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Marche de Gatxxx

Dernière mise à jour : 3 juin 2023

Marche de Gatxxx accompagné par Nicolas


Présentation et stage de préparation

G : Je m’appelle G. j’ai 17 ans, d'origine asiatique (Corée du Sud). Je suis passionné par la cuisine/pâtisserie et par le sport (boxe). Je suis content de faire la marche pour me concentrer sur mes objectifs. Les premiers jours au gîte sont tranquilles, mon accompagnant est sympa. Je m'entends plutôt bien avec lui et j’ai hâte de commencer la marche.


Nicolas : Je m'appelle Nicolas, j’ai 43 ans et c’est mon 3ème départ avec l’association Seuil.

Le stage de préparation de 4 jours dans un gîte breton nous a permis à G et à moi de faire connaissance et de nous préparer gentiment à l'aventure en marchant quelques heures chaque jour. G semble motivé, malgré ses courbatures et ses deux premières ampoules. Demain, grosse journée de train, direction Le Puy-en-Velay.


Dimanche 19 février : début de l’étape 1 (veille)

G : Bonjour, c’est toujours G. Aujourd’hui, grosse journée transports. J’ai découvert rapidement la gare Paris-Montparnasse, énorme gare. J’ai pris pour la première fois le métro. C’était spécial. Je me suis pas mal ennuyé dans les transports (TGV-TER). Enfin arrivés au Puy-en-Velay, on a fait une petite balade en ville. C’était une très belle ville. Après cela, nous sommes allés dans un petit kébab (“O’Délices”) et c’était délicieux, grosse portion, pain maison, le personnel très accueillant. C’était le meilleur kébab que je n’avais jamais mangé auparavant.

Nous sommes remontés au Séminaire pour y dormir (longue attente devant la porte). Le confort dont je m'étais habitué était absent, ce qui me sort de mon confort. Il est actuellement 21h05 et je commence à trouver le temps long…. très long. C’est le début d’une grande aventure (espérons que je ne subisse pas un traumatisme des Séminaires).


Nicolas : Cette journée de transport en train, direction Le Puy-en-Velay s’est bien passée. Le timing pour les correspondances était juste, mais aucun retard à déplorer.

Nous sommes arrivés dans une immense auberge, le séminaire du Puy, après une petite balade et quelques montées ardues dans les magnifiques petites ruelles qui entourent la cathédrale. Nous nous sommes offerts un kebab, le meilleur que G ait mangé !

Hâte de décoller demain matin. Nous avons repéré la rue qui officialise le début du chemin. Y'a plus qu'à !


Lundi 20 février : Montbonnet

G : Bonjour à tous et à toutes. J’espère que vous mangez 5 fruits et légumes par jour. Personnellement, c’est pas le cas, alors je ne vous en voudrais pas si vous êtes dans le même cas.

Aujourd’hui, première étape de 17,5 km, assez simple au début, le midi petite pause casse dalle. Je ne m’attendais pas à manger 5*, mais jamais au grand jamais, je m’imaginais manger un jambon beurre sans jambon. C’était…. spécial. Sur la route, j’ai vu de la neige. Je me suis dit que j’allais bombarder mon accompagnant, mais je me suis rappelé que dormir dehors, c’est pas très confortable.

Arrivés au gîte, on a rencontré des “gîteurs” (hébergeurs) qui étaient super sympas et cools. On a bien rigolé et je suis encore plus motivé pour le pèlerinage et quand tout ça sera fini, j’espère ne pas oublier de leur faire un petit coucou. Sur ce, je n'ai pas dormi depuis deux jours. Je fonce à mon pieu. Allez bonne nuit.


Nicolas : Allez hop on y va, en route pour l'aventure !

Après une première nuit, courte, très courte et un petit déjeuner, petit, on quitte le Puy-en- Velay par la grande porte et par la grande côte fournie avec ! Une petite heure de montée et une belle récompense. En effet, cette première étape est magnifique : calme, grand air et beaux paysages sont assurés aux pèlerins.

J'ai beaucoup apprécié cette première journée de marche avec G . “On se connait depuis quelques jours et on s'entend bien”.

A notre arrivée à Monbonnet (sur la tête ? Et oui, j'ai mis au défi G de faire une blague dans notre récit du jour, pas sûr que je gagne avec celle-ci, bref...) nous avons 18 km dans les pattes. Nous sommes heureux de découvrir un gîte sympa.

Dans une heure, un bon plat préparé par la patronne nous attend. Que demander de plus ? Une bonne nuit peut-être.


Mardi 21 février : Monistrol (15 km)

G : Bonsoir, bonsoir c’est votre randonneur préféré, enfin je l’espère. Toujours en manque d’idées pour les intros. Aujourd’hui, petite journée à 15 bornes, de grosses descentes, ça me rappelle les fois où je disais que l’alcool c’est de l’eau, plus sérieusement c’était une journée calme, rien d’inédit. Nous ne sommes pas sur “Complément d'enquêtes". Arrivé au gîte, on a rencontré un gîteur un peu trop attaché à ses miches de pain. Nicolas s’est fait “engueuler” pour un pauvre bout de pain, après tout 60 € pour du pain, c’est pas cher payé.

Niveau physique, tout roule, niveau mental, le sommeil me rejette depuis trois jours. A part ça, tout va bien, sauf le fait que j’ai pris une petite fessée à la bataille corse. C’est fini pour aujourd’hui, j’espère que vous allez mettre des pouces bleus et partager.


Nicolas : Petite étape sympa avec quelques montées et descentes techniques. G a ouvert la marche souvent aujourd'hui. Je ne vois que deux faits marquants à partager avec vous ce soir. Le premier c'est la quinzième défaite d'affilée de G à la bataille corse, ce midi. Bon je reconnais que j'ai eu très chaud. Je pense que sa première victoire est proche. Il est motivé. Du reste, il me battra à la loyale, car je ne ferai aucun cadeau.

Et si je ne raconte pas que je me suis fait “engueuler” par le patron du gîte il y a à peine 20 mm et ce, pour un tiers de baguette de pain que j'embarquais pour demain midi, que pourrais-je bien raconter ? Mais tout va bien.

J'espère seulement que G ne va pas enchaîner une 3eme nuit blanche ! Remarque, je n'ai jamais marché avec un zombie ! Ça peut être une expérience.


Mercredi 22 février : Saugues

G : Bon aujourd’hui, j’ai pas grand chose à dire. Je suis épuisé. J’ai pas réussi à dormir la nuit dernière encore une fois.

Malheureusement, j’ai initié Nicolas aux nouilles instantanées et puis voilà. Sur ce, bonne nuit.


Nicolas : De nouveau une petite étape de 15 km. Tout s'est bien déroulé, même les 400 mètres de dénivelé positif de la 1ere heure. Nous sommes arrivés très tôt, vers 13h, à Saugues, étape du soir. Comme le gîte ne pouvait nous accueillir qu'à partir de 15h30, il nous a fallu trouver comment tuer le temps.

Ce soir, on dort chez Maud et ses trois garçons. Le linge sèche au bord du poêle, G est déjà au lit et moi je vais me faire un ou deux Tintin. Ça fait 9 jours que G et moi nous connaissons, on se découvre peu à peu et tout va bien.


Jeudi 23 février : Le Sauvage (20 km)

G : Bonsoir, bonsoir cher internaute. Aujourd’hui, moment inoubliable. J’ai enfin gagné à la bataille corse contre Nicolas en quelques minutes seulement. Je suis fier de ma prestation. Niveau marche 20 km, c’était facile, juste une douleur au cou. A part ça, le chemin se déroule très bien. Avec Nicolas on a découvert un nouveau jeu de cartes “la craquette”. C’est un jeu de rapidité et de suites et pour l’instant je reste invaincu (même si la dernière partie s’est jouée au chi-fou-mi, car la partie était interminable). Sur ce, bonne nuit et on se retrouve demain pour de nouvelles aventures.


Nicolas : Encore une très belle étape. Nous sommes passés entre les gouttes, mais nous n'avons pas pu éviter le vent frais des montagnes du coin. Je me régale à découvrir maisons et chapelles fabriquées avec de la roche volcanique. Ce matin, G a gagné à la bataille Corse. On est passé à la crapette, c'est Intense ! Les cartes prennent 3 mois d'ancienneté par partie. On va chercher un jeu plus light.

On va essayer de gratter une ou deux heures de sommeil de plus demain matin. Une courte et facile étape nous attend.


Vendredi 24 février : Saint Alban (13 km)


G : Bonjour, bonjour. Petit blog en retard (j’étais plongé dans mon livre). L’étape pour aller à Saint Alban était très courte et simple. On a commencé la marche par une grande pluie de neige. C’était magnifique, mais très froid. Cela faisait plaisir d’avoir de la neige. On a pas ça en ville, ça c’est sûr. Je me suis motivé pour manger sain : blanc de poulet, riz, tomate. A côté de ça, Nicolas s’était fait une pizza très appétissante. A chaque bouchée de riz, j’imaginais croquer dans la pizza, c’était comme ça que j’ai réussi à finir mon plat.


Nicolas : Ce matin on a gratté une bonne heure de sommeil. Nous sommes partis sous la pluie qui s'est transformée en neige dès que l'on a ouvert la porte ! C'était sympa. Une première pour moi, malgré mes milliers de kilomètres sur les chemins de Compostelle. Nous sommes tombés sur une halte/refuge à 4 km de notre arrivée avec tout le confort. On était ravis : café, pause casse-croûte et chaleur, la Trinité du pèlerin.

Ce soir, nous nous reposons dans un petit gîte sympatoche. G va se faire un petit plat fitness, moi... une pizza.


Samedi 25 février : Aumont-Aubrac (16 km)

G : Bonsoir, aujourd’hui encore une fois petite étape de 16 bornes, mais demain une plus grosse étape de 27 bornes sur le plateau d’Aubrac. (On espère ne pas se taper de la neige, sinon on va devoir passer par la route) Ce sera un changement radical de paysage. On prie pour qu’il ne neige pas trop.

Niveau nourriture, je mange bien : sandwich fromage/jambon le midi et omelette/lardons/patates/tomates.

En arrivant au gîte, j’ai vu une baignoire, ça faisait au moins 3-4 ans que je n'en avais pas vue et pris de bain et j’ai mis plus de temps à déboucher la baignoire que me relaxer (30 mn de galère). C’était sportif.


Nicolas : Petite étape magnifique sous un vent frais. C'est la première fois depuis le départ que je marche avec trois épaisseurs sur le dos. J'ai beaucoup aimé les paysages du jour. Avant d'arriver, nous avons longé une longue vallée aux mille nuances de vert dans une variété végétale remarquable. Le voyage continue de très bien se dérouler.

Ce soir, nous ne sommes que tous les deux dans un gîte en sortie d'Aumont-Aubrac. Nous avons joué au ping pong, j'ai perdu, et en ce moment même G dévore le tome 1 "Les fournis" de Bernard Werber. Le tome 2 est déjà commandé. On le récupèrera samedi à Decazeville, pendant notre jour de repos.


Dimanche 26 février : Nasbinals (27km)

G : Bonjour. J’espère que vous allez bien. Aujourd’hui, on s'est tapé 27 bornes. En début de journée, je me suis dit que ça allait être facile. Finalement, la météo nous a mis une grosse claque. Il y avait d'énormes bourrasques de vent gelé. C’était dur pour un frileux comme moi. J’étais complètement frigorifié, mais je me suis accroché et on a un peu tracé (départ 9h30 - arrivée 15h30/16h en comptant les pauses). Il y avait beaucoup de neige glacée et avec le vent, ma cheville a pris un peu chère; mais bon, on est des warriors, rien ne nous arrêtera, enfin sauf une grosse pluie.

Arrivé au gîte, gros soulagement et fierté d’avoir réussi cette première grosse étape. Nous sommes allés dans un beau resto avec Nicolas et on s’est bien régalé avec un bon burger maison. D’ailleurs, je remercie l’association Seuil pour ce bon repas et aussi Nicolas qui m’a fait cette belle proposition. Sur ce, bonne nuit et à demain.


Nicolas : Grosse étape pour clore notre première semaine. Le premier vrai test pour G . Le plateau d’Aubrac mais il a une réputation à tenir et il l’a tenue aujourd’hui. Un vent violent permanent et glacial. Il y a encore de nombreux passages où la neige gelée tapisse le chemin avec parfois 50 cm d’épaisseur. G a eu un passage difficile pendant la pause dej que l’on a écourté. Mais il a eu les ressources pour retrouver le moral. Le vent s’est calmé en fin d’étape car on descendait à flanc de colline. On a frôlé la pluie dans la toute dernière ligne droite. S’il neige beaucoup cette nuit, la descente vers Aubrac demain risque d'être technique. A suivre…


Lundi 27 février : Les Cambrassats (20 km)

G : Bonjour, aujourd’hui 20 bornes pour aller aux Cambrassats. Ce matin,, au réveil 5-10 cm de neige bien poudreuse. On a pas tenté le diable à marcher sur le chemin des montagnes, car il y avait des passages avec 20 cm de neige, voire plus. Du coup, on a marché sur la roche. Il y avait une belle vue, mais au bout d’une heure ou deux un vent glacial nous est arrivé sur la tronche. J’ai cru perdre la vue tellement c’était froid. Un autre marcheur avait tenté de passer par les montagnes et a vite fait demi-tour (c’est pas comme si on ne l’avait pas prévenu). Arrivé au gîte, c’était sympa, mais pas de chauffage. On fait avec. J’espère bien dormir.Sur ce, je vous souhaite bonne nuit.


Nicolas : Il est tombé 10 cm de neige pendant la nuit. C'est beau, mais c'est dangereux sur le chemin. On ne voit pas ce qui se cache sous la neige : un caillou rond, une souche, un trou. Les chaussures se mouillent rapidement et le risque de chute augmente. Notamment car sur cette portion, le chemin descend très fort. On a donc choisi de suivre la route départementale pour cette étape. Un peu moins glamour, mais plus sécurisant.

Après une pause sandwich au pied de la Sainte Vierge Marie à Saint Chély d'Aubrac et un café chaud au restaurant d'en face, on est parti pour la dernière ligne droite de l'étape sous un beau soleil et en tee shirt pour G ! Les jours se suivent mais ne se ressemblent pas... Nous sommes descendus de plusieurs centaines de mètres d'altitude. Nous avons donc pu reprendre le GR 65 jusqu'au gîte du soir. Au moment où j'écris ces lignes, la propriétaire nous prépare une daube de sanglier. Le seul hic, c'est qu'il n'y a pas de chauffage dans la chambre. Si nous survivons à cette nuit, alors plus rien ne pourra nous arrêter.


Mardi 28 février : Espalion (20 km)

G : Aujourd’hui 20 bornes pour aller à Espalion. Températures diverses et mon corps n’a pas trop suivi. Je suis passé de tee-shirt à 3-4 pulls en quelques minutes. J’ai croisé un chat adorable avec plusieurs couleurs noir, blanc, orange. Je voulais le prendre, mais bon je me suis abstenu. Cette journée est passée assez vite et en plus on a triché sur le chemin, car Nicolas s’était fait mal. On a marché 1h30 en moins et on est donc arrivés assez tôt (16h); Arrivés au gîte, c’était sympa, mais très froid. En plus de ça, on est au 2ème étage et il n’y a pas d’ascenseur. On doit donc affronter mon pire ennemi…. les escaliers


Nicolas : Après un dernier café au pied de la cheminée, nous sommes partis vers Espalion. Nous avons commencé la traversée du Lot. Changement de décor. Nous avons profité d'une belle étape en forêt de châtaigniers, dont quelques-uns multi centenaires à n'en pas douter. Dès le début de l'étape, j'ai ressenti une douleur de plus en plus forte au-dessus de la cheville. Si bien que j'ai décidé d'écourter de quelques kilomètres l'étape du jour. Nous avons longé le Lot jusqu'à Espalion plutôt que de passer par les montagnes voisines. Il nous faut être bien à l'écoute de notre corps pour aller jusqu'à Saint Jacques-de-Compostelle. On part pour un marathon.


Mercredi 1er mars : Campuac (26 km)

G : Bonjour. Désolé hier, j’ai zappé le blog. On a eu une journée un peu plus difficile que les autres jours. 27 bornes à peu près, mais avec un chemin biscornu, montées, descentes, virages etc…. En début de journée, petite pause et Nicolas remarque qu’il n’a pas son chapelet (on était en train de marcher) et là, il me dit qu’il l’avait oublié à la pause qu’on venait de faire il y a 5/10 mn. Du coup, je pose mon sac, je cours tel un héros et au final, j’ai cherché pendant 20 mn et j’ai vu Nicolas, qui trouvait que j’étais long, arriver et qui le trouva en 2 mn (je me suis senti con pendant quelques minutes. Après cela, on a repris la marche et là on voit un chevreuil qui sautille tel un petit lapin. Après ça, nous sommes arrivés dans un village magnifique classé dans les plus beaux villages de France et dont j’ai oublié le nom. Vous ne m’en voudrez pas j‘espère.

Arrivés au gîte, nous étions épuisés et affamés. Nicolas a fait un crumble pomme-banane. Quand je l'ai goûté, je me suis étouffé (petit conseil, ne plus manger ses crumbles à l’avenir).


Nicolas : Déjà 10 étapes et presque 200 km parcourus ! Celle-ci, on l'a sentie passer. Beaucoup de dénivelés positifs et négatifs. On a les pieds “en compote”, mais je suis satisfait du traitement réservé à ma cheville, à coup de baume du tigre, d'huile essentielle de lavande et d'aspirine du Rhône. Je surélève aussi mon matelas au niveau des pieds pendant la nuit. C'est très efficace pour les douleurs. Je vous livre ici un des secrets pour un pèlerinage réussi.


Jeudi 2 mars : Conques (24 km)

G et Nicolas n’ont rien envoyé, étape facile, sous la neige.


Vendredi 3 mars : Decazeville (19 km)

G : Salutations. J’espère que vous allez bien. Aujourd’hui 19 bornes. On a commencé avec une grosse montée qui nous a mis dans le mal. Personnellement, je ne sentais plus mes mollets tellement ça tirait. Après on a marché en montée pendant 4-5 bornes et après du plat et de la descente. Le midi, le moment que j’attendais le plus, c’était tester les rations militaires et le mini réchaud de survie. C’était sympa et on a bien mangé. Arrivés au gîte, on a été bien accueillis. On a bien mangé (pot au feu). J’ai bien récupéré le 2ème tome du livre que je lis actuellement (“Les Fourmis” de Bernard Werber) . C’était comme si c’était un cadeau de Noël. Incroyable.


Nicolas . Énorme claque en sortant de Conques ! Ce n'est pas une montée, c'est l'enfer... Comme nous voulions visiter le magnifique trésor de Sainte Foy, nous avons quitté Conques plus tard que d'habitude, vers 10h30. J'ai donc, pour la deuxième fois, décidé de suivre la départementale pour gagner un peu de temps afin de pouvoir passer du temps avec Clémence, de l'équipe Seuil, qui a fait le déplacement pour nous rencontrer à Decazeville. Petite anecdote sympa, un frère de l'abbaye de Conques nous a donné une ration militaire chacun (suite à de très gros exercices dans le coin : 9000 hommes ! Bizarre...). On s'est donc retrouvé à midi, au pied d'une église, à l'abri du vent, avec nos ustensiles militaires pour chauffer notre plat. G a aimé ce moment. Pour ma part, j'avais déjà mangé "militaire" quand j'étais jeune Scout de France.


Samedi 4 mars : Decazeville - repos

G : Bonjour. Aujourd’hui jours de repos. Ça fait du bien de se reposer un peu. Nicolas s’est levé tôt pour aller à la messe, mais malheureusement pour lui, c’était pas la bonne église. Je l’ai donc rejoint. Après ça, nous sommes allés chercher des petites courses pour la marche. On s’est dirigé ensuite vers un kébab qui était classique, pas aussi bon que celui du Puy-en-Velay. Mais bon, ça fait l’affaire. Après, en début d’après-midi, je suis allé au cinéma voir Ant-Man et la guèpe. C’était un très beau film et assez drôle. Merci à Nicolas qui m’a payé un méga pops corns, c’est mon petit kiff que je voulais faire depuis un petit moment. Ah et aussi j’ai été mis à l’épreuve durant cette séance de ciné, ce que je craignais, le pire est arrivé. Les fameuses “personnes”, si on peut les considérer comme telles qui font des remarques à très haute voix et qui font un bruit encore plus désagréable qu’un moustique dans votre chambre à 2h du mat. qui mangent la bouche ouverte et qui parlent en même temps. Ça me dégoûte et m’énerve au plus haut point. Le pire c’est que ces êtres sont des adultes, ce qui démontre leur maturité et leur vie en communauté. J’avais vraiment envie de me retourner et de leur dire de se taire, car on a tous payé notre place et on a clairement pas envie d’entendre des gens parler fort et faire des remarques à chaque minute.


Nicolas : Journée tranquille dans une petite ville tranquille, mais sans charme particulier hormis sa belle et grande église, peut-être même une cathédrale.

Nous nous sommes baladés dans la ville, du magasin d'articles de sport, pour acheter une paire de chaussettes de rando (je voyage avec 2 paires seulement !), à la sandwicherie en passant par le cinéma. G est allé voir un film, je me suis abstenu. Au final, mon podomètre annonce presque 9 km parcourus dans la journée. Disons une demie étape pour un demi jour de repos. Tout va bien. On est prêts pour repartir. Mes douleurs ne sont que de vieux souvenirs. On verra demain. Qui vivra verra. Et qui vivra bien, verra bien.


Dimanche 5 mars : Figeac (25 km)

G : Bonsoir, aujourd’hui 25 bornes. Une montée moyenne et une bonne descente, sinon du plat. C’était tranquille, juste les épaules et le dos qui subissaient mon sac de 13 kg. Je sais que c’est pas beaucoup, mais à partir du moment où pendant toute mon enfance, les sacs me semblaient aussi lourds qu'une enclume, je me dis que 13 kg c’est beaucoup. Pas grand chose à dire aujourd’hui. Sauf peut-être une petite anecdote drôle. On marchait tranquillement et là Nicolas me demande d’attendre 5 mn pour changer de chaussettes et là, il s'assoit et boum ! Il se relève instantanément. Nicolas : “p…. c’est quoi cette m….. ! J’en ai plein le derche”. Moi, j’étouffe de rire en lui disant que je le mettrai sur le blog et en lisant ça, il va sûrement me faire la remarque que prier pour que je ne finisse pas comme son derche. Il s’était assis sur des coquilles vides de châtaignes, celles avec les pics.


Nicolas : Le jour de repos a fait du bien. On est repartis contents et confiants. Cette étape a été encore une fois très agréable. Comme lors des deux premiers jours de marche, nous avons passé l'après-midi en tee shirt, lunettes de soleil sur le nez.

Ce midi, nous avons choisi un champ pour table de déjeuner et nous avons terminé les rations militaires. Ouf, du poids en moins sur les épaules.

Ce soir, en arrivant à Figeac, pour notre 13eme étape, G et moi nous sommes serrés la main, fatigués, mais satisfaits, comme chaque jour. C'est devenu notre rituel. Je suis heureux de voir G dévorer son deuxième livre. Demain on commande le tome 3 des " Fourmis" de Werber. Dans notre gîte du soir, j'ai trouvé un Paolo Coelho que je dévore aussi. Demain, grasse mat. Lever 9h, départ 10h.


Lundi 6 mars : Source d’Ussac (24 km)

G : Bonsoir, bonsoir. J’espère que vous allez bien. Moi, ça va. Aujourd’hui 25 bornes. 430 m de dénivelé mais sur toute l’étape, du coup s’est passé. Mes ampoules s’accumulent, mais je deviens un pro perceur d’ampoules. Pas très glamour, ça c’est sûr. En tous cas, mon livre l’est. Je le dévore avec plaisir. Je commence réellement à kiffer la lecture. Petite pensée à Nicolas qui m’a appris cette passion. Pensée aussi à Seuil qui m’a permis d’accéder à ce chemin magnifique qui ouvre les portes de mon âme et de mon cœur. J’arrive enfin à parler sans timidité avec des inconnus. Je me surpasse tous les jours avec mon sport quotidien etc… Je me sens vraiment bien et ça faisait longtemps que je n’avais pas ressenti un bien-être aussi pur et j’ai hâte de voir comment j’évolue pendant ce grand chemin; (Ce soir, pas de blague. Désolé d’avance. J’essaierai d’en faire demain car là j’avais pas d’inspiration).


Nicolas : Encore une grosse montée dès la sortie de la ville. Pour mettre en jambe, ça le fait. Pour cracher ses clopes, aussi.... Ça fait 13 jours que j'ai arrêté de fumer. G, 5 ou 6 jours. On tient. Journée plus difficile que la veille, mais très belle. Ce chemin depuis le Puy est vraiment magnifique. On se retrouve au milieu de nulle part, c'est très ressourçant.

Quand nous arrivons au gîte du soir, une ambiance très bucolique nous surprend. Le propriétaire a mis le paquet, c'est très charmant.


Mardi 7 mars : Limogne sur Quercy (27 km)

G : Bonsoir, bonsoir. Aujourd’hui 25 bornes. Encore 640m de dénivelé positif au total. Ce matin, le gîteur qui est fermier nous a montré ses chèvres et ses moutons. Ca sentait fort et les chèvres faisaient du bruit. Je m’imaginais que ce serait si fort. Au bout de 2h de marche, on “se tape” de la pluie. Le calvaire commence pour Nicolas et sa phobie des pieds mouillés. On avait un collègue aujourd’hui, Alexis. On l’avait déjà croisé à Aumont-Aubrac. Ils ont parlé pendant toute la marche pendant que je marchais tranquillement devant sous la pluie. On a fini un peu trempés, mais bon Saint Jacques sans pluie c’est pas un vrai Saint Jacques à ce qu’on dit. Demain, petite étape 15 bornes, on va pouvoir se reposer.

Nicolas : Ce matin, avant de partir, nous sommes allés visiter les brebis de Dominique, le patron du gîte. Je lui ai donné l'appareil et il ne l'a plus lâché. Grâce à lui on a une ou deux chouettes photos. Notamment une avec Alexis, le camarade parisien, avec lequel on a marché toute la journée. C'est la première fois que l'on marche avec quelqu'un. Ça change. Ce qui a changé aussi, c'est de marcher les 3/4 de l'étape sous la pluie. Dur dur. La pluie est clairement l'ennemi du marcheur. On était bien content de rentrer au chaud au gîte du soir.

G a marché sans rechigner. C'était sympa de le voir discuter avec Alexis devant moi. Ça lui fait un autre son de cloche.


Mercredi 8 mars : Couvent de Vaylats (15 km)

G : Bonsoir cher internaute. Aujourd’hui, petite étape de 15 km quasiment que du plat ... Ce matin, j’ai mangé du riz pas cuit. C’était une épreuve mentale. Je me suis cru dans Koh Lanta. Nous sommes repartis avec Alexis (il nous suit) avec Nicolas, ils ont parlé toute la journée encore une fois. On dirait qu’ils sont devenus inséparables. Nous avons commencé la marche sous la pluie, mais elle n’a pas duré et tant mieux d’ailleurs. Arrivés au gîte, nous n’avions pas de salle de bain. C'était super, mais Nicolas nous a sauvés en demandant un changement de chambre. Demain, nous allons à Cahors, une grande ville. J’espère trouver un endroit pour boxer; ce serait cool.


Nicolas : Départ sous la pluie aujourd'hui encore. L'étape du jour était plus facile que la veille. Moins de dénivelé et moins de pluie. Pourtant même si l'étape est plus courte, les derniers kilomètres sont pour moi, et beaucoup, toujours difficiles. Un genre de syndrome des 3 derniers kilomètres.

Aujourd'hui encore nous avons marché avec Alexis avec lequel j'ai de bonnes affinités intellectuelles. Nos conversations semblent ne pas intéresser G qui continue d'ouvrir la marche. Des fois, je voudrais lui (re)dire de lever plus la tête et d'être plus curieux. Il rate des trucs. Demain Cahors ! C'est fou, tranquillement, nous approchons du premier tiers de notre voyage...


Jeudi 9 mars : Cahors (25 km)

G : Bonsoir, bonsoir. Aujourd’hui à peu près 30 bornes car l’auberge où l’on dormait n’était pas dans le centre. Cette étape est passée super vite. On a un peu tracé. J’ai eu beaucoup moins de difficultés aujourd’hui que l’étape de 15 bornes d’hier. C’est étonnant. Sur le chemin, on a croisé un gros groupe de militaires avec des tanks etc…, des énormes canons. C’était impressionnant. Sur ce bon repos.


Nicolas : Nous sommes partis du couvent après un magnifique petit déjeuner dont le souvenir de ce pain frais me restera longtemps en mémoire.

Je vous ai parlé il y a quelques jours d'exercices militaires dans la région. Nous avons croisé énormément de militaires et de gros véhicules blindés. C'est tout de même une sensation étrange de voir tous ces militaires en action surtout en ce moment dans ce contexte international tendu. Au moment d'écrire ces lignes, je suis sur le toit terrasse de l'auberge de jeunesse de Cahors qui donne sur le magnifique pont de Valentré, vestige d'une époque révolue où nos compatriotes savaient bâtir de magnifiques monuments. Et bien ce pont est pris par l'armée française ! Au couvent, on nous a dit ce matin que l'exercice consistait à prendre Cahors. Bref, ça grouille de militaires. Pour finir sur ce sujet c'était sympa tout à l'heure de voir courir ces trois gamines d'une dizaine d'années pour aller faire un check aux soldats dans le centre-ville.

Dans l'après-midi on s'est amusé à refaire en arrière l'historique de nos étapes. G m'a impressionné. À ce jour, Il se rappelle de quasiment toutes nos étapes avec la petite anecdote qui va avec. Nous sommes à Cahors jusqu'à samedi matin. Demain, c'est le repos des guerriers.


Vendredi 10 mars : Cahors

G : Bonjour, bonjour. Aujourd’hui c’est le jour de repos. J’ai passé une nuit agitée. Le sommeil me rejette toujours, mais bon on fait avec. Ce matin en allant à la cuisine pour le petit déjeuner on entendait des bruits puissants de fusils d’assaut. On monte sur la terrasse et là on voit les militaires qui s’entraînent ou s’amusent avec des bombes à blanc et balles à blanc. Ils ont commencé vers 9h. Super le réveil. Moi qui pensais me faire réveiller par des coqs, c’est des fusils qui nous réveillent. En début d’après-midi, on a fait quelques bars pour boire de l'eau bien évidemment. Ce soir j’ai eu l’autorisation de faire un cours de boxe (kick boxing) à Cahors. J’étais super content et motivé, mais mes poumons de fumeur n’ont pas trop kiffé. J’étais à bout de souffle au bout de 5min, mais bon je me suis accroché au max. A la fin, on a fait des petits combats. C'était super cool et j’ai à moitié réussi à ne pas tomber de fatigue. Après ce bel entraînement, nous sommes allés au ciné voir un film de boxe, logique après un cours de boxe. C’est une passion à vrai dire. Enfin, bref on a regardé Creed III. C’était un bon film. Les combats étaient tellement bien faits que je n’arrivais pas à suivre. En sortant, grosse pluie. On s’est mis en mode militaire et on a couru jusqu’au gîte.


Samedi 11 mars : Lascabanes (24 km)

G : Bonsoir. Aujourd’hui réveil difficile avec la petite fatigue de la veille et certaines courbatures, mais bon c’est du mental. On se prépare et là il pleut dès le matin. On adore. On pouvait avoir meilleur début de marche. On se met en condition et on part sous la pluie. J’y vais en mode guerrier en t-shirt et j’affronte le temps. En 30 m à peine, on remarque des minis torrents d’eau et on a les chaussures trempées et pas que d’ailleurs. On continue, on fait une petite pause casse-croûte. On voit un bar dans le village. On voulait s’arrêter, on y va, c’est écrit “ouvert”, on se dit que ‘ouvert”, on va manger au chaud, c’est super et là …. uppercut pleine mâchoire “Salon de coiffure”. Le bar, juste derrière et sans aucun doute, il était fermé.

Le sort tombe sur ceux qui crient “victoire trop vite” et c’était bien le cas. Après cet instant mélancolique, nous repartons de plus belle. La pluie s’intensifie. Nicolas me conseille de mettre ma cape de pluie. Mais mon instinct de guerrier me dit : “bonhomme un jour (hier), bonhomme toujours” et je fonce avec mon t-shirt trempé et là… le drame se produit, la pluie a inondé des champs entiers ce qui a créé des lacs? des rivières etc… Nous devons trouver des alternatives certaines fois pour ne pas plonger dans ces eaux froides. On s’est créé des chemins et on avait qu’une chose en tête, rentrer dans un endroit chaud et prendre une grande douche chaude. Du coup plus motivé que jamais on…attendez, j’ai une crampe. J’ai trop écrit ce soir. La suite au prochain épisode.


Nicolas : Aye aye aye ! Dur dur, première journée de pluie. La pluie est vraiment l'ennemi du pèlerin de Compostelle. Il a tellement plu qu'il nous a fallu par moments enjamber des flaques qui ressemblaient à des torrents, des océans !

Normalement il n'y avait aucun gîte d'ouvert à l'étape du soir, mais une dame nous a gentiment ouvert son gîte à cause de la pluie et pour faire un geste pour l'association Seuil. Nous lui en sommes très reconnaissants car sans ça, il nous aurait fallu faire 9 km de plus et sous la pluie, 9 km se transforment en 13 !

Une autre difficulté aujourd'hui c'est que ce gîte n'est pas équipé d'une cuisine, nous allons donc devoir nous contenter d'un petit sandwich et grâce aux quelques "allume feu" militaires qu'il me reste nous allons pouvoir nous réchauffer quelques portions de nouilles asiatiques déshydratées que nous avons bien fait d'acheter ce matin au départ de Cahors.

Demain matin, nous partirons sans petit déjeuner et après 2h de marche, à Montcuq (le fameux village du sketch de Pierre Desproges), nous nous arrêterons pour nous restaurer.

Hier, pendant la journée de repos, G est allé faire une séance de kick boxing. Il s'est donné à fond. Je l'ai vu parler et rigoler avec les gars avec lesquels il se battait. Le coach était hyper sympa et nous a offert cette séance. Puis après le sport et une pluie battante, nous sommes allés au cinéma pour regarder un film de...boxe. En sortant du ciné de nouveau une pluie battante. Nous sommes rentrés à l'auberge en courant. Même pas mal ! Nous avons cassé la croûte à 23h30 grâce au colis envoyé par les parents de G. J'en profite ici pour les en remercier.


Dimanche 12 mars : Lauzerte (25 km

G : Bonjour. Aujourd’hui 23 bornes. Petite rosée matinale, des sentiers/chemins bien boueux et glissants. J’ai failli me casser la gueule plusieurs fois et dès le début j’ai trébuché dans une flaque d’eau, j’avais pas fait gaffe et au bout de quelques heures, j’ai enlevé ma chaussure et je vois deux grosses nouvelles ampoules, pas très grosses mais bien gonflées. Je me retrouve à avoir 3-4 ampoules par pied. Ca pique à chaque pas. Arrivés au gîte, on a recroisé des collègues qu’on avait rencontrés et ils sont plutôt sympas. Au moment du repas, Nicolas a mis de l’ambiance avec son fameux “humour”. On a tous bien rigolé. C’était vraiment sympa. Après le repas, j'ai enfin pu joindre ma copine et c’était le réconfort de la soirée. Je n’ai pas vu le temps passer au point où le téléphone n’est plus eu de crédit


Nicolas : Hier nous sommes arrivés au gîte très bien accueillis par la patronne. Nous n'avions pas prévu de demie-pension et nous avions gardé de quoi faire quelques sandwichs le soir. Malheureusement, il s'est avéré que la quantité de pain n'était pas assez conséquente. Pas de quoi nourrir deux guerriers de Compostelle. Si bien que nous sommes allés frapper chez le voisin pour lui acheter un bout de pain. Il m'a proposé de nous offrir quelques bouts de pain. J'ai insisté pour le payer, il a refusé. Je lui ai proposé de l'aide pour son bois, il a refusé et il s'est proposé de nous apporter le pain quelques minutes plus tard.

Le lendemain matin, en quittant le gîte, la propriétaire m'a fait un reproche très vigoureux au sujet de ce pain demandé au voisin. En effet, elle s'entend très mal avec eux et d'après elle, ils lui ont téléphoné pour se plaindre de nous et pour lui reprocher de mal faire son travail. C'est terrible d'être en plein milieu de la cambrousse au milieu de nulle part et de ne rien trouver de mieux à faire que de pourrir son voisin. Bref, j'ai ma conscience tranquille mais je vais tâcher de mettre un beau commentaire sur le site de la patronne pour compenser les médisances de sa voisine.

À part ça, journée sans pluie. Une journée sans pluie pour un pèlerin est une bonne journée. G a quelques ampoules depuis quasiment le début de sa marche. Pour ma part, j'en ai deux toutes petites au même endroit. Pour l'instant ça tient. La pluie de ces derniers jours a fait quelques dégâts. Mais à chaque jour suffit sa peine. On verra demain.


Lundi 13 mars : Moissac (17 km)

G : Bonsoir, bonsoir. Aujourd’hui 18 bornes. On est passé sur la départementale pour ne pas trop envenimer l’état de nos ampoules. Journée avec un grand soleil. Il faisait vraiment très chaud, enfin c’est ce que j’ai ressenti personnellement. En milieu de marche, Nicolas était devant, car on suivait le chemin que Google maps nous avait donné et il nous a fait passer par une forêt bien humide et boueuse. Google maps a craqué et on a dû faire du hors chemin. On a traversé une forêt pleine de ronces. C’était le parcours du combattant. On fera une petite prière aux jambes de Nicolas qui ont subi les ronces (car il était en short).

Arrivés au gîte, on était contents d’arriver et 30m après, gros orage et grosse pluie. On l’a évité de peu !


Nicolas : Aujourd'hui, nous avons écourté quelque peu cette étape à cause de nos ampoules. Nous dormons donc dans un gîte à 5 km de Moissac. Les ampoules, c'est terrible, c'est comme si à chaque pas un serpent vous mordait. Et aujourd'hui mon podomètre m'indique que le serpent m'a mordu 19622 fois ! Et pour G c'est 5 fois plus...

Nous sommes partis sous un soleil radieux et nous avons eu droit à une chaleur étouffante toute l'après-midi et l'orage a éclaté trois quart d'heure après notre arrivée au gîte. Plutôt chanceux aujourd'hui.

Nous avons donc suivi Google maps plutôt que le GR 65. Et nous avons eu une mauvaise surprise quand le GPS nous a planté au beau milieu d'une forêt dense. Les sentiers indiqués sur la carte étaient inexistants ! Nous avons donc traversé pendant 20 minutes une forêt épaisse de ronces et autres végétations piquantes sur une pente à 12 %. J'ai été très agréablement surpris de l'attitude de G qui n'a pas bronché et qui m'a fait confiance. Bon nombre de jeunes dans une "marche Seuil" auraient peut-être réagi différemment .

Nous avons eu hier soir, G et moi, une très bonne conversation. Après un mois passé ensemble, je crois que ça marche lui fait du bien. Il nous reste les deux tiers du parcours à faire.


Mardi 14 mars : Auvillar (25 km)

G : Bonsoir. Aujourd’hui 26 bornes, direction Auvillar. On s’est posé ce matin dans un petit café à Moissac. Tout se passait bien jusqu’à ce que je me casse la gueule, au ralenti, en plus de ça, j’étais sur une chaise et il y avait 4-5 marches d’escalier derrière moi qui descendaient et là “Bam” ! Je tombe. C’est la dégringolade. J’emporte même un verre dans ma chute, mais bon, plus de peur que de mal. Les trois pèlerins ou quatre en fait se sont bien foutus de ma gueule. Après, c’est vrai, que c’était bien drôle. Au bout d’une heure de marche, des énormes giboulées de pluie nous sont tombées dessus, on voit un bar d’ouvert, on fonce en courant car c’était vraiment violent la grosse pluie et le vent. On arrive dans un PMU, on est trempé de la tête au pied. On a eu un drôle d’accueil. Il nous a à moitié dégagé, mais bon, on reprend la marche. Encore une fois énorme pluie, mais constante cette fois-ci. Arrivés à Auvillar au gîte, grand ciel et soleil. C’était clairement de la provocation.


Nicolas : Je ne vais parler que de la météo aujourd'hui. La vie du pèlerin tourne autour de la météo. Aujourd'hui, nous avons pris cher.

Dès le matin un vent violent nous a mis les joues en feu. Pendant quelques heures ça a tenu mais dans l'après-midi une giboulée de mars nous a copieusement détrempés ! On a réussi à s'abriter dans un bar à Malause que l'on a rebaptisé Malaise pour l'occasion. On a, en effet, été accueillis disons de manière très froide dans le bar du village. Je comprends que deux pèlerins détrempés puissent crisper un peu le préposé au ménage. On s'est donc fait tout petit et on a même mis les claquettes pour aller aux toilettes pour essorer les chaussettes et le bas du pantalon pour diminuer le carnage pour la dernière heure et demie de marche.

Autre fait marquant de la journée : nous étions en terrasse quand les trois collègues que l'on a rencontrés régulièrement ces derniers jours nous ont rejoints. Un moment donné G a reculé sa chaise sans se rendre compte des deux ou trois marches placées à 40 cm de lui environ. Il s'est écroulé de tout son long sur la table plus bas et a cassé un verre. Il ne s'est pas fait mal et on a bien ri ! Il est tombé très lentement. On aurait dit un ralenti un peu à la Matrix, pour ceux qui ont la référence.

Après son anecdote sur la bogue de châtaigne sur laquelle je me suis assis, nous voici à un partout, balle au centre.


Jeudi 16 mars : La Romieu (26 km)

G : Bonsoir, bonsoir. Aujourd’hui 26 bornes. Pas de pluie et tant mieux d’ailleurs. Un beau ciel bleu et une chaleur à faire tourner la tête, sauf à la fin, petit vent frais qui fait du bien. Les ampoules se soignent tranquillement. Arrivée au gîte. 6 lits, enfin 6 places, 3 lits superposés. Espace très restreint, mais bonne ambiance. Ce soir, on a rempli le gîte, 6 pèlerins en quête de bonne humeur et on a bien rigolé. C’était vraiment sympa. Demain, petite étape. On se permet donc de se lever un peu plus tard. 13 km pour Condom et après-demain repos. Je vais essayer de trouver un club de boxe qui acceptera un pèlerin pour un cours. Demain, c’est noël avant l’heure avec Nicolas, on a des colis qui nous attendent.


Nicolas : Première étape sans problème d'ampoules depuis plusieurs jours. Et ça change tout. On a marché avec les trois collègues rencontrés il y a quelques jours et nous étions accompagnés d'un chien pendant bien deux ou trois kilomètres. Au moment d'arriver près d'une nationale, nous nous sommes décidés à faire quelque chose. Il y avait un numéro sur le collier. L'un de nous s'est sacrifié et a attendu que la propriétaire vienne récupérer son chien errant, mais tellement gentil.

C'est à ce moment-là que l'un de nous a levé la tête et nous a dit :"regardez là-bas !"

Et là-bas il y avait au loin, très loin, la barrière des Pyrénées, toute enneigée... On ne s'y attendait pas du tout, c'était magnifique. On sera au pied de ces montagnes dans deux petites semaines.


Vendredi 17 mars : Condom

G : Bonjour. Aujourd’hui seulement 13 bornes. On est arrivé à 13h30 à Condom. Petite économie grâce à mes parents, petit colis saucisson, terrine de poisson et des livres. Je les remercie pour tout ça. Après avoir mangé, on a regardé s’il y avait la possibilité de faire un cours de boxe. Avec de la chance, un coach nous a dit qu’il pouvait nous entraîner. Nicolas était d’ailleurs partant pour faire un cours. C’était de la boxe anglaise, la base de la boxe, de mon point de vue. Avec mes mauvaises habitudes de kickboxing, je me suis fait engueuler car j’avais jamais ma garde. J’ai perdu les bonnes habitudes. C’était vraiment cool. J’ai bien appris et je me suis beaucoup amusé. On était peu nombreux 5 ou 6 et on a tous eu le droit à notre petite leçon de coach. On le remercie. Nicolas s’est bien débrouillé pour un premier cours. En rentrant, soirée film.

Samedi 18 mars : Condom


G : Bonsoir. Aujourd'hui repos. Le programme d’aujourd’hui est vide. Pas mal d’ennui et rien de spécial à dire. Je suis allé dans un tout petit cinéma voir un film pour tuer le temps. Demain 25 bornes.


Dimanche 19 mars : La Mothe (26 km)

G : Aujourd’hui 26 bornes. Ce matin, on voulait faire des courses au hypermarché à Condom, mais étant un dimanche, il était fermé. Nicolas avec son sac super léger se venta de ne même pas le sentir. C’est vrai qu’on dirait un sac de cours tellement c’était un petit 30l pour le sien, 60l pour le mien. J’ai le double de son sac. Le sac en lui-même pèse au moins 2 kg qui est le tiers du poids total de son sac. Mes épaules prennent cher, mais on tient (moi et mes épaules).

En début de journée, on a aperçu un nuage gris énorme se diriger vers nous, une pluie très fine, mais très rapide commence à nous tomber dessus. On imagine le pire, mais de plus de peur que de mal, la pluie s’est arrêtée au bout de 5 minutes. On a continué de marcher et on a commencé aussi une conversation “Immo” très intéressante avec des locations de prêt, construction etc…. et quand on parle en marchant, on est vite perturbé et on croise des gens qui nous disent qu’on n’est pas du tout, mais pas du tout sur le bon chemin. On a loupé le chemin de 2 km, première grosse erreur. Niveau chemin, Nicolas un peu dégoûté et moi en fou rire, car c’était tellement flagrant que c’était drôle. (Il y avait de grosses croix rouges sur le chemin que nous avions pris et on ne les avait même pas vues).


Nicolas : Aujourd'hui nous avons joué au chat et à la souris avec la pluie. On s'en est très bien sorti. Malgré les très nombreux nuages bien noirs, on a pris que deux fois la “saucée” pendant 10 mm. J'ai pu tester les sandales que je me suis fait livrer à Condom, ainsi qu'un petit et léger sac à dos. Je suis tout proche de mon objectif d'avoir le sac le plus petit possible. A ce jour, je ne vois pas quoi virer, si ce n'est les bâtons de marche. Mon sac doit faire 7 kilos. Je vérifierai dès que je trouverai une balance.

Le fait marquant du jour, c'est notre première erreur de chemin ! On s'est rallongé d'environ 4 km pour un total avoisinant les 30 km. On était tous les deux plongés dans une conversation et on n'a pas vu les deux croix en forme de x de chaque côté du chemin pour bien nous dire que non non, ce n'est pas par-là ! Heureusement que nous avons croisé un couple de marcheurs retraités du coin qui nous ont “direct” demandé si nous allions à Saint Jacques-de-Compostelle ? Ils ont eu du pif !

Autre fait marquant, nous avons passé un panneau indiquant qu'il nous restait 1000 kilomètres à parcourir pour Santiago et ce soir nous dormons dans un gîte, "Le mille bornes".


Lundi 20 mars : Eauze

G : Aujourd’hui, 7 petits kilomètres en raison d’un changement de programme. On est vite arrivé à Eauze. Petite ville sympa. Ce midi, on s’est fait une grosse salade bien fit avec betterave, tomates, maïs, avocat, pois chiches et thon. C’était délicieux. A refaire. J’ai vu qu’il n’y avait rien à faire aujourd’hui. J’ai bien repris la lecture et ça m’a remotivé à lire, car ça faisait 3-4 jours que je lisais que 10 pages et j’étais vite saoulé. Là, j’ai enchaîné 140 pages et c’est pas encore fini. Il est 21h, petite séance de lecture avant de dormir. Demain direction Nogaro 20 bornes. Cette fois-ci, ça nous occupera un peu plus. Sur ce, bonne nuit.


Nicolas : Toute petite étape aujourd'hui. En effet, à cause de nos ampoules sur le point de disparaître, nous avons fait un changement hier pour diminuer un peu notre étape d'hier et ce changement a eu pour conséquence de diminuer une étape déjà petite. Disons qu'après notre jour de repos de samedi dernier, c'est une reprise en douceur.

Nous avons acheté le jeu de dés "Yam". Pour l'instant, G s'en sort mieux que moi. On a prévu de regarder les règles du 421 !

J'ai reçu des nouvelles d'un gars que l'on a croisé au plateau de l'Aubrac, il vient d'arriver à St Jean Pied de Port ! Y'en a qui tracent ! G et moi, on a hâte d'être en Espagne. Venga ! Vamos!


Mardi 21 mars : Nogaro

G : Aujourd’hui 20 bornes, pas de pluie, juste des chemins boueux. Sur le chemin, Nicolas m’apprend des plantes et leur utilité. Je m'efforce de les retenir du mieux que je peux. Première grosse journée allergique (pollen) et vu qu’on est en pleine forêt, il y en a de partout. C’est très embêtant et ce n’est que le début. J’espère trouver quelque chose pour atténuer mon allergie. A part ça, tout va bien. Bientôt en Espagne et vu mon niveau en espagnol, ça risque d’être très compliqué et mon anglais n’en parlons même pas, c’est pire.


Nicolas : Nous sommes partis ce matin sous un épais brouillard. Mais en ce tout début de printemps, malgré le ciel gris, nous sommes encore passés entre les gouttes. Depuis un bon mois que nous sommes partis, nous sommes arrivés le soir que deux fois avec les pieds mouillés. C'est plutôt pas mal. J'ai opté pour une paire de sandales de qualité pour justement ne plus avoir ce problème de pieds détrempés en cas de grosse pluie. Avec les sandales, ça respire et ça sèche aussi vite que ça se mouille.

Aujourd'hui, comme depuis quelques temps maintenant, j'initie G à la reconnaissance de certaines plantes comestibles comme le pissenlit, l'oseille des prés et le gaillet gratteron. Aujourd'hui on a même repéré les feuilles de quelques fraisiers des bois malheureusement sans fraise.

Ce soir, nous sommes dans un gîte sympa. G s'occupe de la salade de riz en ce moment même. Et ce soir, comme c'est mardi, et qu'avant de partir, lorsque nous étions au gîte en Bretagne, nous avons vu le début de l'émission Koh-Lanta, on s'est promis d'essayer de suivre l'émission dans la mesure du possible. Et ce soir, y'a une TV !


Mercredi 22 mars : Barcelone sur Gers (26 km)

G : Aujourd’hui 26 bornes pour aller à Barcelone-sur-Gers. Le temps est de plus en plus chaud. On voit pas mal d’avions de chasse et d’hélicos sur le chemin ; ça fait un boucan terrible. J’ai pris cher au niveau allergies. J’éternue toutes les 2mn à peine. C’est très embêtant et ça fatigue pas mal. Arrivés au gîte, on se pose tranquilles car on doit encore marcher pour faire les courses. J’ai été gourmand niveau protéines. Je me suis pris 10 œufs seulement pour le dîner et le petit déjeuner, accompagnés d’une escalope de poulet et de spaghettis. En faisant à manger, j’ai là eu une chance monumentale, le gaz a coupé, alors que je venais à peine de commencer. J’ai dû tout cuire sur une mini plaque à induction. J’ai mis une heure au moins, mais bon, j’ai bien mangé. Du coup, je ne lui en veux pas.


Nicolas :Une journée de plus. Une journée de moins. On marche vers Compostelle.

On est arrivés au gîte vers 16h. Et je dois dire que ce n'est pas le meilleur gîte dans lequel nous avons posé nos corps meurtris. Le dortoir faisait à peine 8m2 et le propriétaire a réussi à caser deux lits superposés dedans. Des lits premier prix à coup sûr. Grâce à Dieu, nous étions que tous les deux ! Le soir quand G a commencé sa popote, le gaz s'est coupé, bonbonne vide. Il a dû se débrouiller avec une plaque électrique pour faire cuire ses pâtes, sa viande et ensuite ses œufs... Une aventure !

Ça fait un mois que j'ai arrêté de fumer. Petite dédicace à Anthony de l'association Seuil 😉.


Jeudi 23 mars : Miramont - Sensacq (20 km)

G : Aujourd’hui, 20 bornes. Nuit un peu agitée à cause de lits superposés assez bruyants. On a évité, pour l’instant, la pluie et le mauvais temps. On marche sous 24° et ça pique. J’ai transpiré au bout de 5 minutes. Je déteste ça et les allergies continuent de m’agresser mais bon on fait avec. On a beaucoup, voire tout le temps, marché entre les champs. Il y avait une forte odeur. Je me demande si ce ne serait pas du fumier. Les journées passent de plus en plus vite. Nous sommes partis assez tard (11h), mais on est quand même arrivés à 15h30. Cela fait déjà 3-4 jours qu’on arrive si tôt, même hier avec les 26km. Au moins on a vraiment le temps de se reposer. Arrivés au gîte, on a eu la bonne surprise d’avoir un grand gîte communal rien que pour nous. On s’est mis à l’aise. Demain 28km, on va essayer d’arriver un peu après 15h. Ce serait cool.


Nicolas : C'est fou le nombre d'avions dans le ciel du Gers ! Ça a peut-être un lien avec Mont-de-Marsan pas loin. Je crois qu'il y a une base là-bas, ou un truc militaire.

Il a fait très chaud aujourd'hui. On a fait péter le short pour la 3eme ou 4eme fois. Pourtant le ciel est gris et par moments je me dis que l'orage est en train de mûrir.

Ce soir nous sommes seuls dans un gîte communal. Ça marche sur le principe du "donativo" (que l'on pourrait traduire de l'espagnol par un :" à votre bon cœur" ). Le gîte est ouvert quand on arrive, les placards sont remplis de nourriture de base et il y a une petite caisse dans laquelle on glisse l'argent avant de partir.


Vendredi 24 mars : Sensacq/Larreule (28 km)

G : aujourd’hui, journée un peu plus longue, 28 km. on a enfin une étape intéressante avec de bonnes montées. On a gravi pas mal de colline, montée, descente, personnellement je suis plus montée. Pas trop de soleil aujourd’hui, des nuages gris très menaçant, mais plus de peur que de mal et nous sommes passés entre les gouttes et c’est tant mieux, c’est pas une partie de plaisir d’être trempé dès le début de la journée. On arrive bientôt à Saint Jean, pied de Port et la fameuse étape des Pyrénées. Hâte d’être en Espagne ! Buenas noches ! (J’espère que c’est bien comme ça que ça s’écrit. M’en voulez pas si je me trompe).


Samedi 25 mars : Larreule/Maslacq (26km)

G : bonjour, aujourd’hui 27 bornes, réveil compliqué, étant bon dormeur, j’ai un peu traîné ce matin. Mais, je pense que Nicolas ne m'en a pas trop voulu, enfin je l’espère. Journée ensoleillée avec un grand ciel bleu, ce qui annonce une journée bien chaude, ce qui ne m’enchante pas des masses, mais bon on ne peut rien y faire et c’est toujours mieux que la pluie. J’ai un nouvel objectif, m’ouvrir aux autres, être un peu plus curieux, et vu qu’on arrive bientôt en Espagne, je n’ai plus beaucoup de temps, on s'approche de plus en plus des Pyrénées. C’est vraiment beau de voir qu’on avance vraiment, on a hâte d’y être ! On a aussi voulu décaler le jour de repos de Saint Jean pied de Port à Pampelune. Demain seulement 20 petits km.


Nicolas : Très belle étape sous le soleil. Depuis deux ou trois jours, en fonction des collines que l'on grimpe on se retrouve nez à nez avec les Pyrénées et c'est juste magnifique. Cette barrière majestueuse et enneigée que l'on a aperçu pour la première fois il y a 9 jours, se rapproche à vue d'œil. Et dans quelques jours nous serons de l'autre côté. C'est une vraie source de satisfaction pour Gatien et moi.


Ce midi, une fois arrivé à Arthez de Béarn, nous avons eu la fâcheuse surprise de découvrir que le point de ravitaillement était à 1,3 km hors du chemin et par une descente vertigineuse qui évidemment, est une pente tout aussi vertigineuse dans l'autre sens. On s'est mis en mode Pékin Express (que l'on a regardé une ou deux fois depuis notre départ) et on a montré notre joli pouce à la population. Et ils devaient être très jolis, nos pouces, car au bout de 3 minutes une voiture nous a gentiment ramené au centre du village en 2 minutes et 21 secondes. Merci madame. On s'est permis cette petite tricherie car nous étions hors chemin


Dimanche 26 mars : Maslacq/Navarrenx (22km)

G : Bonjour, aujourd’hui 22 km pour arriver à Navarrenx. Réveil tardif dû au changement d’heure ce qui ne m’a pas déplu. On a vu beaucoup d’arbres fruitiers sur le chemin, pour les pèlerins ça doit être super cool de marcher et de se servir en fruits en libre-service. Petite cueillette improvisée. Des vents très forts aujourd’hui, à nous faire froid dans le dos, encore plus fort que dans le plateau de l’Aubrac. Heureusement on a échappé à la pluie et à un temps trop froid. Grâce à de multiples discussions avec Nicolas, j’ai enfin une idée claire et nette de ce que j’ai envie de faire plus tard (enfin après la marche). Je le remercie sincèrement car je suis plus motivé que jamais à réaliser mon projet professionnel. Dans quelques jours arrivent, l’étape la plus belle et la plus dure, celle des Pyrénées. On a hâte de la franchir.


Nicolas : Plus que 3 jours en France !

Départ tardif sous la pluie ce matin. Tardif car nous avons oublié le changement d'heure ! Si bien qu'il était 10h30 quand nous sommes partis.

Pas beaucoup de kilomètres aujourd'hui mais beaucoup de montées et de descentes. Et surtout un vent à décorner les bœufs ! Ça soufflait beaucoup plus fort que lorsque l'on était sur le plateau de l'Aubrac. Par moment nous étions cloués sur place ! Et j'avais même du mal à faire passer mes bâtons de marche devant moi. Mais par chance il faisait beaucoup plus doux et nous avons évité la pluie tout au long de la journée. Une petite pensée pour une jeune femme que nous avons croisé et qui a dû faire 32 km aujourd'hui dans ces conditions. Hier soir le gîte à Maslacq a exceptionnellement ouvert ses portes à l'association Seuil et rien n'était ouvert pour les autres pèlerins.

En plein milieu de nulle part nous sommes tombés sur un petit coin de repos/paradis avec fauteuil en cuir, madeleines, café chaud, exetera. Sur une petite ardoise qui pendouillent au vent on pouvait lire:"Ils vécurent enfants et firent beaucoup d'heureux".


Lundi 27 mars : Bellevue (18km)

G : Bonjour, aujourd’hui, seulement 17 bornes, rien de compliqué. Ce matin, encore des nuages très menaçants, et plus que les derniers jours, mais je crois qu’on a une bonne étoile qui nous fait passer entre les gouttes. Petit moment drôle aujourd’hui, Nicolas s’est amusé à embrouiller des chevaux et à crier comme si nous étions seuls au monde. Mais comme on dit, le monde est petit et 10m plus loin, trois pèlerins étaient cachés par des buissons et là j’ai beaucoup ri en les voyant. Nicolas m’a proposé de reprendre l’anglais car j’en aurai besoin pour l’Espagne et aussi plus tard. Je recommence par les bases mais je suis très motivé pour me remettre à niveau. Encore une fois un grand merci à Nicolas qui m’apporte vraiment beaucoup. Demain, avant-dernier jour avant la grande montée des Pyrénées !


Mardi 28 mars : Bellevue/Ostabat (27km)


G : Bonjour, aujourd’hui à peu près 27 bornes. ce matin, un grand ciel bleu et un temps un peu frisquet. Aujourd’hui c’était la journée des cadavres, on a vu un chat qui était là depuis un bon moment, il était desséchée, un peu plus tard un blaireau qui lui était en décomposition et le dernier. C’était un héron qui se noyait dans un ruisseau. On a eu des bonnes grosses montées qui nous ont donné une image de la difficulté de l’étape des Pyrénées qui est très bientôt. On a monté une grande colline où il y avait un paysage magnifique et on a aussi vu les Pyrénées se rapprocher tranquillement. Nous avons aussi vu un énorme groupe de vautours (une cinquantaine) qui tournaient dans le ciel. Pour rien. Demain Saint-Jean-Pied-de-Port, on a hâte.


Nicolas : Grosse étape aujourd'hui avec beaucoup de dénivelé positif et négatif mais par petites séquences.

On a eu un temps estival avec 30 degrés affichés chez le pharmacien en arrivant à Ostabat à 16h30. Les paysages dans le pays basque sont à couper le souffle. Leur petit gâteau nommé bien à propos, gâteau basque, est succulent.

Nous avons trouvé d'autres plantes comestibles ou intéressantes aujourd'hui sur les bords de route. Comme par exemple l'aneth, la cardamine des prés ou encore la chélidoine, plus connue sous le nom d'herbe à verrue. Cette plante est étonnante ! Quand on coupe une tige en deux, un suc jaune orangé vif en jaillit et c'est ce suc qu'il faut appliquer sur les verrues.

Demain, oui demain, Saint-Jean-Pied-de-Port ! Nous sommes à 18 km de cette étape hautement symbolique de mi-parcours. Ils annoncent du beau temps sur les Pyrénées jusqu'à jeudi. C'est justement jeudi que l'on traverse. On croise donc les doigts pour avoir de bonnes conditions météorologiques.


Mercredi 29 mars : Ostabat / Saint Jean Pied de Port (18 km)

G : Bonjour, aujourd’hui, 18 km, petite étape, mais grande arrivée à Saint Jean pied de Port. Dès le matin à 8h10 on sent une grande chaleur qui inquiète Nicolas car ça peut finir en orage pour la montée de demain. Arrivée à Saint Jean, pied de Port, petite photo pour immortaliser le moment. Après ça on marche pour trouver une auberge, et là on voit une fils de pèlerins (environ 50) de toutes les nationalités, mais surtout pas mal d’asiatiques dont la plupart sont des Coréens, on m’avait dit qu’il y en avait qui faisait le chemin mais je m’attendais pas à ça. Après, on a trouvé une auberge et c’était un grand dortoir assez serré et c’était à peu près ce à quoi je m’attendais. Un pèlerin qu’on avait rencontré ce matin, était assez surpris par ce manque de confort et d’intimité qu’il pensait changer. Heureusement, il s’est repris en main. Officiellement la moitié de ce magnifique voyage. Avec Nicolas, on s’entend toujours aussi bien, ça promet que des bonnes choses. Demain, arrivée en Espagne !


Nicolas : Journée estivale pour arriver à Saint-Jean-Pied-de-Port. Une nouvelle fois le thermomètre affiche 30 degrés. Cette chaleur étouffante est annonciatrice d'orage. j'espère que ça ne sera pas pour demain !

Je parlais hier d'être bousculé dans nos habitudes en arrivant sur le chemin français, El Camino francés, de plus en plus populaire, j'aurais dû dire bouleversé !

En effet, quand nous sommes arrivés dans la petite rue aux multiples auberges, il y avait des dizaines et des dizaines de pèlerins ! Demain s'annonce une drôle de journée pour nous car je pense que les 9/10 de ces pèlerins se retrouveront à l'abbaye de Roncevaux, demain soir. Abbaye qui a une capacité d'accueil de plus de 180 pèlerins me semble-t-il. Gros changement aussi au niveau de l'auberge communale. Nous sommes une vingtaine dans le dortoir ! Il va falloir nous adapter à des micros détails comme par exemple, pour Gatien, trouver un endroit chaque soir pour faire son sport sans déranger tout le monde. Pour ma part, dormir sur des lits superposés est très compliqué. Quand l'un bouge, l'autre bouge avec lui. Il y a aussi le problème des ronfleurs. Pour ça je suis équipé. Mais malgré les protections auditives c'est parfois l'enfer !

Malgré ces petits désagréments, nous sommes prêts et motivés. Demain on va se lever à 7h pour la 1ère fois pour commencer à marcher à 8h.

Je remercie les parents de Gatien pour le colis et son contenu. Nos repas de demain sont assurés.


Jeudi 30 mars : Saint Jean Pied de Port/ Roncevaux (22 km)


G : Bonjour, aujourd’hui c’est la fameuse étape des Pyrénées. La nuit au dortoir était très chaude (en température, bien évidemment). Heureusement que j’avais les boules Quies car les ronflements ont commencé très tôt. Ce matin, on s’était douté que tout le monde partirait tôt et du coup on était parti sur la même stratégie, mais on s’attendait pas à ce qu’un retraité se lève à 6h, allume la lumière et ne l’éteigne pas. Ce qui a engendré un réveil général qui nous a motivé à partir à 6h50 ce matin. Une première et c’était très cool de partir avec un temps frais. À 10h30, il ne nous restait déjà que 9 km, mais 9 km de montée et c’était une très belle montée même si j’étais un peu déçu car je m’attendais à un peu plus dur. Au gîte, mon premier tapas, patatas bravas. C’était bon, et j’ai hâte d’en découvrir d’autres.


Nicolas : Pour la première fois depuis notre départ, nous nous sommes réveillés à 6h. Il faut dire que l'auberge était à feu et à sang des 5h30 ! Du coup nous avons commencé à marcher à 7h, de nuit. Une file indienne de pèlerins devant et un autre derrière ! C'est une autre ambiance...

L'étape en elle-même s'est bien passée. On s'est tellement dit qu'elle serait difficile qu'elle est passée comme une lettre à la poste. Bon, oui, ça monte, surtout les 2 ou 3 derniers kilomètres mais on a quand même quelques centaines de kilomètres dans les pattes.

On était très content quand nous sommes arrivés sur le col. Quelle chouette sensation d'arriver à la moitié de notre voyage. Ce passage de col est très fort symboliquement. C'est comme si on voyait Saint Jacques de Compostelle du haut des Pyrénées !

Nous voici donc arrivés au pays des tapas que Gatien a hâte de découvrir.

Au moment d'écrire ces lignes, l'abbaye grouille de pèlerins. Mais cette fois-ci on devrait mieux dormir car les lits superposés sont incrustés dans de grosses cloisons de bois qui ne bougent pas. Demain au réveil, ça risque d'être impressionnant sur le chemin. Mais demain il va y avoir un morcellage de ce « troupeau de pèlerins » car tous n'iront pas à Zubiri comme il est prévu que nous le fassions nous. Enfin, je l'espère.


Vendredi 31 mars : Roncevaux/Zubiri (22 km)


G : aujourd’hui, 22 bornes pour arriver à Zubiri, après une étape comme hier et le fait de partir tôt, on ne sent plus passer les petites étapes, si c’était possible, je pourrais faire 40 bornes par jour ! Nous sommes arrivés à 13h à Zubiri avec un temps un peu nuageux. Ce matin, j’ai encore mangé un tapas et c’était très bon, pain et omelette de patates. C’était un bon en-cas. On a encore évité la pluie c’est cool.


Nicolas : Et bien c'est parti, nous sommes en Espagne. À l'abbaye de Roncevaux, c'est un peu l'usine à Pèlerins. Ce matin les lumières se sont allumées à 6h30 automatiquement. Du reste, il y avait déjà pas mal d'action dans le dortoir depuis 5h30... C'est la première fois que je fais le chemin de Saint-Jacques au printemps. Certes ce n'est pas la haute saison mais ce n'est plus la basse saison. Beaucoup de pèlerins tout au long de la journée. Je dois reconnaître que ça me fait un peu bizarre.

Ce matin, Gatien a découvert son premier bocadillo de tortilla. Il a l'air d'avoir apprécié.

Comme on est parti de très bonne heure, on a fait deux pauses café dans la matinée. Malgré ça nous sommes arrivés très tôt à Zuribi, petite ville sans charme particulier. Mais l'auberge que nous avons trouvée est très sympathique et à taille humaine. Nous passons d'un dortoir de 60 personnes à 4.

Ce soir, avant de dîner, des pâtes, comme presque chaque soir, nous avons fait une leçon en anglais et un peu plus tard, j'ai entendu Gatien parler anglais avec nos voisins.

Demain direction Pampelune où nous allons prendre un jour de repos. Pour l'instant ils annoncent de la pluie. Mais je m'en moque, car c'est de la pluie espagnole.


Samedi 1er avril : Zubiri/ Pampelune (20km)


G : Buenos Dias, aujourd’hui, 20 km pour Pampelune, ce matin, on a pu dormir un peu plus, c'était vraiment reposant, départ neuf heures, on était les derniers à partir. Ce matin, petite rosée matinale, fort agréable avec un temps et une température parfaite de mon point de vue. La journée est passée très vite, 20 km, maintenant et 20 km au début de la marche c’est comme 10 km et 30 km. On s’est habitué à marcher tous les jours. Maintenant c’est que du plaisir ! Arrivée à Pampelune, on n’y a remarqué beaucoup plus de vie que les villes où nous sommes passés en France. On a commencé notre recherche d’auberge vers 14h30 et là c’était un autre monde, toutes les auberges pleines ou fermées, on s’est fait refuser 7 ou 8 fois, c’est une première, 1h30 de recherche au total pour finalement trouver une pension avec un côté assez vieillot avec des beaux tableaux qui étaient français à notre étonnement. Ce soir j’ai mangé le meilleur sandwich depuis le début de la marche, j’ai adoré et comme je suis sympa je vous donne la recette. Une baguette, un pot de houmous, une tomate, un peu de jambon et l’ingrédient principal una tortilla de patata. Je vous le conseille, c’est très peu cher, délicieux, et bien bourratif !


Nicolas : Les étapes de 20 km sot désormais des petites étapes. Le rythme de notre marche a considérablement augmenté. On le voit au moment de doubler des pèlerins sur le chemin. La poussière et le vent que génère notre passage près d'eux les laissent pantois ! Et nous, fiers comme des coqs !

A notre arrivée à Pampelune, ville du 3ème plus grand festival du monde : la Féria de Pamplona, nous avons galéré comme jamais pour trouver une auberge ! 6 échecs : auberge pleine ou fermée ! On a traversé la ville en passant par les 4 points cardinaux... On a finalement trouvé une pension (petit hôtel sans prétention) que l'on partage avec notre compagnon de route du moment, Guillaume.

On nous avait dit qu'en Espagne, les auberges ne prennent pas les réservations ! Je viens juste de réserver toutes nos nuits jusqu'au dimanche de Pâques ! On sera tranquille quelques jours.

Demain repos.



Lundi 3 avril : Puente la Reina


G : Bonjour. Aujourd’hui 24 bornes, direction Puente la Reina. Dès le réveil de gros nuages gris tellement gris que lorsque je me suis réveillé j’ai cru qu’il était 6h, à tel point c'était menaçant. On a eu un peu de montées ce matin, ce qui nous a permis de voir Pampelune dans sa totalité et c’était magnifique. Il y avait d’autres petits villages qu’on pouvait admirer et on voyait aussi de belles collines etc…

Le soir dortoir, mais dortoir low cost ; les lits font un bruit monstre à chaque mouvement qui déclenche un brouhaha pas possible. Cette nuit va être compliquée. En plus de ça, ce soir, un petit mal de ventre qui me met dans le rouge. J’espère que ça passera.


Nicolas : Départ aujourd'hui après notre jour de repos pluvieux à Pampelune.

En début de journée le ciel était noir et très menaçant. Mais, une fois encore, nous sommes passés entre les gouttes. Ce jour de repos nous a permis de laisser passer la dépression et peut-être d'être tranquilles dans les jours à venir car le reste de la journée a été une très belle journée.

Nous sommes arrivés à Puente de la Reina, dans une auberge municipale à 7 €. L'auberge est pleine. Nous sommes une centaine, répartis dans plusieurs dortoirs. Les lits ne sont pas d'une incroyable qualité, mais notre exigence doit baisser vu le petit prix de la nuit.

Ce soir, nous avons opté pour un repas froid étant donné que la cuisine est toute petite et que les pèlerins sont très nombreux. Il devait y avoir foule dans la cuisine.


Mardi 4 avril : Estella


G : Aujourd’hui 23 km direction Estella. Cette nuit on a eu affaire à de gros ronfleurs. J’étais bien content d’avoir des boules Quies et même avec ça, je les entendait ronfler. Nicolas a eu froid cette nuit, car il n’y avait pas de couverture et qu’il faisait froid cette nuit. Il y a même eu de la condensation sur les fenêtres. Mon sac étant posé sur la fenêtre était trempé. C’était le meilleur réveil possible. Nous sommes allés chez Décathlon pour acheter des affaires et j’ai pris une casquette qui va rendre la marche beaucoup plus agréable. Ce soir, au menu, salade de pâtes, tomates, avocat, betterave, thon (je me suis trop goinfré de tortilla depuis quelques jours, je vais essayer de me calmer).


Nicolas : Que la nuit a été dure ! Un concerto en ronflements majeurs et une chute de la température extérieure ont considérablement perturbé notre nuit. Et comme à l'accoutumée dans les grandes auberges municipales, dès 6h, c'est le branle-bas de combat.

On est donc parti très tôt et arrivés très tôt à l'étape. Par chance, la météo était radieuse aujourd'hui. Je suis toujours autant désappointé par le nombre de pèlerins sur la route. Il y a comme un goût de fin de cycle sur Compostelle. À part au cœur de l'hiver, le chemin est victime de son succès. Il y a, à mes yeux, trop de monde. Depuis deux soirs, nous sommes avec un groupe qui prend le chemin en mode fiesta ! Pourquoi pas, ils en ont tout à fait le droit, mais je préfère la manière plus introspective, plus austère, plus authentique. Je dois être un vieux con réac. Petit coup de blues ce soir.


Mercredi 5 avril : Los Arcos


G : Bonjour. Aujourd’hui 21 km, direction Los Arcos. Vu qu'on était dans une chambre de 2, on a bien dormi. Ce matin, j’ai été pris de court par le major d’homme de l’auberge (j'étais en train de me faire à manger). (Sujet improbable ; à délivrer plus tard).

Encore une fois, grand ciel bleu. Hier on est allés acheter un tee-shirt sans manche super souple avec plein de petits trous pour la respiration et quand je l’ai mis, c'était une délivrance totale de la chaleur. Je sentais le vent et c’était comme si j’étais torse nu. C’est vraiment très agréable. J’espère juste ne pas prendre de coups de soleil. Demain, petite étape de 18 bornes, direction Viana.


Nicolas :


Jeudi 6 avril : Viana


G : Bonjour, Aujourd’hui 8 petits kilomètres pour aller à Viana. Ce matin encore un grand ciel bleu, ce qui annonce une belle journée ensoleillée. Nous sommes arrivés très tôt, à 12h30 à peu près. Ce matin Nicolas s’est félé une dent (une molaire, je crois) en mangeant des mueslis (céréales). On essaye de trouver un dentiste ouvert, mais en pleine semaine sainte, ce n'est pas facile. On prie pour que ça ne soit pas trop grave.

Hier, je vous ai fait languir de mon histoire de petit déjeuner et maintenant c’est le moment où je dois vous dire l’intégralité de ce moment improbable avec ce “major d’homme”. Levé à 9h, petite douche pour me réveiller tranquillement, ensuite, je suis descendu pour préparer mon petit déjeuner. Tout allait bien quand soudain j’ai vu un homme de 2m de haut minimum, super costaud avec une…. attendez j’ai oublié, ah oui, c’était une petite peluche avec écrit “love me”. Quand j’ai vu ça, je me suis demandé si je devais avoir peur ou partir en fou rire. C’était incompréhensible et là, j’ai rêvé sa masse de muscles et il a commencé à me parler en espagnol avec une voix grave et j’ai paniqué. Du coup, j’ai littéralement gobé mon petit déjeuner pour finalement dire à Nicolas qu’il fallait qu’on parte et vite. Nicolas abasourdi n’a pas compris pourquoi j’étais dans cet état.

Tout ça pour vous dire que cette histoire improbable était littéralement le fruit de mon imagination. Le major d’homme ne faisait pas du tout 2m et il n’y avait pas de peluche ou même de major d’homme. J’espère que cette histoire vous a plu. C’est une première pour moi. Sur ce “Buenas dias”.


Nicolas : Aujourd'hui, je ne vois que mon problème de dent à partager. C'est plus rigolo de partager les galères que le beau ciel bleu et les papillons qui virevoltent devant nous sur le chemin.

Donc ce matin, en mangeant un quelconque bol de céréales dans un peu de lait, j'ai entendu un "crack". Après une rapide inspection, j'ai rapidement constaté qu'une partie conséquente d'une de mes prémolaires était sur le point de tomber ! Évidemment, cela arrive en pleine semaine sainte qui en Espagne est un moment très important de l'année. Beaucoup profitent de cette semaine pour prendre des vacances. Nous avons donc décidé avec l'équipe que nous prendrions le bus demain matin pour nous emmener à Logrono, à 9 km d'où nous sommes. Si les urgences espagnoles sont dans le même état que les urgences françaises, on doit s'attendre à de nombreuses heures d'attente. Mais aujourd'hui, c'est la priorité car une petite dent fêlée peut se transformer en grosse embrouille


Vendredi 7 avril : Navarrete


G : Bonjour, aujourd’hui 21 petits kilomètres. Direction Navarrete. Hier, j’ai discuté avec une coréenne et son fils de 8 ans. Ils font les mêmes étapes que nous. Ils sont vraiment très courageux. Vu que j’ai de grosses lacunes en coréen et en anglais, nous avons discuté avec Google translate, la traduction. C’est vraiment pas très exact, mais bon on essaye de comprendre au max. J’ai beaucoup aimé cet échange et j’ai appris plein de choses sur mon pays. J’ai aussi discuté avec un français qui faisait partie de l’association de Saint Jacques, et avec une québécoise avec un accent incroyable que j’adore. Ce midi, on a assisté à une procession. C’était fascinant et assez intéressant. Ce soir, j’ai retrouvé mes compatriotes asiatiques. On a bien rigolé et j’ai appris à Nicolas comment dire bonjour en coréen. J’ai hâte de le voir à l'œuvre.


Nicolas Départ sous un ciel bleu et une température douce annonçant le temps estival auquel nous avons eu droit aujourd'hui.

Après deux heures de marche, nous sommes arrivés à Logrono. Nous avons fait une grosse pause pour pouvoir voir la procession du vendredi saint, typique de l'Espagne. Ce soir, nous sommes à Navarrete, très joli petit village.

En ce qui concerne ma dent cassée, j'ai obtenu une ordonnance pour des anti douleurs et des antibiotiques. Il ne me reste plus qu'à prendre rdv avec un dentiste à Burgos. Je vais devoir patienter et attendre lundi ou mardi que les vacances de la semaine sainte soient terminées. En attendant, je mange en faisant bien gaffe. La moindre erreur de concentration se paye cash par un uppercut pleine mâchoire avec un bon gros gant de boxe qui serait entouré de fils barbelés !! Rien que ça


Samedi 8 avril : Najera


G : Bonjour. Aujourd’hui 16 petits kilomètres. Grosse chaleur. Encore de nouvelles ampoules toujours mieux placées, sinon c’est trop facile. Maintenant quand je n’ai pas d’ampoule pendant 2-3 jours, je me dis qu’il y a un problème. Nous sommes dans une petite ville avec pas mal de vie et d’activités dont une petite fête foraine qui est juste à côté de notre auberge et comme vous le savez, les fêtes foraines sont toujours bruyantes. J’espère que les boules Quies vont me sauver une nouvelle fois. Demain, 21 kilomètres pour Santo Domingo où aura lieu une messe pour Pâques. On espère arriver à temps et ne rien rater. Avec une fête à 50 m, on s’est laissé tenté et on a fait du tir à la carabine et à deux on a gagné un bracelet (c’est pas un diamant, mais gagner un truc c’est déjà énorme). Après j’ai proposé à Nicolas une petite machine de boxe. Nicolas s’est super bien débrouillé avec un score de 941 ! alors qu’il n’avait jamais essayé auparavant. C’est fort.


Nicolas : Une autre journée estivale de 25 km. Je ne rentrerai pas dans les détails mais nous avons eu une petite journée difficile relationnellement parlant. Mais nous avons réussi à faire face et à communiquer pour renouer le dialogue. Ce n'est pas tous les jours facile Compostelle. Au moment d'écrire ces mots, tout va bien. Nous sommes allés à la fête foraine à côté de l'auberge. Nous avons tiré à la carabine à plomb et on a gagné... un bracelet.

Nous sommes dans une auberge avec environ 45 pèlerins. Demain réveil 6h, départ 7h. Et ça sera l'heure pour une nouvelle journée, une nouvelle aventure.


Dimanche 9 avril : Santo Domingo


G : Bonjour. Aujourd’hui c’est Pâques. Donc Joyeuses Pâques. Ce matin, première demi journée en autonomie. Nuit compliquée avec la fête foraine et la chaleur. On s’est donc réveillé à 6h pour partir à 6h45 en pleine nuit. Nicolas a marché avec moi seulement au début car il faisait nuit pour que je ne me perde pas en 5 mn. Ce serait dommage. Ce matin, j’ai un peu tracé et j’ai fait une bonne pause en espérant croiser certaines personnes et au final rien du tout. On s’était donné rendez-vous dans un bar et à peine je m’étais assis que j’ai aperçu Nicolas au loin. Il a bien tracé aussi. Nous sommes arrivés pile poil à l’heure pour le début de la procession et après petite messe pascale. Après ça, repos, car nous sommes arrivés à 11h40. Ce soir, empanadas. Je vous dirai si c’est bon dans le prochain blog.


Nicolas : Encore une magnifique journée ensoleillée. Nous avons eu un magnifique temps tout au long de cette semaine sainte et au moment d'écrire ces lignes le ciel se couvre. Le retour de la pluie ?

Ce matin, nous avons organisé une marche en semi autonomie pour G. Nous sommes partis de très bonne heure, le jour n'était pas encore levé. Quand le soleil a commencé à prendre le dessus j'ai laissé G partir devant et j'ai attendu tranquillement en admirant le lever du soleil.

Quelques heures plus tard, nous nous sommes retrouvés à la terrasse d'un café où il m'attendait avec un café au lait que des pèlerins lui ont gentiment offert.

Nous avons dévoré cette étape dans un dynamisme et une joie partagée en voyant au loin la ville qui nous attendait. Nous avons pu assister à la procession du dimanche de Pâques, très chouette moment.

Ce soir nous partageons une petite chambre de 4 lits avec deux français rencontrés avant hier, Guillaume et Charlotte. Après la nuit d'hier dans cette immense auberge, nous nous offrons des chances de passer une agréable nuit reposante.


Lundi 10 avril : Belorado


G : Bonjour. Aujourd’hui 23 km. Direction Belorado. Journée en autonomie. Cette fois, on a inversé. On est parti ensemble et j’ai fini tout seul jusqu’à Belorado. Je suis arrivé assez tôt vers 12h40. J’ai eu un très bon accueil, petit jus d’orange offert à l’arrivée. C’était cool. J’ai tranquillement pris une douche, après petit empanadas au thon, petit moment de lessive et après j’ai dévoré un nouveau livre 1984. Je suis à 200 pages et j’adore ! Une heure après mon arrivée, Nicolas est arrivé. Tout s’est bien passé pour lui aussi. Ce soir, pas de cuisine, on s’est fait des petits sandwiches. Je suis parti sur jambon, piment. C'était très bon et Nicolas humous et moules si je ne dis pas de bêtise


Nicolas : "Buenas dias!" À 7h ce matin une dame est entrée dans notre chambre pour faire claquer ce vigoureux “bonjour”. Une première depuis le départ.

Après environ une heure de marche j'ai eu envie de proposer à G de faire la fin de l'étape seul et surtout de se débrouiller à l'arrivée à l'auberge du jour. Malgré le côté impromptu de la proposition, il a accepté d'emblée. On s'est donc installé autour d'un café con leche et on a organisé l'étape en quelques minutes.

Ça fait bizarre de marcher tout seul, mais pour un solitaire comme moi , c'est agréable.

La journée du reste était très agréable si ce n'est le dernier tiers du parcours le long d'une grosse nationale.

Ce soir, au moment de faire les courses au village, on a croisé un pèlerin avec une ampoule grosse comme un œuf de caille sur le talon. G était tout autant impressionné que la jeune pharmacienne...

Demain, on part de bonne heure car les auberges de l'étape de demain ne prennent pas les réservations. On va ainsi se donner une bonne chance de ne pas être obligé de prolonger l'étape pour trouver une auberge avec des lits disponibles.


Mardi 11 avril : San Juan de Ortega


G : Bonjour, aujourd’hui 25 bornes. Direction San Juan de Ortega. Ce matin, on s’est levé tôt pour être sûrs de dormir à San Juan de Ortega. Toujours pas de pluie. On sent qu'une grosse pluie va bientôt arriver. En arrivant dans un petit village, on a recroisé les deux coréens avec qui on avait discuté quelques jours auparavant. J’ai fait une bonne partie de la marche avec eux et son fils de 8 ans m’a beaucoup fait rire en courant partout toutes les 2 secondes. Nous sommes arrivés tôt encore une fois vers 13h30 je crois. Ce soir, on dort juste au-dessus d’un petit bar-restaurant et ce soir on va peut-être se laisser tenter par un petit resto vu qu’on mange du pain - jambon - sardines depuis le début et qu’on paie pas très cher l’auberge.

Demain, Burgos et jour de repos. On verra bien ce qu’on fera d’intéressant sur place. Au final, on s’est laissé tenter par pas mal de choses, tortilla chorizo, oeufs au plat frites etc… On s’est fait plaisir et moi qui fais attention au gras depuis le début de la marche, je peux vous garantir que du gras une fois de temps en temps c’est vraiment plaisant et mes papilles gustatives sont en pleine émulsion de goût et c’est très gratifiant. Maintenant je vais devoir éliminer tout ça, ce qui veut dire double ration de sport pendant 3-4 jours pour éliminer tout ça. Et quoi de mieux qu’une petite chasse à la mouche avec Nicolas. On en a éliminé 5-6 mais il en reste tout autant. Demain Burgos !


Nicolas :Pas grand-chose à dire aujourd'hui on a quelques banalités du genre, belle journée ensoleillée, bonne marche, belle étape.

Je pourrais rajouter que j'ai trouvé un dentiste qui veut bien s'occuper de ma dent, jeudi à Burgos. J'ai téléphoné à ma dentiste qui elle ne peut me prendre que fin juin, début juillet... J'ai mal à ma France...

Hier, avec G, nous avons observé une famille jouer au ballon sur la place de Belorado quand soudain leur ballon est allé sur le balcon d’un appartement fermé. On les a vu galérer quelques minutes puis abandonner. J'ai vu G trépigner sur sa chaise. Je lui ai donc dit :"viens on va regarder ce qu'on peut faire". Au final, il est monté sur une chaise, puis a posé ses pieds sur mes épaules et a réussi à monter sur le muret pour enfin atteindre le ballon, le Graal et le libérer. Les enfants étaient bien contents et nous aussi. Ça allège toujours l'esprit de faire sa B A du jour.

Ce soir, on est dans un tout petit village au milieu de nulle part. On dort avec deux pèlerins d'un certain âge. On espère qu'ils vont bien se reposer et pas trop ronfler...


Mercredi 12 avril : Burgos


G : Bonjour. Aujourd’hui 27 bornes to Burgos. Ce matin, on se réveille tranquille vers 7/7h30. On a bien dormi. Ce matin, le patron du bar avait quelques clients et les commandes étaient assez simples (pain grillé, jus d’orange et mini portion de confiture) ce qui veut dire qu’il devait vraiment ne pas être dans son assiette. Du coup, Nicolas, impatient d’avoir son café (car on attendait depuis 15 mn) l’a gentiment aidé en service. Il s’est mis en mode serveur et a fait gagner beaucoup de temps au patron. Les pèlerins ont d’ailleurs apprécié son service. Après ce petit déjeuner bien rythmé, nous sommes partis sur le chemin de Burgos. Aujourd’hui, pas de ciel bleu, pas de grand soleil, mais plutôt de gros nuages gris et cette fois-ci on l’a eu… la fameuse pluie qui on sait n’était pas aussi longue que ce qu’on pensait alors on s’en sort encore bien. Par contre, toute la journée, dès le matin, gros vent gelé qui nous rappelle l’Aubrac. C’était pas un bon souvenir et ça change du 30°c.

Arrivés à Burgos, Nicolas s’est rasé la barbe et les cheveux. Il s’est fait une petite beauté. Après ça, on avait faim et très froid. On avait les doigts glacés. J’avais du mal à les bouger. Nous sommes donc allés se faire un petit kébab à seulement 4 € et pour la portion qu’on a eue, c’était très correct. En mangeant, Nicolas a perdu le bout de sa dent qui lui faisait mal, petite douleur sur le moment mais soulagement après. Après on s’est dirigé vers l’auberge et c’est pas mal sauf qu’on va devoir partir tôt car on est en dortoir et vu que c’est repos demain, c’est pas cool, mais bon, pas le choix. Avec Nicolas on avait un petit creux, on s’est donc acheté des empanadas traditionnels et haut de gamme, boeuf pimenté et pomme cannelle pour ma part et Nicolas, j’ai zappé. C’était vraiment délicieux. Merci beaucoup Nicolas. (c'est Seuil bien évidemment). Ensuite, petite balade dans la ville. On est aussi allé à la poste de Burgos pour un colis que je devais récupérer et là, le drame s'est commis. Pas de colis ou pas encore reçu. Grosse incompréhension avec la guichetière de la banque (30 mn de recherches acharnées), vu un résultat non encourageant. On réessayera demain.

Ce soir, on a mangé dans un petit resto street food Asiat et j’ai vu des “topok” j’ai oublié comme ça s’écrit faut pas m’en vouloir. Nicolas m’a suivi et au final très déçu sur la quantité, surtout pour le prix auquel ça nous a coûté. A part ça, c’était très bon. J’ai vraiment aimé. Vu qu’on avait encore faim, je me suis refait un kébab. (moi qui comptais éliminer la graisse d’hier, je l’accumule). retombe dans le gras, c’est vraiment grave !

Magnifique et énorme cathédrale, j’étais impressionné.


Jeudi 13 avril : Burgos


G : Bonjour, aujourd’hui repos, le matin départ 8h pour 12h d’ennui. Je rigole bien évidemment. Ce matin, petit déjeuner dans une belle petite boulangerie, petit sandwich chorizo. Nous sommes retournés à la poste, mais sans résultat, les colis colissimo ne viennent pas en Espagne apparemment, du coup deux gros colis perdus. J’espère au moins que ça servira à quelqu’un dans le besoin. Après petite balade jusqu’au Décathlon pour un tapis de sport et une sorte de duvet pour Nicolas qui a eu un peu froid cette nuit. Aujourd’hui, j’ai fini 1984. J’ai vraiment adoré ce livre, juste la fin que je trouve un peu “bâclé” mais à part ça, ce livre est vraiment intéressant et il m’a fait beaucoup réfléchir avec le monde d'aujourd'hui, on a aussi réussi à trouver un nouveau livre en librairie de Nora Roberts “L'Élue”, “Abîmes” et “Ténèbres”. Un peu déçu car je commence la trilogie par le dernier livre (le 3), ce qui va peut-être me faire galérer à comprendre au début. A part ça, ce soir, j'ai découvert un nouveau mets délicieux, La morcilla que j’ai fait en mode kébab, mais kébab fit, car je me remets en mode sport. Du coup, on avait un gros pain rond, ce qui m’a un peu aidé pour l’idée du kébab je l'avoue. Ensuite, j’y ai ajouté deux piments bien piquants cette fois-ci, avec tomate, salade et un peu de poulet rôti, j’ai tout bien mélangé, tout fourré dans le pain et après je me suis régalé. Merci Burgos pour votre spécialité réussie et aussi pas chère.

Vendredi 14 avril :

G : Bonjour, aujourd’hui petite étape de 20 bornes. Je suis parti en autonomie ce matin et on s’est retrouvé à la moitié avec Nicolas. Rien de spécial à signaler aujourd’hui. Je suis arrivé tôt, 12h30. J’ai donc fait une petite sieste car je n’avais pas eu une très bonne nuit hier. Il y a quelques jours, Anthony, de l’équipe Seuil, m’a lancé un défi physique, un gainage et à la corde à sauter et bien évidemment en tant que compétiteur, j’ai relevé son défi et il me reste un mois pour m’entraîner et ce soir je suis à 7mn30 en gainage. “Tu vas devoir t’entraîner dur” (Anthony) car je suis bien motivé pour gagner. Ce soir, l’hospitalier proposait une paëlla et vu qu’il n’y avait pas de cuisine, on s’est laissé tenter, grosse tablée bien bruyante et une énorme casserole de paella. J’ai bien mangé, c’était sympa. Ce soir, dortoir avec des petits vieux bien bruyants. La nuit s’annonce compliquée.


Nicolas :

Première étape dans ce que l'on appelle la "meseta". C'est un plateau à environ 800 m d'altitude entre Burgos et Leon. Un chemin de terre qui s'étend jusqu'à l'horizon pendant plusieurs jours, est sa caractéristique principale. Les paysages sont splendides. On marche au milieu de nulle part.

Ce matin G est parti seul devant. Nous nous sommes donnés rendez-vous à mi-chemin et il a repris le chemin seul jusqu'à l'auberge.

Aujourd'hui encore nous sommes passés entre les gouttes. C'est peut-être un détail pour vous mais pour nous ça veut dire beaucoup.


Samedi 15 avril : Castrojeriz (20 km)

G : Bonjour, aujourd’hui 20 petits kilomètres direction Castrojeriz. Ce matin c'est le grand jour, ma première étape en complète autonomie. Ce matin, gros brouillard qui s’est finalement rapidement dissipé. J’avais parlé à une japonaise hier et pendant cette journée de marche je l’ai recroisée et on est resté ensemble jusqu’à Castrojeriz. (elle a poussé 13 km plus loin). On a parlé en anglais et je pense que l’on s’est assez bien compris, car nous n’avons pas eu besoin de Google Translate. Même si souvent, je n’arrivais pas à m’exprimer clairement. Ce soir encore, j’ai dépassé mes limites, 8mn 20 en gainage, dans quelques jours j’espère atteindre les 10 mn. En fait, je n’espère pas vu que je suis très motivé alors je vais les atteindre. Ce soir, salade, maïs, tomates, poivron et thon avec un bout de pain. Je n'ai pas cédé à la tentation d’une morcilla.


Nicolas : Deuxième étape dans la meseta. Nous sommes partis dans un brouillard à ne rien y voir à 300 m. Et plus tard le ciel s'est dégagé nous offrant ainsi une magnifique journée ensoleillée.

Aujourd'hui, c'était la première étape, petite, en autonomie de A à Z pour G. Tout s'est très bien passé pour lui comme pour moi. Il a marché avec une japonaise une bonne partie de la journée. Il semble apprécier ces journées en autonomie.

Ce soir, nous avons réservé une chambre privée. Après plusieurs nuits passées en dortoir, nous sommes à peu près sûr de bien dormir ce soir.


Dimanche 16 avril : Fromista (23 km)


G : Bonjour. Aujourd’hui 23 bornes. Ce matin on s’est réveillé tranquillement, car nous étions dans une chambre de deux. On a bien dormi.

Ce matin, beau temps, quelques petits nuages mais rien d’effrayant. En fin de journée de marche, la chaleur s’est fait sentir. Très belle vue dans la meseta. Mon sac m’a mis une claque pendant cette journée bien chaude, avec mes 4 livres, mes céréales, plus des petites choses inutiles Ce soir, je vais faire un tri. Enfin, je vais essayer.

Ce soir, j’ai rencontré un italien, Pietro, très gentil, même trop. Il a un problème aux adducteurs, une hernie, je crois. Il va du coup aller à Burgos pour se faire soigner. Avec un sac de 17 kg, ça ne doit pas être facile pour lui, surtout avec son gabarit; J’espère qu’il ira mieux et qu’il pourra reprendre sa marche et profiter du chemin.

Ce soir encore je me suis dépassé, 9 mn en gainage, mes muscles étaient en transe, tétanisé des jambes, j’étais plus que fier de ma performance.

Nous sommes à Fromista et c’est une petite ville avec pas mal de vie, une sorte de fête et plein de jeux avec des jeunes et des adultes. Très bruyant, mais divertissant pour certains.

Nicolas : Troisième étape dans la meseta. Et devinez quoi ? On a eu un super beau temps. A ce jour, on a eu que deux fois les pieds trempés depuis le 20 février ! Pour l'instant, on marche sur l'eau ! Mais on sait que l'on peut se faire une série de 5 jours de pluie dès demain, alors on profite de cette série en cours.

Ce soir, il y a un concert dans le village. On va aller se balader.

Saint Jacques dans... semaines. Avec G on hallucine. Ça passe à une vitesse folle cette marche. Bon signe.


Lundi 17 avril : Carrion de los Condes

G : Bonjour, aujourd’hui seulement 19 bornes, direction Carrion de Los Condes. Cette nuit il s'est passé pas mal de choses, trop même. Nuit très agitée pour Nicolas et pour l’auberge aussi. Je ne sais pas trop comment m'expliquer avec des bons mots, alors je vous dis, sans me prendre la tête, désolé, mais on est fatigué. Du coup, cette nuit vers 00h00 à peu près, une femme “bourrée” et peut-être droguée, on n’en sait pas plus, ensuite, elle était à la réception sur le fauteuil de la patronne, elle fumait et buvait et en même temps insultait la patronne. Une pèlerine qui marche avec ses enfants était en panique car elle avait peur pour ses enfants. Nicolas qui a été réveillé par le bruit est parti aux toilettes et la pèlerine lui a demandé de l’aide, enfin elle a dit qu’il se passait un truc en bas et du coup Nicolas est allé voir et a tout de suite compris la situation.

L’hospitalière fatiguée a dit à la femme “bourrée” de partir. Le femme ne voulant pas coopérer s’est ensuite jetée sur l’hospitalière et l’a rouée de coups. Nicolas est intervenu tout de suite pour la retenir. La femme plus qu’énervée s’est déchainée, a insulté Nicolas, frappé, craché à la figure et a fait un live avec 2500 personnes qui étaient connectées. Elle s’est dénudée et a essayé de se frotter à Nicolas etc… ça a duré 3h grosses heures et Nicolas très sérieux est resté droit et nous a tous évité des problèmes et sans doute des blessures ou même pire car à un moment la femme a commencé à tout détruire, à casser des pots en porcelaine etc…

Grand merci à Nicolas et respect car il était seul à essayer de la contrôler. A un moment, elle est entrée dans le dortoir où elle a frappé Nicolas et on a tous été témoins de ça. Quand j’ai vu ça, j’avais vraiment envie d’agir, mais depuis que je marche, j’essaye de réfléchir avant d’agir et je pense avoir fait le bon choix. Nicolas a très bien géré la situation, vu l’intensité de la chose. Encore désolé si c'est mal expliqué.

Ce soir avec Nicolas et à midi aussi, on mange healthy (fit) car il a décidé qu’il allait se remettre au sport pour la condition physique. Et il est très motivé ! Voilà de bonnes nouvelles (il en faut bien après une telle journée). On a arrêté la femme et maintenant on se met en mode sport à fond, c’est vraiment beau ! Nicolas m’a donné envie d’arrêter de fumer et moi l’envie du sport.


Mardi 18 avril : Los Templarios (28 km)

G : Bonjour, aujourd’hui 26 km, en autonomie complète. Le matin, grasse matinée, levé à 9h, on a pris notre temps c’était cool. Ça change des dortoirs où il faut partir à 8h et où l’on doit s’organiser pour ne pas se marcher dessus avec les autres pèlerins. Aujourd’hui encore une très belle journée ensoleillée. Rien de spécial à signaler. Le soir à l’auberge, on était en mode hôtel restaurant, on est resté sur du fit (salade, poisson, pâtes) alors qu’il y avait de la viande, pas ça qui nous fera craquer. Demain à peu près 25 bornes.

Nicolas : Journée en autonomie pour G. Très belle journée. Même si la longue route plate et en bordure de nationale n'est pas ce que préfère le pèlerin.

Comme vous l'a raconté G la nuit d'avant hier, à Fromista, a été incroyable et très courte. Je m'en remets à peine. J'ai « plus 20 ans » et la dose de stress a été importante. La vie est pleine de surprises.

Bref, ce soir nous dormons de nouveau dans une chambre de deux, tranquille. Nous avons eu droit ce soir à un menu complet pour les pèlerins. Une petite ambiance resto très agréable.


Mercredi 19 avril : Calzadilla de Los Hermanillos

G : Bonjour, aujourd’hui 26 bornes en direction de Calzadilla de Los Hermanillos . Grosse discussion sport ce matin avec Nicolas et on s’est informé rapidement. Tout le sport que je fais depuis le début n’a pas servi à grand-chose, ce qui m’a mis un petit coup au moral car je ne prenais pas de repos, ce qui ne laisse pas à mes muscles le temps de se former. En plus de ça, mon apport en protéine est plus faible, je mangeais peu et très peu gras et protéiné (voir pas du tout). Je pensais que les protéines étaient une sorte de gras. Ajoutez à ça mon programme pas assez complet et le manque de repos, deux mois de sport intensif pour rien ! Déçu, mais très motivé pour tout recommencer et cette fois en ne faisant pas les mêmes erreurs. Et à partir d’aujourd’hui, je vais recommencer à manger normalement, sans me préoccuper du gras ! Merci encore à Nicolas qui m’a ouvert les yeux, sans ça, je me serais tué à faire tous les soirs une heure de sport et à manger comme un végétarien pendant encore un mois ! Journée ensoleillée et très chaude. Nicolas n’était pas dans son assiette, dû au stress de la nuit agitée de dimanche. On espère que ça ira mieux pour lui. On a eu du mal sur l’étape du jour avec la chaleur et la fatigue de Nicolas . Demain 25 bornes direction Mansilla.

Nicolas : Aujourd'hui a été ma plus difficile journée depuis le départ. A mon réveil je devais être à 75 % de mes capacités et à l'arrivée à 50 %. Je pense que c'est les contrecoups de la dose de stress et d'adrénaline de la nuit de Fromista. Ça a fait du bruit dans le village.

Bref, comme disent les Espagnols: à dormir.


Jeudi 20 avril : Mansilla (23 km)


G : Bonjour, aujourd’hui 23 bornes, direction Mansilla (le plan de marche n’est pas très précis depuis quelques jours). Soleil encore une fois, je deviens de plus en plus mâte, je brûle toute la journée au soleil, c’est vraiment pas très agréable. Nicolas va mieux après une bonne grosse nuit de sommeil. J’ai dû bien dormir aussi car apparemment j’ai ronflé. Ce soir, nouvelle séance de sport que je vais adapter pendant les jours qui arrivent pour avoir quelque chose de complet. Aujourd’hui depuis au moins trois semaines/un mois, j’ai re-mangé à ma faim et ça fait un bien fou. Je me sens revivre. Demain, Léon, ça passe trop vite. J’ai appelé mes parents plus longtemps que d’habitude et ça m’a fait plaisir de leur parler et eux aussi. Je prie aussi pour trouver un nouveau livre à dévorer car celui que je lis est bientôt fini.


Vendredi 21 avril : Léon (19 km)


G : Bonjour, aujourd’hui direction Léon. Journée ensoleillée avec quelques petits nuages mais rien de bien méchant. Le matin, on s’est posé dans un bar et j’ai pris une tortilla en mode sandwich, bocadillos et j’étais étonné du prix, surtout que c'était une bonne portion. 1 € seulement et en plus de ça, elle était faite sous nos yeux. J’ai adoré. La journée est passée très rapidement et arrivé à Léon, c’était très joli, une belle et grande cathédrale. Nous sommes arrivés dans l’auberge et c'était énorme, avec un grand réfectoire et surtout une grande salle à manger en mode restaurant. Arrivés dans la chambre, ça nous a fait tout bizarre de passer d’une belle chambre double à un dortoir low cost avec des lits qui tremblent à chaque petit mouvement, ça va être une nuit compliquée.

En fin d’après-midi, on est allé au Décathlon et j’ai acheté de la whey protéine en poudre. Je suis encore plus motivé. Ma séance de sport intensive a été dure, beaucoup plus que mes séances d’avant. J’étais essoufflé et je transpirais de partout. J’ai vraiment ressenti la différence. Après je suis allé faire à manger et j’ai pris mon premier shaker de protéines et dans le frigo communautaire, il restait du lait et avec du lait c’est bien meilleur. J’ai adoré le goût vanille. Au menu de ce soir, pâtes/oignons sauce tomate et steak de porc, je crois, les steaks n’étaient pas très bons, mais j’ai bien mangé. quand même. Demain, 21 km.


Nicolas : Journée tranquille, comme un repos. Nous sommes arrivés de très bonne heure à Leon. Nous avions quelques petites bricoles à y faire comme aller à Decathlon pour acheter un couteau perdu la veille et une paire de chaussettes, retourner à la poste restante en sachant qu'il y aurait de forte chance que l'on ne puisse pas récupérer le colis envoyé par les parents de G, ce qui s'est effectivement passé et enfin, trouver un cinquième livre pour G sans compter la petite balade habituelle quand nous arrivons dans une grande ville pour la découvrir.


Samedi 22 avril : Villar de Mazarife (20 km)


G : Bonjour aujourd’hui 21 km direction Villar de Mazarife. Ce matin, enfin plutôt cette nuit, a été compliquée. J’avais un gros ronfleur juste en dessous de moi et en plus de ça, chaque fois qu'il toussait, ça provoquait une onde de choc qui faisait trembler le lit superposé, c’était une nuit compliquée.

Journée en autonomie aujourd’hui, Nicolas m’a aidé à sortir de la ville et heureusement car j'étais un peu perdu ce matin. Quand j’étais seul, il y avait une bifurcation (variante) et c’était pas très clair au début, j’ai tourné un peu en rond et j’ai finalement demandé de l’aide à une pèlerine qui prenait le même chemin que moi. La journée est passée assez vite encore, 20 bornes c’est pas beaucoup. Température un peu plus tumultueuse, agitée, pas mal de vent et bien frais. Ça change du soleil et de la chaleur qui tapent toute la journée. Ce soir, mini pluie fine; Est-ce qu’on va avoir droit à un changement climatique ? A savoir. Ce soir, encore séance de sport mais j’y ai mis quelques petits changements qui m’ont bien fatigué. Mais j’adore le challenge, alors je prends. Ce soir pas de supermarché, on est en mode resto et j’espère être calé.


Nicolas: Au réveil, le temps a quelque peu changé. On sent que la pluie est pour bientôt. Nous avons quitté la ville ensemble ce matin pour ensuite nous séparer lorsque la campagne montrait le bout de son nez. Il y avait une variante à suivre qui n'était pas facile à trouver et j'étais très satisfait de trouver G dans son lit à l'auberge quand je suis arrivé une heure après lui, comme convenu. Il n'y a rien d'ouvert dans le village. Nous allons donc ce soir encore nous offrir le menu du pèlerin proposé par le restaurant de l'auberge. Au moment d'écrire ces lignes, les premières gouttes tombent du ciel après 15 jours de très beau temps. On verra à quelle sauce nous serons mangés demain.


Dimanche 23 avril : Hospital de Orbigo (14 km)


G : Bonjour, Aujourd’hui seulement 14 bornes direction Hospital de Orbigo. Ce matin, nous avons décidé d’attendre jusqu’à 13h30 pour aller à la messe qui avait lieu dans le petit village Ce midi gros sandwich aux sardines et en mangeant on a regardé un reportage sur la Corée du Sud Et c’était très émouvant pour moi. J’ai vraiment adoré et beaucoup appris, même si je n’ai pas tout retenu. Ce soir, arrivé à l’auberge, c’était vraiment joli et avec un style vieillot mais moderne en même temps. Ce soir, une chambre double. On dirait qu'on devrait bien dormir. En enlevant les affaires de mon sac, j'ai fait renverser une bonne partie de mes protéines en poudre, j’en avais de partout, sur toutes mes affaires et dans mon sac, même après un nettoyage rapide, j’ai encore un peu de poudre dans mon sac, ce qui va sûrement attirer des bêtes. Voyant toutes ces protéines gâchées, ça m'a mis une bonne claque. Mais bon on n’y peut rien. Ce soir, au menu pâtes avec une sauce composée de poivrons oignons sauce tomate, tomates, boudin noir, un petit bout de lard et du chorizo. C’était vraiment délicieux. On a tout englouti. A refaire. Demain, encore petite étape de 15 bornes.


Nicolas : Étant donné la petite étape du jour et étant donné la pluie du matin, nous avons décidé de changer nos habitudes et de marcher dans l'après-midi. Nous avons donc participé à la messe dominicale de 13h30 et pris la route juste après. Nous avons marché sous de lourds et grisonnants nuages et quelques averses. Ça faisait un bon moment. Vers 17h30 nous sommes arrivés à l'auberge de Los Hidalgos, très sympa. J'ai demandé à tout hasard s il lui restait une chambre de deux et c'est comme ça que j'écris ces mots de la plus charmante chambre de notre déjà long voyage. Chambre que G a "baptisée" de sa poudre de sportif dès notre arrivée. Je pense qu'il va vous en parler... Tout comme je pense qu'il va vous parler de notre repas du soir, un délice à base de pâtes.


Lundi 24 avril : Astorga (15km)


G : Bonjour. Aujourd’hui 15 bornes. Direction Astorga. Ce matin, réveil à 7h30. On a très bien dormi, les lits étaient super. Aujourd'hui autonomie. Ce matin, en marchant, j’ai recroisé une japonaise avec qui je m’étais un peu familiarisé. On a marché ensemble toute la journée, enfin vu le peu de kilomètres, c’était plutôt une demi-journée. A un moment, un peu avant Astorga, il y avait un festin, une énorme table avec plein de choses, des fruits, fraises, pastèque, ananas, bananes etc… de la viande, saucissons, chorizo, du pain, de la confiture, du jus d'orange qu’on pouvait se faire soi-même et plein d’autres boissons. C’était un endroit

de rêve et c’était en donativo. Vu que j’avais mangé une tortilla un peu avant, je n’ai pas mangé grand chose, en tous cas, c’était magnifique. Ce soir, sport ! j’ai augmenté mes séries, sauf les pompes. C’est ma grande difficulté et depuis que je fais du sport, j’ai toujours eu du mal avec les bras (aucune force). C’est comme des ballons qui ne gonflent jamais. Triste réalité, pas toujours facile à accepter. Demain 20 bornes, direction Rabanal del camino.


Nicolas : Ce matin, après un petit déjeuner au troquet du coin de la rue, G est parti en autonomie. L'étape était petite et avec une petite montée bienvenue, étant donné les profils montagneux des deux jours à venir. Mercredi, nous serons à 1500m d'altitude. C'est-à -dire plus haut que dans les Pyrénées.! Ça va nous faire drôle après ces jours et ces jours de plat que l'on a dans les jambes.

Ce soir, nous sommes en dortoir, donc les lits bougent et les voisins ronflent, donc la nuit s'annonce mouvementée et sonore. Les jours se suivent et se ressemblent, parfois. J'écris ces lignes, G fait son sport, discute en anglais avec des pèlerins, on lave notre linge à la main (aujourd'hui c'était une machine), bref, on fait notre petite marche vers Compostelle. Tout se passe très bien. G et moi nous entendons très bien. Il est facile à vivre et enthousiaste. L'heure du bilan final approche. A ce jour, il est très positif pour moi. Et ce soir j'ai envie de dire mon premier bravo à G. Tous les soirs, en arrivant à l'auberge, on se sert la main et on se félicite, mais ce bravo là, il est écrit noir sur blanc et il est partagé.


Mardi 25 avril : Rabanal del Camino (20 km)


G : Bonjour, aujourd’hui 20 bornes, direction Rabanal del Camino. Ce matin, réveil à 8h. On a bien dormi. Nicolas un peu moins car son genou a fait des siennes pendant la nuit. Ce matin, on s’est posé dans un café pour le petit déjeuner et il y avait deux coréennes qui ont appelé la police pour une histoire de sac perdu. Ne parlant pas espagnol, Nicolas a fait office de traducteur avec la police et les deux femmes. Après ça, je suis parti en semi autonomie. On s’est retrouvés le midi. J’ai discuté avec deux coréennes qui avaient un meilleur anglais que moi. Vraiment très gentilles et généreuses. L’une m’a offert un jus d’orange et l’autre un marque-pages magnifique (coréen bien évidemment). C’était super aimable de leur part. Je vais en prendre soin.

Hier, j’ai fini mon livre “L’élue” de Nora Roberts. J’ai adoré. Je vais lire la suite en rentrant chez moi. Je commence un nouveau livre de Carlos Ruiz Zafon “L’ombre du vent”. Grand classique espagnol traduit en français. J’aime beaucoup pour l’instinct. Je vous ferai un résumé quand il sera fini. Demain, 17 bornes seulement.


Nicolas. : Ce matin, après avoir fait quelques achats pour le repas du midi et après avoir dépassé la magnifique cathédrale d'Astorga, j'ai proposé à G de partir devant sans l'avoir prévenu la veille. Nous avons donc organisé l'étape en 2 minutes dans la rue et G est parti sans demander son reste. Je voulais voir comment il réagirait sans préparation.

Selon le profil de l'étape, on s'attendait à ce que ça monte toute la journée. Certes, oui ça montait mais légèrement. Du coup, le guide annonce des montées orange et rouge pour demain. On verra bien.

Aujourd'hui on a reçu des nouvelles d'un collègue qu'on a croisé dans les jours qui ont précédé Saint-Jean Pied de Port. Il a passé Santiago et file au Cap Finistère. C'est sympa d'avoir des nouvelles des copains, mais c'est aussi un peu frustrant. On a un peu l'impression de se traîner parfois en faisant des étapes à 16 km ou même à 20.

C'est la vie. On a notre plan de marche et on s'y tient.



Mercredi 26 avril : El Acebo (17 km)


G : Bonjour, aujourd’hui 17 bornes, direction El Acebo. Cette nuit était vraiment agréable. Nous avons bien dormi. Ce matin, je me suis fait un bon petit déjeuner, pâtes sauce bolognaise, oignons et tomates avec un petit supplément de parmesan, c’était bon et un déjeuner bien gratifiant. Il y avait une messe ce matin et je suis arrivé en retard car j’étais en train de manger. Il y avait un prêtre sud-coréen et au moment où je me suis avancé pour prendre l'hostie, il m’a parlé en coréen, ne parlant pas coréen, j’ai dit “no speak…” mais avant que je puisse finir ma phrase, il m’ a fait signe de partir. Après j’ai compris que ce qu’il m’avait dit en coréen était “es-tu chrétien ?” Après ça, j’ai pu avoir l’hostie. Petit malentendu, mais rien de mortel bien évidemment. Il faisait très chaud aujourd’hui et on a appris qu’en ce moment en Espagne, il faisait jusqu’à 45°. C’est la température pour la coagulation du blanc d’oeuf. Quand il fait 25/30°, j’ai l’impression de cuire, mais 45°, je vais littéralement fondre. On verra bien ce que ça donne. De toute façon, on n’y peut rien. Ce soir, auberge sympa et surtout énorme, plus de 150 places, je pense ! Le dîner de ce soir était vraiment bon, mais les quantités étaient semblables à un resto gastronomique ! Demain, encore une petite journée.


Nicolas : Quand nous avons peu de kilomètres à faire comme aujourd'hui, nous traînons pas mal le matin. On se retrouve tous les deux, G et moi, dans une auberge désertée des autres pèlerins. Belle petite étape de montagne avec des paysages à couper le souffle. Nous sommes montés jusqu'à 1500 m d'altitude. C'est sûrement parce que nous sommes affûtés comme des gazelles mais nous n'avons absolument rien senti. Pourtant c'est sûr on les a bien montés ces 1500 m. Le petit village du soir est magnifique et l'auberge impressionnante. Par contre, on a eu le sentiment d'être dans un village où le pèlerin est une vache que l'on trait. Les prix sont vraiment élevés . Bref, tout de suite en cours. Le téléphone de l'association a rendu l'âme. À voir si on en achète un autre pour que G puisse l'utiliser. Demain encore une toute petite étape et un jour de repos à suivre. Nous sommes comme des chevaux bloqués sur la ligne de départ attendant fiévreusement le coup de cravache du cavalier. Nous avons hâte d'être à Saint-Jacques.


Jeudi 27 avril : Ponferrada (16 km)


G : Bonjour, aujourd’hui 16 bornes, direction Ponferrada. Ce matin, réveil à 9h. Il faisait très chaud dans le dortoir, mais j’ai quand même assez bien dormi. Pour ce matin, le petit déjeuner était en buffet et j’ai bien mangé, du pain de mie, de la confiture, un yaourt et un peu de céréales. Grosse descente et paysages magnifiques. Arrivée à Ponferrada, c’était vraiment joli avec un château en très bon état.

J’ai découvert que j’avais de gros boutons d’araignée et avec de l’eau à l’intérieur, un peu comme les ampoules et en plus de ça, à des endroits importants, pieds et épaules.

Il fait très chaud, c’est vraiment désagréable. La nuit va être compliquée. Le livre que je lis actuellement me passionne, en trois jours, j’ai lu 500 pages. Demain repos.


Vendredi 28 avril : Ponferrada – Repos


G : Bonjour. Aujourd’hui repos. Ce matin on a dû changer d’auberge, ce qui veut dire pas de grasse mat. Il faisait très chaud cette nuit, c’était vraiment désagréable. Il fait de plus en plus chaud. Ce matin, mes boutons d’araignée étaient gorgés d’eau et assez douloureux. Quand j’ai pris mon petit déjeuner, le bouton que j’avais au tibia a éclaté et mon jogging a une trace dégueulasse.

On est ensuite allé à la pharmacie pour du désinfectant et des compresses. J’ai donc explosé mon autre bouton et c’était pas très agréable.

On s'est ensuite posé à une terrasse pour attendre que la librairie ouvre car j’ai déjà fini mon livre de 650 pages en trois jours. C’est mon record et j'ai adoré ce livre. Je vous ferai un résumé plus tard car je suis allé à la salle de musculation et j’y suis resté 4h et je suis bien fatigué. Cette nuit va être bien compliquée avec la chaleur et les lits superposés qui font un bruit monstre.


Samedi 29 avril : Villafranca del Bierzo (23 km)


G : Bonjour, aujourd’hui 29 bornes, direction Villafranca del Bierzo. La nuit a été un peu compliquée car il faisait chaud, mais j’ai quand même réussi à dormir un peu. Il faisait bon. Dès le matin, autonomie complète et départ à 8h. La journée est passée vite de mon côté. Je viens de commencer un nouveau livre et même s’il est compliqué à comprendre par passages, je l’adore et c’est comme si j’avais les images dans la tête, c’est ça que j’aime dans la lecture, le fait d’imaginer les images avec les mots, ce qui m’aide à la compréhension de l’histoire.

Ce soir, auberge énorme et dortoir avec lits simples, une première. Il n’y a que des Coréens, ce qui m'a étonné et ne me gêne pas du tout. J’ai parlé avec un Coréen et il m’a dit qu’une star coréenne avait tourné ici, c’est donc pour ça qu’elle est connue pour les Coréens. Il fait de plus en plus chaud. Ce soir, au moment du dîner, on a mangé dehors et on a “cramé” dans cette chaleur de plus de 30°. Demain 23 bornes, direction La Faba


Nicolas : Notre jour de repos à Ponferrada s'est très bien passé. Lecture, balade, café con leche et tapas. "La pura vida" comme disent les habitants du Costa Rica.

Départ en autonomie pour G. Tout se déroule à merveille. Ses piqûres de bestioles lui font des plaies conséquentes sur le dessus du pied et sur le mollet. On a fait quelques achats à la pharmacie. Mais, fidèle à lui-même, G ne se plaint pas et il avance.

Quel plaisir de le voir papoter avec un Sud-Coréen pendant plus d'une demie heure dans un anglais balbutiant mais suffisant pour échanger avec son compatriote. Il n'aurait jamais fait cette démarche il y a deux mois. Nous regardons défiler les jours à la vitesse de l'éclair. Saint Jacques dans une grosse semaine... incroyable...


Dimanche 30 avril : La Faba


G : Bonjour. Aujourd’hui 25 bornes, direction La Faba. Nuit un peu compliquée avec un ronflement à quelques centimètres de moi et à l’instant où j’ai écrit ces lignes, j’ai affaire à une ronfleuse ! Ca ne s’arrêtera donc jamais, encore une fois à quelques centimètres !

Beau paysage encore avec un beau temps. Nicolas qui regardait l’étape de demain a vu qu’il y avait une erreur et au lieu de 25 bornes, seulement 11 et après-demain 16 au lieu de 22. Les étapes se raccourcissent. Demain va être long et pour la personne qui ronfle à côté de moi, j’espère que ça va s’arrêter.


Lundi 1er mai : Hospital de Condesa (11 km)


G : Bonjour, aujourd’hui 11 bornes. On a essayé de marcher lentement comme si on était en balade. Magnifique paysage avec une belle vue en hauteur. Dernière semaine pour Saint Jacques. Dans 7 jours, nous y sommes ! Et aussi dernière ligne droite pour la fin de cette marche qui se passe toujours aussi bien. Ce soir à l’auberge, il y a une cuisine mais sans rien, c’est étonnant, pas de poêle, rien. On se demande à quoi elle sert.


Nicolas : Toute petite étape aujourd'hui. Il y a une erreur sur le plan de marche. On a vérifié hier et on avait 11km au lieu des 25 indiqués. Donc petite étape de montagne magnifique. J'ai marché au rythme d'un citadin paisible. Petite déception en arrivant à l'auberge car nous l'avions choisie car elle possédait une cuisine, mais la cuisine était vide de tout équipement et nous avions prévu dès ce matin quelques courses que G a portées pour rien toute la journée. Nous avons donc filé au restaurant à côté. Très bon.


Mardi 2 mai : Triacastela (15 km)


G : Bonjour. Aujourd’hui 15 bornes. Direction Triacastela. Cette nuit encore un gros ronfleur qui a commencé bien tôt (20h30 à peu près) et il a ronflé une bonne partie de la nuit. Ce matin, départ à 8h, très beau paysage encore et une belle petite montée dès le début. Après ça, je me suis pris une bonne part de tortilla pour le petit déjeuner. Arrivé à Triacastela, petit arrêt au supermarché pour le midi : pain, sardines et une banane. En ce moment même on assiste à une scène larmoyante, une dame bourrée, qui n’a pas l’air bien, inquiète les pèlerins par peur de vomissement et autres. La nuit s’annonce longue.


Nicolas : Ce matin nous sommes partis de bonne heure de l'auberge sans avoir pris de petit déjeuner. Nous nous sommes donc arrêtés au bar du village pour que G mange un bout avant de partir pour sa nouvelle étape en autonomie. Je l'ai laissé partir 45 minutes devant moi et nous nous sommes croisés au village suivant où il venait de se faire une bonne pause.

Juste avant d'arriver à l'étape du soir, j'ai rencontré André, un vieux baroudeur pâtissier. Il venait de terminer un des bouquins de Bernard Ollivier et connaît l'association. Il était très content de nous rencontrer. Exactement comme ce couple, il y a 2 jours, dans l'asso a dû recevoir une photo de G et moi en train de dîner.

Au moment où je vous parle, une demoiselle est allongée dans son lit totalement ivre... J'espère que la nuit sera plus calme que celle de Fromista il y a une dizaine de jours.


Mercredi 3 mai : Sarria


G : Bonjour, aujourd'hui 12/13 km. Direction Sarria. Ce matin, nuages gris, ça change du soleil, les nuages se sont vite dissipés et ont fait place au soleil et à sa chaleur désagréable. Ce matin quand je me suis levé, j’avais des boutons de partout sur le visage, au-dessus des yeux, sur les mains, les jambes, le dos, le cou et le pire, les pieds. J’en ai pas loin d’une bonne trentaine et ça me démange à en mourir. Il ne reste que quelques jours, mais ils ne sont pas aussi simples que je le pensais.

Aujourd’hui, dans un petit village, il y avait une table avec de la nourriture dessus en donativo, encore une fois, avec un décor très sympa, un espace ?????, une mini librairie, tout ça sous une vieille grange qui est bien décorée avec plein de citations, pas en français, mais en anglais et espagnol. C’était super accueillant et j’ai bien mangé.

Cette nuit va être très dure pour moi avec tous ces boutons. On dirait que ça fait partie de moi tellement il y en a., comme les grains de beauté. J’ai aussi fait la rencontre d’André, pâtissier-chocolatier, traîteur et j’en passe. Très gentil et français. Il m’a parlé un peu et il a des connaissances un peu partout et il a un professeur à Paris qui a travaillé avec Le Nôtre et qui est son neveu qui forme des jeunes. Après la marche, je le recontacterai pour en savoir davantage. De belles rencontres qui vont peut-être m’aider sur mon avenir. Un grand merci à André et à Nicolas qui m’a présenté et qui va lui transmettre mes coordonnées.

Revenons sur la météo qui a fait des siennes et ce soir un gros orage est passé au-dessus de nos têtes et il pleut, ce qui n’est pas arrivé depuis un moment.


Jeudi 4 mai : Portomarin (21 km)

G : Bonjour; aujourd’hui 21 bornes, direction Portomarin. Cette nuit a été infernale, avec les ronflements qui ont commencé à 20h et mes boutons qui m’invitaient vivement à les gratter. J’ai des boutons partout comme je vous l'ai dit hier et quand je m’allongeais, les boutons sur lesquels j’étais posé; me démangeaient à en mourir, c’est vraiment une fin de marche compliquée. En pleine nuit, comme je ne trouvais pas le sommeil, je suis allé à la salle de bain et j’ai vu que j’avais la moitié des boutons remplis d’eau. Je les ai tous éclatés et désinfectés et je ne les compte même plus.

Aujourd’hui, autoroute de pèlerins, touristes surtout. Il y en avait de partout. J’ai bien essayé de tracer, mais même quand je doublais 100 personnes, 100 autres se mettaient en travers de ma route.

Bornedes 100 km atteinte. Saint Jacques se rapproche ou plutôt nous nous rapprochons. On y est bientôt et ça passe trop vite.


Nicolas : La nuit dernière, j'ai dormi dans un lit de camp qui traînait dans la cuisine. Tellement de ronfleurs dans les dortoirs... Il restait quelques gros nuages gris dans le ciel après l'orage d'hier soir, si bien que nous avons marché sous quelques averses, ma foi bienvenues.

Étape particulière aujourd'hui, car nous avons franchi la borne indiquant les 100 derniers kilomètres ! C'est incroyable cette distance parcourue. Dans quelques jours le Graal. J'espère que G pourra en profiter pleinement car là, il est bien embêté avec une multitude de boutons d'araignée qui s'enflamment au point que nous sommes allés chez le pharmacien qui lui a prescrit un antihistaminique. Dans deux/trois jours, ça devrait aller mieux.


Vendredi 5 mai : Palas del Rei (25 km)

G : Bonjour, aujourd’hui, 25 km, direction Palas del Rei. Nuit très compliquée. J’ai à peine fermé l'œil de la nuit à cause de mes boutons qui n'arrêtent pas de me démanger. La fin de la marche approche et je vais être bien content de retrouver mon lit qui ne bouge pas comme les lits superposés des dortoirs ! et plus de ronflement. Je vais d’ailleurs retrouver mon meilleur ami, le « ventilo », pour me rafraîchir des nuits chaudes qui commencent à pointer le bout de leur nez.

Plus que trois jours et on sera à Saint Jacques. Ça se rapproche de plus en plus vite. Et l’étape défi aussi, 40 km en une journée, ça sera un jour avant Fisterra.

J’ai eu mes parents ce soir au téléphone grâce à Nicolas et je l’en remercie. Et ils m’ont dit qu’ils avaient informé mon grand-père que je lisais et comme tout grand-père, si vous dîtes que vous aimez quelque chose, vous vous retrouvez avec une panoplie de livres (de base c’est plutôt une grosse quantité de nourriture qui nous fait penser à cette réplique) et vu que mon grand-père était professeur de français, il a une bibliothèque entière, je vais avoir droit à des livres centenaires si ce n’est plus. J’ai aussi appris qu’un des colis perdus avait été retrouvé. Espérons qu’il en soit de même pour le deuxième. J’aurais des cadeaux en retard en rentrant, c’est cool.

Samedi 6 mai : Arzua (30 km)

G: Bonjour, aujourd’hui 30 bornes, direction Arzua. C’est la date anniversaire de Nicolas et je ne l'ai pas oublié car dès le réveil, je lui ai souhaité. Ma mémoire se restaure peu à peu. Pas de soleil pour cette journée, mais une petite pluie qui m’a assez plu. Depuis 3:4 jours, j’ai décidé d’arrêter de regarder ma montre pour vraiment être en mode zen, enfin j’essaye et le temps passe beaucoup plus vite. Je me suis plus détendu et pour faciliter un peu la tâche, je marche à l’allure d’un papi. J’était à 5 km/h et maintenant à 3-4 km/h, même aujourd’hui ayant 30 km et pour ma part, je ne les ai pas sentis passer, plus je marche lentement moins je fatigue. Nicolas, par contre, a un peu plus de difficultés, liées à ses douleurs, talons, hanches. 30 km pour sa journée d’anniversaire, on a vu meilleur cadeau. Demain, dernière journée avant l’étape de Saint Jacques de Compostelle. Bientôt la fin, après, le nouvel objectif sera Finistère où notre beau voyage va s’arrêter sur la belle vue de la mer. Après trois mois de montagnes, de champs, de forêts et un peu de villes, on va passer à la mer. On aura tout vu en paysages.

D’ailleurs cinq nouveaux boutons sont apparus sur ma jambe droite, comme si j’en n'avais pas assez et une mini ampoule aussi, ça faisait un moment, ça ne m’avait pas manqué.


Nicolas : Aujourd'hui c'est mon anniversaire, j'ai eu 44 ans.

On a eu droit à une grande étape aujourd'hui, ce qui n'était pas arrivé depuis un bon moment. Au moment du départ, un ciel très gris et très humide nous promettait une journée difficile. Mais le ciel n'a pas tenu sa promesse et nous a offert une autre journée très agréable.

Arrivé à l'étape, la ville est une des plus moches d'Espagne. L'auberge est un peu vieillotte, mais confortable et l'hospitalière est d'une gentillesse incroyable.

Demain est une journée spéciale, c'est notre dernier dimanche sur le chemin...

Je suis content de rentrer, mais je le suis encore plus d'avoir réalisé cette marche avec G. Je crois que c'était une bonne marche. Il nous reste quelques jours avant d'en parler au passé.


Dimanche 7 mai : O’Pedrouzo (19 km)

G : Bonjour, aujourd’hui 19 bornes, direction O’Pedrouzo

Nuit très agréable et longue, je me suis levé à 9h, ça faisait un moment que ça ne m’était pas arrivé. Ce matin en commençant l’étape, j’ai fait la rencontre de Romain, un jeune (28 ans) qui est français et super sympa. On a marché ensemble toute la journée et on a pas mal discuté. Je lui ai parlé de l’association Seuil et il avait l’air d’être très intéressé car il adore voyager et marcher. Il est bien dans sa tête et adore faire de nouvelles rencontres.

En marche, j’ai vu la première grosse pancarte “Santiago”, comme celle qu’on a vue avant d’entrer dans une grande ville (Burgos/Léon) sauf que cette fois c’est la fameuse pancarte de la fin, enfin le début de la fin, car après il y a la réelle fin, Fistera. Plus que 20 km pour Santiago !

Arrivé à l’auberge, accueil très sympathique et enfin une chambre privée, ça fait du bien et pour le même prix qu’un dortoir, c’est le meilleur hôtel/auberge qu’on a eu depuis le début niveau qualité prix.

Demain, on va partir tôt pour arriver tôt et essayer de faire la compostela et de ne pas attendre des heures, hâte d’être à demain.


Lundi 8 mai : Santiago (19 km)

G : Bonjour, aujourd’hui 19 petits kilomètres, direction, la dernière étape tant attendue, après trois mois de marche, 1500 km, Saint Jacques de Compostelle ! Santiago de Compostela, cette étape était à la fois courte, émouvante, difficile et magnifique, ça fait bizarre d’y être et en étant honnête, je ne me rends pas tellement compte qu’on est à Santiago.

Nuit courte pour nous deux. De mon côté, j’étais super excité et pressé de partir. J’aurais clairement pu partir à 2h du matin tellement je voulais y être et pendant la marche, au bout de 10 km, gros coup de barre, grosse fatigue, j’étais à bout, mais plus motivé que jamais, je marchais, il ne restait que 4 km et j’avais le moral au plus bas, à cause de la fatigue et de mon sac qui ressemble à une enclume, tel un bateau qui veut avancer avec l’ancre à l’eau et là à 4 km de la fin, le chemin m’a donné un signe, je monte les yeux au ciel, je regarde la route et là j’aperçois la mère et son fils (que j’avais rencontrés un mois avant et avec qui je voulais lier contact) et quand je les ai vus un grand sourire m’a arraché de ma mauvaise humeur et j’étais comme boosté, je les ai rattrapés et quand on s’est dit bonjour, je me retenais de sourire comme un enfant qui reçoit un cadeau. Et ils avaient un cadeau, comme par hasard, c’était ce qu’on voulait acheter avec Nicolas à Astorga deux semaines avant, le fameux chocolat traditionnel d’Astorga. Ils l’avaient gardé deux semaines pour nous, vraiment incroyable. Le chemin est vraiment la meilleure expérience que je n’aurais jamais vécue jusqu’à aujourd’hui.

Un grand merci à l’association Seuil pour ce magnifique voyage et ça m’a beaucoup aidé. Merci aussi à Nicolas qui m’a poussé à m’améliorer et à changer certaines mauvaises habitudes que j’avais avant de partir. Il m’a aussi fait découvrir la lecture et ça pour moi c’est un exploit, car avant la marche, je ne me serais jamais vu lire et surtout dévorer autant de livres.

Ce chemin m’aura ouvert les yeux et aussi aux autres. Quand je pense que je me suis jeté dans des discussions avec des étrangers du monde entier et que je pense avoir réussi à avoir un dialogue, un minimum concret, je suis fier de moi !

Pour le programme d'aujourd'hui, on va commencer par faire la compostela, ensuite on va partir à la recherche de souvenirs. A 12h30, on ira à la messe. Si on trouve une librairie pour un livre en français, car j’ai fini Arsène Lupin. Tout ça avec la joie d’être à Saint Jacques. Plus que cinq jours et nous rentrons en France.


Mardi 9 mai : Santiago

G : Bonjour, aujourd’hui repos. Ce matin, on est allé faire la compostela et c’était beaucoup plus rapide que ce l’on pensait, un beau diplôme, 1600 km, c’est pas rien.

Après on s’est dirigé à la librairie et c’était une énorme librairie avec plusieurs étages, je me suis dit que je trouverai mon bonheur, comme, par exemple, la suite de ce que j'avais lu, “L’Elue” de Nora Roberts et que j’avais commencé par le dernier tome (le 3).

En arrivant devant les livres français, on a vu un gros Nora Roberts, je me suis dit qu’avec de la chance, il y aurait le 1 ou le 2, mais à notre grande surprise, il n’y avait que le 3, encore, c’est vraiment étonnant. Je me suis donc tourné sur un autre choix : “Lieutenant” de Eve Dallas, les reliques du crime, romain policier, on verra bien ce que ça donne.

En allant à la messe, la cathédrale était pleine à craquer et il en arrivait encore. On a donc décidé d’aller à la messe demain matin à 9h.

Petite heure en mode boutique souvenirs, trop de choix, je ne savais pas quoi prendre.

Le midi on s’est fait plaisir avec une petite entrecôte, c’était bon et la sensation de manger de la viande nous a fait du bien.

Ce soir, soirée foot, Real de Madrid contre Manchester City, ça promet d’être un beau match.


Mercredi 10 mai : Olveiroa

G : Bonjour, aujourd’hui 33 km direction Olveiroa. La plus grosse étape, la plus dure, depuis le début de la marche

Ce matin, nous avons fait des courses et vu que mon sac était plein à craquer, j’ai pris la décision de porter mon déjeuner et mon dîner dans un sac en plastique. C’était la deuxième grosse étape avec mon sac et je suis content que ça soit bientôt fini. Journée assez longue et pour preuve je suis arrivé à 18h et 19h30 pour Nicolas, car j’étais en autonomie en arrivant au gîte. Je me suis douché et après je me suis écroulé sur mon lit. J’étais épuisé et je n’ai toujours pas bougé. C’est la première fois que je suis autant fatigué. Nicolas arrivant s’écroule sur le lit, les pieds défoncés, noirs. On va dormir comme des bébés ! Cet après-midi, j’ai bu un café et c’est bien la première fois que j’ai aimé le café, sans le noyer dans du sucre. Comme dit Nicolas, je deviens un homme.

Demain, avant dernière journée. La vraie fin, Fisterra, cap Finistère. Arrivé là-bas, on ne pourra plus avancer car il y aura la mer, c’est la réelle fin.

Plus que trois journées de marche, trois journées avec le sac, après repos et voyage retour. C’est la première fois que je vais prendre l’avion (sans compter la fois où je n’avais que 5 mois).

Demain, dernière grosse étape, 33 bornes. Après celle-là, 17 et 12. Ça va être la dernière grosse étape et la plus longue qu’on aura faite de marche, ça fait bizarre d’arriver à la fin. Demain, courage, plus que deux étapes après retour à Santiago


Vendredi 12 mai : Cee

G : aujourd’hui, 17 bornes, direction Cee, température idéale pour cette avant dernière journée de marche. petite averse de pluie fine, c’était rafraîchissant. Cette nuit n’a pas du tout été comme je le pensais, je croyais m’endormir directement au lieu de ça j’ai eu un coup de mou, et j’étais à moitié malade, recroquevillée, dans les couvertures et avec la tête lourde. Mais j’ai bien senti la différence de difficulté en faisant la moitié moins qu’hier. 5 km avant d’arriver à Cee on était encore dans la montagne. On pouvait apercevoir la mer et la ville, c'était magnifique ! Demain, dernière étape après retour à Saint-Jacques. Changement radical de paysage. C’est vraiment perturbant. On est parti se balader un peu et on est allé sur le petit port. Et là, on y voit d'énormes mulets (poisson) et on parlait de pêche depuis le début de la marche, on s’est donné sur un coup de tête en mode recherche de canne à pêche. On a trouvé notre bonheur dans un magasin chinois à cinq minutes, canne à pêche, rétractable, très basse qualité et qui tient dans la poche ! Ensuite, on est allé acheter des appâts, sardines fraîches et du pain. En 10 minutes, on était sur le pont en train de pêcher, et ça m’a beaucoup fait rire qu’on ai décidé ça comme ça ! Des gros mulets de partout, mais avec un gros vent, une eau transparente, et des cannes de pacotille, je dis ça car ma canne est déjà cassée ! Sans commentaire ! On retentera notre chance demain !


Samedi 13 mai : Fisterra

G: bonjour, aujourd’hui dernière étape, dernier jour de sac à dos ! Le matin, départ 6h45 et arrivée à 9h30 sur une magnifique plage de sable blanc, une eau turquoise sans algue, c’était paradisiaque ! S’il avait fait un peu plus chaud, je me serais baigné, mais l’eau était glaciale alors je me suis abstenu. Nous avons été accueilli par un magnifique ciel bleu, une plage magnifique et aucun pèlerin aux alentours, une arrivée parfaite. Ensuite, on s’est dirigé vers le phare de Finisterra et à l’arrivée la fameuse bornes des 0 km notre dernière borne ! Dernière étape, dernière journée de marche, dernière journée en Espagne, et demain retour en France pour le début du stage de retour. Et après le stage de retour, début d’une nouvelle vie et d’aventure !


Dimanche 14 mai :

G: bonjour aujourd’hui voyage retour direction la France précisément à Rennes. C’était la dernière nuit en dortoir et heureusement que c’était la dernière nuit dans un dortoir. On a pris un bus pour aller à l’aéroport et après trois heures d’attente, on a été placé dans l’avion et petit stress avant le départ. Au début, le départ ça a bombardé, on est vite parti, je n’étais pas prêt !

Appelle départ, je me suis endormi, et un peu avant l’arrivée on a vu Paris de haut et c’était énorme, quand j’ai vu que tous les immeubles collés et séparés par les routes on aurait dit des Legos. On avait un train à prendre à 16h53 à la gare Montparnasse, on a eu les bagages qu’à 15h45 alors qu’on devait prendre un RER, sortir de l’aéroport. On a couru dès la récupération, des bagages et 2 kilomètres de course jusqu’à la gare, c’était sportif et on y est arrivé qu'à une minute près ! Après 1h30 de train, direction Rennes, et à l’arrivée retrouvailles avec le directeur de Seuil ! Monsieur Dall’Acqua et notre référent, Anthony. On a été accueilli comme des héros, avec une marche, dites quasi parfaite ! Pour notre arrivée en France, on avait négocié un bon burger avec Anthony et on s’est régalés ! Merci Seuil. Super gîte, noté quatre épi avec une piscine intérieure, des chambres confortables et surtout les lits non superposés. Quelques jours de repos avant la fête de retour ! Je vous écris ces lignes le 15 et avec Nicolas, on se fait un bon cheesecake au citron, on a hâte d’y goûter.


En guise de conclusion


Le premier jour, le 15 février 2023 à la réunion de la préparation de la marche, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. J’ai vu et rencontré Nicolas pour la première fois. Ce jour là, de stage d’avant marche, on a fait connaissance même si j’étais pas très bavard. Mais tout s'est bien passé et on s’est bien entendu dès le début.

Je me rappellerais toujours de cette nuit avant la première journée de marche, au grand séminaire du Puy en Velay, car l’ambiance du séminaire m’ a un peu refroidi sur les bords.

Nicolas a arrêté de fumer deux jours après le début de la marche,ce qui m’a motivé à arrêter à mon tour.

J’avais la motivation du sport dès le début et je me suis encombré avec certaines broutilles, mais j’avais la motivation et j’ai réussi à arrêter de fumer une semaine après Nicolas le 28.

J’ai fait des rencontres incroyables sur le chemin et souvent improbables. J’ai réussi à sortir un peu de ma zone de timidité, et ça m’a ouvert les yeux et c’est grâce à ça que j’ai pu faire des rencontres incroyables.

La partie française était très calme, très peu de pèlerins, une météo assez clémente, sauf sur le plateau de l’Aubrac où on a gelé sur place.

Deux jours de grosses pluies en France, ça aurait pu être pire ! En France, il n’y avait pas mal de demi-pensions, et quand il y avait une cuisine, on avait nos petits plats favoris, omelette, lardons, patates, fromage, pâtes aux légumes.

Des accueils super sympas et conviviaux, comme Anne et Didier, notre première étape à Montbonnet. Mélanie, la boulangère à Lauzerte, mais aussi des accueils un peu moins chaleureux, un où Nicolas s'est fait engueuler deux fois pour une histoire de retrait et l’autre pour un bout de pain. Mais bon, on était quasiment toujours en chambre privée, ce qui veut dire pas de ronfleur, pas de réveil causé par des pèlerins trop bruyants, niveau nuit, on était vraiment pas mal.

Arrivés en Espagne, à Saint-Jean, première nuit en gros dortoir etc c’était différent qu’en France, mais on s’y attendait. En Espagne, très peu de demi pensions. C'était donc pâtes tous les soirs, riz etc… On s’est fait aussi quelques restaurants en mode touristes, c’était cool.

J’ai adoré cette marche, ça m’a beaucoup apporté. J’ai réussi à arrêter de fumer, à créer des dialogues et pas qu’avec des français, ce qui n’a pas toujours été évident, je dois l’avouer.

Je me suis aussi réorganisé dans ma tête, je n’ai plus certaines mauvaises pensées qui m’empêchaient d’avancer mentalement.

Nicolas m’a aussi fait découvrir une nouvelle passion, la lecture, et j’ai dévoré 9 livres.

J’ai fait des rencontres avec des sud-coréens ce qui m’a beaucoup ému et j’ai pu en apprendre plus sur mon pays et vu les conditions de travail en Corée, je suis bien content d'être en France !

Voilà, voilà le petit résumé de la marche.

Les trois points importants que j'ai retenus, ou plutôt émotions, sont : la motivation, la compréhension et la joie. L’émotion que j’ai ressentie le plus dans ce voyage.

Grand merci à Seuil et grand merci à Nicolas.

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