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Marche de Timxxx

Marche de Timxxx accompagné par Caroline


Du lundi 8 au jeudi 11 mars : stage de préparation : Rennes

T : Je m’appelle T. J’ai 16 ans et je viens de la région marseillaise. Je viens de débuter mon expérience à Seuil. J’ai rencontré mon accompagnante, Caroline, que je trouve super sympa à première vue. J’ai reçu tout mon équipement, rencontré tout l’équipe Seuil qui va m’accompagner durant cette marche. J’ai fait quelques courtes randonnées.

Caroline : je suis Caroline, l’accompagnante de T. Je l’ai trouvé timide la première fois que nous nous sommes rencontrés à la gare de Rennes. Mais cette impression s’est vite dissipée puisque ce gaillard de 1m82, aux yeux bleus et à la chevelure fournie s’est montré plutôt loquace et enclin à échanger sur tous les sujets.

Les quatre jours passés dans la cité bretonne nous ont permis de poser les bases de notre binôme entre communication et respect. Pourvu que ça dure !

T s’est montré volontaire pour cuisiner et faire la vaisselle.

Lors de la préparation de son sac à dos, il lui a été difficile de renoncer à certaines affaires, comme sa sacoche, son parfum et ses baskets.

Néanmoins, T semble comprendre l’opportunité qui lui est offerte et souhaite utiliser cette marche pour réfléchir à son parcours.


Samedi 13 mars : Puy en Velay àMontbonnet

T : Je suis parti du Puy-en-Velay, ça n’a pas été facile, car on a commencé par une assez grosse montée, ensuite nous nous sommes mis en chemin en direction de Montbonnet. Nous avons fait une petite pause et nous sommes repartis. Nous nous sommes arrêtés pour manger à midi à Saint-Christophe sur Dolaison et nous sommes remis en chemin pour arriver au plus vite à Montbonnet en voyant la météo se dégrader. Nous sommes arrivés à Montbonnet à 14h. On a eu un plutôt bon accueil dans notre premier gîte. Ils nous ont offert une boisson en arrivant. La discussion a été un peu longue, mais très enrichissante. Le chemin était plutôt tranquille.


Caroline : hier, nous avons passé plusieurs heures dans le train pour rejoindre le Puy en Velay.

Nous avons ensuite pris possession de notre chambre au sein du séminaire Saint Georges. T était quelque peu désarçonné de devoir passer la nuit dans un tel endroit, si grand et si vide. Le lendemain, au petit déjeuner, les Sœurs nous ont offert de sublimes tranches de pain perdu. Puis, départ pour notre première étape : 15 km jusqu’à Montbonnet.

T a marché d’un bon pas, malgré de fortes bourrasques de vent. Lorsque je l’invitais à observer la beauté du paysage, il m’a répondu : « tu sais moi j’suis pas un mec des collines ».

Nous avons reçu un accueil très chaleureux chez Anne et Didier. T a pu échanger avec nos hôtes et profiter d’un cadre cocooning. Après le dîner, jeu de cartes tous les quatre. Même s’il a ressenti un coup de blues à l’idée d’être éloigné de sa copine, T s’est montré motivé à poursuivre sa route le lendemain.


Dimanche 14 mars : Monistrol

T : Hier soir, nous avons passé 2h à comprendre notre jeu, The Mind. Ensuite nous sommes allés nous coucher. Le lendemain matin, nous avons déjeuné avec Anne et Didier qui étaient vraiment très sympas et ensuite elle m’a aidé à ajuster mon sac. Puis nous nous sommes mis en route vers 9h30. Nous nous sommes arrêtés à Saint Privat d’Allier pour acheter à manger.

J’ai fumé une cigarette en contemplant la vue, ensuite nous nous sommes remis en route. Nous nous sommes arrêtés un tout petit peu avant Rochegude pour manger dans la forêt et nous sommes repartis pour arriver vers 14h à Monistrol d’Allier. On a été super bien accueillis par André et sa fille et je pense que nous allons passer une agréable soirée, malgré mes courbatures.


Caroline : Après un petit déjeuner copieux dégusté avec nos sympathiques hôtes, nous quittons le village dans un froid glacial. D’ailleurs, la nuit a laissé quelques traces de neige dans la forêt.

T avance avec grande facilité, aussi bien en montrée, qu’en descente. Il semblerait même qu’il prenne du plaisir. Son sac d’environ 10kg ne lui pèse pas. Ses bâtons, il les utilise « pour se faire les muscles des bras ».

T s’arrête lire les inscriptions visibles au gré du chemin : là une légende, ici des informations sur un pont. S’il me disait dans le train « ne pas s’intéresser à grand-chose », sa tendance à l’observation démontre le contraire. Dans notre guide, le « Miam miam - Dodo », il scrute les cartes, les altitudes et les dénivelés. Ce dimanche, il teste pour la première fois… les toilettes sèches. Plus loin, dans une chapelle, il écrit dans un cahier « je souhaite ne plus retourner en prison et retrouver ma bien-aimée après cette marche ». Les 15km du jour s’écoulent agréablement. T se demande comment l’on peut vivre heureux dans les villages isolés que nous traversons. Le bruit, la foule, les commerces lui manquent un peu. A 14h, notre nouvel hôte, André, nous accueille au gîte du Pont Eiffel. Comme les précédents, il encourage T dans son expérience, lui assure qu’accomplir ce chemin lui sera utile pour se faire embaucher.


T et Caroline


Lundi 15 mars : Saugues

T : La soirée d’hier a été formidable. André et sa famille étaient très sympas. Nous avons passé une agréable soirée, nous avons beaucoup échangé et nous avons joué à The Mind. Ensuite, nous avons un peu tardé à aller se coucher.

Le lendemain matin à mon réveil, je suis descendu déjeuner, tout le monde était déjà réveillé. C’était super sympa ce petit déjeuner. A la fin, André m’a offert un paquet de cigarettes, ce qui est très gentil de sa part, je le remercie encore.

C’était vraiment très agréable cette rencontre, ce sont des gens que je porterai dans mon cœur car leur amabilité m’a beaucoup touché et même avant le départ, nous avons fait une petite photo ensemble.

Nous avons pris le chemin en direction de Saugues à 9h30. Nous avons eu tous les temps : de la pluie, de la neige, du vent et enfin nous sommes arrivés à Saugues vers 12h30/13h. Nous avons fait la connaissance de Sébastien, notre hôte, qui est plutôt sympa. Nous avons un petit peu échangé et il nous a raconté l’histoire de la bête du Gévaudan


Caroline : C’est en lisant « Un tocard sur le toit du monde », lampe frontale vissée sur le front que T s’endort. Comme la veille, la soirée fut excellente. T se montre sociable et heureux de partager son histoire. Il est particulièrement touché par la générosité d’André, lequel lui a offert soutien et victuailles.

Le lendemain, nous partons à l’assaut de Saugues. T n’a pas démérité durant cette journée « grimpante » où neige et pluie se côtoient sans discontinuer. Nous arrivons affamés à notre gîte dans lequel nous passons la soirée en tête à tête. Gnocchi aux lardons pour lui, soupe de légumes et maïs pour moi. T a eu sa copine au téléphone. Il est joyeux et positif.


Mardi 16 mars: Le Chazeaux

T : Aujourd’hui réveil un peu tardif pour moi, car je me suis endormi devant la télé hier soir. Nous avons fait le chemin sous le vent. Un petit peu de rayons de soleil et de la neige un peu partout par terre, car il y a eu de la neige qui tombait cette nuit. Nous sommes arrivés à Chazeaux vers 13h30, nous avons été bien accueillis par Elodie. À voir pour la suite de la soirée.


Caroline : L’étape du jour se révèle plutôt facile. Il fait très froid, vers le 0° lorsque nous atteignons les 1000 m d’altitude. Une dame a eu la gentillesse de nous proposer un coin à l’abri du vent dans le cadre de sa ferme pour notre pause déjeuner. Nous arrivons à Chazeaux, chez Élodie. Le cadre est très agréable mais T. trouve le temps un peu long. Si la veille il a pu profiter d’une télévision, aujourd’hui il doit se contenter de lecture, jeux de société. « Vivement la ville », dit-il, «même si je ne sors pas du gîte je me sens plus serein ». Petite friandise du jour : la machine à masser les pieds que nous propose Elodie. On s’en délecte affalés sur le canapé. Nous passons un très bon dîner avec Élodie et ses enfants puis terminons la soirée en jeu de société.


Mercredi 17 mars: Saint-Alban sur Limagnole

T : Agréable soirée hier soir, très bon repas. On s’est couché pas trop tard pour être levé de bonheur, nous avons petit déjeuné et ensuite nous nous sommes mis en route. Sur le chemin, nous avons eu beaucoup de neige. Nous sommes arrivés à Saint-Alban sur Limagnole vers 14 heures, le chemin était plutôt simple et j’ai quelques douleurs aux genoux mais rien de bien méchant.


Caroline: La journée commence délicatement chez Elodie, c’est pain et brioche maison au petit déjeuner ! Notre étape se déroule dans un décor enneigé. Le froid est mordant. Mais T., ce « citadin randonneur » comme il s’est qualifié, maintient la même cadence dynamique. Ne se plaint pas. Prends soigneusement connaissance des panneaux indicatif. S‘amuse à briser les flaques glacées avec son bâton. T. est drôle : il en fait toujours une montagne des montées alors qu’il les gravit sans peine. Lors de la pause à la Chapelle Saint-Roch, T. affirme avoir pleinement conscience de la chance qui lui est offerte à travers cette marche. Il veut aller au bout. À Saint-Alban sur Limagnole, nous logeons dans une petite chambre toute blanche, dans laquelle on nous sert des plateaux repas au dîner. L’ambiance est décidément propice à la solitude aujourd’hui.


Jeudi 18 mars : Aumont Aubrac

T : hier soir nous avons joué aux cartes, ensuite nous avons mangé à deux, et je suis allé regarder la télé. Le lendemain matin je me suis levé assez tôt, nous avons pris le chemin pour Aumont Aubrac. Nous étions dans la neige tout le long du chemin. Nous sommes arrivés vers 14h30 et le gîte à l’air plutôt pas mal. Nous sommes allés chercher de quoi me soigner car ma douleur au genou s’amplifie. Nous avons rencontré des marcheurs pour la première fois aujourd’hui.


Caroline : il fait -2°, ressenti -10° ce matin, couvrez-vous bien! C’est sur ses paroles de précaution données par notre hôte que nous entamons notre étape vers Aumont Aubrac. T résiste bien au froid « car il a du sang normand, du sang de viking » explique-t-il. Mon pur sang d’alsacienne ne doit pas bien fonctionner dans ce cas! Sur le chemin, nous échangeons à propos de son avenir. T souhaite se marier avec celle qu’il considère comme la femme de sa vie, avoir 3 enfants, c’est là le but de sa vie. Il assure que ses enfants ne tomberont pas dans la délinquance car « il leur expliquera tout ». Pour le moment, T a du mal à troquer les toilettes classiques contre bois et bosquets, il préfère attendre les installations même si elles sont des kilomètres plus loin. Ce soir nous sommes à Aumont Aubrac et partageons pour la première fois notre gîte avec 2 autres marcheurs. Pour la première fois également, T fait un peu de lessive à la main. Son genou droit est gonflé ce soir. J'espère que la nuit apaisera son inflammation car nous avons 26 km à parcourir demain.


Vendredi 19 mars : Nasbinals

T : Hier soir nous avons fait la rencontre de Pierre et Laurent qui étaient super sympas, on a passé une agréable soirée, nous avons un peu discuté. Ce matin on s’est levé un peu tôt, mais j’avais mal au genou alors nous sommes partis à 10h. Ma douleur augmente de plus en plus. Nous avons marché jusqu’au « 4 chemins » mais çà devenait trop difficile pour moi, j’avais trop mal. Alors on a appelé un taxi qui nous a conduit jusqu'à Nasbinals, au gîte où nous avons retrouvé quelques marcheurs et randonneurs.


Caroline : Nous n’avons finalement effectué que 12 km à pieds aujourd'hui . L’autre partie jusqu’à Nasbinals a été réalisée en taxi car T souffre d’une inflammation à son genou droit. Chaque randonneur rencontré est au petit soin avec lui. L’un lui procure une crème magique, l’autre un paracétamol. Nous sommes nombreux ce soir au gîte Le Sorbier : un groupe de 6 amis touristes et 5 randonneurs. T est installé dans un coin de la pièce principale et observe les interactions. Nous préparons ensemble une soupe de potiron à laquelle s’ajoute une grosse part de lasagnes pour lui. T passe une partie de la soirée à jouer aux cartes avec Arielle, une très gentille randonneuse de 25 ans marchant seule. j’en profite pour rédiger le rapport de la première semaine de marche. T consent à se coucher tôt en même temps que mois. Il bouquine son « Tocard sur le toit du monde » lampe frontale sur la tête pour ne pas me déranger.


Samedi 20 mars : Saint Chély


T : Aujourd'hui nous sommes partis vers 10 heures de Nasbinals et nous avons traversé le dernier plateau de l‘Aubrac. Nous sommes arrivés à Aubrac où nous avons fait la pause déjeuner avec 2 randonneurs que nous avons rencontrés au gîte hier soir. Nous nous sommes remis en route pour St Chély vers 14h45. Nous avons été super bien accueillis par nos hôtes, nous sommes allés faire quelques courses, j’ai voulu aller au tabac mais il était fermé. Nous sommes revenus au gîte, notre hôte m’a offert un paquet de cigarettes.


Caroline : Après cette bonne nuit de repos, T se sent d’attaque pour aller jusqu'à St Chély. Le plateau de l’Aubrac s’offre à nous dans toute sa rudesse. Il a beaucoup neigé, le vent souffle très fort. T avance contre vents et marées, fait preuve d’une belle ténacité. Sa capacité à marcher sans grogner malgré les difficultés est remarquable. Nous faisons notre pause déjeuner aux pieds d’une église avec 2 randonneurs rencontrés la veille. Puis la route reprend dans la douceur. Nous voilà en Aveyron.


T et Caroline


Dimanche 21 mars : Espalion

T: Hier, la soirée était plutôt sympa, j’ai mangé presque tout le plat entier à moi tout seul, j’ai eu un petit coup de mou juste après et nous sommes allés nous coucher. Le lendemain, nos hôtes Roland et Sylvie nous ont servi un petit déjeuner de roi. Après je me suis préparé, et nous nous sommes mis en route en direction de Espalion. La montée était dure mais la descente après était plutôt cool. 12h30, nous arrivons à Saint et nous avons fait la pause déjeuner dans le village plutôt paisible à ma première impression. Nous nous sommes remis en route pour Espalion, ensuite nous avons monté une grande colline et après nous avons tout redescendu pour enfin arriver à Espalion où j’ai passé le reste de mon après-midi à chercher un tabac. Notre sac était tellement lourd qu’on a fait plusieurs pauses, de grandes montées que nous avons monté sans trop de difficulté. J’en avais marre donc nous avons fait cette petite pause et nous avons un peu discuté. Nous sommes repartis pour arriver à notre gîte de ce soir à 16h. Nous avons rencontré Léa notre hôte super sympa et deux pèlerins sont arrivés l’un après l’autre. Claude et Gaby super sympa et puis nous avons pris place dans notre mobile home pour ce soir.


Caroline : La soirée d’hier était très sympa : nous avons dîné puis joué aux cartes avec Arielle et Vincent, deux marcheurs que nous côtoyons pour la deuxième fois. L’étape du jour de 24 km est agréable. Des paysages verdoyants et de belles vues sur les villages que nous traversons. Il fait encore très froid malgré la descente en altitude. Le soleil est de la partie. Nous prenons notre temps en nous accordant plusieurs pauses dans de jolis endroits. T. semble bien, léger. Il est heureux de dormir à Espalion ce soir, « presque une vraie ville ! » Il rajoute : « si on m’avait dit un jour tu veux marcher 200 km, je n’y aurais jamais cru. Et pourtant c’est le cas ! » Pour te donner du courage, T. pense souvent à la fête qui doit avoir lieu en son honneur après ces deux mois de marche. Il espère qu’il va trouver les personnes qu’il aime et qui lui auront bien manqué.


Lundi 22 mars : Fonteilles

T : Hier soir, nous avons mangé avec Vincent que nous avions retrouvé deux jours auparavant. Ce matin, lever de bonne heure, nous avons pris le chemin à 9h.

Nous y sommes allés tranquillement jusqu’à Estaing, et, nous avons croisé un autre marcheur sur le chemin. Arrivés à Estaing, nous avons déjeuné, puis, on a fait une petite balade dans un village qui est super beau. Ensuite, nous sommes allés à l’épicerie car on a dû faire des courses pour ce soir, car ne nous sommes pas en demi-pension, nous sommes complètement remplis.


Caroline : Nous avons partagé une nouvelle soirée avec Vincent (25 ans) lors de cette halte à Espalion. Une soupe et des lasagnes, plus exactement. T a ensuite terminé son livre, qu’il a beaucoup apprécié. Je le questionne sur son envie de faire l’Everest après cette lecture inspirante. “Pourquoi pas!”, ose-t-il. Le citadin randonneur songe d’ailleurs sérieusement à “faire marcher” sa copine une fois son expérience terminée. “Pour qu’elle voit ce que j’ai vécu”.

Il y a pas mal de bitumes aujourd’hui, mais les températures se réchauffent doucement et le soleil nous accompagne. Nous déjeunons sur un banc à Estaing.


Mardi 23 mars: Conques

T : Hier soir avec Caroline, nous avons joué aux cartes. J’ai perdu tous les jeux. Ce matin je me suis levé avec une grosse douleur au tendon de mon pied droit, mais j’ai quand même voulu partir marcher. Nous sommes donc partis de chez Léo, un monsieur très sympa qui nous a super bien accueilli la veille. Nous avons tranquillement pris chemin en direction de Conques, c’était plus facile au début et puis après ma douleur au tendon est revenue en arrivant à Sénergues. Donc nous avons fait du stop mais aucune voiture n’est passée sauf des tracteurs, puis un gentil monsieur a proposé de nous tracter car j’avais du mal à marcher. Il nous a amené en haut de la dernière descente qu’il y avait à faire pour aller jusqu’à Conques. Nous sommes arrivés à l’abbaye où nous allons dormir ce soir.


Caroline: Nous avons dormi à Fonteilles hier, dans un mobile home, chez Léo. Monsieur adorable à l'accent suisse. Après le verre de bienvenue, T. Et moi avons dîné en tête-à-tête. Nous n’avons pas du tout la même alimentation et essayons tant bien que mal de trouver des recettes en commun. Ce soir donc, nous partageons une base de riz complet. Nous enchaînons ensuite plusieurs parties de cartes. La journée de ce 23 mars doit nous mener jusqu’à Conques. T. se lève avec un petit mal au tendon droit mais souhaite tout de même faire l’étape. Nous y allons doucement et faisons beaucoup de pause. Il fait grand soleil, les oiseaux chantent. C’est délicieux. 8 km avant la fin, la douleur de T. s’est intensifiée. Il nous faut donc terminer en voiture. Le personnel de l’abbaye Sainte-Foy à Conques est très attentionné vis-à-vis de T. et sa douleur. Les crèmes et blocs de glace viennent à nous, comme par magie !


Mercredi 24 mars : Decazeville

T : Hier soir, le repas était super à l’abbaye mais à 21h il y avait un concert d’orgue qui était plutôt pas mal. Nous avons aussi pu visiter la partie haute de l’église tout en écoutant l’orgue. Ensuite nous sommes allés nous coucher. Ce matin, nous nous sommes levés un peu en retard et nous nous sommes mis en route vers 9h15. Dès le début de la marche une grosse montée s’est présentée j’ai fait au moins 10 pauses, sans mentir, cette montée m’a tué. Le chemin après était plutôt sympa, pas trop de monter, beaucoup de route et vers 15 heures nous avons fini par arriver à Decazeville chez Thierry qui est super gentil et nous avons encore retrouvé Pierre, un pèlerin que nous avons rencontré à Aumont Aubrac.

Caroline : La soirée fut spéciale. Une mise à plat effectuée d’urgence entre T. et moi. Un dîner en tête à tête dans le silence, dans notre chambre. Puis la visite des hauteurs de l’abbaye Saint Foy, au rythme de la mélodie de l’orgue. Nous sommes partis ce matin en direction de Decazeville, 21 km. Le pied de T. était en bien meilleure posture et l’étape s’est déroulée sans problème. Nous avons croisé un homme de 67 ans qui effectuait le chemin en courant, équipé de presque rien. T. était impressionné d’entendre qu’il faisait 40 à 45 km par jour. Sur notre route, T. s’est arrêté pour caresser des vaches, une première pour lui. Ânes, chiens, chevaux remportent également ses faveurs. Par contre, les odeurs de la campagne le dérangent franchement. Il préfère celle des pots d’échappement. « Je suis un marcheur citadin maintenant. Je marche tous les jours, je porte un sac qui fait 1 tonne et je vais m’acheter une coquille ! »


Jeudi 25 mars : repos Decazeville

T : Aujourd’hui, journée de repos. C’était trop bien, j’ai dormi jusqu’à presque 10 heures. Ensuite nous sommes allés nous balader dans Decazeville. On est parti faire des courses pour manger à midi, ensuite cet après-midi on est allé faire un parcours qui nous montre toutes sortes de Street Art dans la ville. C’est plutôt beau à voir et nous sommes aussi allés acheter une carte postale pour ma mère et une aussi pour ma petite chérie dont je suis fou amoureux. J’adorerais la revoir mais pas pour le moment, je dois me contenter d’appel simplement. Elle me manque atrocement. Nous sommes rentrés au gîte pour manger et passer notre petite soirée et je me suis aussi amusé à allumer le feu de la cheminée.


Caroline: Journée off. Déambulation dans Decazeville. Jeux de cartes. Courses. Cuisine. Vivement demain



Vendredi 26 mars : St Félix

T : Ce matin levé tranquille, nous nous sommes préparés tranquillement et nous sommes partis à 9h du gîte en direction de Saint Félix. Le chemin était sympa, quelques beaux paysages et surtout beaucoup de fermes. Nous avons déjeuné à côté d’une ferme et nous sommes repartis pour arriver vers 15h30 à notre gîte et nous avons rencontré notre hôte Thierry qui est super sympa.

Caroline : Etape facile de 20 km jusqu’à Saint Félix. T. est en bonne forme. Nous marchons principalement en silence pour la troisième fois depuis le début de la marche il y a 15 jours, il sort son appareil photo. Son objectif ? Immortaliser le panneau « Lacoste », un lieu-dit. Je suis quelque peu désespérée ! Nous déjeunons tous deux dans l’herbe avec ânes et vaches à l’horizon. T. dit avoir réfléchi pendant la nuit, il veut faire un « ramadan de la clope » c’est-à-dire fumer que le jour pendant une semaine, puis la suivante que la nuit. Nous arrivons en début d’après-midi chez Thierry, un adorable monsieur qui nous accueille en donativo. T. tente ainsi son premier séjour chez l’habitant.


Samedi 27 mars: Figeac

T : Aujourd’hui marche plutôt courte. Nous n'avons fait que 10 km pour rejoindre Figeac. Nous sommes arrivés au gîte du Gua chez Caroline à 11h. J’ai rencontré Théophile et Frédérique qui sont super sympa, vraiment une superbe rencontre. Nous sommes ensuite allés faire un tour au marché de Figeac pour déjeuner. L’après-midi nous sommes allés voir le potager de Théophile et Frédérique qui est en cours de développement et nous avons fait un petit tour dans Figeac, puis nous sommes rentrés.


Caroline: Étape mignonne de 10 km, que l’on a bouclé très rapidement. Nous dormons au gîte du Gua ce soir, soit à domicile pour moi. Au déjeuner, T. profite d’un aligot acheté au marché figeacois.

Nous prenons le repas dans le jardin, au soleil. Quelques turbulences se produisent ensuite. C’est assez fréquent ces derniers jours puisque des écarts de conduite se produisent. Malgré tout, nous conclurons l’après-midi par des courses et une visite du centre-ville. Le soir, T. mange son premier dîner végétarien de A à Z. Soupe de légumes : omelette, pâtes au pesto, salade verte. Et il apprécie beaucoup l’ensemble, contre toute attente. Quelques parties de cartes endiablées à quatre puis T. visionne le film «Saint-Jacques, la Mecque » !


Dimanche 28 mars: Source d’Ussac

T : Ce matin, j’ai un petit peu dormi et nous sommes partis à 10h. Théophile et Frédérique nous ont accompagnés un petit bout de chemin et nous avons fini à deux jusqu’à la Source d'Ussac. Le chemin était plutôt facile à mon goût pour arriver jusqu’à notre gîte, où nous avons été super bien accueillis par Dominique et sa famille.


Caroline: Il passe du temps au téléphone avec son père et surtout sa copine. Il écoute de la musique, puis nous échangeons quelques énigmes avec notre hôte et sa compagne. Après le dîner, petite séance de cartomancie pour T. qui s’intéresse à l'art divinatoire.


Lundi 29 mars : Limogne-en-Quercy

T : Hier soir, nous avons dîné avec notre hôte et un couple de cyclistes qui était là. Le repas était super, puis nous avons un peu discuté.

Ce matin, levé de bonne heure, j’ai passé une très mauvaise nuit. Nous avons pris le chemin à 9h pour Limogne-en-Quercy. Le chemin a été plutôt simple, un petit peu de montées, un peu de descentes, ça a alterné. A Cajarc, nous nous sommes arrêtés pour faire des courses, « on était rempli vraiment » et puis nous sommes repartis. Nous nous sommes arrêtés pour manger et j’ai fait une petite sieste pour rattraper ma nuit et nous sommes repartis. Nous sommes arrivés à Limogne-en-Quercy vers 18h30 au gîte communal. Nous sommes que tous les deux et les gîtes ce n’est pas trop super.


Caroline : Le soleil est à son apogée. Un pur bonheur pour cette nouvelle étape de 25km que nous effectuons principalement en silence. La pause déjeuner s’improvise dans l’herbe, arbres, fleurs à perte de vue. « Je n’aurais jamais pensé manger dans un champ comme ça » constate T. Après ses deux sandwichs, il s’endort, son sac à dos comme oreiller. Des bornes, les pierres du Quercy toujours, des compagnons marcheurs, puis nous voilà arrivés à Limogne-en-Quercy. Soirée en tête à tête dans un gîte communal.



Mardi 30 mars : Lalbenque

T : Aujourd’hui, nous sommes partis à 10h de Limogne-en-Quercy. Le chemin était plutôt sympa malgré mon mal de pied, car j’ai des ampoules. Nous avons marché à deux jusqu’à Bach et après nous sommes repartis avec Xavier qui, tout comme moi, avait mal aux pieds, car il a aussi des ampoules et il est dans le même gîte que nous ce soir. Tout le long de la marche depuis hier, je ne fais que de penser à ma copine, car ça fait deux jours que je ne l’ai pas appelée et elle me manque terriblement, vraiment c’est horrible. J’ai qu’une hâte c’est de la retrouver à la fin de cette marche. « Si tu lis mon blog, «je l’aime ma vie ». Et ce soir, nous sommes dans un gîte avec Vincent, Xavier et Gaël qui sont super sympas et nous allons manger tous ensemble ce soir.


Caroline : Deuxième ampoule pour T, la deuxième de toute sa vie ! « je n’avais jamais marché avant, je prends toujours le bus, le scooter, la voiture », explique-t-il. Il fera les 25 km du jour en serrant les dents, courageusement. Nous croisons un homme, Franck, qui marche avec un chien, un bouc nain et une chèvre. Quel étonnant et joli tableau ! A Bach, petit village, nous faisons une halte devant l’église avec deux pèlerins, Xavier et Gaël. Xavier souffre le martyr depuis quatre jours à cause de ses ampoules. Nous reprenons le chemin tous les trois et je leur raconte l’histoire de Nando Parrado, l’un des 16 rescapés d’un vol qui s’est écrasé dans les Andes en 1972. T. est captivé et me demande pourquoi je ne lui ai pas raconté cette histoire plus tôt. « Tu en as des autres comme ça ? ». Oui, mais la suite sera livrée au prochain épisode de souffrance. En attendant, nous voilà arrivés au gîte, Le Gascou, 15km avant Cahors. Nous y retrouvons Vincent, Xavier et Gaël. L’ambiance est très chouette. Je suis heureuse, car ce soir, pour la première fois, T. a laissé ses baskets au placard. Ses pieds respirent enfin le grand air.

T et Caroline


Mercredi 31 mars : Cahors

T : Aujourd’hui, petite journée de 13km jusqu’à Cahors où nous sommes arrivés vers 14h. La marche était plutôt sympa. Nous avons fait le chemin avec nos amis marcheurs, Xavier, Vincent et Gaël avec qui nous avons mangé notre déjeuner à midi. Ils sont vraiment super cool. C’était super agréable de marcher avec eux. Nous avons rencontré Mahdi, notre hôte qui est lui aussi très sympa. Nous avons fait à manger pour Mahdi le soir et le repas était très sympa.

J’ai toujours quelques ampoules au pied, mais c’est rien, alors je marche. Je ne suis pas un faible, comme je le dis tout le temps. Ce n’est pas une ampoule qui va m’arrêter.

Ma copine me manque vraiment beaucoup. C’est très dur sans elle, mais je m’encourage, je me dis qu’à la fin de cette marche, je vais la retrouver pour de bon. En bref, très bonne journée. Nous avons aussi visité un petit peu Cahors.


Caroline : Nous partageons une partie de cette étape avec nos compagnons Vincent, Xavier et Gaël. T souffre encore un peu à cause de ses ampoules, mais il avance sans faillir. Il est heureux de partager un kebab avec les autres marcheurs une fois arrivé à Cahors. Nous visitons ensuite la cathédrale Saint Etienne, la vieille église, puis achetons un nouveau livre « La Route » et des cartes postales.

Ce soir, nous dormons chez Mahdi, un ange bien connu du chemin. De nouvelles restrictions sont annoncées. On espère que notre binôme pourra continuer à avancer.


Jeudi 1er avril : Lascabanes

T : Aujourd’hui le départ de Cahors à 10h en direction de Lascabanes toujours avec mes ampoules, mais je continue quand même. Après Cahors, j’ai fait une petite chute, mais c’est rien, c’est le métier qui rentre. De toutes façons, il fallait que ça arrive un jour quand même, et puis nous sommes repartis et 2 kilomètres avant l’arrivée à notre étape, mes deux ampoules ont « pété » et j’avais vraiment beaucoup de mal à marcher, mais j’ai encore forcé pour arriver jusqu’au bout et nous sommes arrivés à notre gîte vers environ 16h30 où nous avons retrouvé notre ami, Vincent. Nous avons mangé un bon repas, enfin surtout moi car j’ai pris la demi-pensionet nous avons mangé avec Vincent, car c’est la dernière soirée avec lui.


Caroline : La soirée était douce avec Mahdi. T fut impressionné d’apprendre qu’il a traversé 15 pays à pied et participé à la rédaction du livre « A Compostelle ». Mahdi lui a offert un nouvel embout pour son camelbak avait une fuite depuis quelques jours, ainsi qu’une coquille à accrocher à son sac. Drôle de départ ce matin après l’annonce d’Emmanuel Macron. On se dit qu’on ne reverra plus nos compagnons et que nous allons être bien seuls sur le chemin.

Au cours de notre avancée, T déclare « moi, je fais cette marche pour prouver à ma famille et surtout au juge que je ne suis pas le T qu’ils croient ». Plus loin, il chute dans une pente caillouteuse et s’ouvre le pouce « fallait bien que ça m’arrive au moins une fois », philosophe-t-il. Ce n’est pas ça qui va l’arrêter. Deux kilomètres avant la fin, ses deux ampoules éclatent. Il termine avec une démarche intéressante, les dents serrées. Je lui propose un peu de musique pour lui changer les idées le temps d’arriver. Il me répond « oui, « Les portes du pénitencier, svp ». J’adore ce style…


Vendredi 2 avril : Lauzerte

T : Ce matin, je me suis levé un petit peu plus tôt que d’habitude pour partir un peu plus tôt. Nous sommes partis à 9h pour Lauzerte. Nous avons marché en compagnie de Vincent tout le long, enfin presque car à la fin j’ai dû m’arrêter car une de mes ampoules me faisait beaucoup trop mal et notre hôte, Nicole, est venue nous chercher à 8km de Lauzerte et nous avons eu un très bon accueil. Elle nous a offert une super bonne soupe.


Caroline : Nous avons parcouru 15km à pied, puis les 8 derniers en voiture, puisque le petit doigt de pied de T était en souffrance. Vincent nous a accompagnés, puis nous a fait ses adieux. Nicole, notre formidable hôte du gîte « L’Abeille Lulu» est alors venue nous chercher pour nous éviter de payer un taxi. Désormais pour T c’est repos et soins intensifs sur petit doigt de pied !

La soirée est très agréable auprès de Nicole qui nous offre une délicieuse soupe à la courgette. Nous lui apprenons à jouer au jeu de cartes « Le Président ».


Samedi 3 avril : Lauzerte

T : Aujourd’hui, grasse matinée. J’ai dormi jusqu’à 10h car c’était la journée de repos, après nous sommes allés nous balader dans Lauzerte. Nous sommes allés au marché et nous sommes rentrés pour manger. Après nous sommes allés jouer aux cartes avec Nicole. Ensuite en fin d’après-midi, Caroline est allée faire des courses pendant que je regardais un film. Ensuite nous avons mangé. Nous avons fait quelques parties de cartes.


Caroline : Jour de repos à Lauzerte. Argile sur le doigt de pied au programme. T et moi allons faire le marché en fin de matinée. Je trouve ce village vraiment charmant et ne cesse de m’extasier à chaque coin de rue (pourtant, j‘y suis déjà venue). T se montre moins enthousiaste, mais se prête à la visite. Nous déjeunons avec Nicole, puis repartons pour des parties de cartes endiablées. T prépare ensuite une pâte à crêpe avec Nicole et téléphone à sa copine. En fin d’après-midi, il regarde le film « l’Ascension ». Au dîner ce soir, soupe avec les légumes du marché pour tous, aligot, saucisse en prime pour T. Et des parties de cartes, bien entendu.


Dimanche 4 avril : Moissac

T : Aujourd’hui, départ de chez Nicole pour Moissac. Nous sommes partis aux alentours de 9h. Le chemin était tranquille, quelques montées, quelques descentes, à la fin j’avais mal au-dessous du pied, mais rien de grave. Super accueil au gîte Aliénor, chez Patrick.


Caroline : Je croise les doigts pour que les soins apportés au petit doigt de pied de T aient fait leur effet. Il y a 28km à parcourir. Le soleil nous accompagne encore, nous avons beaucoup de chance. L’étape se déroule bien. Nous rencontrons Marc, un pèlerin de 71 ans, sûrement l’un des derniers rescapés du chemin. Déjeunons avec lui au bord d’une route peu fréquentée, les fesses dans l’herbe. T est content d’apercevoir le panneau « Moissac » vers 15h. Il a mal au pied. Probablement parce que nous avons eu beaucoup de bitume. C’est Patrick qui nous accueille au gîte «l’Aliénor ». Il est plein de gaîté. Sa présence est pétillante. Nous dînons avec cinq personnes ce soir, quatre marcheurs et un jeune stagiaire en verrerie. T discute une partie de la soirée avec lui. Ce soir, il dort dans un lit deux places avec des draps. Joie !


Lundi 5 avril : Auvillar

T : Aujourd’hui super petit déjeuner. J’ai passé une super bonne nuit dans un grand lit 2 places pour moi tout seul. Je me suis juré que la prochaine fois que je dormirais dans un lit 2 places, ça serait avec ma copine. Bref ensuite, nous nous sommes mis en route en direction de Auvillar. Nous avons fait une halte à Pommevic pour déjeuner. Il y avait un marcheur suisse qui a mangé avec nous, Rudolf. Avec Caroline, nous avons fait quelques parties de cartes, puis nous sommes repartis. Le chemin était simple. C’était 21 km de plat sur du béton. Pour moi la routine, mais ça faisait mal aux pieds car mes chaussures ne sont pas adaptées du tout. Puis nous sommes arrivés en fin d’après-midi à Auvillar chez Laurence qui nous a accueillis.

Caroline : Petit déjeuner de roi chez Patrick. Avant de partir, T est très fier de venir me dire qu’il a trouvé le portefeuille de Rudolf, le marcheur suisse, dans la salle de bains et qu’il le lui a rendu sans même regarder dedans. « Il y a deux mois, jamais j’aurais fait ça », assure-t-il.

Let’s go pour Auvillar, 20km le long du canal en grande partie. Du bitume et du soleil au rendez-vous. T s’esclaffe lorsque que nous apercevons un canard mort dans l’eau. Moi, je ne ris pas du tout.

Pause déjeuner devant une église où nous sommes rejoints par Rudolf. Nous n’avions trouvé que du pain au départ de Moissac ce matin, mais ici, Pâques oblige ? un boucher offre à T cinq tranches de jambon « j’ai jamais vu ça. Avant de faire le chemin, j’ai jamais eu de trucs gratuits. »

A Auvillar, nous sommes accueillis par la délicieuse Laurence. Nous allons visiter la bourgade. Je parle tout haut de ce que je trouve beau. T : « tu sais, moi, à part avancer pour retrouver ma copine, je ne veux pas faire grand-chose ». Avancer, c’est déjà bien finalement.


Mardi 6 avril : Castet-Arrouy

T : Aujourd’hui, levé un peu plus tôt pour une petite étape de 21km jusqu’à Castet-Arrouy. Il y avait beaucoup de montées et descentes et surtout beaucoup de vent. Nous avons fait une pause déjeuner à Flamarens Nous avions très froid à cause du vent et nous sommes repartis. Nous nous sommes arrêtés à Miradoux pour faire une pause et nous avons joué aux cartes, puis nous sommes repartis pour arriver à Castet-Arrouy à 16h45 où nous avons été bien accueillis par Nat.


Caroline : La soirée en trio avec Laurence était chouette. C’est une accueillante lumineuse et à l‘écoute. Elle a enveloppé T d’un regard bienveillant et ses pieds…d’argile ! C’est donc comme neuf qu’il reprend le chemin ce mardi matin. Les températures sont redescendues, nous sortons les gants. T me parle de son meilleur ami, actuellement dans une posture délicate et dit qu’il va lui conseiller « de faire Seuil ».

L’étape alterne entre champs et bitume. Des commerçants se questionnent sur le fait que nous continuions à marcher malgré les nouvelles restrictions. Nous expliquons, que pour l’heure, nous bénéficions d’une dérogation. Sur notre route, nous nous arrêtons par deux fois pour jouer aux cartes. « Nous avons sacrement la belle vie », je lance à T. En fin d'après-midi arrivée chez Nat. à Castet-Arrouy.


Mercredi 7 avril : La Romieu

T : Aujourd’hui, grosse journée de 30km, alors nous nous sommes levés tôt. La journée était plutôt sympa, ça a fait que monter et descendre. C’était assez simple. Quelques douleurs au dos, mais rien de grave. Je suis arrivé vers 17h à La Romieu à notre gîte où Laurent nous a accueillis. Super agréable gîte.


Caroline : Hier soir, notre comparse, Rudolf, nous a appris un nouveau jeu de cartes « Le 10 tournant ». Nous avons passé un agréable dîner chez Nat tous les quatre. Notre étape du jour nous mène à La Romieu. « Dans le Gers, ils sont sympas : ils font plein de petits chemins de terre à côté de la route », observe T. Nous avons un peu moins d’une trentaine de kilomètres à parcourir sous le soleil, mais avec des températures très fraîches. A part un léger mal de dos, T se porte bien et réalise sans problème cette section. Le soir, accueil fraternel de Laurent au gîte Le Refuge. Rudolf nous y retrouve.


Jeudi 8 avril : Condom

T : Aujourd’hui, petite journée de 13 km jusqu’à Condom où nous sommes arrivés à 14h, car nous avons fait quelques détours sur le chemin. A notre arrivée à Condom, nous avons eu un super bon accueil de Philippe et Corinne, nos hôtes de ce soir. Nous avons aussi rencontré Y et Brice, un autre duo de Seuil. Nous avons mangé un super bon repas et passé une agréable soirée.


Caroline : « Ma vie, elle est en train de changer. Avant j’allais à gauche vers le mal. Maintenant, je vais à droite, vers le bien », illustre T en suivant le balisage qui bifurque sur la droite. Nous avons pris tout notre temps ce matin, en compagnie de notre cher Rudolf, puisque l’étape du jour est légère : une petite douzaine de kilomètres jusqu’à Condom. Je sens chaque jour l’excitation gagner T à mesure que les jours s’écoulent. Il ne pense qu’à retrouver sa copine.

Aujourd’hui nous arrivons chez Philippe et Corinne. Deux anges fraîchement débarqués sur le chemin. Ils sont adorables et le lieu dans lequel ils nous accueillent est sublime. Nous avons le plaisir d’être avec Brice et Y ce soir, un autre binôme de Seuil.


Vendredi 9 avril : Condom

T : Aujourd’hui, journée repos, levé un peu tard. Petit déjeuner avec Brice et Caroline, ensuite nous sommes allés visiter Condom avec Brice et Y, puis nous avons acheté des pâtisseries pour le dessert de midi. Nous avons un petit peu accompagné Brice et Y au moment de leur départ, puis nous sommes revenus à Condom pour acheter des chaussettes pour moi en laine de Mérinos, puis nous sommes rentrés au gîte.


Caroline : Nous avons passé une chouette soirée hier en compagnie de nos formidables hôtes, leurs amis et nos collègues en binôme. T semble apprécier cette ambiance festive et de rencontrer Y, un autre jeune effectuant la marche Seuil. Après le dîner, nous faisons nos comptes et écrivons notre blog en binômes réunis. Et c’est parti pour The Mind, notre jeu de cartes coopératif.

Aujourd’hui, vendredi, c’est repos. Quelle chance de le passer ici chez Corinne et Philippe. Nous allons nous promener le matin dans le centre, déjeunons tous ensemble à midi, puis repartons vadrouiller à l’intérieur jusqu’en milieu d’après-midi.

T se met ensuite devant la télé et moi à la méditation. Sans oublier l’écriture du rapport hebdomadaire.


T et Caroline


Samedi 10 avril : lieu dit Gala

T : Ce matin, nous nous sommes levés tôt pour aller jusqu’à Gala 22km. Nous avons pris le petit déjeuner avec Corinne, ensuite j’ai accroché ma coquille sur mon sac avec Philippe qui m’a aidé. Nous avons dit « au revoir » à Corinne et Philippe qui étaient vraiment super sympas et puis nous nous sommes mis en route. Le chemin était tranquille aujourd’hui, nous avons eu un plutôt beau temps. A Montréal-du-Gers, nous avons retrouvé une amie pèlerine de Caroline qui tient un gîte et puis nous sommes repartis jusqu’à notre destination finale où nous avons rencontré Sabrina, notre hôte qui est très gentille.


Caroline : Il est temps de quitter notre nid douillet. Je profite de nos hôtes encore quelques instants autour d’un copieux petit déjeuner. Corinne demande à T si quelque chose ne va pas, car il a le visage fermé : « je ne peux pas sourire tant que je suis sur le chemin », lance-t-il. Je le taquine sur le bagne qu’il est en train de vivre.

Avant de partir, Philippe l’aide à accrocher sa coquille de pèlerin sur son sac. C’est le départ. Le temps est plus gris que les jours précédents. Nous avons 22km à parcourir. A un moment, nous pouvons faire un détour de 10mn pour visiter un magnifique site médiéval. T refuse « car ça fait plus de kilomètres » Je bougonne. On s’en tient toujours au strict minimum durant cette marche. Je trouve ça dommage.

Durant la pause déjeuner, T s’intéresse à une limace tachetée, me demande si elle a des yeux. Ce sont ses antennes, je réponds. « elle capte la 4G tu crois ? » blague-t-il. J’aime cet humour de citadin connecté.

A Montréal sur Gers, nous visitons l’église, puis allons patienter sur un banc jusqu’à ce que la supérette ouvre. Nous rencontrons Vincent qui nous invite chez sa copine, Anita, elle-même hébergeur sur le chemin. Je la reconnais immédiatement et suis pleine d’émotions, car nous nous sommes rencontrées sur le chemin (dans des toilettes turques !) deux ans auparavant. Nous passons un moment dans son jardin à échanger tous les quatre. Puis, nous repartons faire nos courses. Au moment de payer, la commerçante m’informe que notre note est déjà payée par Vincent. Quel coquin ! T et moi sommes très touchés par ce geste. « Il n’a pas le droit de faire ça ». Faut qu’on aille lui dire « merci », s’écrie T.

Plus tard, nous nous installons dans notre gîte, seuls. C’est une ambiance rurale et vintage que n’apprécie pas beaucoup T. Il s’occupe du feu, tâche qu’il aime beaucoup, nous dînons, puis jouons aux cartes.


Dimanche 11 avril : Nogaro


T : Ce matin, levé de bonne heure, car une grande journée nous attend de 32km. Nous partons à 9h de notre gîte, nous avons un peu de pluie sur le chemin, mais rien de méchant. Ensuite nous avons fait 20km et nous nous sommes arrêtés pour manger, puis nous sommes repartis pour arriver à notre gîte de ce soir à 16h. Nous y avons retrouvé Rudolf, un de nos amis pèlerins encore sur le chemin et nous allons manger des pizzas ce soir et je passe une bonne soirée.

Caroline : Au petit déjeuner, on parle Nutella. Je lui explique que je ne vais pas lui en racheter de sitôt car cela me coûte au niveau éthique de valider cet achat. Mon positionnement l’agace « mais je m’en fous moi de l’environnement. Tu ne vas pas me changer. Je continuerai à acheter du Nutella. Si la planète doit mourir et bien qu’elle meurt. C’est tout, c’est comme ça ». Après un certain temps, il accepte de s’orienter vers une autre pâte à tartiner. Chez nous, c’est sport de bon matin !

L’étape est de 32km. La plus importante jusqu’à présent. T s’en sort bien, même si les derniers kilomètres lui font perdre patience. Nous retrouvons Rudolf au gîte de Nogaro. Quel plaisir ! Sylvie nous accueille. Elle est très chouette. Les garçons mangent une pizza, ce soir c’est la fête.


Lundi 12 avril : Barcelonne-du-Gers


T : Aujourd’hui, petite journée tranquille avec du beau temps et surtout que 23km à parcourir. J’ai deux ampoules qui ont fait leur apparition pendant la marche d’aujourd’hui, mais rien de spécial. A midi, nous avons déjeuné avec Rudolf et avons fait quelques parties de cartes avant de nous remettre en route pour arriver à 17h à Barcelonne-du-Gers où nous allons dormir ce soir. C’est Françoise qui nous accueille, elle est super sympa


Caroline : Le soleil est déjà de retour. Nous avons entre 25 et 28km à parcourir aujourd’hui. On ne sait pas réellement, car les observations divergent. Peu importe, il faut avancer. Comme d’habitude, T me parle de sa copine. C’est un jeune homme de 17 ans, amoureux jusqu’au bout des ongles qui n’a qu’une seule préoccupation : terminer la marche pour la retrouver.

Je laisse le silence s’installer pour que nous puissions simplement profiter des paysages avec en fond sonore le bruit des oiseaux. Nous déjeunons avec Rudolf sur une aire de pique-nique, puis jouons aux cartes. Nous terminons notre étape dans un village situé à 1km avant Aire sur l’Adour. T a une nouvelle ampoule, zut ! J’espère qu’elle restera « gentille ». Ce soir, c’est demi-pension chez Françoise, sympathique et pétillante.


Mardi 13 avril : Pimbo

T : Levés de bonne heure ce matin pour 28km. Nous sommes allés au marché pour que Caroline achète des fruits et des légumes, puis nous avons rencontré un monsieur qui s’appelle Jacques, qui voulait absolument nous faire visiter la cathédrale et il nous a aussi accompagnés jusqu’à la sortie de la ville, puis nous avons pris le chemin vers Pimbo. La journée était longue. Je suis « ko » ce soir, mais j’ai quand même appelé ma copine en arrivant, c’est ma motivation pour avancer tous les jours. Ce soir, nous passons la soirée encore en compagnie de Rudolf, notre ami suisse.


Caroline : Chouette soirée hier soir auprès de Françoise et les siens. Il y avait des verrines betterave, chantilly - citron en apéritif : oui, quel luxe ! T a, comme toujours, bien participé aux échanges.

Ce matin, nous avons visité la cathédrale d’Aire-sur-l’Adour après être allés au marché. Nous avons donc entamé nos 28km beaucoup plus tardivement que prévu. C’était une étape un peu monotone avec beaucoup de lignes droites et de bitume, mais nous n’avons pas à nous plaindre car le soleil était encore de la partie. T a très bien marché. Les derniers kilomètres se font toujours un peu longs pour lui. T m’a donc demandé une nouvelle histoire. C’est « ko » qu’il est arrivé au gîte de Pimbo. Soirée en autonomie avec Rudolf.

J’oubliais : T m’a fait beaucoup rire cet après-midi lorsque nous sommes passés à côté d’un champ sur lequel le fumier venait d’être déversé. Il a tempêté : « encore 14 jours à sentir la m… »


Mercredi 14 avril : Larreule

T : Aujourd’hui, petite journée de 19km. Nous avons retrouvé Arielle sur le chemin ce matin, c’était une pèlerine que nous avions rencontrée à Nasbinals et nous nous étions perdus sur le chemin et puis nous avons fait notre petite halte déjeuner avec Rudolf et Arielle. Nous avons aussi joué aux cartes avant de nous remettre en chemin et d’arriver à Larreule au gîte de la ferme, chez Patricia qui nous a accueillis avec tous les animaux.


Caroline : Aujourd’hui est un grand jour. Oui… car pour la première fois, T est en tee shirt ! Les températures de l’après-midi s’y prêtent bien. Avant la pause déjeuner, nous avons le plaisir de retrouver Arielle, notre pèlerine campeuse de 25 ans que nous n’avions pas vue depuis Decazeville. Nous poursuivons donc le chemin à quatre (Rudolf étant toujours des nôtres). Pause casse-croûte complétée par des parties de cartes enjouées. C’est chouette d’être réunis. Le soir, c’est halte à la ferme. T donne le biberon à une chèvre naine et assiste à la traite des vaches. Au programme du reste de la soirée : ping-pong.


Jeudi 15 avril : Maslacq

T : Aujourd’hui, journée tranquille de 26km jusqu’à Maslacq. Aujourd’hui, au petit déjeuner, j’ai eu un perroquet, pour la première fois, sur mon épaule. Nous sommes partis à 8h40 car nous avons quand même une bonne journée de marche. Il y avait encore Arielle et Rudolf avec nous, puis en arrivant à Maslacq, Arielle nous a quittés car elle a continué, mais Rudolf est resté avec nous. Nous avons été super bien accueillis à notre gîte par Babeth et je pense que nous allons passer une bonne soirée à trois.


Caroline : Nous avons beaucoup cheminé à quatre aujourd’hui : Rudolf et Arielle étant parmi nous la plupart du temps. C’est agréable car on a le sentiment d’être une équipe.

T a encore délaissé son gilet à capuche pour exposer ses bras au soleil. Ce soir, nous sommes dans un gîte style rural, mais il y a une télé pour le plus grand bonheur de T ;


Vendredi 16 avril : Navarrenx


T : Aujourd’hui, départ un peu tardif de Maslacq, nous n’avons pas de nourriture pour moi à midi, ça a été très dur de trouver quelque chose à manger, mais rien de grave, nous avons enfin trouvé arrivés à Sauvelade. Nous avons fait une pause déjeuner avec Rudolf, puis nous sommes repartis aussi vite car il nous restait 14km à faire. Nous sommes arrivés à 16h chez Véronique où nous avons eu un super accueil d’elle et de toute sa famille. Un accueil très chaleureux et je pense que nous allons passer une agréable soirée.


Caroline : Finalement, T a davantage joué aux cartes que regarder la télévision hier soir. Je trouve ça chouette. Nous avons pris notre temps aujourd’hui pour effectuer cette portion d’une vingtaine de kilomètres. Rudolf était des nôtres pour la dernière fois. C’est jour de repos pour lui demain, tandis que nous reprendrons notre route. Notre halte de ce soir s’annonce fort délicieuse auprès de Véronique et sa famille, au gîte « Le chemin vers soi ».


Samedi 17 avril : Aroue

T : Hier soir, super soirée passée avec Véronique et sa famille. Ce matin avant de partir, elle m’a offert une coquille peinte et une ardoise avec une écriture dessus, ce qui m’a beaucoup touché. Nous sommes partis pour 20km dans un froid glacial, nous sommes arrivés au gîte de ce soir à 15h et le gîte n’est pas top mais bon on fait avec. Il fait froid même dans le gîte.


Caroline : Effectivement, la soirée fut très agréable. Véronique, ses enfants et leurs compagnes nous ont pleinement intégrés à leur réunion de famille. Le dîner était végétarien, ce qui n’est pas la grande passion de T. Il s’est tout de même bien prêté à l’exercice.

Ce matin nous faisons nos adieux (provisoires) à Rudolf qui s’accorde un jour de repos à Navarrenx. L’étape du jour s’accomplit les « doigts dans le nez », sous des températures bien fraîches. T semble de plus en plus gai. C’est normal : nous approchons de Saint-Jean-Pied-de- Port qui marque la fin de la première ligne droite de notre aventure.

T et Caroline


Dimanche 18 avril : Ostabat

T : Aujourd’hui, étape de 23km jusqu’à Ostabat. Quelques belles vues à admirer sur le chemin et surtout celle de la chapelle de Sayartz tout en haut de la colline avec une vue d’ensemble sur la vallée. Nous sommes arrivés vers 15h à la ferme Arlania où nous avons passé la nuit. J’ai fait la traite des chèvres qui a duré 2h, puis après je suis allé rejoindre Caroline pour manger. Nous avons échangé avec nos hôtes qui étaient vraiment super sympas.


Caroline : Les magnifiques collines et prairies du Pays Basque s’offrent à nous sous le soleil. Comme l’étape ne fait qu’une vingtaine de kilomètres, nous prenons notre temps. Le déjeuner s’accompagne de parties de cartes animées. Puis la route reprend. Plusieurs chiens nous aboient dessus et cela a le don de m’énerver. Je n’apprécie pas que ceux qui montrent leurs crocs soient laissés en toute liberté par leur maître. T est plus stoïque que moi à ce sujet.

Au sommet d’une colline, vue imprenable à presque 360°. T contemple. « Je n’aurais jamais pensé être capable de faire tout ce chemin », dit-il. Encore quelques kilomètres et nous arrivons à la ferme dans laquelle nous faisons halte. C’est une famille charmante qui nous accueille. Invitation à la traite des brebis. T me certifie qu’il ne participera pas et se contentera de regarder, mais notre hôte lui met « le pied à l’étrier » d’emblée et voilà un T qui apprend le geste en deux-trois mouvements. Bravo ! Moi, je ne suis pas très à l’aise. Lui, il y va franco. Au dîner, c’est fiesta, des plats en veux-tu-en-voilà, la générosité en abondance à la ferme Arlania. Le hic, c’est la suite, parce que T sort avec le téléphone et ne revient que peu avant 1h du matin, ignorant ainsi mes huit appels en absence et surtout mon besoin de dormir.


Lundi 19 avril : Saint-Jean-Pied-de-Port

T : Aujourd’hui, petite étape jusqu’à Saint-Jean-Pied-de-Port, c’était plutôt simple à faire. Nous sommes arrivés à Saint-Jean-Pied-de-Port à 15h30 au gîte où nous allons passer deux jours. C’est Eric qui nous accueille et le gîte est plutôt pas mal. Ce soir, nous allons nous faire à manger.


Caroline : Fatiguée et fâchée, c’est mon état ce matin. Heureusement, la famille de la ferme Arlania réchauffe mon cœur. Voilà mes anges basques. Nous effectuons cette magnifique étape dans le silence total. Je ne sais pas si T apprécie ces collines et montagnes verdoyantes, les splendides maisons basques, mais moi je suis émerveillée. Nous voilà arrivés à Saint-Jean-Pied-de-Port. J’avais imaginé une entrée plus en fanfare. Mais les choses sont ainsi. C’est Eric qui nous accueille pour deux nuits.


Mardi 20 avril : Saint-Jean-Pied-de-Port

T: Aujourd’hui, journée de repos Je me suis levé à 9h et en me levant j’ai remarqué que je m’étais fait voler ma serviette, mon shampoing, ce qui n’est pas très grave, mais aussi mes chaussures de marche, donc nous sommes partis à la recherche du monsieur qui m’a volé mes affaires et nous ne l’avons pas trouvé, donc nous sommes allés racheter des chaussures et puis, le soir, nous avons retrouvé Rudolf et un cycliste Edgar avec qui nous avons mangé et joué aux cartes avant d’aller nous coucher.


Caroline : C’est à Saint-Jean-Pied-de-Port que nous effectuons notre quatrième jour de repos. Et le dernier ! Eric, le gérant du gîte, est un vrai rayon de soleil. T profite de ce mardi off pour dormir un peu plus longtemps que d’habitude. Pendant ce temps, je lis tous mes mails d’actualité en retard. Sur le chemin, nous sommes dans une bulle. La reconnection avec le monde est toujours violente. Un peu de lessive à la main me ramène au pragmatisme de notre condition. Après le petit-déjeuner, nous réalisons que les chaussures de marche de T, sa serviette et son gel douche ont disparu. Ses affaires ont été volées à l’intérieur du gîte. Nous allons donc lui racheter une paire pour les douze jours de chemin.qui restent. Nous en profitons pour visiter l’église, la citadelle et les bords de la Nive. T achète des cartes postales pour envoyer à ses proches. Pendant qu’il rédige, je poursuis l’écriture du cinquième rapport de marche. En fin d’après-midi, nous nous entretenons via Zoom avec Paul, le directeur de Seuil, l’éducatrice de T et les personnes de la structure qui vont l’encadrer après la marche. Cet avenir qui se dessine plaît beaucoup à T. Après le dîner, nous jouons aux cartes avec Rudolf qui vient d’arriver à Saint-Jean-Pied-de-Port et Edgar, un cycliste fraîchement rencontré.


Mercredi 21 avril : Saint-Just-Ibarre

T : Aujourd’hui, départ de Saint-Jean-Pied-de-Port jusqu’à Saint-Just-Ibarre. Grosse étape de 25 km et plus de 600m de dénivelé sous un soleil étouffant. J’ai pris des coups de soleil tellement c’était dur, on a avancé sans trop de mal, mais le meilleur moment, c’était la descente. Nous sommes arrivés chez Sandra, notre hôte de ce soir qui nous a fait un bon accueil et je pense que nous allons passer une bonne soirée.

Caroline : Au revoir Saint-Jean-Pied-de-Port, au revoir Rudolf. T et moi quittons le GR65 pour rejoindre le GR78 et la voie du Prémont. Je suis heureuse, car je vais découvrir là une voie que je ne connais pas. L’étape qui nous mène à Saint-Just-Ibarre est splendide. C’est la première fois que nous avons autant de dénivelés. La vue au sommet vaut largement les quelques gouttes de sueur que nous y laissons.

Ce soir, nous sommes chez Sandra, une apicultrice fraîchement établie, avec un magnifique husky. J’aime beaucoup sa présence (à Sandra) et cette halte au milieu des montagnes verdoyantes..


Jeudi 22 avril : Cheraute

T : Aujourd’hui l’étape est de 30 km, ce qui est très dur en sachant qu’il y a un col à passer dès le début de la journée, ce qui a cassé un petit peu mon mental et ensuite ça faisait que de monter et descendre et je n’en pouvais plus vraiment à Mauleon nous avons fait quelques courses et puis nous sommes repartis pour encore 7km. Après la sortie de Mauleon c’était une suite de montées, vraiment mon mental n’était pas là, vraiment j’en avais plus que marre. Ensuite, nous avons retrouvé Nathalie qui nous accueille chez elle ce soir et qui a l’air très gentille et sympathique.


Caroline : Une nouvelle soirée à jouer aux cartes. Sandra s’est prêtée à nos parties avec gentillesse. Nous avons de la chance d’autant plus en cette période de confinement de faire de belles rencontres chaque jour.

L’étape du jour est gourmande : une trentaine de kilomètres avec du dénivelé. T n’aime pas quand cela monte durant trop longtemps. Je ne sais pas s’il prend plaisir à observer ces vallées que je trouve toutes plus belles les unes que les autres. Je l’espère, au moins un tout petit peu. Nous marchons peu ensemble depuis quelque temps. Il est souvent devant moi avec ses grandes enjambées.

Pour cette fin de journée, néanmoins, nous terminons côte à côte et je propose un jeu à T pour faire passer les dernières bornes.


T et Caroline


Vendredi 23 avril : Oloron-Sainte-Marie

T : Aujourd’hui encore une grosse étape de 30km jusqu’à Oloron-Sainte-Marie, c’était plutôt une étape facile, car il y avait quelques montées, mais surtout beaucoup de descentes. J’avais mal à mes ampoules les derniers kilomètres, donc Caroline m’a proposé d’enlever mes chaussures et de marcher en claquettes, donc je l’ai fait et ça a été beaucoup mieux sur les trois derniers kilomètres jusqu’à notre gîte de ce soir où nous sommes dans un air bnb, chez Valérie, car nous n’avons pas trouvé de gîte, mais elle nous a super bien accueillis. Elle était très sympa et nous allons passer une bonne nuit, je pense.


Caroline : Pour la première fois, T part en autonomie ce matin. Nous nous retrouvons pour manger peu avant 13h à mi-parcours. C’est une nouvelle belle journée de 30km. Je suis ravie, T un peu moins.

Après six semaines de marche, l’expérience Seuil reste pour lui une contrainte. Les 10 dernières bornes sont difficiles, car il a mal aux pieds. Nous parvenons tout de même jusqu’au domicile où nous faisons étape ce soir, en air bnb, chez Valérie ; nous sommes comme à la maison. Après une petite visite de Oloron-Sainte-Marie, nous nous préparons à dîner, gnocchis, crème, lardons pour T, salade variée pour moi. C’est sûr, on est sur la même longueur d’ondes !


Samedi 24 avril : Lescar


T : Aujourd’hui, grosse étape de 30km jusqu’à Lescar. Départ à 9h de Oloron-Sainte-Marie. Aujourd’hui on a marché après le repas de midi. J’ai beaucoup pleuré, car ma copine me manque beaucoup. J’ai très hâte de la retrouver. Ensuite sur les 5km de la fin, j’ai changé de chaussures, car j’avais mal aux pieds du coup j’ai fini en TN, puis Brice m’a rejoint à la cathédrale et Caroline est arrivée en dernier. Nous sommes allés faire quelques courses, puis nous sommes allés chez Brice, car on dort chez lui ce soir et je passe une bonne soirée.


Caroline : nouvelle journée en autonomie pour T, le soleil tape fort. Je le retrouve vers 13h30 pieds nus entrain de fumer une cigarette. Nous sommes affamés. Puis nous repartons, T devant. J’espère qu’il va tenir jusqu'à Lescar avec ses satanées ampoules. C’est devant la cathédrale que nous nous rejoignons. Brice, un autre accompagnant Seuil est venu nous chercher. Il nous héberge chez lui ce soir pour notre plus grand plaisir. T et moi marchons comme des boiteux. Allez, encore 8 jours pour faire un pas devant l’autre!


Dimanche 25 avril : Morlaas

T : Aujourd’hui, petite étape de 19km jusqu’à Morlaas et ce soir nous redormons chez Brice, car nous l’aimons beaucoup. On ne veut plus partir de chez lui. En rentrant de notre étape, j’ai aidé Brice à monter un lit, on a eu quelques soucis de montage, mais au bout de 2h, on a enfin fini. Nous allons regarder un reportage sur les « Naufragés des Ondes » et je pense que ce sera une super soirée, comme celle d’hier soir. Nous allons préparer du feu.


Caroline : Quelle chouette soirée ! Nous avons pris « l’apéro » en écoutant Brice jouer de la guitare. Nous avons même eu le droit au chant basque. Après le dîner, les garçons ont fait un feu. C’était l’heure des blagues au son du crépitement. Heureusement qu’ils en avaient un stock car je suis assez nulle en la matière. Ce dimanche matin, Brice nous a déposés à la cathédrale de Lescar. et nous avons cheminé jusqu’à Morlaas, 19 km plus loin. Quelques gouttes de pluie nous ont accompagnés, pour une fois. Notre chevalier servant est revenu nous « cueillir » pour que nous passions une seconde nuit chez lui. Les garçons ont œuvré au montage d’un lit et au ravitaillement du bois pendant que je vaquais à la rédaction du rapport. Et c’est parti pour une autre belle soirée.


Lundi 26 avril : Vidouze


T : Aujourd’hui, moyenne étape de 28km jusqu’à Vidouze, où nous dormons ce soir. J’en ai bavé aujourd’hui sous la pluie. Je suis arrivé complètement trempé de la tête aux pieds, vraiment je ne veux plus que ça arrive cette pluie, c’était vraiment dur, je déteste la pluie à la base.


Caroline : J’étais un peu trop optimiste hier. La belle soirée s’est soldée en fiasco, car T a refusé de me rendre le téléphone de Seuil qu’il utilisait, par ailleurs, pour communiquer sur snapchat, alors qu’il n’en avait pas le droit. J’ai calculé en essayant d’être objective : cela fait plus de 10 fois qu’il ne respecte pas les règles et qu’il me manque de respect. C’est un menteur et un tricheur. Sa façade de bonne présentation me donne un goût amer. T joue un double jeu en permanence. Il est incapable d’intégrité, d’empathie.

Puisqu’il ne se préoccupe que de lui, j’ai décidé d’en faire de même. Il a épuisé mon stock de gentillesse et de bienveillance. Alors marchons, puisqu’il le faut encore, mais « chacun de son côté ».


T et Caroline


Mardi 27 avril : Marciac

T : Aujourd’hui encore une étape moyenne de 28km jusqu’à Marciac. La journée était plutôt agréable, quelques petites averses, mais rien de bien méchant. En ce moment, je suis très pensif à l’idée de voir mon père, ainsi que mes grands-parents à la fête de fin, car ça fait super longtemps que je ne les ai pas vus et je pense beaucoup à ma copine que je vais aussi retrouver après cette marche. J’ai quelques ampoules, mais elles partent petit à petit. J’espère que d’autres ne se montreront pas avant la fin.


Caroline : J’étais si heureuse, hier soir, de me coucher avant 22h. La nuit précédente avait été très peu reposante pour ma part.

Nous avons été accueillis avec beaucoup de délicatesse au gîte « A la Vie Douce », à Vidouze. Les attentions de Corinne m’ont fait chaud au cœur.

Aujourd’hui, nouvelle étape de 28km, avec quelques gouttes de pluie dans l’après-midi.

T. et moi ne marchons pas ensemble. Il est devant à foncer tête baissée. Nos échanges sont quasi inexistants ils ne relèvent que du strict minimum, c’est-à-dire la logistique.

Ce soir, nous faisons étape à Marciac, chez Patrick et Linda. Leur gîte s’appelle « La Tour Saint-Jacques ». Effectivement, nous dormons au sommet d’un cube de pierres. Atypique.


Mercredi 28 avril :

T : Aujourd’hui, petite étape tranquille de 24 km. J’ai encore souffert, car j’avais les pieds mouillés, mais bon, j’ai plus qu’une seule ampoule, alors ça va. Nous approchons à grands pas de la fin et je m’en réjouis un peu, car j’ai envie de retrouver ma copine, mes copains et aussi voir mon père et mes grands-parents. Nous sommes arrivés vers 17h à notre gîte où Marie-Line nous a super bien accueillis.


Caroline : Patrick et Linda, une énième belle rencontre sur notre chemin. Ce matin, le temps est gris. Comme mon moral. T et moi partons en même temps, mais il prend rapidement de l’avance. Il doit m’attendre à un endroit précis pour déjeuner, mais lorsque j’y arrive il n’y a personne. Je le retrouve plus tard, au moment de sortir du GR pour gagner un gîte hors chemin. Il est en claquettes, moi aussi, j’ai mal aux pieds. Cela est dû à l’humidité dans nos chaussures, même s’il n’a pas plu aujourd’hui, les herbes hautes que nous avons beaucoup foulées ont mouillé nos godasses. C’est Marie-Line qui nous reçoit ce soir. Elle est très généreuse, cela se sent tout de suite. Entre T et moi, la relation n’est pas simple. Nous avons tous les deux hâte d’en finir.


Jeudi 29 avril : Auch

T : Aujourd’hui, réveil un peu tôt pour une départ assez tôt jusqu’à Auch. Nous n’avons pas trop de pluie, mais l’humidité de l’herbe m’a encore trempé les pieds, ce qui est très désagréable. Malheureusement, nous avons fini l’étape en voiture, car Caroline avait très mal au tendon, elle ne pouvait plus marcher, puis nous avons visité la cathédrale d’Auch qui est très très grande et très imposante, avant de regagner notre hébergement de ce soir.


Caroline : Encore un temps pluvieux aujourd’hui. Des herbes hautes. Des chaussures pleines de boue. Une petite boule au-dessus de ma cheville m’accompagne depuis quelques jours, mais ce jeudi la douleur s’amplifie et je boîte toute la matinée.

Nous terminons donc en voiture, à mon grand désarroi. La ville d’Auch me plaît bien. J’aimerais pouvoir la visiter, mais il y a moult à faire : courses, douche, consultation chez le médecin pour ma boule, réparation de mon téléphone… Oui, notre vie est palpitante ! Nous avons cependant l’occasion de découvrir la cathédrale : une vraie splendeur. Entre T et moi, un léger apaisement.


T et Caroline


Vendredi 30 avril : Lussan

T : n’a pas écrit

Caroline : Nous avons réussi à passer la soirée chacun de notre côté dans 25 m2 : quelle prouesse ! T devant la télé, moi dans mes occupations. Il a encore trouvé le moyen de râler “vivement que cette marche se termine”, lorsque je lui ai demandé d’éteindre la boîte à bêtises à 23h pour pouvoir dormir. Il la regardait déjà depuis des heures. Mon besoin de repos ? T s’en moque, comme d’à peu près tout ce qui ne le concerne pas de très près. Ce matin, nous avons 25 km jusqu’à notre prochain hébergement. On peine à trouver ce balisage dans Auch. D’ailleurs, l’ensemble de la journée s’avère compliqué en termes d’orientation soit les symboles du GR sont très éloignés les uns des autres, ce qui laisse place au doute, soit il manque carrément les indications nécessaires pour savoir quelle direction prendre. Je demande à T de ne pas trop creuser l’écart entre nous durant cette marche. C’est ce qu’il a fortement tendance à faire ces derniers jours et cela m’interpelle beaucoup

Je ne le retrouve que vers 15h pour déjeuner. Il est installé dans l’herbe, la tête sur son sac à dos. Je m’assois et soudain… une mélodie s’échappe de son sac. J’ai envie de rire. Je suis heureuse car le rideau se lève sur mon soupçon. T et son téléphone portable : épisode 46. Il fait comme si de rien n’était et reprend le chemin. La suite est digne du théâtre de l’absurde. Cela ne se raconte pas, cela se vit.

Samedi 1er mai : arrêt de la marche

Caroline :Je me sens terriblement soulagée ce matin car la marche prend fin plus tôt que prévu il est vrai. C’est dommage, mais pour moi c’est une alternative sage. Nous faisons quelques bornes à pied sous une légère pluie pour rejoindre la gare d’Aubiet. Un train nous conduit jusqu’à Toulouse. Nous y passons l’après-midi chacun dans un coin de l’appartement loué pour l’occasion. Demain, un autre train, direction Rennes. Nous allons retrouver l’équipe Seuil et j’en suis bien heureuse.

Dimanche 2 mai : Rennes et St Germain sur Ille

Caroline Nous sommes dans le train une bonne partie de la journée. Tout ce temps pour lire, c’est très agréable, avec T on s’en tient au strict minimum. La logistique, rien de telle que la logistique !

Paul nous accueille à la gare de Rennes puis nous conduit jusqu’au gîte où nous allons vivre jusqu’à vendredi dans le cadre du stage de fin. J‘ai une chambre avec un lit deux places et une salle de bain privée : cela me fait très plaisir de retrouver de l’intimité, de l’isolement, d’autant qu’avec T nous n’avons plus rien à partager.


T et Caroline

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2 commentaires


Isabelle FINK
Isabelle FINK
23 mars 2021

Sacré courage, marcher avec le froid et mal au genoux et même pas une petite série en rentrant ! Il a la gnaque. Bravo

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Isabelle FINK
Isabelle FINK
18 mars 2021

Observer, voir et comprendre la nature est aussi difficile que vivre, être compris et exister en ville. Bon courage T et profite.

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