pour admirer une belle colline remplie de lavande, c’était trop beau.

 

Clémence : Aujourd’hui, la pluie nous a épargnées. Grâce au vent, les nuages ne se sont pas déchargés sur nos têtes. Nous avons pu cheminer au rythme idéal, ni trop vite, ni trop lentement. A cette vitesse, la marche reprend tout son sens. Les paysages sont de nouveau remplis par des champs de céréales, mais des haies et des petits bois persistent. Une longue plantation de lavande a su ravir nos yeux.

Ce soir, nous dormons à Lauzerte où une fête de la musique communale devrait modifier nos habitudes. Après le dîner, au lieu de filer au lit, nous irons nous joindre aux habitants.

 

Samedi 22 juin

 

I : Aujourd’hui, c’était encore une belle journée avec une légère pluie qui a duré toute la journée assez agréable, une journée de plus et une journée de moins de Lauzerte à Moissac.

 

Clémence : Hier soir, lors de la fête de la musique à Lauzerte, I a fait de “l'anthropologie rurale”. Assise à mes côtés, elle a observé les jeunes du coin réunis pour danser sur de l’électro et manger des pizzas. “Oh, mais ici ils se font la bise pour se dire bonjour, nous on se “checke”, “oh, ils boivent de la bière comme les vieux” etc… Aucun jugement, uniquement de l’observation et beaucoup de curiosité.

Notre étape du jour fut pluvieuse mais heureuse. Le Tarn-et-Garonne est une belle découverte avec ses vallons, ses vergers et ses haies bocagères. J’ai avalé les kilomètres sans m’en rendre compte. Même la dernière pente raide qui nous a emmené au gîte. La petite lumière n’a pas réussi à m’achever. Rencontrer Anne, ça se mérite.

 

Lundi 23 juin

 

I : Bien arrivées à Aurillac, petite journée de 19 km, nous sommes parties ce matin à 9h. Il a fait très beau, on a longé le Canal des Deux Mers pendant 3h. C’était reposant et envoûtant et là cette après-midi nous sommes arrivées au gîte communal. J’ai dormi jusqu’à 19h. Trop fatiguée.

 

Clémence : Nous avons passé une très bonne soirée à la table d’Anne avec des pèlerins fort agréables. L’humeur était au rendez-vous et fut servie avec un repas végétarien délicieux. Quel plaisir de manger épicé ! Cela faisait longtemps.

Le réveil matinal avec la vue sur Moissac nous augurait d’une bonne journée à venir. Nous avons décidé de longer le Canal des Deux Mers au lieu de suivre l’itinéraire des “coteaux”.

Suivre le Canal entouré de platanes avait un petit quelque chose d’hypnotique ou de méditatif. C’était reposant.

 

Mardi 24 juin

 

I : Bien arrivées à Castet Arrouy, nous avons parcouru 22 km. Journée assez agréable. Il faisait beau et chaud avec de beaux points de vue sur les cultures.

 

Clémence : Tempête de ciel bleu aujourd’hui pour traverser le désert de cultures (quel paradoxe) du Gers, ce n’est pas la météo idéale. Ici, l’ombre est difficile à trouver. Les immenses champs se confondent à perte de vue, mosaïque de jaune et de vert. Crème solaire et casquette sont de rigueur. I supporte mal la chaleur. Demain, nous partirons à l’aube car une grosse étape s’annonce (30 km).

 

Mercredi 25 juin

 

I: Belle journée de 30 km avec toujours un beau temps et un beau paysage. Il a fait super chaud, on a frôlé les 30°c. Réveil à 5h15 en forme puisque la veille, nous nous sommes couchées à 19h et nous sommes arrivées à La Romieu à 14h30.

 

Clémence : Quel bonheur d’accompagner le soleil durant son lever ! C’est la première fois que nous partons à 6h30, à la fraîche. Nous avons pu profiter des dernières lueurs rosées dans le ciel avant d’étouffer sous la chaleur estivale. Nous avons avalé ces 30 km sans trop d’efforts. Deux pauses café ont rythmé notre avancée, comme d’habitude.

Ce soir, nous rencontrons Florence, une journaliste de France Culture, avec qui nous cheminerons demain. En attendant, place à l’apéro au Refuge du pèlerin de La Romieu.

 

Jeudi 26 juin

 

I : Courte journée aujourd’hui de 13 km jusqu’à Condom avec une journaliste qui est venue marcher avec nous pour nous enregistrer et pour nous questionner sur notre parcours et sur l’association Seuil. Elle travaille pour France Culture, donc on aura la chance de passer à la radio.

 

Clémence : Une journée peu ordinaire dans notre quotidien de pèlerins. Nous avons cheminé avec la journaliste Florence, micro à la main, elle nous a beaucoup questionnées. Mon esprit était occupé par sa présence. Je n’ai pas fait très attention aux 13 km de paysage que nous avons traversé, exception faite du lac de Bious-Quétard qui nous a émerveillées, car nous avons pris le temps de nous y arrêter.

Merci Florence pour ta patience, ta compréhension et ta curiosité.


Jeudi 27 juin

 

I : Aujourd’hui, jour de repos à Condom. Je me suis réveillée à 8h, j’ai pris mon petit déjeuner et je suis partie me recoucher ; j’ai dormi jusqu’à 13h. Ensuite, Clémence est venue me réveiller pour manger. Puis nous sommes parties manger une glace et en entrant nous sommes parties ramasser les fraises et les framboises dans le jardin de l’ancien carmel, là où on dort.

 

Clémence : Il n’existe pas de meilleur endroit pour passer une journée de repos que l’ancien carmel de Condom. Paisible et verdoyant, l’immense bâtiment est un îlot de fraîcheur. Le super chef cuisto, nous a même préparé des desserts, alors que nous n’étions pas en demi-pension. Merci pour cette bienveillance et cette régalade. Croyant que nous aurions accès à une cuisine équipée, j'avais acheté des patates douces et des œufs, en plus des crudités. Mais l’espace cuisine est réservé au chef. J’ai donc cuit pour la première fois de ma vie des patates au micro-ondes et des œufs durs à la bouilloire. Cela marche très bien ! Le chemin nous réserve décidément des apprentissages quotidiens


Vendredi 28 juin : Eauze

 

I : Grosse étape aujourd’hui de 34 km. J’ai proposé à Clémence de sauter une étape de 18 km pour pouvoir avoir un jour de repos avant Saint Jean Pied de Port. Elle a accepté, du coup, on a de l’avance d’un jour. Pas fatiguée, pas de courbatures, franchement top !

 

Clémence : Nous devions marcher 16 km aujourd’hui et 17 demain, mais I m’a demandé si nous pouvions rassembler ces deux étapes en une seule.  Vamos ! Levées bien avant le soleil et tous les résidents de l’ancien carmel de Condom transformé en un lieu de vie, nous avons parcouru les 33 km du jour sans encombre.

Je remercie nos corps qui nous emmènent où bon nous semble, sans rechigner, malgré ce qu’on leur fait endurer (avec plaisir)

 

Samedi 29 juin : Nogaro

 

I :  Nous sommes parties de Eauze ce matin, puis nous avons parcouru 21 km jusqu’à Nogaro. Arrivées au gîte communal, j’ai demandé à Clémence si on pouvait aller voir le circuit de moto. Elle a accepté, du coup, j’ai pu lui montrer une de mes passions. Trop bien !

 

Clémence : Un peu de pluie. Beaucoup de vignes. Quelques pauses bavardage. Du pain et du fromage. Une arrivée bruyante à Nogaro, où des passionnés de moto tournent sur le fameux circuit. Pour finir, une pensée à Jean-Michel qui passe du temps à l’église de l’Hôpital et qui nous raconte de belles anecdotes du Chemin.

 

Dimanche 30 juin : Aire sur Adour

 

A  : Aire sur l’Adour, nous sommes allées au ciné voir Le Comte de  Monte Cristo. Franchement trop bien !  Il dure à peu près 3h. Il m’a fait beaucoup pleurer. C’est vraiment une très belle histoire que je conseille d’aller voir.

 

Clémence : Nous avions rendez-vous avec Pierre Niney cet après-midi. L’idée du cinéma a germé dans nos têtes la veille au soir, grâce à Jeanne, une pèlerine que nous croisons souvent depuis l'Aubrac et avec qui nous avons bien sympathisé. Dans l’espoir d’arriver avant 15h à Aire sur l’Adour, nous avons mis les gaz pour parcourir les 27 km du jour. Nous avons réussi. I, encore une fois, m’a impressionnée par sa volonté et sa persévérance malgré sa fatigue.

Nous avons pu honorer notre rendez-vous avec Pierre Niney, grimé en Comte de Monte Cristo. Enfin, nous avons passé un très bon dîner à la table d’Isabelle du gîte “La Maison des Pèlerins”. Tout en intimité, tout en honnêteté. Tout en bienveillance et entre femmes.


Lundi 1er juillet : Pimbo 

 

I : Nous avons quitté Aire sur l’Adour ce matin à 8h, puis nous avons croisé une famille qu’on apprécie beaucoup qui marche aussi. Une belle famille de 4 enfants blonds au yeux bleus super adorables et généreux, puis, Jeanne, une jeune femme de 25 ans qui est trop trop gentille, un amour.

 

Clémence : Pour la première fois depuis que nous sommes partis, I a marché et parlé avec quelqu’un d’autre presque toute la journée. Cela m’a fait plaisir qu’elle fasse confiance à Jeanne à ce point. Il est vrai que nous croisons peu de pèlerins qui ont moins de 50 ans. Pas facile pour I de nouer des liens et avoir des conversations plus intimes.

 

Mardi 2 juillet : Larreule

 

I :  Avant d’arriver à Larreule, nous nous sommes arrêtées dans un gîte qui fait aussi éleveur de bergers australiens et qui, du coup, vendait des chiots, donc j’ai demandé si je pouvais les voir. La dame qui tenait le gîte, m’a autorisée, les petits étaient avec leur mère, elle était déjà à sa deuxième portée. Clémence et moi, on a craqué, ils étaient trop beaux.

 

Clémence : Seulement 19 km aujourd’hui et des adieux à Didier et Laurent, deux pèlerins avec qui nous avons discuté politique depuis plusieurs jours. Ce furent de joyeux comparses que nous regretterons, tout comme Jeanne qui avance plus vite que nous.

Les collines sont de plus en plus nombreuses. Nous approchons des Pyrénées. Tout est beau et paisible. Le chemin est peu fréquenté, cela nous va bien. Nous dormons au gîte “L’Escale” à la ferme. Les vaches laitières sont à côté du gîte. Nous sommes allées les voir. I a souhaité les nourrir. Elle a manié la pelle et a rassemblé le foin quelques minutes. Elle parlait aux vaches comme elle le ferait avec n'importe quel humain. I aime les animaux et les respecte beaucoup.

Laura, une pèlerine hollandaise, a joué de la guitare et chanté. Cela faisait des semaines que je n'avais pas entendu de la musique. Quel régal !

 

Mercredi 3 juillet : Larreule (repos)

 

I : Jour de repos aujourd’hui à Larreule dans une ferme laitière avec une grande piscine avec vue sur les Pyrénées. J’ai pris mon petit déjeuner à 9h, puis je suis retournée dormir jusqu’à 15h. Après, je suis allée à la piscine et bronzer toute l’après-midi.

 

Clémence : Repos à Larreule. I a dormi une grosse partie de la journée. J’ai donc eu le loisir de lire deux bouquins (rien que ça). Merci aux pèlerins qui abandonnent leurs précieux livres dans les gîtes. De mon côté, j’en ai déjà laissé un sur le chemin. Celui que je transporte actuellement devrait être fini à Saint Jean Pied de Port où il échouera dans de nouvelles mains, lui aussi.

 

Jeudi 4 juillet : Maslacq

 

I : Départ de Larreule jusqu’à Maslacq (28 km) avec un beau temps et un beau soleil. Nous avons marché toute la journée avec une famille qu’on kiffe qui a quatre enfants, mais là les deux derniers étaient restés dans une ferme pour traire des vaches laitières. La chance.

 

Clémence : Des mûres bien mûres. Nos retrouvailles avec une famille bretonne génialissime. Des kilomètres qui s’enchaînent sans difficulté. I souriante et enjouée toute la journée, un cookie aux cacahuètes, le soleil levant sur les Pyrénées. Voici une liste non exhaustive des petits plaisirs de la journée


Vendredi 5 juillet : Navarrenx

 

I : Nous sommes à Navarrenx dans un donativo où l’ambiance est très sympa avec une déco très atypique. Nous sommes parties manger une glace, puis j’ai repéré des pancartes où il y avait marqué “Don de chatons”. Donc je me suis empressée de montrer ça à Clémence. On est allées les voir. Il restait deux chatons, un tigré tout gris aux yeux bleus et un tout gris également les yeux bleus.

 

Clémence : Je suis obligée d’évoquer Jeff qui tient le snack-bar Oustaü Grigt. Jeff et son franc-parler, Jeff et son m’en foutisme décomplexé, Jeff et sa liberté de pensée. Merci Jeff.

Sinon, nous avons (un peu) cramé sous le soleil béarnais, gambadé avec la famille aux têtes blondes et dégusté des glaces artisanales à notre arrivée. Ce soir, nous dormons chez L’Alchimiste qui est une demeure remplie de curiosités artistiques. Cette halte s’annonce ressourçante.

 

Samedi 6 juillet : Aroue

 

I : Au-dessus de Aroue, nous nous sommes arrêtées déjeuner et il y avait un abri près d’un foyer pour enfants. Clémence et moi, nous nous posons et une petite fille vient nous voir et nous demande comment on s’appelle, nous répondons, puis on discute un peu avec elle. Elle nous dit que tous les deux ans ils changent de Foyer, ça nous a beaucoup touchées.

 

Clémence : Après le Béarn, le Pays Basque ! De vertes collines et de blanches maisons, au loin, les hauts sommets des Pyrénées.

Lorsque nous déjeunions à côté d’un foyer pour enfants, I s’est montrée très touchée par la situation familiale de ces jeunes, comme lorsque nous croisons des bébés chiens, I laisse exprimer pudiquement sa sensibilité. “Je n’aime pas pleurer devant les gens, c’est une marque de faiblesse”. Voilà ce qu’elle dit parfois. Malgré tout, il lui arrive de lâcher prise sur le chemin.

 

Dimanche 7 juillet : Ostabat

 

I : Nous sommes arrivées à 15h chez Marie qui est un gîte avant Ostabat où il y a une ancienne marcheuse de Seuil qui s’appelle I. Elle a 17 ans qui aide Marie en tant qu’hospitalière. J’ai beaucoup échangé avec, elle est très sympa et en même temps, je l’ai aidée à faire les lasagnes pour le repas de ce soir.

 

Clémence : Mariana est de retour dans nos vies de pèlerines. Quel plaisir de retrouver cette Brésilienne de 42 ans et sa démarche énergique ! Nous avons cheminé ensemble toute la journée dans le Pays Basque magique. I a pu peser pas mal de questions sur le Brésil, dont elle est “à moitié” originaire. Nous avons donc appris beaucoup de choses sur ce pays. Merci Mariana pour ta présence.


Lundi 8 juillet : Saint Jean Pied de Port

 

I : Nous sommes arrivées à Saint Jean Pied de Port à 13h30. On a eu du mal à tenir les deux derniers kilomètres à cause de la chaleur (ressenti au soleil 40°c), mais avec beaucoup d’arbres, mais bon. On l’a quand même fait. On s’est beaucoup fait plaisir. Ce soir, on a bu un verre, puis on s’est fait un petit ciné Clémence et moi, et ce soir resto, trop trop bien !

 

Clémence : Dernière étape de la partie française ! Il fait beau, il fait chaud, il y a de la musique dans les rues de Saint Jean Pied de Port. Diverses langues sont parlées. J’ai l’impression que nous sommes en vacances. En réalité, une nouvelle aventure nous attend de l’autre côté des Pyrénées. Nous avons vécu la moitié des surprises, que nous réserve le Chemin, place à l’autre moitié !


Mardi 9 juillet : Saint Jean Pied de Port  (repos)


I : Aujourd’hui, réveil à 11h pour moi, puis petit déjeuner. Je me suis fait des œufs brouillés. Dans l’après-midi, on a rejoint le directeur de Seuil pour boire un verre et parler de tout, de la marche, comment on se sent moralement et physiquement etc…

 

Clémence : Encore une journée de repos comme on aime les passer. I a fait sa grasse matinée et moi j’ai profité du calme avant la tempête. La “petite” logistique nous prend aussi pas mal de temps : courses, envoi des courriers, passage à la pharmacie etc... Nous avons eu la visite du directeur de Seuil avec lequel I a pu discuter de sujets importants. Un dernier passage à l’Office des Pèlerins nous a permis de peaufiner notre chemin espagnol. Merci Armelle qui nous a donné une tonne de conseils et d’adresses.


I : Aujourd’hui, réveil à 11h pour moi, puis petit déjeuner. Je me suis fait des œufs brouillés. Dans l’après-midi, on a rejoint le directeur de Seuil pour boire un verre et parler de tout, de la marche, comment on se sent moralement et physiquement etc…

 

Clémence : Encore une journée de repos comme on aime les passer. I a fait sa grasse matinée et moi j’ai profité du calme avant la tempête. La “petite” logistique nous prend aussi pas mal de temps : courses, envoi des courriers, passage à la pharmacie etc... Nous avons eu la visite du directeur de Seuil avec lequel I a pu discuter de sujets importants. Un dernier passage à l’Office des Pèlerins nous a permis de peaufiner notre chemin espagnol. Merci Armelle qui nous a donné une tonne de conseils et d’adresses.


Mercredi 10 juillet : Roncevaux

 

I : Buenas tardes ! Enfin en Espagne. J’en avais marre de tous ces retraités, bourgeois, en France. Ici, il y plus de mixité sur le chemin, que ça soit l’âge, la culture ou les origines. Donc nous sommes à Roncevaux, très très belle journée aujourd’hui avec des vues de malade sur les Pyrénées. C’était trop beau, une de mes plus belles parties de chemin jusqu’à présent.

 

Clémence : La plus belle des étapes ? Il paraît. En tout cas, je me suis régalée. Et je ne suis pas la seule, I avait tellement d’étoiles dans les yeux ! Certes, dans les premiers kilomètres, elle a un peu souffert. “Si je meurs, tu diras à ma maman que….” (la suite est un secret). Mais la beauté de la montagne a supplanté la souffrance. De mon côté, je fus ravie de retrouver les pentes pyrénéennes que je connais bien, ainsi que les belles brebis basques.


 

Jeudi 11 juillet :


I : Bien arrivées à Zubiri. Journée de 22 km. C’était un peu compliqué pour moi vu les montées et la chaleur. Mais ça va, je ne suis pas trop fatiguée. Arrivées ici, nous sommes parties nous baigner dans un lac, ça fait trop du bien !

 

Clémence : Les chants grégoriens s’élèvent et la lumière s’allume dès 6h du matin dans l’auberge principale de Roncevaux. C’est parti pour notre première journée en Espagne. Un sentier ombragé et caillouteux nous amène à Zubiri où nous trouvons des lits sans avoir réservé. C’est décidé, nous ne réserverons plus à l’avance nos places en dortoir. Augmentons d’un cran encore notre sensation de liberté.

 

Vendredi 12 juillet

 

I : Nous nous sommes arrêtées après Pamplona pour éviter les fêtes de Pamplona et les mouvements de foule, mais en fin de compte, il n’y avait pas autant de monde que ça. C’était même agréable. Cela fait trois jours qu’on suit sans le vouloir un groupe de coréens de l’âge de 20 à 25 ans. Ils sont trop mignons, tout sages

 

Clémence : Notre  avancée en territoire espagnol se poursuit tranquillement. Nous mangeons des tortillas aussi souvent que nécessaire et nos cerveaux s'habituent petit à petit à comprendre et parler l’espagnol autant que l’anglais

 

Samedi 13 juillet : Puente la Reina


I : Bien arrivées à Puente la Reina, réveil ce matin à 6h. C’est le gars de l’auberge qui nous a tous réveillés en alternant la lumière et en mettant de la musique (mdr). J'avais envie de pleurer. Nous sommes arrivées à 13h à Puente la Reina. Je  suis partie dormir après ma douche et je me suis réveillée à 18h

 

Clémence : Des champs de blé couleur or. Des éoliennes blanches, des amandiers  verts, des chemins de pierres et des pèlerins, des coréens, des italiens, une poignée de français, des espagnols et quelques anglais.Je suis étonnée de voir autant de jeunes gens. La plupart d’entre eux vont à Santiago.Encore une différence avec la partie française de la Voie du Puy. Nous adaptons nos habitudes. Elles se transforment. Plus de petit déjeuner. Nous mangeons ce que nous trouvons dans les bars. Beaucoup de sandwiches à l’omelette. Le soir, nous cuisinons des pâtes. Finie la demi-pension de reines que nous avions en France. Mais c’est agréable ce retour à une certaine sobriété.

 

Dimanche 14 juillet : Estella


I : Bien arrivées à Estella, petite journée avec le beau temps qui ne nous quitte pas. Plus les jours passent, plus ma famille me manque. Je me rends compte que c’est important et qu’il faut en profiter tant qu’ils sont là. Je les aime tous et j’aimerais qu’ils m’acceptent comme je suis devenue. Sinon ce soir, match Espagne-Angleterre. J'espère  que l’Espagne va gagner.

 

Clémence : Pour le moment, nous sommes chanceuses. Les matinées sont nuageuses. Les nuages nous protègent de la brûlure du soleil. Chaque jour passé à l’ombre de ces nuages est une victoire. Pour le reste, nous nous régalons des paysages.

Ce soir est un grand soir. Pas de fête nationale pour nous, mais la finale de l’Euro de Foot. Espagne-Angleterre. Pour moi, une boisson. Pour I, la joie de regarder un sport qu’elle apprécie et pour nous deux la découverte de l’ambiance en Espagne lors de matchs de foot décisifs, le tout aux côtés de copains pèlerins, des danois, des italiens, un néo-zélandais, un anglais et une française.

 

Lundi 15 juillet : Los Arcos


I : Bien arrivées à Los Arcos. Nos chaussures sont presque moches, donc on est pressées d’arriver à Burgos pour acheter une nouvelle paire, mais là, on va prendre des baskets parce qu’il ne nous reste plus grand-chose en termes de kilomètres.

 

Clémence : Nous avons eu droit à un petit déjeuner ce matin, à l’auberge San Miguel. Cette convivialité dès 6h du matin nous met dans de bonnes dispositions. De plus, nous sommes passées au journal matinal de France Culture. Nous avons reçu plusieurs messages de félicitations par la suite, de quoi motiver largement I et lui donner le sourire pour la journée.

 

Mardi 16 juillet : Logroño

 

I : Nous nous sommes arrêtées à Logroño, étape de 28 km. La journée s'est bien déroulée. J’ai une douleur au genou droit et mes pieds qui chauffent, mais ça va, c’est supportable.  Nous sommes allées à la piscine municipale qui est une grande piscine avec plusieurs bassins à l’extérieur et trois toboggans. Après l’effort le réconfort

 

Clémence : Après une étape semblable aux autres avec les montagnes en arrière-plan, les discussions en english-spanish-italiano, deux tortillas et 28 km, nous avons profité de la grande ville qu’est Logroño.

Déjeuner de pintxos, boisson et repos au complexe aquatique et sportif. I a, une nouvelle fois, pu faire de l’anthropologie locale en observant tous les jeunes espagnols de son âge. De quoi lui rappeler ses copains et sa vie en région parisienne

 

Mercredi 17 juillet


I : Bien arrivée à Najera.  Aujourd’hui, c’était un peu compliqué vers la fin. Contente d’être arrivée. Il faut dire que tout est dans la tête. Sinon, très beau paysage avec toujours le beau temps qui nous suit.

 

Clémence : La fatigue commence à s’accumuler. On ne dort pas beaucoup la nuit. Couchés à 22h, levés à 5h, cela n’est pas suffisant pour récupérer. Et la chaleur s’ajoute au manque de sommeil. Nos pas restent cependant assurés et rapides au milieu des vignes des domaines de la  Rioja.

Nous partageons de bons moments avec Pascale et Xavier, deux français très sympathiques.


Jeudi 18  juillet

 

I : Nous sommes ce soir à Grañon, dans un donativo. Aujourd’hui, c’était encore une belle étape de 28 km. Nous venons tout juste de revenir de la piscine avec des amis italiens, c’était trop bien, ambiance vacances. Le soir, ça fait toujours un bien fou de se poser et de rigoler avec des gens d’à peu près mon âge.

 

Clémence : Qué calor ! Aucun arbre pour nous protéger des brûlures du soleil. Que des champs de blé à perte de vue. Que des campagnols et des milans royaux pour rompre nos solitudes de marcheur. Cette étape fut un avant goût de la meseta.


Vendredi 19 juillet : Belorado

 

I : Aujourd’hui, journée tranquille de 16 km. Nous nous sommes arrêtées dans une auberge où il y a une piscine parce qu’il faisait trop chaud. On a atteint les 35 °c.

 

Clémence : J’ai eu un énorme coup de cœur pour l'auberge San Juan Bautista où nous avons dormi hier. Les matelas sont installés à même le sol, nous faisons sécher le linge sous les combles et nous avons surtout partagé un dîner très convivial. Là-bas, tous les pèlerins sont accueillis. Il y a toujours une place dans l’ancien presbytère. Sinon, l'étape du jour fut courte. Une aubaine quand le thermomètre dépasse les 35°c.

 

Samedi 20 juillet : San Juan de Ortega

 

I : Bien arrivées à San Juan de Ortega. Petite journée de 25 km, ça va. Ce matin en partant à 6h, je ne sais pas pourquoi, je n’avais pas envie de marcher, mais je ne l’ai pas dit à Clémence, je l’ai gardé pour moi dans un coin de ma tête, puis je me suis motivée et c’était reparti.

 

Clémence : I a eu un peu de mal à se lancer ce matin, mais il a suffi d’un café pour que ça aille mieux.

Je n’ai pas eu l’impression d’avoir marché 25 km. Nous sommes arrivées tôt, aux côtés de deux Belges francophones. Malgré la mauvaise notation du gîte paroissial de San Juan de Ortega, nous y sommes allées. Encore une fois, nous constatons qu’il n’est pas utile de regarder les commentaires. Ce gîte était bien.

 

Dimanche 21 et lundi 22 juillet : Burgos et repos

 

I  : Aujourd’hui 22 juillet (pas de blog le 21) on a fait un jour off à Burgos. Je me suis réveillée à 11h, puis nous nous sommes préparées et nous sommes parties manger au Burger King. Nous sommes parties ensuite faire les boutiques pour acheter une nouvelle paire de basket et un short parce je l'ai perdu. Et à 18 h, je vais me faire tresser.

 

Clémence :  Presque 28 km, “les doigts dans le nez” ! Je fus heureuse de trouver quelques montées dans un paysage steppique. Quelques moutons paissaient dans les prairies roussies par la chaleur.

A Burgos, nous avons rejoint six pèlerins italiens avec lesquels nous avons partagé un appartement en location pour faire la grasse mat’ le lendemain. Norman nous a cuisiné des pâtes avec amour. Les soirées dans les rues de Burgos furent gentiment festives. Et aujourd’hui, nous sommes un jour de repos. L’occasion de tester le burger végétarien du Burger King, d’acheter de nouvelles baskets à I et de flâner dans la ville.

 

Mardi 23 juillet : Hornillos del Camino

 

I :  Bien arrivées à Hornillos del Camino. Journée très chaude aujourd’hui avec une température de 35°c. Arrivées à l’albergue municipale, nous avons posé nos affaires et nous sommes parties faire quelques courses, le gars de l’épicerie nous a donné une coquille saint jacques. En rentrant, j’ai discuté avec des Coréens. Je les aime trop ; ils sont trop mignons et j’arrive à me faire comprendre en mélangeant le français, l’espagnol et l’anglais.

 

Clémence : Nous sommes de retour sur les chemins. J’en suis ravie. Je ne suis pas très friande des jours de repos qui ont tendance à m’ennuyer. Mais celui d’hier fut une exception. Avec son argent de poche, I a voulu s’offrir des tresses, magnifiquement réalisées par une Ivoirienne installée à Burgos. Une rencontre mémorable.

Aujourd’hui, 20 km. La chaleur et la fatigue nous ont rendu plus silencieuses que d’habitude. Cela m’a permis de prendre le temps de réfléchir sur pas mal de sujets.

Comme nous nous sommes arrêtées hier à Burgos, nous avons perdu de vue nos copains pèlerins qui ont désormais un jour d’avance. “Ce décalage va nous offrir de nouvelles rencontres”, nous a justement répondu Xavier hier. Vamos.

 

Mercredi 24 juillet : Castrojeriz

 

I : Bien arrivées à Castrojeriz. Une journée très très chaude avec une température de 32°c ressenti 40°c. Ce matin, nous nous sommes arrêtées boire un café. J’ai pris des pancakes au nutella et un Kas Lemon. Il y avait un petit chaton qui ramenait des petites souris mortes ; sa maîtresse en avait marre. C’était trop marrant.

 

Clémence :  Lever à 5h30. Sac. Café. Grignotage. Départ 6h30. 10 km dans la chaleur du jour. Arrivée à 12h. Douche. Sieste. Repas. Lecture. Travail. Repas. Coucher.

Nos journées espagnoles se ressemblent beaucoup. Nous fuyons les heures les plus chaudes et marchons seulement le matin.

 

Jeudi 25 juillet : Fromista

 

I : Bien arrivées à Fromista. Une belle journée qui a commencé en montant une montagne, à 6h30, on a pu voir d’en haut le lever du soleil. C’était incroyablement beau. Puis au loin, j’ai aperçu deux renards. C’était trop trop beau.

 

Clémence : La meseta à l’aube est particulièrement magique. Il fait encore frais, la lune éclaire le chemin et les quelques animaux qui y vivent s’activent avant la chaleur. Après 11h, c’est un vrai désert. Aujourd’hui, une image m’a particulièrement marquée. I avançait à quelques dizaines de mètres devant moi. Champs de blé à perte de vue. Quand tout d’un coup, face à elle, est apparue une énorme moissonneuse batteuse. Elle avait l'air si petite face à ce monstre vert flambant neuf. On aurait dit qu’il allait l’avaler.  Le temps s’est comme arrêté pendant de longues secondes. Puis la machine a tourné et a laissé I tranquille.

Après cet intermède digne de Mad Max, nous sommes arrivées à Fromista où de jeunes coréennes nous ont cuisiné une soupe épicée de leur pays. Les coréens sont nombreux sur le camino. Ils nous ont tous dit que c’était pour s'échapper de leur société très stressante.

 

Vendredi 26 juillet : Carrion de Los Condes

 

I : Nous nous sommes arrêtées à Carrion de Los Condes, 20 km plus loin que Fromista. Petite journée. Nous sommes parties à 6h ce matin et nous sommes arrivées à 12h. Clémence et moi on aime bien les potins et là aujourd’hui, en me réveillant, Clémence me raconte l’histoire d’un pèlerin qu’on connaît de vue, un jeune coréen qui a tout pour plaire, dans la vingtaine d’années, qui était venu sur le chemin avec une copine, le frère de sa copine et la copine du frère. Donc, là tout va bien. Le jeune pas croyant tandis que sa copine et les autres le sont, ils lui parlaient de plus en plus du christianisme avec insistance, perturbé même braqué, il continua le chemin de son côté en demandant désespérément à des pèlerins pourquoi il n’arrivait pas à croire ce qu’il paraît tellement simple pour un croyant. Et un des pèlerins qui lui-même est croyant était choqué et bouleversé par cette histoire, lui a dit “va parler à ta copine” parce que jusqu'à là, ils se parlaient au téléphone.

Clémence et moi on a vraiment été touchées par cette histoire. Comment peut-on laisser quelqu’un tout seul juste parce qu’il voit le monde différent ? 

Clémence : Une petite journée (20 km) mais beaucoup de partages et de rencontres. Nous avons marché avec Anita (74 ans) et sa petite fille Clémence (12 ans). Un bel exemple d’échange intergénérationnel. Toutes ensemble, nous avons mangé avec Young, un sud-coréen de 64 ans, qui se montre très généreux avec nous.

Enfin, dans la super albergue Santa Maria à Carrion de Los Condes, nous échangeons en espagnol, en italien, en anglais et en français avec des pèlerins venus des quatre coins du monde peu importe nos nationalités, nos croyances ou nos histoires, nous discutons de tout et de rien, trop heureux de découvrir que notre humanité est un point commun suffisant pour nous entendre et nous respecter.

 

Samedi 27 juillet : Terradillos de Los Templarios

 

I : Aujourd’hui, nous avons parcouru 28 km pour arriver à Terradillos de Los Templarios. Les quatre derniers kilomètres étaient un peu durs. Heureusement qu’on était avec un ami coréen qui nous a fait passer le temps. Là, nous sommes assises avec des coréens, des français et des hongrois et on parle de tout et de rien.

 

Clémence : Hier soir, ce fut une journée mémorable. Nous avons tous partagé un dîner généreux, élaboré avec les différents aliments achetés par les pèlerins et mis dans un “pot commun”. Houmous, fromage, salade, spaghettis, fruits… ce fut l'opulence. Nous avons poursuivi par une veillée musicale avec les Soeurs Augustine qui accueillent les pèlerins et tiennent l’auberge. Merci pour ce moment.

Bon, par contre la nuit fut courte. Mais nous avons réussi à nous lever à 5h du matin pour marcher 28 km aux côtés de Young qui nous a fait écouter du rap et de la pop sud coréens. La monotonie de la meseta assomme les pèlerins, mais s’avère être moins difficile que nous le pensions.

 

Dimanche 28 juillet : Calzadilla de Los Hermanillos

 

I :  Bien arrivées à Calzadilla de Los Hermanillos.. Nous avons parcouru 28 km aujourd’hui, un peu fatiguées mais ça va. Nous sommes arrivées à 13h dans un donativo très calme et super bien entretenu par des hospitaliers. Après s’être installées, nous sommes parties manger au resto, puis j’ai écrit toute l’après-midi pour évacuer.

 

Clémence : Le chemin se poursuit. On ne peut pas dire que nous sommes subjuguées par les paysages, mais cette monotonie sèche et ocre nous offre la possibilité de discuter encore plus, entre nous deux, mais aussi avec les autres pèlerins. Hier soir, ce fut avec Charlotte et Hélène avec qui nous avons échangé. Charlotte, du haut de ses 26 ans, souhaite devenir Soeur. Hélène, elle, doit guérir d’un cancer. Durant son chemin qu’elle a commencé du Puy en Velay en mai, elle rentre parfois pour effectuer des soins. Toutes deux aimeraient atteindre Santiago le 15 août pour l’Assomption. Et aujourd’hui, après avoir avalé nos 28 km, nous avons eu la chance de nous retrouver à seulement quatre français dans l’auberge-donativo de Calzadilla de Los Hermanillos. Mathieu nous a invitées au restaurant pour le déjeuner et nous préparerons le dîner commun. Parentalité, calvitie, parisianisme, famille, anecdotes du chemin… Une fois encore, les sujets abordés sont nombreux alors que nous ignorons tout des uns et des autres.


Lundi 29 juillet : Mansilla

 

I : Aujourd’hui Clémence et moi avons marché 25 km jusqu’à une petite ville qui s'appelle Mansilla. Pendant 18 km, ce matin à part les champs, la mer, c’était le désert de l’Espagne. Arrivées à un bar, nous retrouvons cinq jeunes français et Young, notre ami coréen. Encore une très belle journée dans l’ensemble.

 

Clémence : Finalement, seule cette étape me semble qualifiable de “désertique”. Pas de village en 20 km, des friches roussies par la sécheresse à perte de vue, pas de point d’eau. Nous ne sommes même pas arrêtées. Et puis, oh joie, un village est apparu. Un bar restaurant nous a tendu les bras où nos copains pèlerins étaient attablés. Que des français. C’est rare par ici, Adrien, Mathieu, Marceau et Florian. Merci pour vos mots, vos blagues, vos présences.

Young, le coréen, a parcouru les six derniers kilomètres avec nous. Il nous apporte beaucoup de joie. Il nous a invitées à venir en Corée du Sud.  Un jour peut-être.

 

Mardi 30 juillet : Léón

 

I : Nous sommes arrivées à Léón, puis nous sommes parties manger avec une pèlerine qui était devant nous, mais qui a arrêté aujourd’hui. En fin d’après-midi, on a rejoint des amis pèlerins pour boire un verre, ensuite, nous sommes parties manger dans un restaurant thaïlandais. Cela m’a fait plaisir d’être avec eux, cette soirée, je ne l’oublierai jamais.

 

Clémence : Après trois longues pauses café et petit déjeuner avec des copains pèlerins, nous voilà à Léón. Nous entamons notre dernière ligne droite avant Santiago. Nous avons déjeuné avec Pascale, une pèlerine que nous avions perdue de vue, il y a une semaine et qui rentre à Lyon.

J’aime beaucoup l’ambiance générale à Léón, davantage qu’à Burgos. Je ne saurais dire pourquoi.

Ce soir, nous avons rejoint Mathieu, Adrien, Marceau, Anita et Clémence pour célébrer notre arrivée à Léón. Nous ne nous reverrons plus. Nos chemins se séparent ici. Tous ensemble, nous avons retrouvé Young qui voulait nous faire découvrir la nourriture coréenne. Malheureusement, il n’y a pas de restaurant coréen à Léón. Nous avons donc fini attablés ailleurs pour nous régaler de pad thaï et de vin espagnol.


Mercredi 31 juillet : Repos à Léon

 

I : Jour de repos ! Contente, mais assez triste de voir nos amis continuer ou arrêter le chemin. Ce matin, je me suis levée à 11h puis petit café en face de l’hôtel en terrasse pour se réveiller. Nous sommes ensuite parties faire des courses. En rentrant je suis restée une heure avec une amie qui s'appelle Mawon qui ne fait pas le chemin, mais qui m’a raconté son parcours très difficile et m’a fait écouter du rap marocain.

 

Clémence : Courses. Repas. Balade. Café. Une journée de repos à Léon qui ressemble à toutes les autres que nous avons eues jusqu'à là. Rien de palpitant. Juste du repos


Jeudi 1er août

 

I : Bien arrivées à Villar de Mazarife. Nous sommes dans un petite albergue qui s’appelle “L’albergue de Jésus”. Après s’être douchées, Clémence et moi sommes descendues au bar de l’albergue pour se poser, quand tout d’un coup, un groupe de personnes âgées nous a alléguées pour les regarder jouer à un jeu de cartes espagnol, c’était trop marrant de les voir s’aboyer dessus comme des chiens en manque d’os parce qu’ils perdaient et/ou qu’ils étaient toujours à égalité. J’ai passé une très belle après-midi en leur compagnie.

 

Clémence : Hier soir, nous avons rencontré Marouane, un marocain qui a quitté son pays en 2019. Il loge pour quelques jours dans l’auberge de jeunesse où nous dormions à Léon. En parlant avec lui, I a découvert l’inégalité du monde. Elle m’a posé beaucoup de questions sur l’administration française dans l’optique d’aider Marouane à améliorer sa situation.


Vendredi 2 août : Santibanez

 

I : Arrivée à Santibanez, dans une belle albergue qui fait aussi tabac. Une jeune dame nous saute dessus pour savoir si c’est pour manger ou dormir. On a répondu, les deux. Après avoir déjeuné, j’ai pris une douche, puis j’ai dormi jusqu’à 15h, j’ai appelé mon éducatrice, je l’aime trop.

 

Clémence : Et bien, nous avons rencontré Yann ! Après notre café matinal, il s’est joint à nous pour notre étape quotidienne. Ses paroles sont sages. Il nous a raconté plusieurs anecdotes sur le chemin qu’il semble avoir du mal à quitter. “j’ai le virus du camino” dit-il. Directeur commercial pour des marques de produits de coiffure et d’esthétique, I a pu discuter avec lui des nouveautés de ce marché ; malgré le fait qu’elle ait arrêté son CAP coiffure, elle a l’air quasi passionnée par tout ce qui touche à ce secteur d’activité. Une piste supplémentaire à creuser pour son futur professionnel.

 

Samedi 3 août : El Ganso

 

I : Bien arrivées à l'albergue, nous avons fait 25 km aujourd’hui. Tout s’est bien passé comme d’habitude. Encore une très belle journée avec un très beau temps, ni trop chaud, ni trop froid. Journée à 25°c.

 

Clémence : Une belle étape. Nous quittons petit à petit la meseta. La chaleur est moins intense. Les maïs ont remplacé les blés. Il y a de plus en plus de petits villages. On a pris notre temps aujourd’hui. On se sentait très “peace", comme dit I et ça fait du bien.

Gros coup de cœur pour El Jardin del Alma, un donativo inattendu que nous avons croisé ce matin à l’heure du petit déjeuner, hamacs, poêle à bois, guitares, jeux de société et photos agrémentent les petites cahutes que forment ce lieu atypique et chaleureux. Au centre, une grande table ronde regorgeait de gâteaux, fruits, pains, œufs durs, céréales, confitures. Nous avons pris notre meilleur petit déjeuner du chemin. Merci à ceux qui tiennent le petit coin de paradis que nous aimerions ne jamais quitter.

 

Dimanche 4 août : El Acebo

 

I : Nous nous sommes arrêtées à El Acebo, un joli petit village. Nous sommes actuellement dans une grande Albergue qui fait style hôtel grave, moderne avec piscine, spa, salle de sport, avec vue sur les hautes montagnes, vraiment stylé. Pour 12 € la nuit, c’est vraiment pas cher et stylé.

 

Clémence : Aujourd’hui, nous sommes passées au pied de la fameuse Cruz de Ferro. Yann était avec nous. Un beau partage d’autant plus que c'est lui qui nous a parlé de cet édifice. Au pied de cette croix de fer, les pèlerins sont invités à déposer une pierre qui symbolise tout ce dont ils veulent se débarrasser : une addiction, un amant toxique, un souvenir nauséabond… Les choix sont multiples.

Le chemin qui a suivi nous a fait traverser les monts de Léon. Enfin le retour de la nature sauvage, des cailloux qui roulent dans les pentes et du dénivelé positif.


Lundi 5 août

 

I : Nous sommes bien arrivées à Camponaraya. Nous avons un jour et demi d’avance, ce qui fait qu’on va arriver plus tôt à Santiago. On arrive le 14 au lieu du 16. Sinon, un peu fatiguée, je sens les deux mois et demi de marche, mais ça va. Nous sommes arrivées à 15h, puis j’ai dormi jusqu’à 19h et nous sommes parties manger.

 

Clémence : lever de soleil sur les Monts de Léon et leurs crêtes parsemées d’éoliennes. En Galice, la chaleur est moins intense. Nous nous accordons davantage de pauses pour un café, une tortilla ou un gâteau au chocolat. Encore aux côtés de Yann, nous nous approchons du but. Une borne kilométrique indiquait “209 km” avant Santiago, cet après-midi.


Mardi 6 août  : Trabadelo

 

I : Bien arrivées à Trabadelo. Nous avons parcouru 24 km ; nous sommes sur la fin, je suis pressée de rentrer et de voir ma famille et mes amies après trois mois. Aujourd’hui, comme depuis le début, c’est que du plaisir et des beaux paysages. Cela me donne presque envie de mettre ma famille sur le chemin pour qu’ils vivent ce que je vis.

 

Clémence :  La Galice défile. Nos pieds travaillent. Nos têtes se détendent. On a mangé la meilleure omelette de notre camino francès dans une auberge qui ne payait pas de mine au premier abord, mais comme souvent (toujours ?), il faut surpasser les apparences et se laisser surprendre. Pendant que j’écris, le soleil se couche. Ses derniers rayons illuminent d’une éclatante lumière le clocher de l’église de Trabadelo. Le vent souffle et soulève délicatement les voiles des parasols. Tout est paisible.


Mercredi 7 août : 

 

I : Nous sommes à Alto del Pozo, encore une belle journée, mais très difficile physiquement. On fait que de la montée, mais franchement ça va. Les deux premières montées étaient compliquées, après ça roule. Et franchement, ça vaut grave le coup, les paysages sont juste magnifiques. On touche la fin. Arrivée prévue dans cinq jours

 

Clémence : Finalement, nous ne rentrons qu’aujourd’hui en Galice juste avant O’Cebreiro.

Aujourd'hui, l’étape fut physique. Plus de 1300m de dénivelé positif. Que du bonheur ! De quoi se dépasser physiquement, enfin !

Et les montagnes nous le rendent bien. Elles sont magiques. Parfois recouvertes de feuillus, parfois habitées par des vaches. Toujours verdoyantes.

Ici, les potagers sont abondants et les ruisseaux nombreux. Quel contraste avec la Meseta !

Et nous finissons en beauté, quasiment seules dans une auberge perchée sur un sommet. Un peu de calme avant la tempête des 100 derniers kilomètres


Jeudi 8 août

 

I : Nous sommes à Sarria, une belle petite ville et les 10 derniers kilomètres. Plein de gens sont connus ici pour faire les quatre derniers jours, mais pourtant nous sommes que trois dans l’albergue…. Bizarre. Trop pressée de revoir ma mère, elle me manque tellement. Bientôt ! Bientôt ; Inshallah

 

Clémence : Toutes seules. Nous avons passé la journée seules, du moins comme pèlerines. Sinon, nous avons eu la chance de visiter des lieux uniques. Le premier, appelé "Tierra de la Luz” est un petit paradis pour ceux qui veulent ralentir, vivre au rythme de la nature : potager, hall de méditation, repas communautaires, cours de yoga, accueil des pèlerins… Il y a de quoi faire. Mais doucement quelques kilomètres après, c’est dans la maison de l’Alchimiste que nous nous sommes arrêtées. S’en sont suivi deux heures… deux heures de conversation avec James au milieu des tableaux du maître des lieux, le fils de feu l’Alchimiste. James est un français, de passage en ce lieu pour quelques jours. A son contact, I a découvert les croyances du mouvement New Age, couplées à celles des populations premières, du monde entier. Peu importe ce que ces croyances inspirent, elles existent et il est toujours enrichissant de les connaître.

Ce soir, nous sommes arrivées à Sarria. Plus que 115 km.


Vendredi 9 août : Gonzar

 

I : 28 km aujourd’hui ! Nous sommes à 85 km de la fin ! Plus les jours passent, plus je suis pressée d’être à la fin. Je me vois déjà avec ma famille, mes chats etc… Sinon, toujours un très beau paysage ici en Galice, plein de beaux chemins dans de magnifiques forêts.

 

Clémence :100 km. ça y est ! On a dépassé cette fameuse borne, très symbolique pour nous. Peut-être moins pour les nombreux pèlerins (ou touristes) qui ne marchent que sur cette dernière portion.

En 24h, nous sommes passées de la solitude à la cohue. Les chemins sont désormais foulés par des centaines de pieds.

Malgré la foule, le tourisme et tout ce qui s’ensuit, nous traversons une campagne traditionnelle où persistent de nombreuses petites fermes, comme on en voit presque plus en France. Entre les marcheurs aux montres connectées et les fermiers aux vingt vaches, il y a tout un monde.

 

Samedi 10 août : Melide

 

I : Une trentaine de kilomètres faits aujourd’hui. Nous arrivons dans deux jours ! En arrivant là où on dort ce soir, j’ai repéré un grec, j’étais trop contente. J’en parle à Clémence et à 18h30 nous sommes parties en acheter un. Ensuite plus tard dans la soirée, on a fait le tour de la ville où il y avait une fête médiévale. On en a profité pour manger une glace.

 

Clémence : Encore une grosse étape. Plus de 30 km. Parties bien avant l’aube, nous avons cheminé dans la nuit et le brouillard. De quoi permettre à I de repousser ses limites, elle, qui a une imagination débordante et voit des sorcières et des loups dans la pénombre.

Pour le reste, nous pouvons remercier les nombreux arbres qui nous ont offert de l’ombre presque toute la journée. Que serions-nous sans eux ?

 

Dimanche 11 août : Santa Irene

 

I : Aujourd’hui, c’était un peu dur car nous nous sommes réveillées, nos chaussures n’étaient plus là ; on nous a même volé nos yaourts. Bref, la totale (mdr).

De 7h à 10h, nous nous sommes calées dans un bar le temps que les boutiques ouvrent. On est donc parties à 11h du matin et on a marché toute l’après-midi sous la grande chaleur de l’Espagne. On a fait 30 km quand même. Nous sommes arrivées à 20 h.

 

Clémence :  On a volé nos chaussures. Elles ont disparu. Je l’ai découvert à 5h ce matin en me levant. Incompréhension. Dans l’auberge, ce sont cinq pèlerins qui ont été touchés par ce vol, dont nous.

Un pèlerin sans chaussures, c’est dur. Les policiers nous ont dit qu’il était arrivé la même chose durant la même nuit dans la ville étape suivante. Un commando de voleurs de chaussures se balade donc en ce moment.

Une fois cette découverte acceptée, nous sommes allées acheter des sandales de marche pour finir la centaine de kilomètres qu’il nous reste à parcourir. Le point positif dans cette histoire ? Cela nous est arrivé à Melide, une “grande” ville où les magasins de sport sont ouverts le dimanche.

Nous avons ensuite cheminé sur près de 30 km. Arrivées fourbues à 19h à Santa Irene, des pizzas ont réconforté nos corps.

 

Lundi 12 août : Santiago

 

I : Aujourd’hui, grand jour, nous sommes actuellement en train de vous écrire au pied de la grande cathédrale de Santiago !!! avec trois jours d'avance. On l’a fait, on est à Saint Jacques de Compostelle. Dernière ligne droite, après direction Finisterra, le Cap Finistère !!

 

Clémence : Dernier jour. La foule sur les chemins. Tête vide. Pieds fatigués par les sandales. On arrive à trouver une place dans une auberge à Santiago. Ici, il vaut mieux réserver.

Plus de 2000 pèlerins sont arrivés aujourd’hui. Combien ont parcouru plus de 1500 km comme nous ? Très peu, nous a-t-on répondu. “Vous êtes des femmes fortes”, on nous a dit.

Nous avons notre compostella. Laissons l’allégresse qui plane dans les rues de Santiago, nous submerger désormais.

 

Mardi 13 août : Santiago

 

I : Aujourd’hui, journée de repos à Santiago. Réveil à 9h. Cette journée est passée très vite. Nous sommes allées chez l’esthéticienne, prendre rendez-vous chez un tatoueur, acheter des cartes postales et des timbres.

Ce soir, nous avons mangé dans un resto vegan très très bien avec une journaliste du Parisien qui est venue de Paris nous interviewer et marcher avec nous demain aussi.

 

Clémence : Une journée de repos bien remplie comme d’habitude. Des cafés, une sieste, quelques achats, des balades, un kebab et une séance chez l'esthéticienne. Une journaliste du Parisien Elsa, a atterri ce soir à Santiago pour nous interviewer. Elle marche avec nous demain. Je suis contente de quitter Santiago. Trop de touristes, trop de boutiques pleines à craquer de produits made in China. Besoin de calme pour profiter de la fin sereinement aux côtés de I.

 

Mercredi 14 août : Negreira

 

I : Nous sommes à Negreira. Les 20 km avec la journaliste se sont très bien passés. On voit qu'elle est passionnée par son taff, elle pose beaucoup de questions ce qui est très important pour ne pas déformer certaines choses. Très gentille et à l’écoute. Ehh ! Dans deux jours, on est à la mer !!!

 

Clémence : Elsa, la journaliste, a vaillamment marché avec nous tout en nous questionnant sans cesse. Sa présence fut fort agréable et je la remercie pour son intérêt envers notre duo et Seuil.

Sinon, cette journée a été marquée par des retrouvailles inattendues. Nous ne les avions pas vus depuis Cahors, il y a presque deux mois. Ils s’appellent Milou, Indie et James. C’est un couple de néerlandais accompagné de leur joli berger australien.

Une vague d’émotions m’a submergée en les voyant. Quel bonheur de les savoir heureux, en forme et d’être arrivés au bout de leur chemin. Ils ont suivi le camino del norte. Je pensais ne plus les revoir. Incroyable.

 

Jeudi 15 août : Olveiroa

 

I : Bien arrivées à Olveiroa. Aujourd’hui 33 km, de base on devait s’arrêter 6 km avant mais l’albergue était complète tout le monde avait réservé (mdr). Du coup, on a fait 1h de marche en plus.

 

Clémence : Une matinée enchantée. Nous avons accompagné le soleil dans son lever, mer de nuages dans la vallée. Quantité de forêts sauvages et de petits villages. Tout est beaucoup plus calme après Santiago.

Nous avons tout de même parcouru plus de 34 km. Je ne les ai pas sentis passer bizarrement, même avec mes sandales de compétition.

 

Vendredi 16 août

 

I : Week-end. Comme on a trois jours d’avance, on reste trois jours dans une ville qui s’appelle Cée. Une très belle ville pour attendre ma mère qui vient marcher avec moi deux jours. Eh ! On est à la plage.  Ça y est, on est au bout du bout, on est à l’océan.

 

Clémence : Tout a l’air paisible aujourd’hui. Est-ce une réalité ou une simple impression ? Les pèlerins sont tous plus calmes les uns que les autres. L’air, de plus en plus océanique est doux. Même le soleil ne nous assomme pas.

Aujourd’hui, nous avons atteint l’océan à Cée, une petite ville nichée dans une baie. Nous y posons notre sac pour trois jours de repos en attendant d’atteindre Fisterra, le bout de la terre, avec la maman de I. Malheureusement, la plage de Cée est interdite à la baignade : petite déception. Demain, nous allons tenter de trouver une autre plage. Croisons les doigts


Du 17 au 19 août : jours de repos (résumé)

 

I : On a passé deux jours à Cée, au bord de l’eau et le soir à la fête des Loges, trop bien. Et aujourd’hui, 19 août, ma mère nous a rejointes ; j’ai passé toute la journée avec elle. C’était trop bien. Nous sommes parties à la plage et j’ai nagé avec un dauphin.

 

Clémence :  Repos à Cée. Trois jours sans marche, ça sent la fin. Nous attendions la maman de I qui est arrivée le 19 août à midi. Ce week-end, fête foraine, cinéma et plage. Nous avons finalement trouvé une plage où nous pouvions nous baigner. Un bar la surplombe, parfait pour ne rien faire.


Mardi 20 août :

 

I : Nous sommes bien arrivées à Fisterra avec Clémence et ma mère. Très belle journée. Je suis fière de ma mère qui a très bien marché. Dernière grasse mat.et on va au phare

 

Clémence : Fisterra, te voilà ! J’ai rejoint cette petite ville charmante seule, car I chemine avec sa maman.

J’aime beaucoup l’atmosphère de Fisterra. Quelques hippies persistent et se mélangent avec les (trop) nombreux touristes. Un air d’Ibiza. Les plages sont plus magiques les unes que les autres. Celle qui fait face à l’Ouest, la Mar de Fora est idéale pour admirer le coucher du soleil. Pour celles et ceux qui aiment les lieux et les personnes qui sortent du cadre, il faut aller manger et boire un verre dans l’établissement “The World Family” et il faut lire ce qu’il y a écrit au plafond :  “what have you done for somebody  today?” - “Love is not just a word, it’s act” ; un rappel, ça fait toujours du bien !


Mardi 27 août

 

I : Le 27 août, c’est la fin d’une très belle aventure avec Seuil. Je vous écris dans le train du retour. On est presque arrivées à Lyon pour ensuite prendre un train en direction de Paris. Je remercie Sylvie qui nous a suivies du début jusqu’à la fin !!! C'était trop bien. Merci.

 

Clémence : La marche est finie. Cet après-midi, chacune rentre chez soi. Nous avons rejoint la France après 30h de voyage en bus. Éprouvant, mais la fierté de ne pas avoir pris l’avion et d’avoir économisé des kg d’émissions de Co2, a surpassé la fatigue.

Notre sauveuse, Sylvie, nous a récupérées pour passer trois jours dans un gîte “à la ferme” dans la Drôme. Un moment d’échange et de bienveillance plus que bienvenu pour assurer la transition avec nos vies quotidiennes.

Merci à Seuil, à tous les salariés et bénévoles de nous avoir permis de vivre cette expérience humaine unique.


 

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