Marche de Rodxxx accompagné par Pauline
Vendredi 28 février
R : Bonjour à tous. R c’est mon surnom (lol). Cela fait trois jours que je suis avec Pauline avec qui je m’entends très bien malgré notre différence d'âge (j’ai 17 ans).
On a marché près de 10 km ; c’était dur et un peu intense, mais j’ai apprécié cette liberté et dire que pendant trois mois ça va être ça !!
Je vais jusqu’à Santiago en Espagne. J’ai vraiment hâte d’être à Santiago. C’est la première fois que je dors dans un gîte, c’est trop cool.
Pauline : Bonjour, je m'appelle Pauline et j’ai 32 ans. Me voici pour la deuxième fois sur le chemin, mais cette fois-ci en compagnie de R qui marchera pendant trois mois. Nous nous sommes rencontrés il y a trois jours et R semble être à l’aise lui-même et prend petit à petit ses marques. Il découvre les équipements de randonnée avec lesquels il se familiarise et semble avoir beaucoup apprécié la petite marche (environ 8 km) d’aujourd’hui, malgré quelques douleurs. J’ai l’impression que le calme, le silence et le grand air lui ont fait du bien. Nous cohabitons depuis trois jours dans le gîte loué par Seuil et Sylvie, notre responsable de marche, nous briefe sur le parcours, les règles à suivre et indispensables à savoir avant le grand départ de demain matin. Quelques essais en cuisine pour R. J’espère pouvoir lui transmettre des recettes, qu’il pourra peut-être cuisiner plus tard sur le chemin. Le moral est bon pour nous deux et j’ai hâte de l’accompagner dans cette grande aventure !
Samedi 1er mars :
R : Aujourd’hui, j’ai fait les courses avec Pauline et on a acheté des choses pour une vingtaine d'euros. On a marché aussi. C’était trop cool, un peu fatigué, mais ça va
Pauline : Aujourd’hui, c’est le jour J, le grand départ en direction du Puy en Velay. Réveil matinal car nous devons rendre le gîte propre, prendre trois trains, mais R est toujours de bonne humeur, malgré des températures plus fraîches que la veille. Les blagues commencent dès le matin, une carrière d’humoriste est à considérer.
Après être arrivés au Puy, la faim se fait sentir et R meurt d’envie d’un dernier kébab avant le chemin, ce qui finalement me convient aussi et nous aurons quelques restes pour le dîner. On découvre rapidement la vieille ville et il semblerait que cela monte un peu pour R. Il ne s’en plaint pas trop mais fait quelques pauses par-ci par-là. Quelques courses pour les prochains jours, une balade et nous allons prendre des forces pour notre première étape de demain. Je crois qu'il est prêt à partir et même qu’il à hâte !
Dimanche 2 mars
R : J’ai vraiment eu du mal à marcher, mais j’ai aussi failli abandonner, mais j’ai persévéré et j’ai réussi. Je ne vais pas retourner à l’endroit où j’étais.
Ce soir, on va dormir chez Anne et Didier, ça a l’air confortable. C’était super, on a bien mangé. lol
Pauline : Le jour J est enfin arrivé, la première étape (17 km) pour arriver à Montbonnet au gîte “La Première Étape”. Le départ du Grand Séminaire se passa dans la joie et la bonne humeur, comme depuis quelques jours, c’était sans compter la super côte qu’il a fallu gravir en plusieurs fois. R a eu une baisse de motivation et je l’ai presque vu abandonner. Je nous voyais déjà repartir et lui aussi. Mais la magie du chemin opéra et R retrouva cette immense force en lui pour repartir. Nous avons pique-niqué assez tôt finalement au soleil et il a même réussi à faire une micro-sieste. On s’est même fait un petit plaisir, un chocolat chaud pour R et un café pour moi, à nouveau au soleil. Les 8 kilomètres restants de l’après-midi n’étaient pas des plus simples mais nous y sommes arrivés. Accueil très sympathique chez Anne et Didier où la nuit nous fera le plus grand des biens. Demain, ça repart.
Lundi 3 mars
R : Aujourd’hui, on est partis de chez Anne et Didier. On a marché 15 km, soit 4h de marche.
On a rencontré pendant le déjeuner Poppy, il était très câlin, mais pas moi ha ha ! il a mangé un bout de saucisse qu’il a dévorée. lol
Je me suis encore beaucoup arrêté mais je n’ai pas lâché et je ne lâcherai pas !
Pauline : Ce matin, c’est un peu spécial, R trouve des excuses pour retrouver son lit dès que je pars plus de 5 mn et fait attendre nos hôtes pour le petit déjeuner. Il se motive finalement et Anne lui prodigue de précieux conseils sur son sac à dos. Nous partons tardivement mais sous le soleil, quel bonheur ! Les premières pauses arrivent vite car R soufre. Il essaie cependant de lutter contre ses douleurs et son mental, car tout ça “c'est dans la tête”. Petite pause à Saint Privat d’Allier où l’on se rafraîchit et nous tombons sur un local qui nous raconte avoir aussi fait le chemin, il y a 30 ans avec une autre association, en tant que jeune accompagné. J’ai l’impression que cela fait un petit quelque chose à R.
Plus tard, pendant notre pique-nique, on se fait embêter par une chienne extrêmement mignonne et qui câline R. Il s’avère qu’elle s’appelle Popi, l’un de mes surnoms. Après qu’elle ait mis sa truffe dans mon sac, presque dévoré notre repas et sauté sur R, on reprend la route pour les quelques kilomètres restants. Belle et bonne journée !
Mardi 4 mars : Saugues(13 km)
R : J’ai quelques douleurs au dos et aux hanches. On a rencontré Thierry quelqu’un qui accueille des pèlerins, super sympa ; on a bu un coca
Le début est dur, mais j’ai réussi et je suis ravi
On a acheté pour 43 € de courses aussi c’est lourd, mais ça en vaut la peine, quelques kilos de plus, mais bon…
Pauline : Départ à nouveau un peu tardif, mais ce n’est pas de notre faute. Nous sommes gâtés par Marion qui nous offre un petit déjeuner royal car nous sommes les premiers pèlerins de la saison. Le ventre bien rempli, nous partons sur les coups de 9h et R est prévenu depuis deux jours, ça va grimper sec pendant au moins 4 km. C’est encore difficile, il a besoin de faire des pauses toutes les 5 ou 10 mn, mais finalement, on y arrive et nous sommes accompagnés par le chant des oiseaux. Très peu d’eau sur le chemin, et nous sommes presque à sec. Un agriculteur nous remplit les gourdes et on repart avec le sourire. Dans l'après-midi, petite halte cher Thierry environ 5 km avant l’arrivée qui nous raconte des histoires du chemin, nous fait découvrir son sublime bâton en bois qu'il finit à peine de vernir et ses nombreux livres d’or signés par des milliers de pèlerins.
L’arrivée à Saugues se fait en douceur et nous faisons un énorme ravitaillement pour au moins trois jours de repas, les commerces des futures étapes seront tous fermés et nous n'aurons aucune demi-pension avant samedi soir. On ajoute du poids mais il vaut mieux prévenir que guérir.
Mercredi 5 mars :20 km
R : Cette journée était dure pour moi, mais j’ai réussi et c’est le plus important et je suis fier de moi. Sylvie, notre référente, nous a promis une chose c’est que le chemin n’allait pas être simple et je pense que de mon plein gré, je peux tout faire.
Pauline : Ce matin, nous partons “vraiment” aux aurores enfin… aux aurores pour R. Départ initial à 8 h que nous avons décalé à 8h40 ; tout prend du temps le matin, mais R s’habitue de plus en plus à son rituel matinal. C’est aussi parce que nous avons 20 km avec pas mal de dénivelé. Heureusement, nous croisons des pèlerins rencontrés la veille et R est bien plus motivé lorsqu’ils marchent à nos côtés. Ses douleurs prennent le dessus et il semblerait qu’il ne profite pas des sublimes paysages de la journée. Malgré de nombreuses pauses, un super déjeuner, R mentionne à nouveau le fait d’arrêter la marche. Il lutte tout l’après-midi, s’arrête, enlève son sac, repart un pas après l’autre et nous arrivons à 18h au gîte où nous retrouvons la dizaine de pèlerins de la journée dans la salle commune. Après un appel avec Sylvie, notre référente de marche, R retrouve le sourire, son énergie et ses super blagues. Un petit dîner maison et du chocolat au beurre salé en dessert, il sera prêt pour les petits 13 km de demain.
Jeudi 6 mars : Le Sauvage ---> Saint Alban sur Limagnole (13 km)
R : On a marché 13 km ; c’était que du plat. Je me suis très peu arrêté malgré mon mal de dos et mon mal de pieds. Je persévère On a mangé dans un donativo super cosy très propre pas comme le gîte où on dort lol.
On a rencontré un SDF, Stéphane. Super cool. Il nous a proposé un verre de coca, mais on a dû refuser. J’adore le contact que j’ai avec les humains
Pauline : Woua … quelle belle journée aujourd’hui ! Une très petite étape mais pleine d’émotions. Le chemin est doux, nous arrivons à marcher presque 1h sans nous arrêter et R est vraiment fier de lui, car il avance sans se retourner. A l’heure du déjeuner, j’ai pris froid, mais cela ne dérange pas R de manger dehors. Comme d’habitude, le chemin nous offre ce dont on a besoin : une cuisine ouverte chez des particuliers en libre-service où l’on profite d’une boisson chaude et même des confitures maison. Quel bonheur… et tout cela en fonction de nos moyens : c’est le principe du donativo. Nous arrivons en début d’après-midi à Saint Alban sur Limagnole où l’ambiance nous semble un peu austère. Il nous aura fallu quelques heures de plus, une sandale perdue puis retrouvée deux heures plus tard pour rencontrer quelques personnes au grand cœur. R est à l’écoute, se confie et s’ouvre. Une cinquième belle journée qui s’achève avec une pizza dans le ventre.
Vendredi 7 mars : Saint Alban sur Limagnole (16 km)
R : Je suis très fatigué. Mais pourquoi j’abandonnerai ? On m’a laissé une chance d’être libre, et je vais la saisir. Bien sûr que c’est dur mais j’ai connu pire et moi je saisis que le positif et oui !!!
Pauline : Nuit difficile de mon côté, ça pique au réveil. R a bien dormi et prend ses marques quant à la routine du matin. Le dénivelé est toujours difficile mais on y arrive un pas après l’autre. Après avoir perdu le GR, certainement car nous étions trop à fond dans de nouvelles imitations, nous nous arrêtons au gîte du Saint-Pas pour rendre visite à une amie. Son compagnon est un ancien accompagnant de Seuil. Et il rassure R sur pas mal de sujets. Nous débordons sur notre temps de pause et les 7 km restants sont très difficiles à parcourir et R perd patience. Heureusement il reprend des forces grâce à un plat de pâtes plutôt conséquent et s’endort très peu de temps après. Cette nuit lui fera le plus grand bien car nous nous attaquons demain à l’étape de 25 km, alors départ aux aurores.
Samedi 8 mars : Nasbinal (25 km)
R J’ai marché 25 km. Je suis grave heureux de moi, genre moi, je peux faire ça WOW ! Pauline m’aide chaque jour. Je suis fier d’elle et suis fier de moi, bien sûr. J’aime tellement cette liberté de respirer cet air frais parce que là où j’étais l’air était différent à l’atmosphère
Pauline : Nous faisons nos “au revoir” à Claude ce matin, un pèlerin belge avec qui nous avons partagé le dortoir hier soir qui décolle à 7h30. C’est loupé pour nous, nous ne partirons qu’à 8h30. Cette journée fut difficile à plusieurs niveaux, la distance, le dénivelé positif et surtout les rafales de vent. Nous n'avons pas eu une minute de répit, avons failli nous envoler, perdre nos gants. Bref, ce grand souffle était un peu trop présent à notre goût. R a semblé bien plus en forme cet après-midi et a avancé sans ronchonner. L’heure de silence s’est presque imposée naturellement. J’ai l’impression que R réfléchit beaucoup pendant ces ”pauses” et se questionne sur la suite. Ça l’angoisse certainement. L’arrivée à Nasbinals nous permet de faire redescendre la pression. Ce soir, c’est spécialité locale. Truffade pour R et aligot pour moi. Il a apprécié c’est certain.
En bref, une bonne journée et R m’a vraiment impressionnée.
Dimanche 9 mars : Saint Chély d’Aubrac (15 km)
R : Oh purée, quelle journée de dingue ! J’ai vraiment souffert. 10H45 aucune goutte de pluie, 2 mn plus tard, nous voilà emportés par le vent et la pluie qui nous fouette le visage, mais j’apprécie chaque jour qui passe malgré le vent, la pluie etc… J’ai quand même bien marché Lol.
Pauline : Et voilà, elle est enfin arrivée à une semaine du début de notre marche, la journée la plus difficile se présente à nous. Nous étions prévenus. A nouveau des rafales de vent cette fois-ci à 100 km, de la pluie que nous prenons de pleine face et qui nous fouette le visage. Ce matin, R décide de ne pas mettre sa cape de pluie, il traverse les premiers kilomètres des plateaux de l’Aubrac uniquement avec son k-way. Nous luttons ne voyant quasiment plus rien (surtout moi avec mes lunettes pleines d’eau et nous nous arrêtons dans une petite maisonnette “refuge”, nous sommes trempés jusqu’aux os. J’ai rarement vu R avoir aussi froid. Rien n’y fait et ça ne se calme pas : nous ne pouvons plus avancer. Nous trouvons finalement une solution pour nous rendre à notre destination finale en voiture et devons à nouveau nous battre contre la tempête pour faire les 1,5 km restants jusqu’à la prochaine route. Ce soir, ce sera un bon plat de pâtes qui nous réchauffera et une douche un peu trop chaude !
Lundi 10 mars : Espalion (24,5 km)
R : Journée très chaude 15°c, pas très dure pour moi contrairement à Pauline qui a dû aller à la pharmacie pour acheter un médoc et un spray. On a fait la marche en silence, ça permet de mieux gérer sa douleur et son stress.
Pauline : Malgré le réveil matinal à 7h puis 7h15, nous ne quittons le gîte qu’à 9h30. Décidément, R n’est pas du matin. Partir tard est une mauvaise idée lorsque l’on a 24 km. Heureusement le soleil est avec nous et nous réalisons ô combien nous sommes chanceux. R est bien plus en forme que moi : je suis malade depuis quelques jours et cela s’aggrave aujourd’hui. J’essaie de ne pas me plaindre, mais R le voit bien. Nous nous arrêtons après 15 km de marche pour un “déjeuner with a view” et repartons tranquillement. R voulait manger un kébab mais cela attendra notre pause en fin de semaine. Nous devons faire attention à notre budget en ce moment ! Voici le résultat quand on aime les boissons sucrées et les chocolats chauds.
Nous expérimentons deux marches en silence, une le matin et une après le déjeuner. Cela nous fait du bien à tous les deux je crois. A retenter demain.
Mardi 11 mars : Campuac (24 km)
R : 24 km presque 2 h de pluie, c’était pas si dérangeant que ça, mais bon. J’ai une ampoule qui a explosé, c’est pas beau à voir, c’est rempli de sang. On a désinfecté, mais bon…
Pauline : Nous essayons de partir tôt ce matin mais le rituel matinal n’est pas trop la tasse de thé de R. En direction d’Estaing pour la première pause “boisson chaude”, la marche se déroule sans encombre et elle semble plutôt facile pour R, mais c’était trop beau pour être vrai. Pendant que nous déjeunions, la pluie se met à tomber et je tente de me réfugier sous la table de pique-nique. R baisse les bras car il est bien trop grand et finit son repas bien mouillé. Cette fois-ci, pas de rafale de vent mais environ 500m de dénivelé positif sous la pluie pendant deux heures. R se plaint de moins en moins pendant les côtes et avance à son rythme. J’essaie de rester devant pour le motiver à avancer et cela fonctionne.
Nous sommes ce soir en demi-pension chez Mimi et son mari qui nous régalent du début à la fin. R s’essaie au canard et il aime ça. Mimi est très attachante et attentionnée, certainement la grand-mère que l’on rêverait tous d’avoir.
Mercredi 12 mars : Conques (24 km)
R : Encore un réveil difficile pour moi, mais bon on essaye chaque jour de se lever tôt pour partir tôt, mais c’est dur parce que le lit était douillé, et du coup vu qu'on dort très tôt, je dors très rapidement, donc, ouai 8-9h de sommeil.
Pauline : Ce matin, c’est très difficile de partir de chez Mimi. Malgré un saut du lit à 7h15, nous ne décollons pas avant 8h50, moi qui croyais que le rituel était installé… je me trompe. Mais ce n’est pas un départ tardif qui nous empêchera d’avancer d’un bon rythme. Nous sommes à nouveau seuls sur la route, aucun pèlerin en vue. Aujourd’hui, la route est longue. Nous pensions arriver avec le soleil à Conques, mais jamais deux sans trois ! Une heure sous la pluie et première (très petite) chute de R qui en rigole plus qu’il ne souffre. Nous dormons ce soir chez les Frères Prémontrés à l'abbatiale de Conques. Les hospitaliers nous ont préparé un festin et R ne sait plus où donner de la tête entre la pizza maison, la purée de patate douce, les endives au miel et j’en passe. Nous participons à la bénédiction des pèlerins… celle que nous avons raté au Puy et direction le dortoir car le réveil de demain va VRAIMENT piquer.
L'Etat finance chaque marche à hauteur de 80 %.
20 % provient de vos dons
Chaque don compte
(et vous serez défiscalisés) !
_______________________________________
« Pour des raisons de confidentialité, les commentaires mentionnant des informations personnelles concernant les jeunes (prénom, photos, etc…) seront supprimés. Merci d’anonymiser vos commentaires ! »
Bravo R. Tu peux en effet être fier de toi ! Tu es désormais sur le chemin de la connaissance de soi et de la rencontre avec l'autre ; c'est le plus bel apprentissage... et malgré le fait que ce soit éprouvant (tant physiquement que psychologiquement), n'oublie pas de t'émerveiller 😉
A bientôt
Mélanie