Marche de Mathixx
- pierresauge
- 22 sept.
- 19 min de lecture
Dernière mise à jour : 18 nov.
Marche de Mathixx accompagnée par Nadia
Vendredi 19 septembre
M : Je m'appelle M. J’ai 17 ans et je viens de Paris.
Aujourd’hui, on s’est levés à 5h du matin pour prendre trois trains de Rennes au Puy en Velay. J’ai dormi à peu près 6h et les sièges de la 1ère classe étaient très confortables.
Ensuite, on est arrivées et on a gravi la ville sous 25°c (ressenti 50) pour rejoindre la sorte d'abbaye où on va dormir ce soir.
Puis on a fait quelques courses, mangé une glace et observé la fascination déconcertante de l’humain pour une période de l’Histoire macabre où régnait dans les rues, la faim, la maladie et la pauvreté. C’était marrant, j’ai l’impression que les gens ont surtout retenu les beuveries, les danses et la fête ce qui contraste fortement avec la réalité. Là on mangé une pizza et ensuite dodo pour être en forme demain.
Nadia : Je m’appelle Nadia, j’ai 48 ans et je viens de Saint Denis, en région parisienne (pas Saint Denis de la Réunion). Journée bien fatigante, on a trouvé une foule impressionnante au Puy et ça fait bizarre après le silence de notre petit cocon rennais. Vite au lit et demain dès l’aube, on attaque !
Samedi 20 septembre
M : n’a pas écrit
Nadia : Ce soir, on a dîné avec deux américaines très sympas et on s’est bien débrouillées en anglais.
Quelques courbatures après plus de 15 km aujourd’hui.
Demain de la pluie et des orages sont prévus, on avisera. Au lit.
Dimanche 21 septembre
M : n’a pas écrit
Nadia : Journée compliquée sous la pluie et pas loin de l’orage. On est arrivées trempées chez Martin à Monistrol, mais un feu de cheminée nous attendait. Idéal pour nous réchauffer et sécher nos vêtements. Il est 10h11, M est montée se coucher, moi je savoure ma petite infusion devant les flammes. A demain.
Lundi 22 septembre
M : n’a pas écrit
Nadia : Fatigue.
On est bien installées au gîte communal de Saugues. Le confort est rudimentaire mais je m’y sens bien. Demain direction Le Sauvage. Normalement au sec !
Jeudi 25 septembre
M : Nous sommes arrivées vers 12h à Aumont Aubrac après 15 km sous un temps plutôt moyen, bien que plus appréciable qu’hier. J’en ai un peu marre de la pluie, mais la semaine prochaine ça ira mieux.
On a fait plein de rencontres, notamment des dames super gentilles qui veulent suivre mon parcours (coucou à vous si vous passez par lâ).
Demain, 27 km jusqu’à Nasbinals. J’envisage la paraplégie au moins j’aurais pas mal aux pieds et les biceps gonflés. Je rigole bien sûr. On n’est pas des tricheurs ! J’ai moins mal musculairement que les jours précédents et c’est déjà un bon point.
Demain sera un nouveau jour, de nouvelles rencontres m’attendent et mon cheminement commence à prendre forme.
Réveil tôt demain, donc un peu de lecture et un dodo dans une chambre sans chauffage (on se les gèle !). A demain.
Nadia : Etape humide à Aumont Aubrac, dans un village désert, mais l’aligot de ce soir a éclairé ma journée.
Demain, grosse première étape. On va démarrer tôt malgré le froid (gla gla gla)
Lundi 29 septembre
M : Aujourd’hui, c’était une étape infâme : 27 km avec un dénivelé de fou, je me suis vue mourir plusieurs fois, beaux paysages cependant et le soleil était agréable.
Une canette de jus de fruit a éclaté dans mon sac, par contre, mon livre a survécu mais le sac de couchage a pris cher.
On a marché avec les copains, du coup ça a été moins fatigant, on était tous dans la même m… quoi.
J’ai très mal aux pieds et aux jambes et le sac pèse sur la clavicule, mais je m’en sors comme je peux.
Apparemment, il faut qu’on fasse attention au budget, donc plus de café sur le trajet.
On a rencontré des gens formidables, ça redonne de l'espoir en l’humanité.
Demain, on va à Conques. J’espère que ce sera moins fatigant qu’aujourd’hui.
Coucou maman et les copains du périple. Gros bisous à vous tous.
Nadia : Le beau temps est revenu, c’est chouette, mais cette étape qui devait être simple a été un calvaire. Je suis carbonisée. Faut dire que le petit déjeuner avait été trop sommaire dans un gîte tenu pour un malotru : un sandwich. Ce soir, malgré nos finances un peu justes, on se paye une demi-pension très confortable : le dîner était succulent et le cadre de cet endroit à Massip est magique. Bonne nuit.
Jeudi 2 octobre :
M : bien arrivées à Figeac, beaucoup de bitumes cependant l’étape d’aujourd’hui était un peu à ch…
Dormir dans l’abbaye à Conques, c’était bizarre les gens puaient à balle et avec l’alarme incendie qui s’est déclenchée à 6h13 et 6h30. Bon c’était une expérience enrichissante on va dire.
Demain, on dit au revoir aux copains de route, Seb et Cécile, ça va faire bizarre de marcher sans eux. On a aussi dit au revoir à d’autres copains à Conques, ils me manquent déjà. Dédicace à LM et Antoine, vous m’avez fait bien rigoler et profiter bien de votre petit lit douillet.
Ça fait bizarre d’être dans une grosse ville après les petits bleds où on a dormi. En plus, c’était manif aujourd’hui, cortège de la CGT et tout, c’était fun.
Ce soir, tacos et demain jour de repos bien mérité, ça va me faire bizarre de ne pas porter ¼ de mon poids pendant 6h (non)
Il faut que j’économise mes clopes, par contre, j’ai un peu abusé ces derniers jours. On a enfin acheté la crédentiale avant hier qui est, apparemment, indispensable en Espagne.
Il faut que j’arrête de dire “bizarre”, ça ne fait pas beau quand c’est trop répété.
J’ai rencontré un monsieur fan de Keny Arkana, comme moi, il m’a dit que j’avais des goûts de vieux (pas que par rapport à ça). Bon, il a un peu raison.
On rattrape le binôme devant nous, restez branchés, ça va vous dépasser fort. A demain.
Nadia : Tellement contente de cette pause à Figeac. Cette ville me plaît beaucoup, on va essayer d’en profiter demain matin avant d’aller rejoindre notre hébergement de demain à 4 km d’ici qui a l’air exceptionnel : Le Relais Saint Jacques. En attendant, petite terrasse en ville le soir.
Vendredi 3 octobre :
M : Aujourd’hui, c'était spécial. On a dit au revoir à Seb, je pense que je n’ai pas tout à fait réalisé d’ailleurs. On a marché 4 km, puis on est arrivées à Saint-Jacques, un endroit magique. Il y avait des instruments, on a écouté les gens en jouer, et je pense que l’ambiance n’est même pas définissable.
L’environnement est bienveillant sans prise de tête, c’était incroyable. On a tous mangé ensemble un bon rougail saucisses avec une salade et une salade de fruits en dessert.
Le petit déjeuner était très bon aussi.
Seul point négatif, j’ai dormi à côté du sosie Elon Musk qui ronflait comme 3 salons de l’Agriculture. Mais bon, on s’adapte, j’ai aussi dormi à côté d’un CRS, il y a quelques nuits et j’ai réussi à le tolérer.
Nadia : La tristesse de quitter Sébastien ce matin (notre ami marcheur) qui nous a d’ailleurs présenté ses parents, a été (un peu) atténuée par une extraordinaire étape au Relais Saint Jacques. Il y règne une atmosphère toute particulière. C’est un cocon où on s’est tout de suite senties très bien et, dans le dortoir, aucun ronfleur ! Coïncidence ? Je ne crois pas !
Samedi 4 octobre :
M : Aujourd’hui, c’était une grosse journée de m…. comme on sait difficilement les apprécier.
On a galéré pour trouver un logement pour demain et on s’est tapé de la pluie toute la journée. 25 km sous la pluie, ça plombe le moral.
Après 16 km et en pensant pouvoir acheter de quoi manger pour ce soir à une épicerie dans un bled sur le chemin, quelle fut notre surprise quand on s’est aperçues que celle-ci était exceptionnellement fermée aujourd’hui !
Dégoutées et trempées, nous avons poursuivi notre route jusqu’au gîte super mignon de ce soir.
La dame très gentille nous a proposé de nous faire des pâtes bolos au lieu de la soupe aux cailloux que j’avais fortement envisagée.
On a trouvé un logement, finalement, demain 30 km. Au dodo.
Nadia : Ça fait 15 jours qu’on marche et comme l’a dit M, on a fait mieux comme anniversaire : on serait bien restées au Relais Saint Jacques jusqu’au 7 décembre, mais on a pris la route sous la pluie, on a croisé presque personne, affamées que nous étions. Heureusement, douche et repas chaud nous attendaient et j’ai même mangé une glace (cône Vanille). Demain, grosse étape, au lit !
Jeudi 9 octobre : Lascabanes
M : Aujourd’hui, ça fait 20 jours qu’on marche et sûrement trois semaines que j’ai tout quitté pour ce projet (je suis nulle en maths, j’espère que je ne me trompe pas trop).
La réalisation fait un peu mal, mais me donne de l’espoir pour la suite. Sinon après le jour de repos à Cahors, la reprise était un peu difficile, j’ai eu mal aux tibias, mais on s’adapte comme on peut. Après 23 km sous un temps agréable, nous sommes arrivées au gîte de ce soir. Il sent un peu le vieux, mais l’accueil était plutôt cool.
La dame du gîte a dit que j’étais mince et a voulu me faire manger plein de trucs (on n’est pas en demi-pension). Je sais que c’était gentil, mais je suis sentie comme un goret qu’on veut engraisser. Du coup, j’ai trop mangé, j’ai mal au ventre, mais ce n'est pas grave, je perdrai le trop-plein en marchant demain.
J’en arrive à penser que le lycée me manque, alors qu’avant je faisais tout pour ne pas y aller. C’est en quittant nos habitudes que l’on se rend compte de leur importance. Ma famille me manque, mais je ne lâcherai rien, je me suis engagée, j’irai au bout, un point c’est tout.
L’abandon n’est pas une perspective pour moi, la détermination me fait relever la tête et pour rien au monde, j’ai envie qu’elle me quitte. De toute façon, tant que je suis consciente, je suis en vie. Je m’enrichis petit à petit de ce que le monde a à m’offrir, je me nourris de connaissances et des rencontres. Telle est ma richesse.
Je pourrais encore déblatérer là-dessus pendant des heures, mais ça va prendre trop de place sur le blog.
Bonne nuit et gros bisous à ceux qui me soutiennent, merci du fond du cœur.
Nadia : Après une journée de repos très reposante à Cahors, on a repris la route et j’ai adoré cette étape jusqu’à Lascabanes, d’autant plus qu’on a maintenant de belles couleurs d’automne. Ce soir, à table : trois allemands, un italien, un ch'ti de Lille et nous, c’était sympa. Demain, direction Lauzerte avec, a priori, encore un beau soleil. Bonne nuit.
Samedi 11 octobre :
M : J’ai bien aimé cette journée, même si le soleil était aussi pesant que le sac. On a pris un bon petit déjeuner, puis nous nous sommes mises en route pour la maigre étape qui nous attendait aujourd’hui. En-dessous de 20 km, c’est la grosse balade en fait.
Pour le midi, on a rejoint une pèlerine très gentille qui a arrêté de marcher il y a quelques jours, mais qui nous a apporté de quoi pique-niquer. Il y en avait pour un régiment entier. (elle nous a rejointes en voiture). C’était super bon et on a pu en garder pour manger ce soir (d’où le poids de mon sac).
Après des “au revoir” quelque peu émouvants, nous avons repris notre route (il nous restait 3 km et tant mieux, je n’aurais pas pu faire plus vu la quantité de nourriture que j’ai mangée).
Ensuite on est arrivées au gîte de ce soir, on a tout le gîte pour nous.
Enfin, on n’est pas vraiment seules, il y a Nadia, moi, les punaises, les moustiques ainsi que les araignées et toutes sortes d’insectes que j’aurais préféré ne pas croiser. Mais bon, c’est ça la vie en communauté.
J’ai vu que le gîte avait une piscine donc j’en ai profité, l’eau était glaciale mais c'est bon pour la circulation et puisque c'est rare d'avoir une piscine, donc j’ai sauté sur l’occasion.
Demain, c’est la balade aussi 15 km, c’est easy pocket.
Il y a juste une boule rouge sur la clavicule qui me gêne un peu, mais ça va, faut que je rachète des éponges. Je vais essayer de dormir tôt ce soir (tout est relatif).Salut !
Nadia : Ce matin, j’ai quitté avec regret le gîte de Nicole qui est si confortable. Heureusement, l’étape qui nous attendait était très chouette : vignes, vergers, forêts, paysages vallonnés sous un soleil éclatant. Et le festin de ce midi avec Françoise. Trop bon. Ce soir, on est seules au gîte de Saint Martin, ça fait bizarre et ça fait du bien à la fois. Demain, départ à 9h, une grosse grasse mat’ en somme.
Jeudi 16 octobre : Condom
M : Ce matin, j’ai eu un peu de mal à me réveiller, même si Nadia ne m’a pas réveillée avec Gilbert Montagné et ça fait plaisir.
Le gîte était super cool, il y avait des poneys, des chevaux, Pipo l’âne et deux chiens Belle, Patou des Pyrénées de Lan et Mayan, golden retriever de 3 ans. On est devenus potes très vite.
Ah oui ! il y avait aussi un intrus à l’intérieur du gîte, un siamois obèse (c’est pas sa faute, il a juste une ossature lourde) que j’ai donc baptisé Cartman.
Ensuite, on a pris la route dans une belle purée de pois, mais ça s’est dégagé après.
Arrivée à Condom, Nadia a eu un souci à la dent, donc demain (jour de pause), direction Toulouse pour aller chez le dentiste. J’avais la rage de ne pas pouvoir faire une grasse matinée, donc on m’a gentiment soudoyée avec un tacos et un jour de pause en plus (j’aurais dû ajouter un paquet de clopes à la négociation), mais bon dans mon infinie bonté, j’ai accepté, donc demain visite de Toulouse en attendant que Nadia se fasse soigner ses chicots.
Ah oui, demain je vais pouvoir récupérer le colis que ma mère m’a envoyé, ça c’est trop cool. Je vais renvoyer mon gros livre aussi, un couple m’a donné un livre “Le sens du Bonheur” de Krishnamurti ce matin, donc j’ai de la lecture et deux livres dans mon sac, ça faisait trop lourd.
Bon demain, on a soit voiture+train si le directeur de l’ancien carmel veut bien nous la prêter, soit bus+train si on n’a pas de chance.
Je croise les doigts pour la voiture. A demain (ou à quand j’aurais envie d’écrire)
Nadia : Et oui, mes dents, mon talon d’Achille… J’ai peut-être des chicots, mais moi je ne perds pas mes élastiques de bagues en mangeant de l’échine de porc au caramel de Condom. Bref, demain direction Toulouse chez le dentiste et visite de la ville. Un mal pour un bien ? On vous le dira dans le prochain post (ou pas).
Mercredi 22 octobre
M : Bon, vu que je n’ai pas écrit depuis plusieurs jours, je vais faire un condensé de ces dernières journées.
D’abord, les chicots de Nadia. Après 3h de transport dont 1h de bus avec un chauffeur révolté contre les gendarmes routiers. Je cite “ils m’ont dit qu’ils m’ont tous vu avec le téléphone au volant”, donc je leur ai répondu “vous m’avez tous vu ? Y en avait pas un qui regardait la route. Vous auriez pu créer un accident”. (à lire avec l’accent du sud)
Nous sommes ensuite arrivées à Toulouse et j’ai pu me promener un peu pendant le rendez-vous de Nadia (place du Capitole et bords de la Garonne)
Finalement plus de peur que de mal, Nadia a un début d’abcès, mais il a été pris en charge à temps.
J’ai un peu oublié les autres jours, sinon je me souviens de l’écureuil mort sur la route, du panneau des 1000 km restants jusqu’à Saint Jacques et du culte du Vival qu’on a débuté avec Jean-Michel, l’hospitalier très drôle qu’on a rencontré avant hier. Hier, c’était pâtes au pesto et fromage, comme quoi, je ne perds pas tous mes repères.
Ah oui, j’ai perdu mes clopes aussi, ça m’a frustrée mais j’ai utilisé cette rage dans la marche d’aujourd’hui.
Aujourd’hui, c’était une grosse journée de m…, les premiers kilomètres sous la pluie et les 25 derniers sous une chaleur écrasante.
De plus, le paysage était très laid, presque autant que Gérard Depardieu et la pollution sonore des avions militaires qui passent toutes les minutes n’a pas franchement arrangé les choses.
Fin. Bref journée horrible, mais je considère que les mauvais jours ne me feront qu'apprécier encore plus fort les meilleurs.
Merci pour vos commentaires, un beau fan club s’est constitué ha ha ! J’apprécie beaucoup et je les lis tous avec attention, vous m’apportez une énorme motivation et ça fait énormément de bien d’être soutenue.
Demain, seulement 25 km (je dis “seulement” mais je vais faire que me plaindre, Nadia pourra témoigner). Allez bisous à tous. A demain ; (25 km sous une grosse tempête je précise)
Nadia : C’est vrai que l’escapade à Toulouse a été assez pénible, mais tout s’est bien passé : ma dent (la dernière) est sauvée et je suis tombée sur un super dentiste (telle est la magie du camino). Depuis, on a repris la route, on a fait de belles rencontres (spéciale dédicace à Jean-Michel à Eauze) et on a avalé pas mal de kilomètres plutôt sous la pluie. Aujourd’hui, on est à Aire sur l’Adour, M a pu acheter des cigarettes (elle a quand même dit hier à Nogaro “j’aurais préféré perdre une crédential que mes clopes”, c’est vous dire la puissance du drame vécu !), on a mangé des lentilles excellentes chez Isabelle et Alejanoko, et on a lavé nos habits (il était temps). Une pensée spéciale ce soir pour Laurence (merci pour tes mots) pour Françoise (tes porte-bonheurs nous donnent des ailes), pour Hélène (tes attentions nous ont beaucoup touchées). Il est 21h50 : au lit.
Vendredi 24 octobre : Pomps
M : Aujourd’hui, c’était une journée pire qu’hier (je pensais pas que c’était possible)
Le début de la douleur à la cheville qui est apparue hier n’a fait que s'accentuer à mon grand désarroi, ce qui a rendu les 24 km initialement prévus bien plus compliqués que ce que j’imaginais. A chaque pas la douleur augmentait et nous avons dû finir les 4 derniers kilomètres en stop.
Je pense que je n’ai jamais marché aussi lentement de ma vie, à part quand je me suis fracturée le doigt de pied. En arrivant au gîte communal de Pomps (quel nom !) une pèlerine pharmacienne a apporté ses conseils : de la glace et de la crème (j’ai eu la flemme de mettre la crème) et a confirmé mes soupçons que j’avais mis de côté (le déni donne de l’espoir) : sûrement une tendinite ! Après un coup de fil du responsable de marche le verdict tombe : interdiction de marcher avant d’avoir vu un médecin du sport dans le patelin pommé où l’on dort.
Donc bon le rendez-vous est pris mardi à Pau (ville de François Bayrou suuuuper !) et jusqu’ici repos obligatoire. (A part demain, on va à Arthez de Béarn, mais on vient nous chercher en voiture)
Je suis frustrée et je ne peux même pas l'utiliser comme moteur en marchant cette fois
Mais bon, on essaye de garder le moral et positiver tout de même, ça m’aurait étonnée qu’il ne m’arrive aucune galère jusqu’à Saint Jacques.
Au moins, j’ai mon petit journal du Canard Enchaîné pour passer le temps. Ce soir, c’était pâtes (sauce tomate cette fois-ci, il faut sortir de sa zone de confort).
Et à demain pour de nouvelles galères.
Nadia : La journée avait pourtant bien démarré : pas de pluie, ni de vent (contrairement à hier !) et de beaux paysages sous un joli ciel d’automne. On a même vu les Pyrénées. Malheureusement, la douleur de M à son tibia nous oblige à faire une pause de 3 jours à Arthez de Béarn. On en saura plus mardi à 14h (petite virée en bus, mais à Pau cette fois).
Jeudi 30 octobre : Saint Jean Pied de Port
M : Bon que dire de ces derniers jours ? Tout d’abord l’essentiel.
Diagnostic de la médecine du sport : périostite tibiale. Le rendez-vous était mardi et elle m’a prescrit du repos, un sac moins lourd et des étapes plus courtes pour la reprise.
Donc mercredi, nous avons pris le train de Pau jusqu’à Saint Jean Pied de Port (oui on a triché) afin de ne pas être trop en retard sur le programme (on va éviter de rentrer chez nous après Noël quand même). Arrivées à Saint Jean Pied de Port quelques missions nous attendaient, au moins on ne s’est pas ennuyées.
Rendez-vous chez le kiné, récupération du colis de ma mère (merci d’ailleurs mais il y a beaucoup trop de chaufferettes, je ne pourrais pas tout porter. Cependant, je suis sûre d’avoir chaud)
Puis on m’a acheté de nouvelles chaussures, ordre donné par l’état-major (Antony)
Je suis autorisée à reprendre la marche samedi, donc redémarrage des étapes samedi, donc re-découpage des étapes obligatoires, notamment Roncevaux ainsi que renvoi de quelque unes de mes affaires jugées inutiles, le but étant d’avoir un sac qui ne pèse pas plus de 8 kg (il en fait 10 actuellement). Ah oui, je ne porterai pas mon sac pour Roncevaux, toujours un ordre de l’état-major, donc demain, rendez-vous à 8h30 puis achat d’un petit sac pour les étapes où je ne porterai pas le mien (que de dépenses !)
Sinon, hier soir, on a mangé au resto, c’était cool, on a mangé comme si on était dans l’opulence financière alors qu’on est dans la m..
Enfin ça fait du bien l’insouciance juste le temps d’un repas, ça panse un peu les fractures ouvertes à la tête qui laissent les imprévus aller au gré des évènements et même si notre besoin de contrôle constant en prend un coup, on apprend à vivre avec cette incertitude. Peut-être que c’est en essayant de tout contrôler que l’on se perd.
Bref, ce soir c’est pâtes (comme hier et avant-hier) mais ce n'est pas la faute du budget juste ça passe bien des pâtes et demain on reste dans l’auberge municipale de ce soir. Je ne sais pas pourquoi il y a autant de Coréens mais, ils sont marrants, en vrai. A demain
Nadia : M a tout dit : contrariétés, imprévus, mais aussi lâcher prise. Demain, il fera jour. Elle a cependant oublié de parler de Bertrand, notre ange gardien de Arthez de Béarn (le B c’est le S) ; il a été aux petits soins avec nous pendant deux jours et nous a même conduites à Pau alors qu’il était débordé. C’était notre papy, on a fait les hospitalières chez lui pendant 2 jours (idée pour l’été prochain : hospitalière ? pourquoi pas ?).
Demain, vendredi on peaufine notre reprise de marche prévue samedi. En attendant, on mange des sucreries (pas bon pour ma dernière dent !) dans le dortoir de filles de l’auberge municipale de Saint Jean pied de Port et on n’est pas si mal.
Mercredi 5 novembre : Puente la Reina
M : Belle reprise dans le vif de la marche aujourd'hui. 24 km avec mon sac sur le dos (il m’avait manqué) reprise cependant ponctuée par des étirements obligatoires, ainsi qu’une pause tous les 5-6 km. Bienvenue en Espagne ! Les gens parlent fort, les clopes ne sont pas chères, nos repas sont essentiellement composés de tortillas et de jambon trop salé, sans oublier le pain “dégueu”, bien sûr ! J’essaie de me rappeler mes maigres bases d’espagnol (dédicace à ma professeure d’espagnol au collège, vous ne m'avez absolument rien appris) et c’est vachement compliqué de communiquer en espagnol. Je laisse donc Nadia s’en charger qui possède manifestement une aisance bien plus grande.
Ce soir, on dort dans une auberge très peu chère au confort très sommaire avec des lits bleus et durs tels ceux d’un service militaire.
Les paysages étaient très beaux, les pentes aussi (on a rien sans rien), mais le sentiment de fierté après avoir gravi ce qui semble être une montagne n’égale en rien la douleur ressentie lors de l’ascension.
Un peu déçue cependant des dernières rencontres, rien de réellement intéressant, surtout des hommes seuls qui essaient de t’apprendre la vie tout en te coupant la parole. Ça me rappelle qu'il y a quand même des bouffons sur cette terre, mais le tout est d’éviter ces ramassis d’étrons tout en finesse. C’est tout un art !
Demain 22 km sur un terrain qui semble plat, easy pocket.
Je vais essayer d’écrire plus souvent, promis. Bisous.
Nadia : Après une étape à Roncevaux (ah oui Valcarlos avant ça), Zubiri, Pampelune, nous voici à Puente la Reina dans un gîte au confort sommaire avec de nouveaux pèlerins qui viennent d’un autre chemin (j’ai oublié lequel). Est-ce que c'est le camino Aragonés ! Peut-être. Désormais, on mange de la tortilla, on parle espagnol (merci M de souligner mes compétences linguistiques), les paysages et l'architecture sont bien différents : décors un peu lunaires, beaucoup de ponts romains, mais aussi beaucoup de vent.
Demain, direction Estella. En attendant, pour changer des pâtes, ce soir, c’est lentilles et pain fromage. A bientôt.
PS. Merci Magali pour tes messages et encouragements, on pense à toi et on t’embrasse.
Lundi 10 novembre : Logroño
M : Ces derniers jours, il ne s’est pas passé grand-chose. J’ai tout de même battu mon record 7 km en 1h. Cependant, j’en ai payé les frais. Une nouvelle douleur à la cheville est apparue et nous avons dû raccourcir l’étape d’hier, on a fait 9 km. Ah oui hier j’ai perdu le fil entier de mes bagues du haut, donc bon, le camino nous réserve manifestement encore plein de surprises.
On a vu quelques pèlerins, sinon ça change ! Nous sommes actuellement en attente des consignes de l’état-major par rapport à la marche d’aujourd’hui. On a rencontré des australiennes un peu bizarres qui possédaient un met délicieux, selon elles. Un pot de “marmite” qu’elles transportent partout avec elles. J’ai goûté et c’est vraiment infâme. Dedans, de la levure, beaucoup de sel et du jus de légumes concentré donnant l’aspect d’une diarrhée sombre.
Je me demande comment des gens sensés ont pu avoir l’idée de conceptualiser cette chose, mais bon, c’est anglais donc on leur pardonne, vu la qualité de la gastronomie britannique, je me dis qu’ils auraient pas pu faire mieux de toute façon.
J’ai un peu l’impression que la “marmite” c’est les “mon chéri” version anglais. Personne n’aime, mais ça existe quand même ! Enfin bref, on va voir ce qu’on fait aujourd’hui, j’espère quand même que je vais pouvoir continuer à marcher (désolée de pas beaucoup écrire, des fois, j’ai la flemme de ouf). A demain
Nadia : Logroño est une bien jolie ville et ses habitants accueillants. Arrivées hier dans l’après-midi, nous avons profité du soleil avant de rejoindre une charmante auberge paroissiale où nous avons, une fois de plus, pu parfaire notre niveau en anglais. A noter que M a mangé une salade de tomates, concombre ; elle avait également dégusté une poire bien mûre vendredi 7 novembre à 19h53. J’espère qu’elle va supporter l’ingestion (et la digestion) d’autant de fruits et légumes en si peu de temps
Lundi 17 novembre : Burgos
M : Mea culpa à tous pour mon absence, je n’avais pas envie d’écrire. Il s’est passé plein de choses : tout d’abord, nous avons rencontré un autre binôme Seuil à Lagroño, puis on l’a revu à Burgos. C’est marrant de voir comment nos binômes fonctionnent et combien ils sont à l’opposé l’un de l’autre. Mais nous nous sommes très bien entendus et avons eu de belles discussions.
Ensuite, je suis allée à l’hôpital à cause d’une douleur à la cheville, rien de grave. Il faut juste que je marche plus lentement et que je porte une chevillière. Aujourd’hui, nous achetons une genouillère aussi car j’ai mal au genou. Toujours la jambe droite qui déconne, sûrement car elle est à droite.
Je ne me souviens pas de toute cette semaine mis à part la pluie, le vent qui a manqué de m’emporter à chaque pas. Quelques rencontres aussi, une israélienne très perchée, un coréen qui pige pas un mot de ce qu’on lui dit et qui ronfle si fort qu’il fait trembler les plaques tectoniques, ainsi qu’un groupe de “jeunes” très sympas.
Avec Nadia on s’est perdues sur la place de Belorado comme si on était dans une faille spatio-temporelle. On a bien ri, ceci dit, mes capacités d’orientation ont plus régressé qu’autre chose, mais on veut progresser ! A notre stade, on ne peut que progresser de toutes manières.
L’arrivée à Burgos était horripilante, surtout les dix derniers kilomètres mais bon, on garde le moral. Apparemment dans la meseta, il va neiger. Je suis contente, j’ai déjà vu la neige mais ce sera pas pareil qu’à Paris, je pense.
Demain, on reprend la route sous 2 degrés, ça va être marrant. Salut.
Nadia : alors, que dire, depuis le dernier post, il s’est passé tant de choses… Après le dentiste à Toulouse, le médecin du sport et l’orthodontiste à Pau, les kinés à Saint Jean Pied de Port, nous avons testé l’hôpital espagnol à Logroño. Verdict : pas mal. Depuis cet imprévu, nous avons repris la route et c’est franchement pas la plus belle depuis notre départ (instant chauvin : c’est quand même beau, la France). Ceci dit, des rencontres intéressantes, des discussions passionnantes, mais toujours trop de bocadillos et de tortillas à mon goût. A noter tout de même : il y a quelques jours, M a ingéré deux fruits coup sur coup (une poire à demi-mûre et une clémentine pas top). Ca aussi, c’est la magie du camino (mais si elle pouvait arrêter de me chanter Marc Lavoine à longueur de journée, je me sentirais tellement mieux.
L'Etat finance cette marche à hauteur de 80 %.
Le reste est financé par vos dons
(Ces dons ne constituent pas de l'argent de poche supplémentaire pour le binôme
mais permettent réellement de financer leur marche)
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Coucou Matou,
Avant que tu partes, on en avait parlé, quand ta mère était encore dans notre bel état d’euphorie. 😉
Et te voilà aujourd’hui, en train d’aller jusqu’au bout de ce que tu as commencé. Ce que t’as déjà accompli, c’est énorme. T’as montré du courage, du caractère et une vraie détermination.
J’ai toujours cru en toi, j’avais cette petite intuition que tu relèverais le défi à ta manière.
Je suis vraiment fier de toi, matou . Continue à avancer, un pas après l’autre, avec ton humour et ton énergie.
Et surtout, n’oublie pas : je veux la photo de toi à Saint-Jacques-de-Compostelle, comme tu me l’as promis! 😄💪📸
Plein de bises, et encore courage à toi ! 🌟
Bravo M. j’ai lu tout ce périple, et je suis impressionné par tout ce parcours et toute cette aventure. J’ai eu la chance de partager un peu cette journée avec toi, et j’ai vraiment apprécié, on a pas eu la féerie de la neige (bé oui vous marchez trop vite, elle était juste derrière), mais tu as égaillé ma journée.
Belle rencontre sur ce Camino, j’ai appris pleins de choses, découvert cette association, un nouveau tube musical en tête, mais je vous laisse peaufiner ça…quel beau binôme avec Nadia, je pense que vous vous êtes bien trouvé, deux belles personnes. Je vous soutiens, et j’espère bien vous voir arriver au bout.
J’espère bien vous revoir 🙏
Ultreia Ultreia, comme vous…
Bonjour les filles !
Toujours aussi contente de vous lire , j’adore ton style M ! Bravo pour ces belles avancées malgré les difficultés physiques, vous êtes vraiment courageuses et votre détermination va payer ! Je vous admire et vous envoie plein de bonnes ondes positives. Je vous embrasse très fort.
Hélène de Condom
Coucou les filles,
Heureuse de vous avoir lu.
Je vois que vous avez encore eu des galères physiques! J'espère que tout ton équipement te soulagera M et te permettra d'aller au bout sans souffrance.
Quand je regarde votre position sur la carte je suis super impressionnée de tout le parcour que vous avez réalisé. Vous êtes super courageuses et toujours aussi déterminées. Bravo et respect a toutes les 2!!!
Je vous soutiens par la pensée et vous envoie une multitude d'ondes positives et de soleil pour vous rechauffer.
De groooos bisous
Coucou
Même si je ne vous ai pas écris depuis plusieurs jours, j'ai pris le temps de bous lire. Bravo pour votre avancée. Ton courage donne envie de continuer ce que nous avons commencé...Que j'aimerai avoir la possibilité, non la volonté de faire ce chemin de Compostelle en une seule fois. Ta détermination et ta volonté sont des exemples pour ceux qui font ce beau chemin. Merci.
Laurence
Ps: vos problèmes dentaires sont le karma, vous étiez faites pour vous rencontrer