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Marche de Aurxxx

Dernière mise à jour : 14 mai

Marche de Aurxxx accompagné par Joan


Dimanche 7 mai : Mézières sur Couesnon (stage de préparation à la marche)

A : Buna Ziua (bonjour, en roumain). Je me présente, je m’appelle A. Je suis itinérant de la marche de Seuil. Je suis un jeune homme de 14 ans, très gentil qui n’aime pas de prendre la tête. Je vais faire un long voyage qui passera par toute l’Espagne qui partira de Cahors et qui finira à Saint Jacques de Compostelle. Je vais être accompagné par Joan, un monsieur très sympa. Il est un peu comme moi à quelques détails près. Il est blond, je suis brun, il est plus grand que moi et il est adepte de la marche.

Pour l'instant, nous avons effectué trois balades. La première avec Anthony, Joan et moi. Nous avons visité les alentours. Ils m’ont appris 2-3 trucs sur les arbres, leurs feuilles et m’ont fait partager leur kiff de la marche.

Anthony c’est un père de famille qui s’occupe de nous équiper, même si c’est Clémence qui s’en est occupée, ce sont à eux que nous devons donner les infos où nous sommes localisés. Clémence c’est une femme, ancienne accompagnante comme Anthony, qui nous a amené au gîte où nous sommes depuis Paris, qui m’a acheté tout mon matériel et qui m’a donné l’envie d'écrire le blog.

Hier, Joan et moi, nous avons marché dans un (GR) , grandes randonnées. On a parcouru 15 km. Je ne me rendais pas compte que parcourir 15 km était si éprouvant.

Aujourd’hui, Clémence. Joan et moi avons pique-niqué au bord d’une rivière, ensuite nous avons parcouru une vingtaine de kilomètres avec nos sacs pour me rendre compte du poids. C’était une petite expérience qui me forçait à me pousser jusqu'au bout. A la fin de cette marche, Clémence et moi nous nous sommes baignés dans l’eau froide et nous avons croisé Anthony avec son fils.

Pendant ce stage de trois jours, j’ai rencontré « une fille » avec « des cheveux » d’un noir très profond. « Cette fille » s’appelle Gaïa. C’est la chienne de Clémence, une créature incroyable qui a déjà voyagé, en tous cas plus que moi.

Demain, on part à Cahors en train, le train décolle à 7h41. Nous avons 9h de train, cela va être fatiguant. J’ai peur car c’est le début de la marche.

Je vis loin de ma famille, en tous cas c’est ce qui va être le plus dur. J’espère ne pas abandonner pendant la marche, de toute façon, ce sera la volonté qui paiera.


Joan : Bonjour. Je m’appelle Joan et serai pour trois mois l’accompagnant Seuil de A. Me voilà depuis trois jours qui correspondent à un stage d’introduction et de formation, plongé dans cette aventure qui s’annonce riche humainement. Plein de projets et d’intentions se profilent. A possède un potentiel créatif et artistique et une curiosité incroyable. Dès le premier jour au gîte, A a interprété un dessin, le rideau de sa chambre avec un regard poétique.

En marche, nous avons commencé à nous poser des questions sur les arbres qui nous entourent. Qui sont-ils ? Quel âge ont-ils ? Nous tâcherons de vous faire partager, au long de cette aventure unique, nos découvertes et émerveillements. Mais la route ne sera pas lisse et certaines épreuves physiques, relationnelles, mentales nous attendent. J’espère que tous les deux et avec le soutien dévoué de toute l'équipe, nous composerons un séjour plein de souvenirs, instructif et bénéfique pour A. Demain, nous partons, direction Cahors.


Lundi 8 mai : Cahors

A : Ce matin, nous nous sommes réveillés à 5h30. Clémence nous a amené à la gare de Rennes. Le réveil était vraiment difficile. Arrivé à Rennes, nous avons rejoint Paul, le directeur de l’Association Seuil. Nous sommes donc allés ensemble à l’embarquement et pris une photo en face d’une station. Ensuite, arrivé dans le train, j’ai pu me reposer le temps du trajet. Le train partait directement de Paris Montparnasse et a duré 2h05. Arrivé à la gare, nous avons pris le temps de manger. Pendant l’attente de 2h, j’ai eu le temps de dessiner deux cavaliers d'échecs. Nous avons pu admirer la gigantesque tour Montparnasse et sommes faits aborder par une association d'aide humanitaire.

Nous sommes montés dans le second train. J’ai repris le temps de faire une sieste. Arrivés à Bordeaux à 14h15. Nous avons directement pris le troisième train, un TER. Dans celui-ci, j’ai pu saisir le portrait d’une petite fille en face de moi. Elle avait les cheveux bouclés, mais bouclés d’or.

Ensuite notre duo est arrivé à Montauban avec une correspondance de 58 mn, les minutes les plus longues de ma vie dans une gare au fin fond de la campagne. Et pour notre dernier trajet, rien ne valait mieux qu’une micro sieste pour ne pas changer d’habitude. Arrivé à Cahors, la chaleur nous faisait cuire sur place. Nous n’avons eu aucune difficulté à trouver l’auberge et de s’y installer.

Ensuite, mon compagnon de marche et moi sommes partis faire des courses. Rentrés au gîte, nous avons fait la rencontre d’un algérien texan, un homme assez bavard mais super sympathique avec qui nous avons partagé le repas du soir. Ensuite, rentré dans la chambre, j’ai pu appeler ma mère. Elle était surprise de m’avoir au téléphone et heureuse d’avoir de mes nouvelles, tout comme moi j’étais heureux d’avoir les siennes et maintenant que nous avons écrit la première journée du blog, partons nous coucher après cette grosse journée. Demain, nous passerons le pont Valentré.


Joan : Réveil matinal ce matin à 5h30. Nous quittons le gîte dans lequel s’est déroulée la préparation du périple. Pliage des draps au carré à l’initiative de A. Ainsi, nous rendons les lieux accueillants pour les prochains visiteurs. La journée sera passée quasi intégralement dans le train. Le défilé des paysages nous berce. En attendant d’éprouver nos semelles sur les chemins, ce sont nos mines de crayon que nous usons sur le papier, dans un calme studieux. Nous nous amusons à tirer discrètement le portrait de nos voisins. A m’initie également au jeu du tarot à deux. Cela promet de belles parties. Puis c’est l’arrivée ! Nous pouvons libérer nos jambes d’une irrésistible envie de les dégourdir. La chaleur est saisissante, cela sent le sud. Nous prenons nos quartiers dans une sympathique auberge de jeunesse offrant une vue imprenable sur le Lot et son typique pont médiéval qui l’enjambe. Nous le contemplons une dernière fois avant d'aller nous coucher en imaginant que demain ce sera la porte du début de cette marche de trois mois.


Mardi 9 mai : Lascabanes

A : Après cette nuit passée à Cahors, nous nous dirigeons vers Lascabanes. Joan et moi avons fait un réveil musculaire et passé le pont de Valentré. Ce magnifique édifice est un pont classé patrimoine de l’Unesco datant du 13ème siècle. Suite à ce pont, se dresse une colline rocheuse que nous avons franchie. Sur cette colline, nous avons pu admirer Valentré et sur ce chemin, nous avons rencontré Christophe, un pèlerin qui fera également Saint-Jacques-de-Compostelle.

Sur ces trois premières heures, le rythme de la marche commencé lentement a augmenté. Nous avons eu de la chance car le temps a commencé à se détériorer seulement à la pause du midi. Arrivé à Labastide Marnhac, nous avons décidé de boire un coup. Coïncidence, tous les autres pèlerins ont fait le même choix. Joan et moi avons eu l’occasion de nous présenter et de sociabiliser. Nous avons voulu nous affronter au baby-foot, malheureusement il a triché et j’ai donc perdu.

Suite à cela, nous nous sommes remplis la panse et repris la marche. A ce moment-là, le rythme de la marche n’a fait que d’accélérer. J’ai réussi à me surpasser comme jamais. Ensuite, nous avons rencontré Jean-Pierre. C’est un pèlerin qui n’ira seulement qu’à la frontière espagnole.

Arrivé à Lascabanes, j’avais déjà de nombreuses courbatures comme Joan. Nous avons pris la route, direction le monastère où nous sommes. Un panneau nous a induits en erreur et après avoir monté une colline sous la pluie, Joan a remarqué que son sac prenait l’eau. Il commençait à se “vénère” mais cela ne l’a pas empêché d’avancer. Malheureusement, le panneau qui nous avait induits en erreur nous a fait redescendre la colline. Quel enfer. J’ai mal. Joan a le sac et les habits trempés, le pire moment de la journée.

En bas, un monsieur nous a pris en stop et nous a remontés la colline. Arrivés au Monastère on nous propose d’aller à la messe et j’ai dit que je voulais y aller. Arrivé à l’église, Jean-Pierre et Christophe y étaient, le prêtre m’a mis une feinte sur le corps du Saint Esprit et il m’a expliqué que je devais pratiquer pour manger le pain. Ensuite, nous sommes rentrés et avons dîné avec tout le monde, je finis ma dernière cigarette de la journée, j'écris le blog et allons nous coucher.


Joan : La journée a commencé par un petit déjeuner de champions et sans cigarette du matin pour A, à son initiative, afin d’affronter sereinement la première côte.

Première mise en jambes, donc une fois passé le pont de Valentré, nous montons un escarpement rocheux, puis la route se poursuit sur un agréable chemin.

Les premières rencontres avec des pèlerins se profilent. Nous rencontrons Christophe et d’autres avec qui on fait connaissance. Tous sont unanimes, ils sont admiratifs qu’à son âge, A entreprenne le pèlerinage de Saint Jacques.

Le magnifique ciel bleu de la veille s’est changé en temps nuageux et menaçant. Les premières pluies arrivent juste avant que nous nous réfugions dans un café/restaurant chaleureux et littéralement pris d’assaut par les marcheurs à Labastide Marnhac. Nous avons pu apprécier une boisson chaude, pique-niquer et même jouer au baby-foot.

La reprise est un branle-bas de combat pour être prêts à partir sous un déluge.

Nous partons malgré tout avec le moral. A prend avec philosophie cette épreuve. Nous tentons d’appliquer une technique de respiration apprise durant le séjour en Bretagne afin de mieux oxygéner nos muscles. Elle a également l’avantage de détourner l’esprit du fait que nous sommes trempés. Les pieds glissent et la boue colle, mais nous avançons à un bon rythme.

Puis c’est l’arrivée à l’étape de Lascabanes. Notre gîte qui, cette nuit, sera un hospitalet, est un peu plus loin encore à l’écart du GR. Dernière ligne droite. Les pieds de A font ressentir leur envie d’arriver vite. Nous prenons donc un raccourci qui se révèlera être plus long. Mais enfin nous sommes arrivés au monastère Notre Dame. Nous sommes, encore une fois, accueillis chaleureusement. A leur habitude, les Sœurs proposent aux pèlerins de participer à une messe. A n’ayant jamais assisté à une cérémonie de cet ordre souhaite se joindre à l’office. La journée aura été riche Nous finissons par un agréable repas servi par nos hôtes en compagnie d’autres marcheurs, dont des américains.


Mercredi 10 mai : Lauzerte (23 km)

A : On commence cette journée avec un réveil à 7h15. Joan m’a laissé dormir un peu plus en voyant que j’étais fatigué et que la veille une ampoule s’était installée. Nous avons pris le petit déjeuner et après une cigarette nous avons dit au revoir au pèlerin qui tient le monastère et dit à “la revoyure" à Christophe. Mais en partant sur le GR 65, nous avons recroisé notre ami et fait un bout de chemin avec lui. Malheureusement, le chemin était boueux et les chaussures pesaient plus lourd que le sac.

Sur la route, nous nous sommes arrêtés à Montcuq. Quelle ironie ! la ville que je ne pensais jamais découvrir est maintenant sous mes yeux. Alors cette ville a eu la chance de goûter à mon humour, tel que “Joan a voulu aller à la pharmacie dans (mon cul) Montcuq pour acheter du savon”. Cela est de l’humour à prendre au second degré.

Ensuite, nous sommes repartis, nous avions déjà parcouru la moitié du chemin et je devais franchir un gros dénivelé. Mon ampoule et le poids de mon sac ne m’ont pas aidé à la monter, mais la volonté du pèlerin que je suis m’a fait aller au bout.

Sur le chemin, le paysage était unique. Nous étions seuls perchés dans une montagne avec une forêt très dense et des murailles de pierre. Un panneau nous a indiqué la direction et qu’il nous restait 8 km.

Le calcul fait qu’avec une moyenne de 4 km, nous devions mettre 2h pour arriver à Lauzerte. Ce fut horriblement long, car le chemin avait énormément de montées et descentes. Mais après tout cela, des grandes marches faites de terre se dressaient devant nous et n’attendaient que ça d’être descendues.

Dernière ligne droite, plus que 2 km. J’ai extrêmement mal, mais je me dis que c’est normal, que les premiers jours vont être durs et déterminent jusqu’où mon corps ira.

Enfin, nous arrivons au gîte de Lauzerte. J’ai pu apprendre à Joan comment faire un salto avant. Nous avons profité du peu de soleil pour cette journée. Ensuite, des pèlerins sont partis en ville et nous sommes restés. J’ai pris ma revanche au baby-foot et j’ai perdu, même si j’étais déçu. Je fus heureux de partager ce moment de bonheur avec lui après une journée si éprouvante. Aujourd’hui, pour la première fois, j’ai dû faire ma lessive à la main. C’était une expérience qui sera l’occasion de recommencer à moulte reprises.

Ensuite, Joan et moi avons préparé le repas et avons savouré la semoule en sachet avec des pois chiches au thon. Pas à refaire. Donc maintenant nous allons rejouer au baby-foot. Je vais appeler ma maman et direction le lit pour me reposer car demain une grosse journée nous attend.


Joan : Ce matin, réveil matinal difficile pour A. Le petit déjeuner servi au gîte a fait son œuvre pour lancer la machine. Le ciel encore couvert nous offre de belles trouées azur. Nous partons sur les chemins que Quercy Blanc où la terre se mèle au minéral, le calcaire. Nous retrouvons Christophe avec qui nous continuons les discussions entamées. C’est une des caractéristiques du chemin de Saint Jacques. On se rencontre, on échange sans savoir si nos chemins se recroiseront. Parfois oui, parfois non. Due aux successives pluie et éclaircies, la végétation est luxuriante. Les chemins sont bordés de chênes verts typiques du Sud.

Notre première halte se passe à Montcuq. Ce magnifique village médiéval a le malheur de porter un nom qui lui confère une dimension moins solennelle. A a été pris d’inspiration et a déclamé une interminable liste de jeux de mots. Nous avons également saisi cette occasion pour nous installer sur une terrasse abritée afin de prendre un café et une glace pour A. Puis le chemin s’est poursuivi, entouré de murets en pierre sèche typique de la région. La boue colle encore aux pieds, mais les bâtons nous stabilisent. Parfois, nous avons fait face a du dénivelé que A apprécie pour leur caractère challengeant. Je le laisse alors galoper devant. La route nous a également conduits à trouver un paysage cultivé. Là, les champs de blé d’un vert tendre ondulaient au gré du vent tachetés de touches rouges de coquelicots.

Enfin, nous arrivons en vue du village perché sur sa colline de Lauzerte. Heureusement son ascension sera pour demain car notre gîte chez l’habitant se trouve à ses pieds. D’ailleurs, les nôtres nous font souffrir.

Nous sommes accueillis par Mélanie avec un grand sourire. L’accueil est tellement chaleureux que l’on se sent comme à la maison. Nous sommes arrivés tôt à 15h, ce qui nous laisse beaucoup de temps pour profiter. Au programme, parties de baby-foot, saltos et autres figures (frontflip) pour A sur le trampoline, lessive à la main (indispensable vis à vis de l’odeur…) et un bon repas concocté à deux (poêlée de courgettes, poireaux, pois chiches et thon à la tomate, accompagnée de semoule). Nous mangeons en compagnie d’autres pèlerins dont une Okiwi de Nouvelle Zélande, très rigolote avec qui A pratique son anglais qui est plutôt bon. Demain, lever à 6h45 pour avaler les 26 km qui nous attendent.


Jeudi 11 mai : Moissac (27 km)


A : Ce matin, le réveil était très difficile. Le petit déjeuner a commencé à 7h et j’ai pris le mien à 7h20. Malheureusement, mes douleurs aux trapèzes ne m’ont pas lâché et nous devons faire 27 km. Nous partons sur les coups de 8h15. La montée sur Lauzerte fut assez tranquille. Joan prend en photo l’architecture locale et m’explique quand et comment ces merveilleuses bâtisses ont été conçues.

Sur la route du GR, Joan et moi avons voulu dire au revoir à Mélanie et acheté du pain frais. C’était une belle rencontre et elle était très hospitalière. . J’aurai un bon souvenir de son gîte et d’elle. Ensuite, nous nous sommes arrêtés à Saint Martin et j’ai fait sonner les cloches et cela fut très attractif.

Aujourd’hui, notre binôme a choisi d’enchaîner les kilomètres et nous avons fait le choix de parcourir 14 km sans arrêt.

Arrivé au milieu de l’étape, nous nous sommes arrêtés au relais Saint Jacques et malheureusement un seul commerçant et fait payer extrêmement cher l’alimentation aux pèlerins. Du coup, n’ayant plus de tabac, nous avons choisi de ne prendre que la nourriture et pas de cigarette, étant elles aussi plus chères. J’ai pu demander une cigarette à un jeune qui va également à Saint Jacques de Compostelle.

Suite à cela, les kilomètres se sont aussi enchaînés et ma douleur n’a fait que d'empirer et marcher sur du goudron en descente ou du plat ça n’arrange pas les choses. Donc arrivé sur les 7 derniers kilomètres, mes pieds m’ont lâché et le mental aussi, mais arrivé à Moissac, le moral est remonté jusqu’à me rendre compte que la montée pour aller au gîte était le point de vue de Moissac et là j’ai craqué. Donc après nous sommes re-descendus pour faire les courses et remontés pour manger avec tout le monde. A mon habitude, j’ai appelé ma maman et quand j’écrivais ce blog, j’ai entendu la femme d’un pèlerin, un couple d’anciens qui font le pélerinage, ronfler comme un âne mort.


Joan : Ce matin, pas besoin de réveil, nos voisins de chambre s'affairent déjà au petit déjeuner en donnant de la voix. Les joies de la vie en gîte. Néanmoins, Mélanie nous a préparé une chouette tablée composée notamment de son propre pain.

Le début de la marche commence par l’ascension de la colline sur laquelle se trouve le magnifique village de Lauzerte où nous passons rendre visite à notre hôte dans sa boulangerie, d’où le pain du matin.

Nous quittons les pentes de Lauzerte seuls sur le chemin. A m’apprend quelques notes de Roumain et de tzigane. Plus loin, nous tombons sur une magnifique église romane surmontée de cloches. A s'en donne à coeur joie pour les faire sonner.

Plus tard, à la pause, des marcheurs le remercient pour avoir osé et leur avoir fait profiter de la mélodie des cloches, alors que eux s'étaient retenus.

La marche est quand même éprouvante pour A car son sac est lourd. Ses épaules sont écrasées par son poids et ses pieds malmenés. C’est le tribu du marcheur mais je lui promets que le soir même nous organiserons un colis pour évacuer le superflus. Le sol colle encore aux pieds mais le temps reste sec. En lisière de chemin, nous avons le plaisir de glaner des petits pois cultivés en plein champ que nous dévorons tout cru. Les kilomètres s'enchaînent et la fin de la marche se fait désirer. Nous esquivons une averse en nous réfugiant dans une grange et laissons passer le défilé des pèlerins sous leur cape de pluie que nous surnommons les tortues Ninja (en référence à leurs capes vertes qui forment une bosse au niveau du sac). 30 mn plus tard, nous arrivons enfin aux portes de Moissac au terme d’une journée fatigante. Enfin presque puisqu’il reste encore 2 km avant d’atteindre le gîte sur les hauteurs de la ville par une route s’appelant “le chemin des calvaires”. Heureusement, la récompense c’est une vue fabuleuse sur les toits de Moissac


Vendredi 12 mai : Auvillar 23 km

A : Aujourd'hui, nous partons de Moissac et nous nous dirigeons vers Auvillar, la route est très répétitive, car nous marchons sur le bord d’un canal. Nous recroisons énormément de connaissances car nous suivons tous la même route mais de nombreuses blagues et discussions s’enchaînent sur le chemin. Nous avons parcouru environ 17 km sur du béton au bord du canal, alors arrive une pente avant Auvillar. Nous nous arrêtons sur la route en voyant un marché aux fraises. Et en s'arrêtant, le maire de la ville nous aborde et s’entame une discussion. Suite à cela il nous dit que Jean Lassalle est parti aux toilettes et qu’il reviendra bientôt. Cela était improbable, mais voici que le candidat à la présidentielle est bien à Auvillar et nous prenons le temps de prendre une photo avec lui. Mais sa réputation n’était pas fausse et prend une photo avec une jeune pèlerine du nom de Lucile et lui donne son numéro pour qu’elle lui envoie la photo. Sur le coup nous n’avons rien dit, mais dès que nous sommes partis, les éclats de rire raisonnaient dans tout le village. Arrivée au gîte, nous recroiserons aussi Michel, mais aussi Lucile et plein d’autres. Aujourd’hui j’ai rencontré Reinhardt, un pèlerin allemand hyper sympathique. Il fait 2 mètres, il a la tête du Père Noël, mais avec le gabarit de The Rock. J’ai pu aussi échanger avec Christofer, un nouveau pèlerin qui m’a donné de nombreux conseils pour la suite, et ça m’a vachement mis à l'aise. Il y a aussi Joël un allemand qui aide Frédéric le patron du gîte. La soirée fut très animée mais super intéressante. Je voudrais la revivre des centaines de fois. Malheureusement, tout ce bon monde fait son chemin et je ne sais pas de quoi demain est fait.


Joan : ce matin pendant le petit déjeuner en autonomie. A. ses céréales et moi un café. Nous organisons également le délestage du sac d’A. 2,2 kg y passe, de quoi soulager ses épaules ! Encore une fois l’accueil aura été aux petits oignons. L’étape sera moins fatigante aujourd’hui, car moins longue et sur du plat sur le chemin de halage du canal latéral au Tarn. La journée offre des marcheuses, occasion de sociabiliser. Nous croisons et recroisons différents groupes et commençons à bien les connaître. Lors d’une pause, nous discutons du fait que l’on souhaiterait trouver des mousses pour mettre sur la ceinture du sac d’A. qui est trop grande et ne permet pas de le soulager du poids du sac. Et comme par enchantement Laurent, alors présent, sort de son sac deux morceaux, de mousse à haute densité, ainsi que les serflex pour les attacher. Nous sommes ébahis par cette synchronicité. La marche de ce jour est aussi l’occasion pour A. de réfléchir et d’échanger sur son orientation. La monotonie le long du canal est cassée par une rencontre anodine. Au détour d’une minute dégustation de fraises chez les producteurs maraîchers, nous rencontrons l'ancien député et candidat à la présidentielle, Jean Lassalle. Nous prenons une photo en sa compagnie et reprenons la marche en rigolant un moment. Peu de temps après, nous arrivons au gîte « Le Par’Chemin ». Une bâtisse du XVIIIe siècle, restaurée avec goût pour accueillir les pèlerins et nichée dans un écrin de verdure. Des têtes connues arrivent au compte goutte, ce qui couvrira une belle et grande tablée. Nous déjeunerons ensemble un merveilleux repas digne d’un restaurant ! Dans les bénévoles qui aident Frédéric, nous rencontrons Reinhardt un allemand qui vit sur le chemin depuis 2007, marche et aide comme hospitalier dans les gîtes. Il a bien sûr 1 milliard d’histoires et d’anecdotes passionnantes à raconter. Nous sommes ravis de cette fin de journée et allons nous coucher pour enfin reposer nos corps.


Samedi 13 mai : Espalais

A : aujourd’hui, c’est jour de repos. Nous changeons les habitudes et Joan prend la décision de rester au Par’Chemin. Ce matin, nous prenons un dernier petit déjeuner avec nos confrères pèlerins et cela m’a énormément (blessé). Je m’étais attaché à ce petit groupe. Suite à cela, nos pèlerins partis, direction Santeroy. Nous deux et nos hôtes, retournons au marché aux fraises et récupérons notre repas du midi et les fruits pour le dessert du soir. Joël prend le volant, et conduit très vite, je crois qu’au Luxembourg la loi n’impose aucune limitation de vitesse, c’est pour cela qu’il accélérait à chaque virage. Vers 10h, nous lui avons demandé de nous poser à Auvillar. Arrivé à Auvillar, nous sommes partis prendre de quoi manger pour demain soir et aller à la pharmacie pour Joan. Malheureusement, nous devons faire du stop pour rentrer car Joan ne peut pas marcher. les voitures sont difficiles mais une maman s’est arrêtée et nous a pris pour nous ramener à Espalais. Après manger, nous avons dû préparer le repas du soir car Frédéric ne sera pas là ce soir. Vers 15 heures des pèlerins improviste sont arrivés et ont trouvé le gîte magnifique ils sont donc restés. Comme tout bon jour de repos, Joan et moi avons pris le temps de profiter du soleil qui n’était pas présent ces derniers jours. Ensuite la soirée s’est enchaînée et nous avons pris l’apéro et passé à table.

Comme d’habitude la discussion avec les pèlerins est toujours facile à aborder et toujours bon enfant quand il faut parler avec moi. Ça ne me gêne pas, et c’est même mignon de s’intéresser à moi en pensant, à mes origines ou on parle de musique, en ne me considérant plus comme un jeune de foyer mais un pèlerin. Voilà, c’est fini pour aujourd’hui, bonne nuit ! À demain


Joan : aujourd’hui, décision a été prise de prendre un jour de repos. Je me vois affligé de douleur de tendinite au tibias qui se doit d’être traitée dans les plus brefs délais. Cela réjouit néanmoins A. L'endroit où nous sommes prêtes à merveille pour une pause. Nous profitons du trajet de nos hôtes pour être déposés à Auvillar bourg, où nous laissons nos courses, pour anticiper l’étape du lendemain, qui se fera un dimanche. Nous en profitons pour visiter le village, ses halles aux graines et allons admirer la vue sur la Garonne et ses berges boisées depuis un belvédère. Nous occupons le reste de la journée à différentes tâches et activités, nous dessinons, jouons aux cartes, surtout prenons le temps de rencontrer Frédéric nôtre hôte et son binôme de bénévoles en donnant un coup de main pour le ménage et surtout la cuisine. Plus tard dans l’après-midi, le défilé de pèlerin venant se réfugier au Par’Chemin, commence, ça fait drôle de ne pas les connaître et d’avoir laissé les rencontres faites en marchant prendre de l’avance. Ce soir, nous endossons le rôle de bénévoles hospitaliers, et avons le plaisir de servir les marcheurs affamés. Au menu, soupe de légumes, poivrons farcies, galettes de légumes et riz servi avec une sauce au lait de coco. Et pour finir une compote fraise, banane, gingembre recouverte de fraises cultivées à 500 m. Nous prolongeons la pause demain pour être sûre de pouvoir repartir et d’aller loin. Il nous faut apprendre à ménager notre monture !

Dimanche 14 mai : Espalais

A : ce matin, les bruits des pèlerins m’ont réveillé. Comme d’habitude je sors du lit un peu après sept heures. En me dirigeant dehors pour prendre le petit déjeuner, je remarque que nos pèlerines marseillaises ont pris tous les yaourts et le pain de mie mis à disposition. J’ai dû me contenter de céréales chokella et d’une banane. Vers 9h30 nos amis ont repris la route et après une embrassade nous ont quittés. Aujourd’hui Joan et moi voulons nous reposer. Joël nous invite à prendre un café à Auvillar et gentiment nous avons refusé. Ensuite je me suis mis à rouler une cigarette et pris mon carnet de dessin pour continuer un croquis commencé la veille . Peu de temps après, un peu avant midi, j’ai joué La Marseillaise au piano et du apprendre sur le coup. Au moment de passer à table, un pèlerin est arrivé et a pris son pique-nique et a discuté avec Joan et moi. Après manger, les pèlerins ont défilé pour aller boire un café et repartir vers 15 heures, j’ai eu l’idée de sculpter du bois et cela est devenu l’activité du jour. Nous avons créé des baguettes magiques et Joan m’a appris comment utiliser mon couteau pour sculpter. Pendant notre atelier, nous entendions la voix de très jeunes pèlerins, et avons pris le temps de faire connaissance. Le plus grand a 12 ans et s’appelle Timothée, la deuxième est la fausse sœur jumelle de Timothée et s’appelle Solange, elle est aussi âgée de 12 ans. J’ai pu vraiment bien sympathiser avec eux deux, mais ils ont aussi un petit frère nommé Ismaël, une tête de mule très timide qui avait 8 ans et la dernière s’appelle Felicie âgée de 6 ans avec qui j’ai bien rigolé.


Joan : Seconde journée au Par’Chemin. Nous prenons le petit déjeuner en groupe avant que tout le monde reprenne la marche et que nous nous retrouvions A. et Joël. Nous participons à nouveau aux tâches quotidiennes qui rythment le gîte. Je me ménage quand même au maximum et emploi un tas de techniques pour soulager mes tendons ( poche de froid, décoction de saule …) c’est simple, chaque pèlerin rencontré à un remède différent ! La journée se divise ensuite en divers temps d’échange avec nos compagnons, en atelier de sculpture sur bois avec nos opinels respectifs, cueillette de cerises pour le dessert du soir, etc. A.apprend même à compter en allemand. Et puis le ballet de pèlerins arrivant en fin d’après-midi reprend. Nous faisons la connaissance de nouvelles personnes. C’est autant de nouvelles histoires de vie. Ce soir nous recevons également une famille de 6, 4 enfants, leurs parents et leurs chiens.

Demain nous reprenons la marche avec une petite étape pour relancer la machine tranquillement. Il est certain que cela nous fera quelque chose de quitter ce lieu !


Jeudi 15 mai : Flamarens (15 km)

A : Ce matin, Joan m’a réveillé à 7h45, une première. Cela fut bien surprenant. Nous avons dormi dans un ancien séchoir à tabac. Plus de pélerin qui ronfle, enfin la paix.

Bizarrement en descendant, j’ai vu tous les couverts propres à la table. Je fus donc le 4ème à prendre le petit déjeuner après Joan, Frédéric, Joël et Rainer. Frédéric m’a dit que c’était la première fois où il avait pris le petit déjeuner avant les pélerins en trois de gîte. Malheureusement le réveil tardif de nos jeunes pèlerins et leurs parents ont fait que la Malle Postale est passée avant leur réveil. Nous avons pu voir leur tête attristée par la mauvaise nouvelle. Suite au petit déjeuner, j’ai dû dire au revoir à nos hôtes et cela fut un moment émouvant.

Ensuite, nous avons pris la route et passé le pont de Auvillar avec un rythme de marche qui a dû beaucoup ralentir pour ne pas devoir recommencer plusieurs journées de pause. Enfin monté à Auvillar, nous avons fait des courses et avons recroisé tout le groupe de pèlerins avec qui nous avons passé la journée et la soirée d’hier.

Suite à cela, nous nous sommes retrouvés sur le GR 68 et parcouru 11 km. Joan m’a beaucoup incité à boire de l’eau pour ne pas être blessé à mon tour jusqu’à plus avoir d’eau et cela m’a fait me rendre compte que je devais remplir mon camel bag plus souvent. Puis sur les 4 km une deuxième ampoule s’est formée sous mon pied et nous sommes arrivés à Flamarens avec une ruée de vent froid.

Nous avons recroisé Joël qui amenait les sacs de nos jeunes pèlerins. Ensuite la petite famille nous a cherchés dans Flamarens pour que Timothée me rende la baguette de bois sculptée que j’avais oubliée au Par’Chemin. J’ai trouvé sa noble de sa part et lui ai donc fait cadeau. J’ai pris aussi le temps d’en refaire un, le temps d’attendre pour planter les tentes.

Puis vers 19h10 nous avons préparé à manger et avons dégusté des courgettes à la sauce tomate avec de la semoule qui nous restait.

Maintenant Joan et moi écrivons le blog et ce soir nous allons essayer d’appeler mon ????? qui est en Roumanie pour pouvoir se coucher avant 21h. Good night


Joan : Aujourd’hui, nous reprenons enfin la route. Les anniversaires ne se font pas sans émotion. Nous faisons de grandes accolades à nos amis du gîte et nous souhaitons une belle continuation. Puis nous prenons la route. Nous faisons un premier arrêt à Auvillar pour compléter nos vivres. Nous adoptons un rythme de tortue et nous nous disciplinons afin de boire plus pour éviter que le corps ne puisse montrer des signes de faiblesse. Nous enchaînons les pauses. Pour midi, nous nous arrêtons à Saint Antoine et pique-niquons devant une très belle église romane. Plus tard, nous nous arrêtons près d’un arbre, face à un paysage vallonné pour profiter de ce que les locaux ont préparé et mis à disposition pour les marcheurs (tartes et sacs de cerises). Enfin, nous arrivons à Flamarens juché sur une colline et surmonté d'un château et d’une église en ruine. C’est près de ces édifices que nous installons notre premier bivouac. Le lieu n’est pas en pleine nature mais offre l’avantage d’un accès à l’eau potable et d’une terrasse couverte pour faire à manger en cas de pluie. Le repas se compose d’une poêlée de courgettes/oignons en sauce tomate accompagnée de semoule. Nous nous coucherons tôt ce soir pour reprendre des forces et profiter d’une longue nuit sans ronfleur.


Vendredi 16 mai : Lectoure (21 km)

A : Ce matin, ce fut la première nuit passée en tente. Malheureusement, j’ai dû me réveiller pendant la nuit pour prendre des médicaments car le froid m’a fait avoir mal aux dents. Sinon, le bivouac s’est plutôt bien passé à part une pluie qui a retenti à mon réveil nocturne. Pour le petit déjeuner, je n’ai pas directement remarqué que le lait de mes céréales avait

tourné. C’est seulement en disant à Joan “mon lait est un peu crémeux” qu’il a senti la bouteille et m’a dit que celui-ci était périmé. Je n’ai donc pas pu prendre de petit déjeuner avant Miradoux. Arrivé à Miradoux, j’ai pu enfin acheter ma coquille de pèlerin et commander un chocolat chaud avec quelques viennoiseries. Après ma deuxième cigarette du matin, nous sommes donc repartis et 50 m plus loin, Joan s’est plaint d’une douleur au talon et a dû enlever sa semelle pour avoir plus de place. Ensuite, nous avons parcouru les champs du Gers et sur le chemin j’ai pu venir en aide à un ver de terre asséché. Nous avons pratiqué 1h de silence pour que l’autre n’entende pas les douleurs et plaintes de chacun. Vers 13h, Joan et moi sommes arrêtés dans la forêt pour casser la croûte avec le pain du matin j’ai créé le titan des sandwichs : moitié jambon beurre, cantal, tomate et l’autre moitié était composée de saucisson et des mêmes composants de l’autre partie. J’ai donc mangé à ma faim. Puis sur la route qui se dirigeait vers Lectoure, j’ai commencé à crier et à chanter de multiples chansons. Cela nous a fait passer la côte qui nous faisait arriver à Lectoure, puis arrivés dans le centre, avons pris un café et rejoint le gîte. Puis nous avons décidé de prendre un temps dans un bain thermal qui était à 10m du gîte. Cela nous a bien reposés et pour finir la soirée, nous sommes partis dans une pizzeria pour déguster des pâtes et une pizza. Maintenant, nous allons nous coucher en espérant que la journée de demain sera aussi calme qu’aujourd’hui. Buenas noches.


Joan : Un peu avant de se lever, les gouttes de pluie tombaient encore sur la toile de la tente, mais au lever, le vent poussa les nuages et révèle un soleil attendu pour faire sécher les affaires. Plier le camp et un autre rituel auquel il faudra d’habituer. Pour le moment nous ne l’emploierons que rarement étant donné le temps pluvieux et frais. Nous repartons à travers champs. L’itinéraire longe souvent la route, en lisière de champs de blé, de tournesols encore à l’état de pousses ou bien de fèves dont les fleurs blanches commencent à apparaître.

A Miradoux, nous faisons nos courses et prenons notre petit déjeuner. Chocolatine et mon pain au chocolat. Nous sommes dans le sud-ouest et plus précisément le Gers. Le temps est maussade à ce moment et n’incite pas à traîner. Nous reprenons la marche donc, toujours à un pas lent pour moi. A s’inquiète du retard que nous prenons pour l’arrivée à Saint Jacques. Pas de panique, nous aurons bien le temps de le récupérer. L'important est au jour le jour. Heureusement le temps se déroule et nous fait profiter de mille nuances et clair-obscurs sur les parcelles cultivées. Les odeurs se révèlent aussi à nos sens. Nous prenons la pause du midi au bord du chemin, sous un arbre. A engloutit une baguette/sandwich entière. Deux bonnes heures plus tard, nous arrivons à Lectoure après avoir marché en silence. L’arrivée se fait par une montée raide dont on se serait bien passé. Heureusement, lors de la halte d’arrivée à un café, nous apprenons que les thermes sont ouvertes. Nous passons au gîte L’Etoile Occitane tenu par Isabelle qui a eu la gentillesse de nous recevoir à la dernière minute. Nous filons en priorité au spa pour en profiter comme il se doit : sauna, hammam, jacuzzi etc.. Nous complétons la soirée par un repas dans une pizzeria en compagnie d'autres pèlerins. Cela aura été une journée fête. Nous retrouvons ensuite Isabel pour échanger et nous souhaitons bonne nuit.


Samedi 17 mai : Sainte Germaine la Chapelle (7 km avant Condom)

A : Ce matin, je me suis réveillé et j’ai remarqué que ma joue avait triplé de volume. Malheureusement un morceau de dent s’est retiré et pendant la nuit ma joue avait gonflé. Donc j’ai pu prendre mon petit déjeuner et nous avons pu prendre le temps de faire les courses. Suite à cela un dentiste a pu nous prendre pour une radio et prescrire des antibiotiques qu’Isabelle, notre hôte l’avait appelé à l’avance et nous a offert la nuit passée dans son gîte en tant qu’invités. Après être repassé chercher nos sacs, nous avons pu admirer les Pyrénées depuis Lectoure car le ciel était tout bleu et dégagé. Joan m’a expliqué quels étaient les plus grands monts de ces montagnes et raconté comment il les avait traversées.

Ensuite, les arrêts n’ont fait que de s’enchaîner car le froid et le chaud nous forçaient à se déshabiller puis à se rhabiller régulièrement. Mais nous avons pu reprendre un rythme car on ne souffrait pas et en cela nous faisait plaisir de marcher. A midi, nous nous sommes arrêtés à Marcolent et j’ai reproduit le sandwich de la veille. Après avoir mangé, nous avons repris la route et avons croisé une nuée de milans qui volaient à l’allure d’une danse, un magnifique spectacle que je n’avais jamais vu. Puis 50 m plus loin, j’ai été effrayé par une couleuvre d’environ 50-60 cm qui a dû avoir plus peur que moi en entendant mon cri de fillette. Enfin, nous avons pris une variante qui nous a fait découvrir de magnifiques châteaux aussi colorés que ma trousse de feutres à l’école. Puis à 2 km, nous sommes arrivés à La Chapelle Sainte Germaine où nous passons la nuit ce soir où de vieilles connaissances nous ont rejoints par tout hasard.

Et le repas du soir fut composé de coquillettes avec de la tomate, des petits pois et du romarin trouvé dans la cour. Puis le dessert,


Joan : Ce matin, A se réveille avec un puissant mal de dent et la joue enflée. Je le laisse prendre son petit déjeuner et pendant ce temps j’essaie avec Isabelle d’organiser sa prise en charge. Nous partons faire nos traditionnelles courses pour la journée et passons chez un dentiste qui accepte gentiment de nous recevoir. Puis nous retournons au gîte et quittons Isabel en la remerciant pour son accueil et de nous avoir reçu comme des invités. Son lieu inspirant nous laisse emplis d’un imaginaire de voyages et d’aventures. En quittant Lectoure, nous apercevons au loin, avec émerveillement, la chaîne des Pyrénées. Notre marche se poursuit plein ouest avec une vue superbe sur l’horizon de toutes parts. Enfin le ciel est bleu et rien que du bleu. Nous faisons halte à Marselan au pied de l'église dans un parc arboré. A réitère son gros sandwich de la veille dans une baguette entière avec, cette fois-ci, du jambon venant du boucher. Nous finissons le repas par une boisson au café d’à côté. Nous reprenons la marche à travers des paysages de Toscane. D’imposantes propriétés sont entourées de champs de blé et bordées de cyprès. Nous atteignons enfin notre lieu de bivouac dont Joël, l’ami du gîte “Le Par’Chemin”, nous avait parlé. Il s’agit d’une chapelle ayant fait partie d’un monastère attaqué et détruit par les normands au 9ème siècle. Le lieu est tenu avec soin , fleuri et arboré de magnifiques chênes à travers lesquels percent les rayons du soleil, nous réchauffant. Nous installons notre bivouac dans la chapelle et préparons notre repas qui se termine avec gourmandise par des bananes enrobées dans du chocolat fondu. A s’est ensuite amusé à faire du Land Art et ce fut la dernière activité avant de se coucher.


Jeudi 18 mai : Montréal du Gers (16 km)

A : Ce matin, je me suis réveillé à 7h, mais nous nous sommes réveillés plusieurs fois bien avant, sauf qu'il n’était pas l’heure. Pendant la nuit, je suis tombé de ma table où je dormais et Joan a grelotté et a eu du mal à dormir car malheureusement son duvet n’était pas assez chaud.

Nous avons donc pris la route tôt le matin et on n’a pas fumé car nous attendions des compagnons de voyage pour le petit déjeuner. La marche s'est faite dans le froid, la vitesse et le silence. Arrivés à Condom nous avons acheté des sandwiches et avons pris un café et un chocolat dans un bar. Joan n’était pas fan de la musique de Far, de Claude François précisément. J’ai donc pu fumer ma première cigarette et annoncé à Joan que ce serait mon dernier paquet que j’allais acheter. Pour l’instant, l’arrêt est envisageable, mais je n’arrive pas à diminuer. Beaucoup de gens me donnent des conseils avec la clope au bec. Ensuite, énormément de pèlerins nous ont rejoints et avons re-bu une boisson chaude avec eux.

Puis nous sommes allés au magasin du randonneur pour chercher quelqu'un qui pourrait nous emmener chez un dentiste. Après, nous avons repris la route et repris un sandwich pour midi. Sur le chemin, j’ai pu prouver que je pouvais redonner vie aux vers de terre car Joan était sceptique. … Mais les kilomètres se sont enchaînés jusqu’à Montréal du Gers et où j’ai cru mourir de douleur après une grosse journée de marche. Nous avons marché jusqu’au gîte où le patron du gîte a reconnu Joan qui y avait séjourné il y a sept ans.

Avant le repas un pèlerin a aussi reconnu Joan car c’était l’ami de son père étant plus jeune et cela m’a choqué qu’il retrouve le fils après une cinquantaine d’années, puis nous avons mangé du canard confit, la spécialité du Gers qui a été un vrai régal. Puis pour le dessert, une tarte aux pommes avec de la glace nous a été servie. Un des meilleurs repas qui nous a été servi dans un gîte. Merci Montréal du Gers.


Joan : Cette nuit, nous avons bivouaqué pour la seconde fois et ce dans la chapelle Sainte Germaine. La nuit fut fraîche mais semble s’être faite d’une traite pour A. Nous remballons et prenons la route pour atteindre 7 km plus loin, Condom où nous attend notre petit déjeuner. Au menu, deux sandwiches, chocolat et du café. Nous flânons un moment au soleil, en terrasse des pèlerins sont attirés comme des mouches par ce café, le seul à être ouvert en ce jour férié. C’est l’occasion de discuter avec ceux que l’on connaît. Rassasiés nous reprenons la marche. Le paysage se confond avec celui des jours passés, de vertes collines cultivées. Ce tronçon se fait en grande partie sur la route ce qui nous vaut des douleurs sous les pieds. Nous passons la rivière Artigue sur un pont médiéval du même nom. Au terme de 24 km de marche, nous arrivons à Montréal. Celui dans le Gers pas celui l’autre côté de l’Atlantique. Nous prenons nos quartiers dans un gîte aménagé dans les anciens remparts de la ville et dormons à l’emplacement de la salle de garde. Nous jouissons ce soir de la demie-pension. Au menu, salade, petits pois, cuisse de canard confite et enfin tarte aux pommes accompagnée d’une glace à la vanille


Vendredi 19 mai : Eauze (17 km)

A : Aujourd’hui, nous sommes partis à 8h30. L’étape était estimée à 17 km donc 3h30 de marche. Nous partons de Montréal du Gers avec un petit déjeuner de titans, d’une baguette de pain servie avec des viennoiseries, de la confiture et un chocolat chaud. Nous démarrons la journée avec le ventre plein et des reflux surviennent dans la matinée. Sinon le début de la journée était ensoleillée et nous avons eu le plaisir de marcher sur de l’herbe jusqu’à ce que nous arrivions à un gîte après un nombre de kilomètres parcourus. Et on revoit le ronfleur de notre nuit qui nous a offert le chocolat et le café. Nous repartons à 10h30 et nous

dirigeons vers une piste cyclable qui nous a fait marcher sur du béton sur les 7 km restants. Arrivés à Eauze, nous allons à Leclerc. Nous faisons les courses et je fais un salto dans les rayons où même une vendeuse nous dit “bravo”. Joan m’a repris gentiment. Nous faisons nos courses et nous nous dirigeons vers le gîte. Nous sommes arrivés sur une grande place, posons nos courses et sacs au gîte et partons sur la place. Puis 1h plus tard, nous sommes rentrés discuter avec de vieilles connaissances. J’ai apprécié le canard confit. J’ai demandé à Joan de m’en préparer. Puis maintenant nous écrivons le blog et partons nous coucher.


Joan : Nous prenons ce matin le petit déjeuner en compagnie des sympathiques pèlerins de la veille. Nous attaquons ensuite la marche par un temps frais mais dégagé. Le sentier se pare de chaque côté de frênes nous offrant leur ombrage. La vue se dégage ensuite, en coupant à travers vignes. Nous sommes sur les domaines du Tariquet. Nous faisons halte au bout de 10 km à un refuge/café pour pèlerins. La tablée du matin y est déjà. Ils nous offrent la boisson. Nous cassons la croûte à cette occasion avec le boudin de campagne acheté le matin même au marché de Montréal. A découvre cette charcuterie que l’on ne trouve que dans le sud et semble l’apprécier. Il ne se bat pas pour autant pour en avoir lorsque j’en reprends avec gourmandise. Nous marchons ensuite sur le tracé d’une ancienne ligne de chemin de fer aménagée en voie verte. La diversité des essences d’arbres me fait marcher le nez en l’air tandis que A s’affaire à essayer d’attraper des lézards dans les fourrés ralentissant notre allure. La monotonie de ce couloir végétal finit par rendre la marche ennuyeuse. Il se met alors à jouer au golf avec ses bâtons et un caillou. Enfin, nous arrivons à Eauze au terme de 17 km qui ont semblé 30. Nous passons en courses et nous gratifiant par l’achat de cuisses de canard confites pour le soir. Comme nous sommes arrivés tôt, nous prenons le soleil et dessinons sur la place historique du bourg. Nous finissons la journée par un copieux repas attablés avec des français, une australienne et un autrichien. A pratique son anglais avec aisance. Le rituel de l’écriture du blog fait, nous allons profiter d’un sommeil bien mérité.


Samedi 20 mai : Nogaro (21 km)

A : Ce matin, le réveil a été très difficile. Joan m’a dit que j’ai ronflé et parlé en tzigane pendant la nuit. Bien évidemment, je ne m’en suis pas rendu compte, mais il m’a expliqué que cela n'était pas grave. Ensuite, je suis monté prendre mon petit déjeuner avec tout le monde et Christine, une pèlerine nous a offert un croissant. Par la suite, mon sac était déjà prêt. Joan m’a dit d’aller sur la place pour fumer ma cigarette et de l’attendre le temps qu’il aille à la boulangerie. Puis, nous prenons la route et longeons le GR à travers Eauze. Arrivés sur le GR, nous croisons et dépassons de nombreux pèlerins. Même si nous n’en avons pas discuté, le rythme du début reprend et cela est moins douloureux. Sur le chemin, nous sommes passés devant un enclos où des chevaux y étaient gardés. J’ai essayé d’en approcher plusieurs, mais en vain jusqu’à ce que Joan prenne de l’herbe grasse et réussit à en ramener trois. En ce moment, je dis souvent à Joan que j’aimerais pouvoir monter à cheval lors de nos probables futures balades. Pour l’instant, le temps manque et nous ne le permet pas mais cela pourrait être envisageable.

Vers 11h30, j’ai demandé à Joan de s’arrêter prendre un chocolat, un verre d’eau et un café à Manciet et il a accepté. La température était chaude et le soleil tapait fort. Après s’être désaltérés, nous sommes partis manger notre sandwich à côté d’un lavoir du 19°s. J’ai passé un coup de téléphone et j’ai taillé une branche. Puis nous sommes repartis et nous nous sommes arrêtés à une chapelle. Joan est parti voir la chapelle pendant que j'essayais d’attraper un lézard, mais toujours en vain. Il est revenu et on est repartis, on en a attrapé un par la queue entre les murs du cimetière de la chapelle. Puis il s’est enfui. J’ai réussi à le rattraper mais s’est enfui. Joan m’a dit qu’il fallait être vif et ne pas les. blesser en essayant de le faire. Nous avons repris le chemin des vieux pèlerins faisant la sieste au bout du chemin, telles des étoiles de mer. Puis 2h plus tard, nous arrivons dans la grande ville de Nogaro et nous recroisons les connaissances.Cela fait réellement plaisir de pouvoir passer du temps avec des gens que l’on apprécie car parfois moi et Joan avons sympathisé par politesse et cela est plutôt fatigant. Puis pour le repas, nous avons mangé deux gros burgers faits maison et pris le temps de profiter chacun de notre côté. J'ai écouté de la musique et maintenant écrivons le blog avant d’aller dormir.


Joan : Ce matin, nous prenons notre petit déjeuner en autonomie. A a ses céréales préférées et du lait frais, cette fois-ci Nous partageons la chambre avec Johanne, un Autrichien de 63 ans qui habituellement ronfle. Seulement, cette fois-ci, c’est A qui a fait des vocalises dans la nuit. Peut être en cause le copieux repas de la veille. La marche reprend son tracé à travers les coteaux en pays d'Armagnac.Nous marchons par alternance entre les vignes, dans des sentes encaissées et ombragées où le pied colle parfois au sol et bien sûr le long de la route où les pieds souffrent. Nous passons des bassins sans vidéo surveillance affichant qu’il s’agit d’agriculture. Nous apprenons que ce sont des élevages d’esturgeons pour le caviar. Nous faisons halte sur la terrasse d’un café où une vingtaine de marcheurs sont déjà installés, certains sont au café et d’autres plus téméraires à l’apéro. Concernant ce groupe, nous en plaisantons avec A. Et à chaque fois qu'on les voit s’arrêter, prenons l’habitude de dire “Ah, ils font une pause cigarette”. Pour certains le camino, n’est pas une partie de “santé”. Mais une partie de plaisir.

Le reste de l’après-midi se fait essentiellement en silence.Il fait lourd et sentons la pluie arriver. Heureusement, à l'arrivée au gîte, nous pouvons encore profiter du soleil dans le jardin. Au menu ce soir, hamburger maison avec une salade verte composée. Arrivés tôt, cela nous laisse le temps de prendre le temps, ce qui est rare dans nos journées chargées. Puis, nous nous replions dans notre chambre, ce qui est un luxe comparé aux dortoirs.


Dimanche 21 mai : Barcelonne du Gers

A : Hier soir, Joan et moi avons regardé Shrek le troisième à la télé. Puis quand nous sommes allés nous coucher, nous avons été dérangés par un moustique qui se baladait dans la chambre. Sur les coups de 23h une fête était organisée à côté du gîte et des feux d’artifice ont retenti. Au réveil, les voix des pèlerins raisonnent dans la pièce et m’ont énervé. Ensuite, je suis allé à la boulangerie prendre un café et je l’ai attendu en mangeant mes céréales. Pour la première fois, je fus prêt avant Joan et j’ai pu prendre mes antibiotiques et fumer ma cigarette. Nous sommes donc partis vers 9h45 et avons traversé Nogaro. Arrivés sur le GR, une discussion sur le chômage s’est entamée et d’autres sujets ont suivi. Vers 10h30 une pause pour pèlerins était installée avec de quoi boire un coup et avec une grande table de pique-nique. Nous avons donc mangé nos sandwiches achetés le matin et sommes repartis à 10h45. A 12h, nous avons fait une pause pour boire une boisson chaude. Etant en fin de semaine, la serveuse a renversé un café sur la jambe d’un pèlerin par fatigue. Elle lui a ramené un deuxième et le pèlerin l’a ensuite offert à Joan. Vers 12h45, nous sommes repartis et une seconde discussion sur mon avenir est entamée. Sur le chemin, nous avons dépassé de nombreux pèlerins et avons pris le temps de discuter avec certains d’entre eux. Ensuite, nous avons longé un ancien chemin de fer et cette fois-ci Joan a sauvé par lui-même la vie d’un ver de terre d’une fin terrible.

Puis une troisième discussion a commencé où j’ai raconté la vie de musicien de mes parents et de mon ambition de jouer de la musique avec eux plus tard.

Puis nous avons fait une pause avant Barcelonne où une quatrième discussion a commencé avec une pèlerine où nous parlions de mon ambition d’arrêter de fumer à la fin de mon paquet de tabac. Puis arrivé au gîte, j’ai fumé ma cigarette et pris nos affaires, la nourriture pour ce soir. Maintenant nous écrivons le blog et réfléchissons à comment nous occuper pour ce soir et à quelle heure nous coucher. Good Night


Joan : Lorsque nous partons ce matin, après avoir acheté des sandwiches à la boulangerie, le temps était frais et couvert. Nous abordons la marche avec motivation. Les premiers temps se font en silence, puis les conversations reprennent, tandis que nous traversons de belles forêts de chênes et aulnais. Dans une immense clairière, nous apercevons au loin une biche. A fait la remarque qu’il sent une évolution positive quant à la capacité du corps à encaisser la marche. L’esprit aussi tend à se faire à cette activité qui compose notre quotidien.

Lors d’une halte “pipi”, A s’extasie devant une horde de sauterelles et s'émerveille de la diversité de la faune et de la flore. Nous avons l’occasion de parler du monde du travail. A curieux me pose un tas de questions sur le système social, auxquelles j’essaye de répondre à la hauteur de mes connaissances et expériences. Vers 10h nous avons déjà parcouru quelques 10 km et faisons halte dans une grange ouverte mise à disposition des pèlerins et faisant partie d’un corps de ferme nous projetant dans le passé. L’architecture de la région se compose de bâtisses basses à colombages et enduites d’une terre ocre. Sous ce porche sont déjà attablées plusieurs connaissances. Nous venons aux nouvelles de la forme de chacun et blaguons.

Il est tôt mais déjà nous engloutissons nos sandwiches. Vers midi, le ciel se dégage et nous afflige d’une chaleur pesante. La suite de l’itinéraire longe une ligne de chemin de fer abandonnée et se poursuit de manière rectiligne le long des champs.

A trouve à nouveau une occasion d’essayer de sauver un ver de terre sec sur la route en l’arrosant d’eau, même s’il est déjà mort.

Nous arrivons au terme de cette marche à Barcelonne du Gers.Nous prenons le temps de discuter à l'entrée du village à une aire de pique-nique avec les pèlerins qui passent et se reposent. Il n’est pas 15h. Le gîte n'est pas encore ouvert. Je laisse vivre un échange intéressant avec une marcheuse retrouvée qui lui offre un bel encouragement. Nous passons devant un monumental lavoir et rejoignons la place du village où se situe notre gîte. Nous prenons le temps de nous installer et de faire les différentes tâches quotidiennes (douche, repas, écriture, lecture etc…). Demain, nous partons tôt pour tenter de trouver un dentiste afin de soigner le problème de dent de A.


Lundi 22 mai : Maison Morsang - 4 km avant Pimbo

A : Ce matin, nous avons pris le petit déjeuner avec les autres pèlerins. Tout le monde s’est plaint du pain que j’ai trouvé très bien. Nous sommes partis à 8h et sommes allés chez le premier dentiste de la ville d’Aire sur Adour Le premier nous a refusé brutalement, mais nous sommes restés polis. Le deuxième nous a acceptés nous faisant un deuxième diagnostic dentaire. Nous avons donc repris la route à 10h30. Nous avons acheté des sandwiches pour midi et sommes sortis de Aire sur Adour. A la sortie de la ville, un papy nous a gentiment expliqué l’étape d'aujourd’hui avec le nombre de kilomètres et le temps que nous devrions mettre. Puis Joan et moi sommes passés au bord d’un lac et avons mangé nos sandwiches en contemplant la magnifique vue sur Montréal. Ensuite, un sentier très monotone s’est offert à nous pour admirer les champs de maïs et le long chemin droit de route et de gravier. Arrivé à Miramont-Sensacq mon compagnon de marche et moi, nous avons fait une mini sieste dans les hauteurs de la ville dans l’herbe, puis nous avons fait une deuxième pause dans un bar où Joan a pris son allongé rituel et moi un diabolo grenadine. A cette étape, il nous reste 3,5 km et sur ce bout de chemin, s’est offerte sur une probable baignade au gîte où nous dormons. Arrivé au gîte, nous étions lessivés. Notre hôte nous a accueillis Nous avons recroisé la ronfleuse du gîte, une pèlerine avec qui nous avons sympathisé et avons eu accès à la piscine. Un rêve inimaginable que s’est révélé possible et j’ai pris ma baignade.

Puis, j’ai joué au ping-pong avec Angela, puis Joan m’a mis la patée. Nous avons acheté de quoi manger avec tout le monde. Nous avons eu un mini documentaire sur des bestioles qui bouffent des arbres # grand capricorne.

Puis une pèlerine hollandaise a fait la vaisselle avec moi. Ma mère m’a appelé pendant que j’écrivais le blog et m’a envoyé des photos de mon nouveau chanteur car je ne l’avais pas vu. Puis je suis remonté faire la fin du blog et la fin du premier carnet. A la prochaine pour de nouvelles aventures.


Joan : Ce matin, notre mission est de trouver un dentiste pour A. Après quelques péripéties, nous voici enfin de retour sur le chemin. Nous attaquons donc la marche tardivement à 11h, sous une chaleur écrasante. Le chemin nous amène près d'un lac où nous profitons de la vue pour casser la croûte. Nous longeons ensuite le lac du Brousseau puis s’en éloignons par une montée qui sera la dernière déclivité de la journée. La suite est une interminable succession de lignes droites, entre les champs où émerge le maïs destiné sûrement au gavage des oies et canards. Nous sommes dans le département des Landes. Quelques bosquets et bois habillent ces plaines. A a du mal à ne pas s’ennuyer et à profiter du seul geste de mettre le pied devant l’autre. Il s’arrête régulièrement ou sautille et fait le clown. Je finis par l’inciter à essayer de se mettre dans la marche à l’aide de son souffle, de penser ou encore de contempler. Une pause au bord de la route apporte son soulagement. C’est une belle occasion pour engloutir la baguette qu’il nous reste et d’une tablette de chocolat que l’on traîne depuis un moment. Nous quittons la route pour rejoindre des pistes et passer brièvement sous le couvert des chênes apportant un certain réconfort. Nous passons à Miramont-Sensacq pour une halte café-diabolo frais et nous nous approvisionnons pour le soir. Il nous reste 3 km jusqu’au gîte qui est une ferme élevant pintades et poulardes et faisant du foie gras. La belle surprise c’est qui ils vendent d’autres produits de leur confection, en conserve : ratatouille, rixoa, garbure etc… ce qui nous permet par la suite de nous composer un bon plat de pâtes agrémenté. L’autre bonne surprise c’est qu’il y a une piscine. Bernard qui nous accueille, ouvre la piscine exprès pour A. qui s’en réjouit et exécute toutes sortes de figures ce qui a le don de me stresser. Nous finissons ce bel après-midi par une partie de ping pong. Nous partageons le repas avec Angela et Like, une Néerlandaise. Demain, nous quittons les Landes pour rentrer dans les Pyrénées Atlantiques.


Mardi 23 mai : Larreule (23 km)

A : Ce matin, mon compagnon et moi avons fait la grasse matinée. Nous nous sommes réveillés vers 8h/8h30 et n’avons pas pris le petit déjeuner, donc nous sommes partis directement. Arrivés à Pimbo, nous avons pu enfin prendre notre petit déjeuner et faire une partie de baby-foot. Joan a gagné et sommes repartis directement après. Suite à cela, le mauvais temps est venu nous dire bonjour avec un peu de vent et une route faite en asphalte s’est posée devant nous. Arrivé à Arzacq, Joan est allé à la pharmacie et a acheté du strap et de la levure pour les (bonnes bactéries). Puis nous avons fait les courses et acheté de quoi manger à midi et pour ce soir.

Nous avons recroisé Alina et un de nos deux fumeurs pour casser la croûte avec eux. Et à 13h, nous avons repris la route cette fois-ci dans les hauteurs des collines sous la canicule. Descendus des collines, nous nous sommes arrêtés dans une église dans un village inconnu au bataillon et où un vieil homme est venu nous parler. J’ai pu sympathiser avec sa chienne de 14 ans qui était aussi petite qu’un cocker et la même touffe de poils que Gaya, la chienne de Clémence.

Après cette deuxième pause “bouffe” nous sommes repartis sous le soleil et avons croisé Alina et les fumeurs de tout à l’heure et avons pris tous les quatre un chemin différent.

Puis nous sommes arrivés à Fichous-Riumayou avec moulte péripéties et un dénivelé qui en fera arrêter plus d’un. Le village étant vide pour se poser, nous avons continué notre chemin et sommes posés sur une cabane de chasseur sous le soleil. Puis un kilomètre plus bas sommes arrivés à Larreule où des pèlerins nous ont conduits au gîte. Arrivés dans le gîte, nous avons recroisé Paul, le belge et plein d’autres, mais aussi une nouvelle fille avec son chien qui ne m’a pas directement apprécié en arrivant, et Patricia notre hôte. En arrivant, je suis allé directement voir ses deux juments et puis son perroquet, un oiseau vert qui a passé la soirée à chanter, et cela était presque au niveau des chanteurs d’opéra. Puis nous avons manger, nous avons joué au billard et Joan m’a battu deux fois sur deux. Nous avons pris le large avec Seven et sa maîtresse car nous n’avions pas pris la demi-pension et sommes rentrés écrire. Cette belle journée bien chargée.


Joan : Nous nous levons et remballons directement nos affaires pour prendre la marche. Notre petit déjeuner est à 3,8 km à Pimbo. Le café où nous nous installons offre une belle vue sur les vallons qui nous attendent. Nous entrons dans les Pyrénées Atlantiques, contreforts de cette chaîne de montagne. Nous jouons à une partie de baby-foot puis partons. A parle de son envie d’être chez lui et pense à l’après-marche. Il ne veut pas retourner en Foyer. En cause, les messages que sa mère lui a envoyés dont les photos de sa nouvelle chambre. Cela a eu pour effet de l’extraire momentanément du voyage. Ayant ressenti des douleurs ou du moins une gêne aux tendons du tibia, je l’invite d’autant plus à s’hydrater, mais il ne boit manifestement pas assez car son camelback descend lentement. Il me dit qu’il boit, mais il semble qu’il y ait un cap entre ses dires et ses actes certaines fois. Après une affaire, sous une chaleur éreintante, nous arrivons à Arzacq-Arraziguet pour pique-niquer. Nous sommes allés au préalable à la pharmacie pour récupérer les médicaments prescrits en cas de douleurs à la dent ainsi que de la bande kinésiologique pour strapper les tibias.

L’itinéraire descend ensuite vers un lac que nous longeons et quittons en remontant par une sente forestière. Nous sortons du couvert des arbres et de leur fraîcheur pour rentrer dans la fournaise sur l’asphalte. Nous prenons une pause près d’une église sous un marronnier. Nous rencontrons un habitant du village avec qui nous échangeons. A tombe sous le charme de son chien qui paraît chiot mais a en fait 14 ans, son propre âge ! Nous reprenons la marche sous le même soleil cuisant. A stresse car il arrive à la fin de son paquet de cigarettes et s’est dit qu’il n’en achèterait pas. Il médite un temps sur cet objectif. Je le mets devant la responsabilité de ses paroles. Il dit sans cesse qu’il va arrêter mais agit à l’inverse. Je l’invite à se sonder pour savoir ce qu'il en est de sa motivation. Il finit par me confier qu’il a envie de l’idée d'arrêter mais ne s’en sent pas capable. A voir si une évolution apparaît dans les semaines à venir. La route devient piste, puis chemin et prend de la hauteur pour longer une crête et plonger vers un ruisseau. Ma douleur aux tendons me reprend. Il reste 3 km qui seront interminables. Nous arrivons au gîte à Larreule à 18h. C'est un gîte à la ferme. On y retrouve les animaux classiques mais plus étonnant c’est un perroquet qui chante l’opéra avec une justesse incroyable. Nous cuisinons sous un porche à l’abri de l’orage qui s’abat. Une dernière partie de billard et nous rejoignons nos lits en dortoir.


Mercredi 24 mai : Arthez de Béarn (18 km)

A : Ce matin en me réveillant, un petit déjeuner de rien m’attendait. Du pain, du lait chaud et mes céréales en écoutant notre perroquet chanteur. Puis je suis remonté jouer une partie de billard avec Paul et j’ai gagné. Puis Joan est venu m’engueuler car j’ai trop joué, je l’ai fait beaucoup trop attendre. Puis je dis au revoir aux chevaux et nous sommes partis dans le froid et la brume du matin. Vers 10h30, nous avons fait une pause dans une alimentation d’un village. Nous sympathisons avec la patronne et mangeons un bout. Tout est bien passé notre rythme a malheureusement baissé car Joan a eu de nouvelles douleurs tendinaires. Nous avons pu rencontrer un nouveau marcheur qui était un escargot que j’ai apprivoisé sur une petite distance et n’ayant plus de salade, j’ai dû le déposer pour ne pas être pris pour un fou dans le gîte. Sur la route, Joan m’a appris la chanson italienne Bella Ciao et nous nous sommes amusés à la chanter en cœur à plusieurs reprises sur le chemin. La route d’aujourd’hui nous a extrêmement fatigués et avons fait le choix de réserver un gîte pour deux jours. Arrivés à Arthez, la route pour arriver au gîte était interminable. Nous avons fait une pause dans une église où j’ai malheureusement fait des pitreries. Puis arrivés au gîte, Marion une pèlerine avec qui nous avons sympathisé nous a accueillis et expliqué qu’elle s’était installée car son parrain Bertrand était blessé et en fauteuil

Donc aujourd’hui, j’ai malheureusement racheté des cigarettes car je ne me sentais pas encore capable de m’arrêter. Puis nous sommes rentrés et Marion a fait un massage des pieds à Joan pendant que je dessinais à côté avant de manger. Pour le repas, nous sommes allés dans un salon de thé-restaurant qui nous a servi une salade composée avec de la salade, de la betterave, du fromage de brebis, des graines, avocat et tomates, des champignons, poulet, riz et en dessert, une mousse au chocolat et étant dans un salon de thé, j’ai voulu goûter un merveilleux thé nommé thé au aragon, donc un thé vert parfumé. Donc aujourd’hui, le thème de la discussion était Autriche, thé et clafoutis, kébab, que de merveilleuses choses. Maintenant, nous allons nous coucher pour enfin faire notre première grasse matinée.


Joan : n’a pas écrit

Jeudi 25 mai : Arthez de Béarn (repos)

A : Ce matin, grasse matinée s’impose. Joan n’était pas habitué. Il s’est réveillé à 10h. Moi étant adepte confirmé de cette pratique, j’ai rajouté une heure et le petit déjeuner nous a été offert. J’ai pu avoir du lait et Joan un café. Pour midi, nous n’avions pas trouvé à manger et sommes passés au restaurant de la veille. Nous avons donc acheté deux sandwiches à 5,90 € chacun et une salade composée de lentilles et betteraves pour un total de 16 €. Ce mini repas m’a paru un peu cher mais cela nous donne le coût du prix de la vie. Après et pendant que nous mangeons, Marion a accueilli énormément de pèlerins tous aussi différents que vieux et chiants. Nous avons pu quand même prendre le temps de la sieste, écouter de la musique et la lessive. J’ai créé mon univers. Direction Compostelle et Joan un ????? d’une église. Nous avons chacun un style différent mais je pense que si tout le monde était pareil, la sociabilité ne vaudrait pas le coup. Après avoir appelé ma mère, une première fois, nous sommes partis faire des courses au Carrefour Contact tout en bas de la ville. Une ancienne apprentie de Bertrand a pu nous emmener car la route était trop longue pour un jour de repos. Après avoir fait nos courses, Joan a préparé à manger pendant que je finissais mon dessin. Après nous sommes passés à table avec Bertrand et Marion et avons rigolé sur quel plat aurait mangé Napoléon Bonaparte avant sa mort (omelette aux champignons). Puis nous avons discuté avec un pèlerin et j’ai appelé ma mère pour savoir mon orientation. A mon âge, faire un choix est vachement compliqué mais faisable, donc je me laisse le temps et allons nous coucher.


Joan : Nous nous réveillons aux alentours de 10h. L’objectif de la journée est d’optimiser le repos. Nous prenons le petit déjeuner en terrasse du gîte sous un ciel bleu. Marion nous tient compagnie et nous explique son parcours (apprentie masseuse énergéticienne). Une aubaine pour les marcheurs blessés qu’elle sait sur le chemin. Nous rejoignons ensuite notre chambre refuge où nous dessinons tranquillement. A l’occasion d’un énième passage en pharmacie, nous profitons de la balade dans le bourg pour prendre un sandwich et de déguster sur la place formant un belvédère sur la chaîne des Pyrénées. Nous poursuivons notre après-midi dans la chambre entre sieste, dessin et par la fenêtre nous entendons Marion jouer de l’accordéon, ce qui me berce.Pour terminer la journée, je prépare un menu décidé par A : pâtes et poêlée de légumes à la sauce tomate et c’est A qui est à la plonge pour ce soir.


Vendredi 26 mai : Arthez de Béarn (repos)

A : Ce matin, j’ai voulu faire une grasse matinée mais Joan n’a pas réussi et s’est levé à 7h. Vers 8h45, il est venu me dire de prendre mon petit déjeuner. Ce matin fut le dernier repas matinal avec Marion. Elle est partie en nous disant “à la prochaine à Santiago”. C'était une fille drôle avec qui Joan et moi avons bien rigolé la veille sur ma manière de dire “bonne nuit” avec les fesses en pétant. Puis nous avons dessiné et pris le temps de ne rien faire. A midi, Joan devait recevoir ses chaussures, mais n’arrivant pas, nous avons fait le choix d’aller à la boulangerie acheter du pain pour préparer nos sandwichs jambon beurre cantal; Puis l’ennui s’est installé. Nous avons essayé de regarder la télé, mais rien d’intéressant au programme, donc nous avons attendu d'avoir un dortoir où dormir. Puis la place trouvée le moral est remonté et nous avons rencontré un pèlerin qui paraissait plus jeune que son âge avec qui avons discuté “chaussures”.

Vers 15h, un pèlerin a emmené tous les pèlerins en voiture pour faire des courses et avons choisi des tortillas au menu. En rentrant, ma mère a essayé de m’appeler et Joan a préparé à manger. Après trois tortillas englouties chacun, j’ai demandé au beau-fils de Bertrand si je pouvais faire du trampoline. Il a a bien évidemment accepté et j’ai pu ré-essayer la board-tramp, un snowboard aménagé en trampoline. Une discipline que j’avais seulement pu essayer au trampoline park. Puis, j’ai montré un salto sur l’herbe à un petit enfant de Bertrand et fut très impressionné, enfin je crois… et maintenant, nous allons prendre une douche et allons nous coucher.


Joan : Second jour de pause. La grasse matinée ne va pas plus tard que 7h30 cette fois-ci preuve que nous sommes déjà bien reposés et surtout un petit déjeuner bien complet nous attend en bas, dans la salle commune. Marion nous quitte aujourd’hui et reprend le chemin. Nous faisons nos “au revoir”. Elle nous aura apporté beaucoup de joie. Une partie de la matinée est consacrée au dessin. A s'amuse également à jongler avec des cigarettes. Je suis quant à moi au repos et dans l’attente de recevoir une nouvelle paire de chaussures, via la poste. Celles achetées avant le départ sont une des causes de mes maux. Je ne les reçois qu’en fin d’après-midi. Entre celles que je porte depuis Cahors et ces dernières, c’est le jour et la nuit. Je suis dans l’espoir que cela aidera à la résolution de mes problèmes pour poursuivre cette belle aventure.

Nous faisons à midi un aller-retour en ville pour acheter du pain. Nous n’avons eu l’information sur le deuxième jour de repos que la veille au soir. Ainsi une des missions du jour est de retourner s'approvisionner au Carrefour Contact. Cela s’organise grâce à Bertrand, le gérant, qui prête une voiture et c’est tout un groupe de marcheurs qui se met en branle, dont nous, pour l'excursion courses.

Avant cela, nous aidons Bertrand à étendre des draps et déménageons dans une nouvelle chambre qui donne sur un très beau jardin dont nous ignorions l’existence. Quel plaisir de s’allonger dans l’herbe avec la vue sur les Pyrénées. Nous faisons également un temps télé que j’écourte étant donné le peu de programmes intéressants. Nous cuisinons ce soir des tortillas avec des produits frais et de la viande locale du boucher. A a ensuite l’autorisation du maître de maison de faire du trampoline. Chose incroyable, il y a une salle privée de pelote basque dans laquelle se trouve un trampoline. A est aux anges. Je le laisse à ses saltos tandis que je prends du temps de mon côté.

A est monté sur pile nucléaire et ne s’arrête que lorsqu’il dort. J’ose néanmoins espérer pouvoir l’initier à des temps de farniente ou à la sieste. C’est une des activités que je souhaite intégrer à nos marches, surtout lorsqu’il fera chaud. La marche des prochains jours quant à elle va pouvoir être bénéfique pour la réflexion et la décision dont A va devoir s’acquitter avant lundi. Il s’agit de prendre une décision sur la filière d’études ou de formation qu'il commencera en septembre. En attendant, bonne nuit (il est 20h.)


Samedi 27 mai : Sauvelade (2 km avant) (16 km)

A : Cette nuit les cauchemars m’ont énormément gâché ma nuit et de reprendre les horaires habituels du matin ont été durs à reprendre. Ce matin, nous prenons le petit déjeuner et disons chaleureusement au revoir à Bertrand. La marche reprend, elle aussi doucement mais Joan a récupéré ses chaussures de Bretagne. L’heure de silence s’est imposée, mais avec plaisir car le beau temps et la chaleur étaient présents. Sur la route un coureur nous a dépassés, ce qui démontre qu’il se donnait à fond dans son activité; Vers 10h30; vers 10h30. Une petite pause dans une église s’est imposée. Puis avons repris la route et sur un pont d’autoroute, j’ai fait signe à un gros camion d’appuyer sur son klaxon qu’il a fait chanter pour moi. Cela m’a donné le sourire jusqu’à notre pause du midi dans un bar à Maslacq. Après nous avons préparé nos sandwichs dans un parc où j’ai pu réfléchir sur mon orientation. A 14h nous reprenons la route, plus que 6 km sous une chaleur intense et beaucoup de dénivelés. Puis une nouvelle pause s’est mise en place où j’ai pu sympathiser avec un âne qui avait l’air d’avoir aussi chaud que nous. Puis nous avons repris la route en espérant trouver où poser les tentes. Malheureusement, la carte Miam Miam dodo était mal foutue et le point d’eau potable n'était pas sur le lieu indiqué. Ayant peur de ne pas savoir où poser les tentes, nous avons continué jusqu’à Boye un village de quelques maisons privées. Ayant parcouru suffisamment de kilomètres et trouvé le fameux point d'eau, nous avons posé les tentes dans des hautes herbes et les premiers tiques du voyage sont apparus sur moi en cherchant dans la tente, j’en ai trouvé 2 et Joan 1. Ces bestioles viennent tout droit d’un film digne de Dracula sont devenus m’a phobie et après notre bon repas de nouilles chinoises et de banane au chocolat fondu, j'ai choisi de prendre la tête à Joan pour les déplacer et à demander à un habitant si on pouvait s’installer dans son jardin. Quand l’habitant a vu à quel point j’étais ch…… et en insistant il a accepté. Donc plus de peur que de mal, les tiques nous ont dérangés qu’un instant et maintenant que Joan a pris sa douche, nous écrivons un blog et allons nous coucher.


Joan : C’est le jour du départ du gîte de la boulangerie. Il fait beau et chaud. Nous marchons sur les hauteurs avec les Pyrénées sur notre gauche plein ouest. La piste empruntée rejoint rapidement l’asphalte. Première halte à l’ombre du porche d’une église. Un marcheur japonais nous aborde et échangeons. Il me tire le portrait avec son appareil photo avant de partir, traditionnel souvenir. Nous enjambons le Gane via un pont et atteignons Maslacq où nous prenons une longue pause pour pique-niquer. C’est l’occasion de faire le point sur l’orientation scolaire de A. Il doit prochainement prendre une décision. Nous explorons différentes pistes : métiers hippiques, ébénisterie, lutherie etc… Nous reprenons le chemin, du moins une piste et longeons le Gane sur notre gauche et les champs de maïs sur notre droite. Nous passons ensuite de 75 m d’altitude à 175 m en très peu de temps par un sentier raide, ombragé, en plein bois. Arrivé en haut, l'itinéraire redescend vers un ruisseau. La carte à notre disposition, peu précise suggère un point d’eau potable. L’objectif est de bivouaquer non loin avec dans l’idée d’avoir un possible accès à la rivière. Malheureusement, le paysage n’offre que champs cultivés ou bois en friches. Nous poussons plus loin à un hameau composé de deux maisons où est mis à disposition le fameux point d’eau. Nous nous installons en face, sous un érable et un figuier, à une table et chaises mises à dispositions des pèlerins. Temps de réflexion pour savoir où poser la tente. Je repère un endroit plat et à l’ombre, près du chemin.

Nous montons chacun notre tente. Très vite, je me rends compte de la présence de tiques. En en informant A, celui-ci panique et crise. Je tente de le rassurer mais l’angoisse est là. Nous finissons par en rigoler et allons préparer le repas auprès de la table. Je sais que abrité de la moustiquaire le risque est minime mais c’était inévitable en pleine nature.

Pourtant A ne veut pas en rester là et propose de demander aux voisins l'accès à sa pelouse tondue. Il nous l’avait d’abord refusé mais à force d’arguments A parvient à le convaincre. Nous voilà à déplacer les tentes. Qui plus est pour un terrain en pente. Au moins A dormira tranquille. Nous finissons notre repas par notre traditionnel dessert, bananes chocolat fondu. L’accès à l’eau me permet de me laver. A étant trop frileux, s’en passe. Nous allons nous coucher en espérant que mes blessures se remettront petit à petit.


Mercredi 28 mai : 2 km avant Sauvelade Navarrenx (16 km)

A : Ce matin, je me suis réveillé en pensant n’avoir pas dormi. Mon sac de couchage s’était cassé pendant la nuit. J’ai eu assez froid et en allant me coucher ma tête était dans le sens de la pente. Donc plusieurs réveils nocturnes se sont enchaînés. Après une cigarette, nous sommes allés prendre une boisson chaude dans un snack très particulier. Le gérant d’environ 40 ans était en slip ou petit short avec un tablier ét avec sa femme qui faisait les gaufres etc… Sur la terrasse la musique à fond était du Bob Marley et autre chanteur de reggae. J’ai bien apprécié sa musique de reggae et j’ai apprécié sa musique de ???? Et j’ai pris le meilleur petit déjeuner du voyage.

Puis, nous avons repris la route avec le ventre plein. A midi, nous avons fait une pause où nous avons rencontré un bébé escargot que j’ai pris sous mon aile et avec qui j’ai passé un petit temps du voyage. Je n’avais pas pensé arriver aussi tard..

Le seul repas du midi fut des fruits secs et après de nombreuses heures de marche, sommes arrivés au camping de Navarrenx. Après avoir planté les tentes, je suis allé me baigner avec la compagnie de Joan. Tout s’est bien passé et j’ai pu lancer un nouveau salto (le gainer) cela consiste à aller vers l’avant en salto arrière en se lançant avec son pied. Une figure très compliquée dont je fus très fier de maîtriser maintenant.

Après 1h de piscine, nous décidons d’aller acheter des sandwichs avant d’aller manger car le repas de midi fut zappé. Après nos sandwichs engloutis, une envie de pizza nous est venue et avons acheté ces dernières. Nous les avons mangées en haut des forteresses et avons pu admirer le Gane avec sur la route des basques farfelus.

Puis nous sommes rentrés et étant seuls au camping. Avant Saint Jean Pied de Port j’ai voulu me re baigner et maintenant nous allons nous coucher avec les gouttes de pluie et les oiseaux qui chantent en tant que berceuse.


Joan : Cette nuit, A a mal dormi. A l’inverse de mes conseils, il a préféré dormir la tête vers l’ouverture de la tente. Seulement celle-ci était vers le bas. Malgré cela, nous plions rapidement le bivouac et sommes d’attaque pour les 2 km qui nous séparent du petit déjeuner. Nous nous arrêtons donc après Sauvelade dans un café à l’âme soixante-huitarde. Nous prenons avec nos boissons chaudes une gaufre chacun. La marche ensuite suffit difficilement à occuper A qui shoote dans les cailloux ou encore s’arrête pour ausculter chaque insecte écrasé sur la route. Plus loin, lors d’une pause à l’ombre, A souhaite à nouveau adopter un escargot. L’idée nous vient d’utiliser une bouteille de coca en la transformant en vivarium. Nous perçons la bouteille et y intégrons un tapis d’herbe. A voir comment ces petites choses apprécient le voyage. Nous alternons marche et pause sous une chaleur de plomb. L’arrivée à Navarrenx est un soulagement même si nous n’avons fait que 16 km. Ce soir, nous dormons encore sous nos tentes, mais cette fois au camping. La décision a été tranchée par A lorsqu’il a appris qu’il y avait une piscine. Nous avons également pris le temps de visiter le village entouré de fortifications. Nous avons mangé une pizza avec vue sur le Gane et c’est depuis l’intérieur de ma tente à l’abri de la pluie qui tombe que je vous écris.


Jeudi 29 mai :

A : Ce matin, nous nous réveillons dans le camping avec des racailles qui choisissent de foutre le duvet dans la piscine à 6h30. Joan n’a pas apprécié leurs cris matinaux mais ont lâché de belles punchlines avec des références de mon âge qui m'ont fait sourire. Après 7h, nous nous sommes levés. Joan et moi avons plié les tentes et sommes partis au café du coin et après un café et mes céréales englouties, nous avons mangé les premiers kilomètres de forêts en admirant les palombières locales. Puis arrivés dans la zone industrielle des pèlerins sont allés chercher du pain à l'intermarché le plus proche et nous ont pris du pain. Puis nous avons dégusté nos sandwichs dans un jardin restaurant non loin de nous où nous avons pu discuter avec la gérante qui m’a donné de bons conseils.

Sur la route de nombreuses discussions ont surgi sur notamment la capacité à sociabiliser, puis avons fait une seconde pause plus tard où j’ai dessiné et oublié l’appareil photo, donc je n’avais pas remarqué. Nous avons repris la route et 5 km plus loin, sommes arrivés dans un Foyer pour jeunes enfants. J’ai trouvé ça admirable de voir ces petits et petites nous proposer du café ou du sirop. Nous avons mis environ 2€ chacun de notre poche en donativo et après une heure de souffrance où j’ai un peu répondu à Joan que c'était une première et la dernière fois seulement, la chaleur m’appuyait trop sur les épaules. .. Donc arrivé au gîte un super accueil de Simone et de son mari dans un lieu superbe où le repas fut digne d’un pur restaurant gastronomique avec en dessert un tour de magie de leur fils de 13 ans qui a impressionné tous les pèlerins dont moi et suite à cela j’ai fait mon choix d’orientation, j’en ai parlé avec ma maman et j’ai fini mes écrits avant d’aller dormir sous un ciel orageux.


Mardi 30 mai : Ostabat (24 km)

A : Ce matin, j’ai fait un réveil forcé à 5h par le chant du coq au lever du soleil. Jusqu’à 7h30, cette bestiole sur pattes qui en plus ne sait pas voler, m’a cassé les tympans et je pense qu’elle s’est accordée la veille avec Joan pour me réveiller. Donc après 1h de petit déjeuner, Joan m’a mis la pression pour ne pas être retardé pour démarrer. Donc vers 8h40, nous sommes partis du gîte et Joan a choisi de reprendre le vrai rythme du début. Je n’ai aucun avis sur les probables douleurs ou blessures qui pourraient ressurgir, mais mon plaisir aurait été gâché si je l’avais suivi comme une limace assoiffée. Sinon l’étape matinale fut assez bien mieux que celle passée avant et une dizaine de kilomètres a été dévorée par notre vitesse car la chaleur n’avait pas encore pointé le bout de son nez. Donc à midi, nous avons partagé le repas avec Andie, un américain, hyper baraqué qui habite à Taiwan et qui va à Santiago directement après l’avoir fait donc x2. Puis nous avons découvert la raison pourquoi cette étape était classée.

Donc une très grosse montée en dénivelé rocailleux avec une vue sur les Pyrénées tout dégagées où nous avons fait une seconde pause. Puis nous sommes repartis en descendant cette colline sur de l'asphalte et j’ai trouvé que cette partie gâchait la beauté de l’étape précédente. Arrivée au bled où nous dormons, nous avons retrouvé Philippe et sa femme, des pèlerins avec qui nous avons sympathisé au gîte de la boulangerie. Puis nous nous sommes arrêtés dans un bar basque où nous avons demandé où planter les tentes et où un fils m'a mis la pattée aux fléchettes. Après cette partie, nous sommes passés à table et où Joan et Nicolas, le policier, ont débattu sur le parc d'attractions du Puy du Fou et avons dégusté un merveilleux repas. Après mangé, ma dernière cigarette de la journée est arrivée. Joan et moi admirons le soleil se coucher en se disant que demain nous arriverons à Saint Jean Pied de Port.


Joan : Ce matin, le petit déjeuner fut gourmand. A s’y est longuement attardé et négligé le pliage de la tente et le paquetage de son sac nous retardant. Nous partons avec un soleil déjà haut qui rapidement nous met en nage. Heureusement, la vue est belle. Nous avançons d’un bon rythme et abordons les montées avec vigueur pour se délecter ensuite de l’horizon qui s’ouvre à nous. Les Pyrénées, toujours avec le Pic d'Orhy à l’est, en face le Pic d’Anic et plus à l’ouest le pic du Midi d'Ossau. Les résonances basques sont partout. Nous peinons parfois à prononcer correctement certains noms de villages.

Bien sûr, malgré que cet itinéraire de la journée soit classé patrimoine mondial immatériel de l’Unesco, la route est de la partie. Nous souffrons quelques kilomètres en plein soleil, le goudron réverbérant la chaleur nous arrivons à une aire de pique-nique près d’un fronton de pelote basque. Nous rencontrons lors de cette halte un américain, Andie, et marchons un moment en parlant anglais.

C’est à ce moment que l’itinéraire s’élève et nous amène à 275 m d’altitude, ce qui, certes étant peu, s'est fait ressentir lors de la montée. La vue n’est que plus belle. Le reste se fait essentiellement sous un couvert végétal jusqu'à Ostabat. Les gîtes étant pleins, nous trouvons un très bel emplacement de bivouac en contrebas du village, ce qui fait mon bonheur. A aurait aimé un lit, mais finit par être satisfait de cette décision lorsque installés devant la vue sur les montagnes vertes, nous prenons le temps de partager le moment d’écriture. Avant cela, c’est une douche froide dans les locaux communaux à la “roots” qui nous lave de toute la sueur de la journée. Nous nous installons ensuite dans un charmant café, convivial pour jouer aux fléchettes, puis s’offrir le luxe d’un copieux repas en compagnie de pèlerins avec qui l’échange sera chaleureux et joyeux. Nous rejoignons notre bivouac, le quatrième d'affilée qui se clôturera demain par une nuit en gîte.


Mercredi 31 mai : Saint Jean Pied de Port (24 km)

A : Ce matin, mon réveil fut difficile car je n’avais pas assez dormi. Donc après la sonnerie du clocher, j’ai dû me lever pour ranger ma tente et aller au bar pour le petit déjeuner. Après nous avoir servi, la patronne a discuté avec Joan et moi et nous a expliqué comment était transmise cette boulangerie.

Puis le départ s’est fait sur les coups de 8h40. Le temps s’est très vite réchauffé dès notre départ et la route s’est offerte à notre portée. Puis avons recroisé Andrez l’américaine et son pote l’allemand, tous les deux sont des personnages qui vont bien ensemble. Donc après notre pause du midi dans un coin si paumé que le seul magasin pour acheter de quoi casser la croûte est un abattoir à cochons pour rillettes. Puis une douleur à la voûte plantaire de mon pied s’est réveillée, une première douleur qui n’a fait qu'enchaîner d’autres ou ampoules.

Puis nous avons croisé André et Jean-Marc avec qui j’ai donné de l’herbe aux plus grands chevaux vus de ma vie et bu un coup au bar de Saint Jean le Vieux où les discussions extravagantes se sont enchaînées puis nous leur avons dit adieu à Saint Pied de Port où nous avons retrouvé Lucille au gîte où nous sommes. Puis après 30 mn de recherche de tabac, après de fausses informations, nous avons trouvé mon bonheur dans un bar à la gare de la ville et avons retiré le colis de Joan à Intermarché de Saint Jean. Puis sommes rentrés manger avec une tablée de pèlerins et écrivons le blog avant la journée de repos de demain.


Joan : Le matin est une fois de plus difficile pour A. Le camp plié, nous retournons au café-restaurant de la veille pour le petit déjeuner. L’accueil y est vraiment chaleureux. Ce sont deux sœurs du pays qui consacrent leur énergie à maintenir ce lieu d’accueil familial pour continuer de faire vivre le village et d’entretenir le lien social. La marche de ce jour, cap au sud, offre une vue superbe sur les montagnes vertes aux rondeurs parfaites.On se croirait parfois dans un univers aquarelle sorti d’un film de Miyazaki; Les nuages complètent le tableau en apportant aux prairies des touches clair-obscur. La chaleur se fait de plus en plus intense. La halte s’impose lorsque nous abordons un village où se trouve une conserverie de produits du terroir. Les copains du chemin sont déjà réunis autour de la table mise à disposition. Nous retrouvons André, l’américain vivant à Taïwan . A prend du plaisir à communiquer en anglais et se débrouille très bien. Plus loin, après avoir marché un temps seul, nous retrouvons un autre binôme avec qui nous avons déjà échangé à plusieurs reprises au gré des hasards que certains sur le chemin préfèrent appeler synchronicité. André, un québécois de 24 ans et Jean-Marc 9 ans plus jeune qui l’accompagne. Nous cheminons ensemble absorbés par de vibrantes conversations. Nous faisons halte à un café à Saint Jean Le Vieux juste avant l’arrivée pour prendre le temps ensemble et profiter d’une boisson fraîche qu’ils nous offrent. 4 kilomètres plus loin, Saint-Jean-Pied-de-Port, l’étape mythique et départ de nombreux pèlerins, l’Espagne nous ouvre les portes. La descente, par la rue médiévale, est impressionnante. L’architecture invite au voyage dans le temps. A me confie malgré tout s’y sentir moins à l’aise. Le lieu est très touristique et cela dénote des petits villages conviviaux où nous nous retrouvions en petits comités de pèlerins. Nous nous rendons au gîte paroissial. L’organisation de ce gîte, géré par les bénévoles nécessite un lever matinal pour être parti à 7h45. Ce n’est pas le jour de repos où nous ferons la grasse matinée.En effet, demain nous ferons halte. Nous allons pouvoir visiter. Nous trouvons finalement pour demain, grâce au réseau d’entraide de Seuil, un gîte qui va nous permettre de nous reposer comme il se doit.


Vendredi 2 juin: Bidarray (22 km)

A : Ce matin, je prends mon petit déjeuner avec des pèlerins canadiens incompétents (qui n’ont jamais randonné et qui commencent à Saint Jean). Donc après le petit déjeuner, un petit temps de recherche juste fait pour trouver la partie française. Donc une matinée plutôt tranquille s’offre à nous. A midi, nous rencontrons des pèlerins qui se dirigent vers la voie du nord comme nous. Après avoir mangé et quelques kilomètres parcourus, nous les recroisons et prenons une pause dans un spot de bivouac au bord d’une rivière. Nous avons pu tremper nos pieds dévorés par le bitume. Donc après cette seconde pause, les kilomètres sur le béton et la chaleur ont choisi de nous détruire. Vers les 5 derniers kilomètres un chien nous a montré la route jusqu’à Bidarray. Arrivés dans la ville, nous allons au bar avec notre fatigue. Nous rencontrons deux magnifiques filles qui nous ont servi de quoi boire un coup. Après notre boisson ingurgitée, nous nous sommes rendus au gîte où j’ai rencontré Jules et sa famille avec ses sœurs où nous avons joué au foot toute l’après-midi. Donc vers 19h, nous avons discuté avec des voyageurs sur les Pyrénées et avons dégusté nos nouilles coincées au fond de mon sac. Puis nous avons rejoué au foot jusqu’à 21h,et après ma douche, j’ai appelé ma mère pour qu’elle m’achète des chaussures car celles que j’ai sont trop fragiles. J’écris le blog avant de fumer ma cigarette et d’aller me coucher en espérant que la journée de demain ne soit pas trop dure.


Joan : Ce matin a profité du petit déjeuner pour sociabiliser en anglais. Le gîte est un ballet incessant de futurs marcheurs commençant leur pèlerinage de Saint Jean. Il en vient du monde entier. De mon côté, je reste à distance de cette affluence ayant un trop plein d’intéractions. Nous partons à contresens des autres pèlerins pour suivre la voie du Nine qui rejoint Hendaye en trois jours afin d’entamer le chemin du nord qui nous mènera à Santiago. Celle-ci suit de plus ou moins loin de Grio en restant dans les vallées. Tandis que nous marchons toute la journée sur la route bouillante, le GR 10, sur les crêtes, nous fait de l'œil. La marche est pénible et usante. Heureusement la vue réduit la peine. Nous sommes entourés de montagnes aux flancs verts. Seules quelques arêtes rocheuses percent parmi ce tapis de végétation. Cela donne à ces falaises un caractère accueillant.

Lors des haltes, A joue à s'entraîner à la jongle avec le ballon de foot qu'il a acheté la veille. Je l’entendis dire que son sac était trop lourd, mais ce fardeau ne l’a en rien rebuté. Il lui permet également de créer du lien à l’arrivée au gîte. Il passe la soirée à jouer avec les enfants d’une famille de randonneurs. Tout cela avec en arrière-plan, un panorama parmi le plus beau qu’on ait eu.


Samedi 3 juin : Saint Pée sur Nivelle ( 25 km)

A : Ce matin, je me réveille à 7h en pensant n’avoir toujours pas dormi. Donc, je dis à Joan que je range mon sac pour partir. Mais après l’avoir rangé, je vois Joan bouffer un sandwich et boire un café. Donc Je fais de même et me prépare un bol de céréales et un chocolat chaud. En étant sur le point de partir le père de Jules, Nicolas, m’offre une barre de céréales. Une famille vraiment adorable avec qui j’ai passé une merveilleuse soirée. Donc départ à 7h55 et prenons le GR8. Nous arrivons sur un bout de route qui est suivi par un mini sentier. A 10h40, nous arrivons à un bar et choisissons de faire notre pause déjeuner. J’ai joué au foot pendant que la patronne prépare nos sandwichs et après avoir mangé, j'ai malencontreusement fait tomber la cigarette sur son canapé. Donc à 11h, nous reprenons la route et attaquons plusieurs centaines de mètres de dénivelé uniquement en montée et descente.Une journée éprouvante, mais plus belle pour la marche.

A 15h, nous arrivons dans des hauteurs où une pause sous un arbre s’est offerte à nous. Nous avons mangé le reste du sandwich de la veille et admiré les grands oiseaux planés dans le vent. Après cette pause, des descentes rocailleuses nous ont fait arriver au Pont d’Amotz. Un pont en ruine où une plage nous a tapé à l'œil.

Donc nous plantons les tentes et je me remets à jouer au foot. Pendant que Joan prend sa douche dans la Nivelle. Je le rejoins et trouvons une bande rocheuse où des sculptures en pierre y seraient possibles. Donc pendant une demi-heure, nous créons notre citadelle en pierres et en sortant de l'eau nous avons préparé nos nouilles instantanées fétiches, les avons mangées et après nous écrivons le blog.

Joan : Le départ du gîte se fait avec efficacité ce matin. Nous décollons un peu avant 8h. La première partie de la journée est encore sur la route. La fraîcheur est néanmoins au rendez-vous. A boit plus sans que j’aie à lui rappeler. La chaleur est un bon rappel pour nous y inciter. L'itinéraire que nous suivons est peu balisé. La carte à ma disposition achetée à Saint Jean est un outil qui se révèle indispensable sur ce tronçon. Elle me permet d’appréhender le paysage afin d’estimer le meilleur itinéraire. Ainsi, plutôt que de faire un détour par Saint Pée Sur Nivelle, nous passerons plus au sud en restant sur un cap plein ouest.

Nous faisons halte à un café restaurant qui nous sauve car aucun point de ravitaillement n’est annoncé pour la journée. Il est 11h et comme bien souvent nous déjeunons à ce moment. Chose faite, nous quittons enfin le goudron pour un chemin d'une d’une randonnée. Cela me rejoint d’autant que nous prenons vite de la hauteur pour bénéficier de la vue et du vent qui vient nous rafraîchir. Cela représente une certaine épreuve pour A. Il finit par regretter la route à ma grande incompréhension. C’était trop beau pour être vrai, l’itinéraire retrouve à nouveau l’asphalte… C’est enfin une piste ocre pour laquelle nous montons une dernière fois qui nous permet d’atteindre la rivière Nivelle, au terme d’une journée très physique. Aucun camping n'étant ouvert à recevoir des tentes, nous trouvons un petit coin de paradis au bord de la Nivelle à proximité du pont médiéval en ruine d’Amotz.

Nous plantons nos tentes dans le sable, sous le couvert des arbres avec en guise de vue, la rivière qui s’écoule tranquillement. Nous allons nous baigner afin de nous rafraîchir et de laver la sueur de la journée. Nous rejoignons un banc de galets et nous exerçons dans un temps calme et méditatif au land art en créant des statuettes de cailloux en équilibre. Nous prenons ensuite notre repas face à la rivière, en appréciant pleinement la tranquillité et la douceur de ce lieu qui nous est offert.


Dimanche 4 juin : Hendaye ( 25 km) - Fête des mères

A : Ce matin, comme d’habitude, j’ai un peu de temps pour sortir de ma tente. Donc vers 7h15, j’ai rangé mon sac et plié ma tente. Joan étant déjà prêt, il m’a dit de fumer ma cigarette sur la route jusqu’à l’hôtel où nous devions normalement prendre le petit déjeuner, mais en arrivant l’hôtel-bar était fermé le dimanche et avons dû prendre le chemin le ventre vide. Après 10 km de marche sur la route en montée, nous sommes arrivés à Ascain et sommes allés à la boulangerie et avons remarqué que tout le monde achetait des fleurs. N’en connaissant pas la raison, la première idée est qu’il y avait une fête basque ou un jour de messe important. Donc en arrivant au bar-tabac, nous avons accosté un couple de vieux cyclistes venant de Hendaye et leur avons demandé où dormir sur Hendaye. Ne sachant pas, je me suis permis de demander pourquoi ils achetaient tous des fleurs. Et ils m’ont répondu que cette journée était la fête des mères, puis avons réagi et avons vu que ni Joan ni moi n’étions au courant.

Donc vers 11h45, nous reprenons la route et pendant un certain temps, j’ai re-chanté la musique 1km à pied. Après 16 km chantés, nous nous sommes arrêtés et j’ai eu l’instinct que Joan regarde combien de mesures de cette chanson étaient équivalentes en pas. Donc 15 pas x 16,5 = 2,400 km

Après cela, ce chiffre m’a donné une barre au crâne et avons continué à marcher toujours sur du dénivelé ,mais en silence jusqu’à Urrugne et avons fait une pause dans un parc pour pouvoir manger. Malheureusement, sur la piste cyclable (une vieille) dame s’est “pétée la gueule” et après qu’un monsieur soit venu l'aider, nous sommes repartis.

Puis, à notre habitude, nous avons repris notre dénivelé pendant 10 km pour arriver à une hauteur où un monsieur avec son chien nous dit “tu es arrivé” et me demandant où ça ?, j’ai continué à monter pour voir l’OCEAN ATLANTIQUE. J’ai lâché mes bâtons de stupeur et crié à Joan de finir la montée où nous avons pris des photos, puis avons redescendu toute la montagne pour la ville pour arriver au bout de cette vaste étendue d’eau comme horizon.

Après cette balade, nous nous sommes posés sur un banc où j’ai appelé ma mère pour sa fête, lui ai décrit mon amour et sommes repartis direction le camping pour ne pas arrêter les habitudes. Le camping se trouvait sur les hauteurs. Donc, après avoir choisi nos places, nous avons remarqué cette magnifique vue sur ce paradis bleu et après une bonne douche nous sommes allés manger en ville un bon burger au poulet et sommes rentrés avec l’Océan sur notre gauche pour écrire le blog et demain nous partons à l’ouest.


Joan : La nuit fut bonne au bord de la rivière mais courte. Le réveil sonne à l’heure et nous remballons rapidement le bivouac. On m’a indiqué un hôtel/restaurant qui est susceptible d’être ouvert un dimanche matin. Malheureusement, nous nous retrouvons bredouille devant une porte fermée. Nous grignotons quelques restes de vivres et repartons frustrés. Encore de la route, toujours de la route. Nous poussons d’un bon pas jusqu’à Ascain afin de nous y restaurer. J’ai profité pour me renseigner sur la possibilité d’hébergement, mais elles sont limitées. Il nous reste l’éventualité d'aller jusqu’en Espagne où fleurissent à nouveau les gîtes bon marché réservés aux pèlerins. On verra.

Nous marchons, sous la chaleur, irradiés par l’asphalte qu’il emmagasine. Les montées succèdent aux descentes et ainsi de suite. Nous faisons notre hale déjeuner à Urrugne vers 13h30 dans un parc à l’ombre. Cette pause est revigorante et nous permet d’avaler sans trop de peine, mais un peu quand même, les derniers kilomètres nous séparant d’Hendaye. Les tendons chauffent, mais enfin l’océan apparaît à nos yeux ébahis. Cette vue nous tiendra probablement compagnie pendant la longue marche sur les côtes helléniques. Nous rejoignons un camping qui après de nouvelles recherches semble idéal et c’est le cas ! Il nous offre un cadre sublime sur l’Atlantique, dans la verdure, sur les hauteurs d’Hendaye. Dans le bureau des enregistrements, nous analysons une carte d’Espagne et réalisons qu’il nous reste encore beaucoup de pain kilométrique sur la planche. Pour se gratifier de cette journée, nous descendons en ville, longeons le rivage et sa magnifique plage et allons se satisfaire d’un burger au poulet. Demain, nous passons la frontière pour une itinérance de deux mois à travers le Pays Basque espagnol, la Cantabrie, les Asturies et enfin la Galice.


Lundi 5 juin : Saint Sébastien (28 km)

A : Ce matin, pour la première fois, Joan ne m’a pas parlé ou stressé au réveil et j’ai trouvé ça anormal. Sauf que, après avoir plié la tente, il m’a expliqué que la navette traversant l’Atlantique, direction Hondarribia partait à 10h et avons donc pris le temps de faire les courses du midi et prendre un petit déjeuner dans un bar.

Ensuite, vers 9h09, nous nous sommes dirigés au Décathlon pour voir si une paire de chaussures pourrait être bien pour moi. Donc, j’ai dû essayer 10 paires de chaussures pour seulement prendre une paire de Asics en promotion à 49,99 €. Puis après avoir acheté la paire, l’homme de la sécurité nous a conseillé une autre paire alors que nous venions d’en payer une. Joan a ensuite demandé le chemin pour la navette qui était en fait à 500 m du Décathlon. Donc, nous avons pris la navette à 10h pour aller à Hondarribia. Seulement 2,30 € chacun pour traverser une frontière sur l’Atlantique. Donc, arrivés en Espagne, n’ayant plus de cigarette, mon premier réflexe fut de trouver un tabac. Et après les avoir achetées, le prix était 11,10 € pour un paquet de tabac et encore un autre de cigarettes industrielles. Joan m'a dit de ne pas en abuser, mais j’ai peut-être trouvé le pays parfait.

Donc nous avons pris la route, moi avec mes nouvelles chaussures et Joan avec une chaussette coupée pour cacher son talon du soleil et directement avons monté vers une église avec un parc pour manger nos courses du matin. Pendant notre repas, la guardia civil est venue, elle aussi, déguster leur sandwich, mais loin de nous.

Puis nous sommes partis vers un panneau qui indiquait deux voies possibles. La première avec 12 km et 124 m de dénivelé et l’autre avec 11 km et 357 m de dénivelé avec une vue sur l’océan et passage sur les crêtes espagnoles. Nous avons fait pie ou face car la première moitié de la deuxième voie est extrêmement raide (mais vraiment il faut voir pour s’en rendre compte comme c’est raide et presque, voire, très dangereux). Donc la pièce est tombée sur la première voie, mais par obéissance nous avons choisi de ne pas l’écarter et avons monté cette montée aussi raide et intrépide que mon ex…

Donc enfin arrivés en haut, nous avons admiré cette vue avec, cette fois-ci, un horizon invisible caché par des nuages qui faisaient penser à un paradis au loin.

Puis nous avons marché au point culminant où j’ai fumé une cigarette et Joan a mangé une barre protéinée. Puis nous sommes descendus 100 m de dénivelé rocailleux, parfois en sautillant, se laissant porter par la gravité. Puis nous avons longé une zone portuaire industrielle jusqu’à arriver à Pasaia où à notre seconde traversée avons vu un monstre des mers aborder le port et s’amarrer.

Après notre traversée, une centaine de marches étaient sur le chemin du GR et après les avoir montées, nous avons fait une pause pour grignoter quelques pains au chocolat et trouvé du réseau pour réserver un gîte pour le soir, sauf que, pas de bol, en haut, pas de réseau et avons continué jusqu’à trouver un gîte extrêmement paisible et (spirituel) où nous avons décidé de dormir. Nous avons été accueillis avec des limonades maison et un magnifique lieu sans réservation, en donativo où nous avons pu enfin sociabiliser avec des pèlerins et pas des espagnols qui ne parlent pas un mot d’anglais. Donc, j’ai pu déguster du pain au fromage, manger et boire à ma faim et maintenant je vais me coucher étant bien fatigué.


Joan : Nous nous réveillons tranquillement dans nos tentes. Ce matin, nous avons pour mission d'aller à Décathlon pour racheter des chaussures à A et ensuite prendre une navette maritime pour enjamber les 100 m de la baie qui nous séparent de l’Espagne. Avant l’ouverture du magasin de sport, nous allons prendre notre petit déjeuner en ville. Pour ce faire, il nous faut longer la plage et l'océan. Il est agréable d’imaginer que l’océan sera à nos côtés pendant le reste du voyage. Il suffit de scruter l’horizon pour ressentir cette impression d’immensité apaisante. Nos courses faites, nous embarquons sur un petit bateau pour la traversée. C’est un moment important et transitoire. Jusqu’à présent, nous nous dirigions vers Saint Jean Pied de Port et désormais c’est bel et bien vers Santiago. De plus, une partie de nos repères va être déstabilisée. Il va falloir découvrir tout un tas de nouvelles choses. A découvre en premier lieu à quel point le tabac est peu cher en Espagne. Puis en nous dirigeant dans les ruelles de Hondarribia à la poursuite de signes qui sont jaunes, nous sommes dépaysés par l’architecture qui a conservé un cachet historique.Le plus beau reste la suite de l’itinéraire qui nous amène sur des crêtes avec l’horizon de toutes parts. Le sentier est un vrai régal. Malheureusement, l’itinéraire pèlerin que nous jugeons judicieux de suivre s’éloigne du GR et des crêtes pour nous faire passer dans une ville sans intérêt et longer la route. Les cartes à ma disposition se contredisent et aucune ne prévoyait ce détour. Le chemin de Saint Jacques est malheureusement dédié à des fins économiques. Après un passage désagréable donc, nous arrivons à la baie de Pasaia où les deux montagnes qui se font face plongent dans la mer pour laisser une porte sur l’océan d’où partent et rentrent d’énormes bâteaux porte-conteneurs. L’endroit est sublime. De vieilles bâtisses colorées ornementent le port le long des falaises. Nous traversons une fois de plus en bateau à moteur. De l’autre côté, nous reprenons enfin le GR qui s’élève à nouveau par un raide escalier incorporé à la montagne. N’ayant pu réserver un hébergement car tout se fait par internet, nous continuons sans avoir un objectif précis. Heureusement que rien ne nous retenait à San Sébastian car en chemin, nous passons devant un lieu qui appelle à la curiosité. Très vite, nous découvrons un éden, une très belle bâtisse entourée d’un jardin fait de différents endroits de détente aménagés, dans un écrin de verdure avec en guise d’horizon, l’océan. Nous passons une agréable soirée avant de nous coucher dans des lits.


Mardi 6 juin : San Sébastien (16 km)

A : Ce matin, nous quittons la première communauté avec qui nous avons sociabilisé. La femme de Alfred, notre hôte, m’offre la recette du pain au fromage, dégusté hier. Donc dans la matinée, vers 8h30 nous prenons le chemin direction San Sébastian et arrivons en ville vers 9h. Nous visitons la ville côtière espagnole et nous arrivons à la plage. Puis Joan s’est rendu compte qu’il avait oublié sa gourde à Ulia et les appelle. Donc un communautaire a dit à Joan par téléphone d’aller à leur restaurant et nous avons recroisé l’allemand avec qui nous avions passé la soirée hier. Je goûte un milkshake au hibiscus, Joan un allongé. Pour la première fois des espagnols parlent anglais et après avoir récupéré sa gourde, nous avons rejoint le GR pour peut-être aller à la deuxième communauté.

Comme à l’habitude du GR, nous nous rendons dans les hauteurs et arrivons à la deuxième communauté. Nous sommes accueillis par une jeune fille de 17 ans qui nous offre une boisson et avec qui j’ai sympathisé, en tout cas, comme je peux. Puis un jeune homme communautaire nous a montré les chambres où nous allions dormir et quand Joan m’a laissé seul 5 secondes, j’ai malencontreusement commander à manger à 14h. Bien évidemment, nous n’avions pas faim et avons demandé de le laisser au frigo. J’étais extrêmement confus et me suis excusé auprès de nos hôtes.

Puis la soirée est passée, j’ai dormi un peu, avons mangé et après Amats nous a proposé d’aller à leur deuxième restaurant. Nous nous sommes régalés là-bas et Giden et Sipas nous ont expliqué leur vision sur la communauté. Puis les communautaires tenant le restaurant nous ont offert le dessert et une boisson. Franchement, je n’ai pas envie de croire à leur croyance, tout le monde a le droit de croire en qui il veut, mais j’ai trouvé bien leur idéologie de la socialisation et de l’humain qu’ils ont entre eux qui se rapproche à peu de choses près de nos idéos à Joan et moi. Donc nous allons nous coucher avec plein de choses dans la tête et en se reposant pour la petite journée de demain.


Joan : Une première marche, courte, nous permet de rejoindre la ville balnéaire de San Sébastian. J’essaye de prendre mes marques pour trouver une banque, un endroit où s’approvisionner etc… Nous passons le long d’une immense plage et à la demande de A, nous nous arrêtons pour qu’il puisse en profiter. Je me rends compte à ce moment-là de l’oubli de ma gourde au gîte. Je parviens à les contacter et s’organise une mission de récupération de mon bien. Nous allons dans un restaurant de la communauté Las doce tri lens pour ce faire. Le restaurant est décoré à la manière d’un village, tout en bois, c’est toute une ambiance. Nous repartons en rejoignant à nouveau les hauteurs, par une petite route. Nous mangeons, notamment avec le pain fait au gîte et poursuivons sur un sentier. C’est à ce moment que nous rencontrons Christophe, un français qui va aussi à Santiago, à l’allure d’une fusée. Il va tellement vite qu’il en perd une chaussette qu’il faisait sécher sur ses bâtons. A la prend alors que je lui préconise de la laisser. Nous le recroisons plus tard ayant fait demi-tour pour chercher cette fameuse chaussette, objet semble-t-il, banal mais d’une haute importance sur le chemin. A nie avoir vu une chaussette. Je reste surpris jusqu’à ce qu’il m’explique avoir joué avec avant de la balancer dans la forêt. Je lui dis ce que j’en pense et poursuivons en méditant sur la situation. Cette anecdote nous arrive jusqu’au moment où faisant une pause dans un lieu établi pour les pèlerins, tenu par la même communauté de la veille, nous revoyons Christophe. A s’en va lui présenter ses excuses et l’histoire en reste là. A est soulagé de sa réaction et d’avoir pu arranger la situation. Avant de partir, Christophe m’apporte des conseils pour avoir des cartes sur mon smartphone, permettant hors réseau, de se localiser et d’identifier parmi le chemin de Saint Jacques et le GR lequel est le plus adapté à nos besoins (éviter la route, s’approvisionner, trouver de l’eau, éviter les zones urbanisées etc…). A épuisé s’en va siester jusqu’au dîner, tandis que je prends du temps tranquille. Nous sommes invités personnellement le soir à passer voir leur restaurant non loin de la ferme. Le restaurant est décoré dans le même style que celui en ville et nous plonge dans un univers chaleureux. On nous offre boisson et dessert. On prête même à A un superbe violon. Par timidité sûrement et parce qu’il n’a pas joué depuis longtemps, il n’ose y jouer. S’ensuit de longues discussions de philosophie et de spiritualité. Je suis curieux de connaître leur approche et les raisons qui nourrissent leur idéologie.

Nous repartons après une soirée pleine de bons sentiments. De retour au gîte, nous échangeons avec A pour se faire un retour sur l’impression qu’ont laissée leurs explications.

Je lui conseille de rester critique et de dormir dessus avant que nous en reparlions le lendemain en marchant. Ce fut, en tout cas, riche et intéressant. La soirée ayant fini tard, nous écrirons cette journée le lendemain, alors que nous sommes face à la plage et l’océan.


Mercredi 7 juin : Orio (15 km)

A : Ce matin, c’est une petite grasse matinée. Joan me réveille à 8h30 et je prends mon petit déjeuner seul. Il m’explique ensuite après avoir dit “au revoir” à la communauté comment il a dû sociabiliser dès le petit déjeuner et avons une discussion neutre sur leur croyance et leur mode de vie.

Puis arrivé à Zarautz, nous nous sommes rendus à la plage pour profiter de la mer et après une bonne heure de plage, nous sommes allés manger au bord de la mer où Joan a pris le menu du jour et moi un burger avec des oeufs et plein de viande grasse et j’en passe. Après cela, nous avons écrit le blog de la veille car nous nous étions couchés tard pour profiter de la soirée.

Donc le blog écrit, je suis allé jouer au foot sur la plage et me suis laissé porter par les vagues. J’ai aussi dessiné de nombreuses bêtises en français sur le sable et puis nous nous sommes préparés à partir vers 16h. Nous sommes allés à la pharmacie et avons marché 1h pour trouver notre lieu de bivouac.

Joan a malheureusement cassé l’arceau de sa tente et a utilisé sa sardine pour ouvrir des boîtes de conserve. Une vraie galère qui m’a donné vachement envie de voyager pour oublier ces intempéries

Donc après avoir mangé, je me suis lancé dans une activité de tressage et écrivons le blog avant d’aller se coucher.


Joan : Nous nous levons exceptionnellement à ‘heure ce matin, car la journée de marche n’est pas exigeante, seulement 15 km. Nous débrieferons à propos des discussions de la veille. Passé Orio, nous suivons le GR et non pas l’itinéraire pèlerins pour s’éviter de la route. A Zaraust, nous faisons de même et descendons à la plage par des escaliers pittoresques. L’objectif est de profiter de la plage avant de faire les cinq derniers kilomètres qui nous séparent de notre point de chute. Je souhaite que l'on bivouaque sur les hauteurs de Gerida. A profite longuement de cet environnement qu’il affectionne tant, la plage et la mer. Sachant que nous n’aurons pas de frais de logement ce soir, nous nous offrons un repas dans une sorte de brasserie à l’espagnol sur le front de mer. C’est une occasion pour apprendre de nouveaux mots en espagnol. Puis vers 15h30, nous remplissons nos contenants d’eau en prévision d’un bivouac sans accès à cette précieuse ressource. Nous suons à grosses gouttes avant d’atteindre un endroit qui semble approprié. Il fait 30°c. Nous jetons donc notre dévolu sur un grand champ vallonné au bord du sentier avec une vue qui porte au loin, vers le sud les montagnes et au nord sur l’océan. Il y en a pour tous les goûts. La journée semble se finir sans encombre quand, au moment de monter ma tente, la jointure des arceaux a claqué. Ce bruit est un mauvais présage. En effet, la structure de la tente a cédé perçant en même temps la toile. C’est la tuile ! Je rafistole cela avec de la bande kinésiologique pour pouvoir passer la nuit sous un abri. Puis nous nous mettons à cuisiner. Je fais bouillir de l’eau pour la semoule. Nous avons du concentré de tomate en boîte et du thon. Second imprévu lorsque je découvre que les boîtes ne sont pas équipées d’ouverture intégrée. J’utilise alors une sardine de ma tente ainsi qu’une pierre pour les ouvrir. A ce moment, nous voyons au loin une personne dans le champ. Nous croisons les doigts pour ne pas se faire déloger dans la nuit. Toutes sortes d’histoires circulent à ce sujet en Espagne. Le bivouac n’y est pas toléré. Bref, que des “péripéties”.


Jeudi 8 juin : Deba (20 km)

A : Ce matin, je n’ai pas tardé à me réveiller. Mon sac était déjà prêt, j’ai seulement eu à dégonfler le matelas et à ranger la tente et après une petite cigarette, nous sommes allés prendre un petit déjeuner qui fut infâme. Le café de Joan n’avait pas de goût et mon chocolat était pur. J’ai dû demander du lait pour le boire et après notre petit déjeuner, nous sommes allés faire des courses et m’acheter des blondes. Donc le chemin a repris vers 10h et ce midi, nous nous sommes arrêtés sur des falaises où les rochers s’étaient dressés verticalement en ligne. Un spot magnifique où nous avons pu siester deux grosses heures. Après les deux heures restantes le chemin fut atroce et n’ayant plus d’eau, j’en ai vraiment chier comme jamais et transpiré presque toutes les gouttes de mon corps. Puis par curiosité, j’ai demandé à Joan ce qui passait quand le corps ne transpire plus et il m’a répondu “ bah, t’es déjà mort”. Je ne m'attendais pas à ça, mais cela était plus ou moins logique. Donc, après cette belle phrase, nous sommes arrivés à une église en ruines où j’ai pu me réapprovisionner en eau et prendre de l’air frais à l’arrière pour respirer. Il nous restait 30 mn de marche où j’ai pu chanter des musiques que je connaissais et suite à cela nous sommes arrivés à l'Office de Tourisme où nous avons réservé nos lits. Nous avons fait connaissance et pendant que Joan mangeait et moi au téléphone avec Clémence, des pélerins espagnols m’ont piqué mon ballon pour jouer au volley. Ils étaient tous forts mais aussi très impolis. Il ont fait de la merde. Ils ont envoyé mon ballon sur les rails de la gare mais sont allés le chercher. Puis avons mangé et écrivons le blog avant d’aller dormir.


Joan : Le début de la nuit a été mouvementé. Un sanglier est venu renifler près de ma tente et dans les premières heures de la soirée, un vent puissant a soufflé au point de plier ma tente mal en point. Le reste de la nuit fut bonne et c’est avec une belle vue que nous avons levé le camp. Une marche de 5 km nous amène à Zumaia pour notre petit déjeuner. Nous jetons notre dévolu sur la première boulangerie/café que nous croisons. La note y est salée. L’Espagne du Nord m’a semblé pour le moment ne plus représenter l’image peu chère que j’en avais. Nous reprenons la marche et après avoir passé l’intersection qui sépare GR et itinéraire pèlerins, nous faisons demi-tour pour rettraper le GR qui longe la côte, tandis que l’autre chemin va dans les terres. Le détour en vaut la peine. Très vite, nous évoluons dans un paysage grandiose où la géologie se manifeste par des poussées verticales en lames sédimentaires parallèles.

Le spectacle de ces falaises sortantes de l’océan est spectaculaire. Nous prenons notre halte repas en hauteur afin de nous délecter de cet environnement. La suite est également un pur plaisir, du moins pour moi. Nous attaquons les montées bien raides dignes de la haute montagne. Il s’agit pour moi d’une épreuve moins éprouvante que du plat sur de l’asphalte. Au terme de cette magnifique marche, nous arrivons à Deba et allons réserver notre place au gîte municipal à l’office de tourisme. Ce gîte est un grand bâtiment accolé à la voie de chemin de fer et rempli de dortoirs pour pèlerins. Nous y rencontrons un mélange cosmopolite de marcheurs avec une moyenne d’âges ayant drastiquement chuté, comparée à la France. Ce sont les premières rencontres depuis que nous sommes en Espagne. L’ambiance en chemin y est pour le moment différente. Nous nous couchons dans une chaleur de fournaise, sous les combles du gîte.


Vendredi 9 juin : Markina Xemien (23 km)

A : Ce matin, tout le monde était parti à 6h30 et je fus le seul à me réveiller à 7h. Joan était déjà prêt et après avoir préparé nos sacs, nous sommes allés petit déjeuner dans le bar d’en face. Pour la première fois en Espagne, mon chocolat était parfait et j’ai pu déguster une des meilleures viennoiseries au chocolat de ma vie. Nous avons pris la route à 8h avec un rythme rapide et presque violent. Je devais sûrement avancer à 3km/h en montée. Au bout de 1h15 de marche, nous avons fait une pause devant une église avec vue sur l'océan avant de s’enfoncer dans les terres.

A midi, nous nous sommes arrêtés dans un endroit avec des poules qui nous ont tenu compagnie et sommes repartis 1h30 plus tard. Les montées et descentes se sont enchaînées et après 3h30 de marche, nous sommes arrivés à la ville où j’ai lavé mon linge, fait des courses et mangé. Puis nous sommes sortis écouter du rock punk car des musiciens faisaient un petit concert en ville et sommes rentrés pour se poser. Une journée dure et peu intéressante, mais chaque jour nous nous rapprochons de notre objectif.d’une vingtaine de kilomètres Maintenant, j’écris le blog avant de me laver les dents pour aller nous coucher.


Joan : Nous quittons le gîte qui se trouve au-dessus de la gare et où, combiné à l’ambiance de rue espagnole, le calme est une notion abstraite; nuit difficile donc, mais réconforté par un bon petit déjeuner pris dans un café. A cette heure-ci, rien d’autre n’est ouvert. Je me réjouis de pouvoir enfin avoir du salé le matin en prenant une part de tortilla avec mon café. A quant à lui se délecte de son pain au chocolat qu’il trouve excellent. Les premiers temps sont difficiles pour A qui se met la tête dans le guidon pour passer le plus rapidement possible les différentes montées. Je peste quant à moi contre mes tendons qui me font mal depuis un moment et commencent à me travailler les nerfs. Malgré cela, la vue est belle. Nous pouvons encore apercevoir entre deux montagnes l’océan, à certains passages. Mais désormais, le panorama nous invite dans un arrière pays boisé entre pins maritimes et eucalyptus, ces derniers apportent leur touche si atypique par l’éclat bleu, argenté de leurs feuilles. A découvre cette essence et curieux analyse leurs feuilles et se délecte de leur odeur caractéristique. La fraîcheur du matin a laissé place à une fournaise qui nous liquéfie.

Nous descendons enfin par une piste de terre ocre dans une ambiance de désert jusqu’à Markina où nous prenons place en terrasse d’un café dans un premier temps, avec d’autres pèlerins de différentes nationalités (US, Mexique, Danemark, Allemagne).

Puis nous rejoignons le gîte pèlerins en donativo et sommes accueillis chaleureusement par les bénévoles. En l’absence de cuisine à disposition, nous composons un repas fait d’une tortilla et d’une salade toute prête. Nous allons ensuite profiter de l’ambiance festive qui règne dans la petite ville. Il y a, en effet, des concerts. Ce n’est néanmoins pas la tasse de thé d’A qui n’est pas sensible au Ska/punk , contrairement à moi.

La suite devra sûrement se faire en bivouac étant donné que tous les gîtes à venir sont déjà complets, selon les dires de pèlerins. Certains annulent carrément leur marche et prévoient de prendre le bus pour rejoindre Bilbao pour se loger. Ce ne sera évidemment pas notre cas.


Samedi 10 juin : Gîte 8 km après Guernika

A : Ce matin, les portugais ont pété dès leur réveil et cela nous a fait penser à une blague : “que fait une portugaise après le réveil, elle pète pour remettre les poils dans le bon sens”

Donc après 7h, nous avons pris le petit déjeuner et comme d’habitude sommes partis en dernier. Nous avons pris l’itinéraire pèlerins et à midi sommes arrivés dans un bar à 14 km avant Guernika. La montée fut tranquille et j’ai vu un espagnol en claquettes faire des roues arrière en moto cross kawasaki 450cc sur la route. Je l’ai applaudi et avons repris la route dans les montées et la chaleur lourde. Et en plus j’ai malheureusement chopé la crève hier et toute la journée cela m’a beaucoup dérangé. Arrivé 4 km avant Guernika, nous sommes arrêtés à un bar pour boire un coup avec de jeunes pèlerins où j’ai même pu jouer au foot. Puis nous avons repris la route même si Joan avait peur pour ses tendons. Tout s'est extrêmement bien passé. Donc nous avons continué 6 km plus loin pour arriver à un gîte où nous montons la tente. Je fus très fier et heureux d’avoir fait 30 km. Je commence à m’attacher à la marche et au camino car les rencontres sont extraordinaires en parlant avec des rencontres. J’ai fait connaissance avec un roumain qui s’est installé à San Francisco avec qui j'ai pu discuter toute la soirée et cela m’a fait plaisir de pouvoir parler ma langue maternelle Donc super journée, super soirée, super rencontre et demain j’espère aller à Bilbao si Joan veut bien.


Joan : C'est un remue-ménage des cyclistes portuguais présents dans notre dortoir qui commence la journée. La nuit fut reposante. A a eu du mal à en sortir. Le petit déjeuner nous attend dans le réfectoire avec les autres pèlerins. Premier moment sociabilisation. Nous partons après tout le monde à 8h, avec peu d’entrain. A la première pause, A est ravi de trouver à disposition un terrain avec des cages de foot et s’en donne à coeur joie. Il souhaiterait y bivouaquer, mais nous ne sommes qu'à 5 km de notre point de départ. Par la suite nous passons à travers un magnifique monastère et visitons l’église avec son impressionnante retable chargé de moulures dorées. Nous profitons ensuite d’une traversée de villages pour piqe-niquer et nous gratifier d’une boisson dans un café. L’énergie est à la sieste. Nous nous forçons néanmoins à continuer et c’est en marchant que je dors à moitié. Le camino de ce côté de la frontière offre, pour le moment, à évoluer sur d’agréables sentiers de randonnée et moins sur la route. Nous évoluons toujours à travers de basses montagnes boisées de résineux et eucalyptus. Nous allons, somnolents d’une halte à l’autre et arrivons cette fois à un café où nous retrouvons le groupe de françaises retraitées, qui nous offrent de partager un café avec elles.

Nous repartons en compagnie de Johan avec le “h” avalé)qui est un jeune Allemand de 24 ans. Nous faisons ensemble les derniers kilomètres nous séparant de la fameuse et tristement célèbre ville de Gernika. Avant d’arriver au bout à une énième pause, nous avons la joie de pouvoir cueillir des citrons sur l’arbre que nous mangeons par quartiers. A la suggestion de A nous en prenons un avec nous pour agrémenter le repas du soir.

Nous laissons notre compagnon dans un bar avec d’autres et partons en quête d’un arrêt bivouac pour ce soir. Nous devons traverser Gernika qui ne présente plus que des bâtiments modernes, résultat de sa destruction en 1937.

Deux options s’offrent à nous, trouver un bivouac en sauvage à la sortie de la ville, ce qui ne semble pas évident au regard de la carte ou accéder 6 km plus loin à une auberge qui accepte les campeurs. Ce dernier choix est retenu, motivé par A qui est appelé par la douche. Nous ajoutons à cette étape à la journée qui comptabilise alors 30 km en espérant que je n’en paierai pas les pots cassés le lendemain à cause de mes tendons.

Le gîte nous permet d’avoir un coin à nous à l’écart d’une ambiance festive qui dénote avec l'atmosphère du chemin alors vécue. Je ne suis pas en phase avec cette atmosphère où l’alcool coule à flot, dans ce contexte de marche. A a la chance de pouvoir converser avec un marcheur roumain expatrié aux VS. Nous rejoignons nos tentes pour une nuit dans la fraîcheur du soir après cette journée étouffante.


Dimanche 11 : Bilbao (26 km)

A : Ce matin, Joan me laisse dormir pendant que lui boit son café. Après m’être réveillé, je me prends un verre d’eau et range ma tente. Nous prenons la route à 9h et à 10h nous traversons les villes sur des trottoirs ennuyeux. Nous retrouvons les deux français, Eric et Philippe avec qui nous avons bu et mangé à midi et avec qui nous avons fait tout le chemin, plein d’arrêts à des bars se sont enchaînés mais différents de ceux où nous avons rien consommé. Et nous sommes arrivés à la montée de Bilbao avec le soleil qui tapait fort sur nos dos.

Durant le chemin, les discussions se faisaient par paires , mais on switchait entre nous et eux deux. Joan m’a dit aussi que ces discussions lui avaient permis de voyager car Philippe venait du Cap Vert portugais. Puis en montant, nous avons trouvé un distributeur avec des préservatifs où de nombreuses blagues ont resurgi sur les deux espagnols qui avaient fait golo-golo dans leur tente la veille au soir. Arrivés en haut de cette énorme montée.

Nous avons croisé quelques amis de ces espagnols qui ont dit à Joan que ne n’allions plus les revoir. Un soulagement car ceux-là aimaient trop l’alcool et n'avaient pas de respect ni pour eux ni pour nous ou les autres pèlerins.

Enfin arrivés à Bilbao avec nos deux compères, nous nous sommes installés, avons rigolé un peu et fait les courses pour manger ensemble.

Cela faisait longtemps que nous n’avions pas passé une soirée aussi conviviale. Après avoir mangé, nous avons discuté avec Chantal, l’hospitalière où nous sommes, sur plein de choses et aussi sur le mauvais souvenir des Espagnols.


Joan : Le début de la nuit a été compliqué. Les espagnols ont festoyé et c’est dans la tente, en couple qu'ils ont été les plus bruyants et dérangeants. Je me lève et vais me réconforter avec le petit déjeuner fourni, tandis que je laisse A dormir. Nous commençons la marche avec une pluie fine. Il n’en fait pas moins chaud. Nous recroisons Eric et Philippe, deux français que nous avions déjà rencontrés. L’échange avec eux est riche et fait du bien à l’esprit. Ils ont tous deux des vies d’aventuriers qui me font voyager. Ils ont vécu en Guyane française où ils menaient des expéditions dans la jungle, la mangrove et les rivières pour des touristes téméraires. Philippe vit désormais au Cap Vert et Eric continue de barouder en ayant dernièrement jeté son dévolu sur les nombreux chemins de Saint Jacques.

Nous marchons à nos rythmes respectifs et nous retrouvons pour des pauses. La dernière est celle qui est la prouesse d'un bon repas à l’auberge de jeunesse à Bilbao, La All Iron Hostel. Nous nous suivons jusqu’à ce point de chute commun pour partager le dortoir Heureusement les espagnols d’hier n’y sont pas. Philippe nous offre un coup de l'amitié et Eric nous concocte un superbe plat de pâtes avec une sauce à la saveur colorée. Ce moment de partage est un des précieux souvenirs que je garderai du voyage.


Lundi 12 juin : Bilbao

A : Ce matin, première grasse matinée où j’ai bien dormi. Par contre, par manque de place, je n’ai à peine pu déjeuner et j'ai seulement bu un chocolat chaud. Puis Joan a parlé à une fille et a passé un coup de fil avant de partir en ville. Direction le centre de Bilbao. Nous sommes allés à Décathlon pour lui pré-commandé une tente et lui acheter un short et nous nous sommes baladés pour me chercher un kendama (bilboquet japonais) et ne trouvant pas ce jeu, nous sommes allés au Mac-donald que je réclamais tant et Joan m’a dit que cela faisait belles lurettes qu’il n’y était pas allé. Nous avons pris un menu très copieux et sommes retournés chercher mon kendama. Mais même en faisant tous les magasins, je n’en ai trouvé aucun et en sortant des Galeries Lafayette espagnoles, nous avons vu un mini marché en maroquinerie que des africains tenaient. J’ai donc beaucoup hésité et surtout avec la pression de Joan qui me disait de ne rien acheter, mais j’ai porté mon dévolu sur une sacoche à damiers marron, Louis Vuitton que j’ai payée 20 €. Puis nous sommes rentrés et avec mes sous qui me restaient j’ai acheté un Rubik’s Cube. Puis arrivé à l’hôtel, j’ai appris à Joan à jouer aux échecs et il m’a battu sur les trois parties jouées. Ensuite, un orage est survenu au moment où nous sommes allés faire les courses et après avoir mangé, je suis allé dehors regarder Bilbao depuis une rambarde et maintenant je vais me coucher.


Joan : Ce matin, c’est la grasse matinée. Nous prenons notre petit déjeuner en différé avant de prendre un temps d’écriture avec l’esprit plus éveillé que le soir après une journée de marche. Nous prenons le temps ensuite de faire une escapade en ville afin de remplir quelques obligations. Nous passons ainsi à Décathlon, puis cherchons en vain un kendama pour A. Ce serait un jeu idéal à emporter. Nous réitérerons cette quête dans la prochaine ville à Santander. A étant bredouille se rabat sur les vendeurs de rue et flashe sur une contrefaçon de sacoche Louis Vuitton qu’il pense offrir à un de ses copains en Roumanie. Nous finissons par trouver un Rubik’ s cube pour l’occuper lors des moments calmes. Nous fuyons enfin la chaleur écrasante de la ville qui se situe dans une cuvette pour rejoindre les hauteurs où se trouve l’albergue. A m’apprend à jouer aux échecs qu'il a lui-même appris en jouant sur internet. C’est une journée qui se termine en douceur alors que la pluie vient rafraîchir l’atmosphère au dehors


Mardi 13 juin : Bilbao – Pause

A : Ce matin, je me suis réveillé avant Joan et j'ai pris mon petit déjeuner et en allant dans la chambre à 9h, j’ai vu Joan tout recroquevillé dans sa couette comme le cocon d’un papillon. Il part prendre le sien pendant que je me re-douche et à 10h, nous partons en ville pour voir le Musée Guggenheim qui était juste tout pourri, franchement n’y allez pas, puis à midi, sommes allés manger au kebab, conseillé par Chantal. Malheureusement, nous avons eu une journée pluvieuse et en rentrant, je suis allé dormir jusqu’à 18h.

Nous sommes allés faire les courses, puis mangé et en rentrant, j’ai fait un résumé de mon premier mois de voyage par lettre pour ma Juge et écrit le blog avant de prendre la route demain.


Joan : Nous entamons la deuxième journée de pause pour un bon petit déjeuner, même si cela manque de salé à mon goût. A s’est levé avant moi. Nous prenons un temps d’écriture et allons en ville pour visiter le musée Guggenheim. C’est une visite qu’on écourte ayant, l’un comme l’autre, peu de sensibilité et d’affection pour l’art contemporain. Seule l’exposition temporaire, en libre accès, attire notre attention. Il s’agit d’une projection rétrospective sur grand écran, dans une salle recouverte de miroirs, du passé et présent du musée dans une ambiance sonore envoûtante. Nous écourtons ensuite notre visite en ville alors qu’il se met à pleuvoir. Nous trouvons refuge dans un kebab qui nous a été conseillé avant de rentrer nous reposer à l’auberge de jeunesse. Le temps de l’après-midi et du soir se résume alors à des siestes, des parties d’échecs, une bonne plâtrée de pâtes aux légumes et un temps d’écriture.


Mercredi 14 juin : Portugalete (15 km)

A : Ce matin, je me suis réveillé après Joan. Je prends mon petit déjeuner à 8h avec d’autres pèlerins et prenons la route à 8h30. Nous descendons en ville pour arriver au bord du canal de Bilbao pour le longer. Sur le chemin, nous nous arrêtons devant un mur d’escalade où je m’amuse un petit peu et nous repartons pour continuer sur le canal. Sur le chemin, nous voyons énormément de demeures abandonnées et nous nous arrêtons 7 km avant Portugalete dans un bar. Je bois mon premier café du chemin et quand nous arrivons à destination, nous remarquons que l’albergue n’ouvre seulement qu’à 15h. Il est seulement 12h, nous nous baladons avant d’aller à l’hôpital pour Joan. Malheureusement un souci est survenu et nous sommes repartis. Arrivé en ville, je lui demande d’aller chez le coiffeur. Il a accepté et sommes rentrés chez un coiffeur espagnol qui m’a fait ma coupe de cheveux demandée. Puis nous sommes rentrés à l’albergue nous reposer. Une heure après, nous sommes sortis en ville chercher du pain et sommes rentrés dormir. Nous avons dormi et je me suis réveillé à 22h quand l’albergue fermait, donc pendant toute la nuit, les ronfleurs ont fait résonner leur souffle dans le gymnase où nous avons dormi et cela en a dérangé plus d’un.


Joan : Les sacs étant prêts la veille, nous ne tardons pas à prendre la marche après un rapide petit déjeuner. L’itinéraire d’aujourd’hui est uniquement urbain. Nous devons suivre la ligne droite de la rivière Nervion qui se jette dans l’océan à notre point d’arrivée 15 km plus loin. Il s’agit d’un itinéraire alternatif nous imposant moins de dénivelés et moins de kilomètres afin de reprendre en douceur après la pause. Nous traversons Bilbao et croisons au passage l’imposante et étonnante structure moderne du musée Guggenheim. Puis nous longeons les infrastructures portuaires industrielles. Des ouvriers sont à l'œuvre à construire un bateau cargo. Ce paysage est une singularité par rapport à tout ce que nous avons pu voir jusqu’à présent. La monotonie de cette marche comble difficilement A qui s’exerce alors à des pirouettes et à toutes sortes de bruitages et vocalises. Je garde mes distances afin, quant à moi, de progresser en silence

Nous faisons halte dans un café et ajoutons à notre boisson chaude un petit sandwich. Ce type d’encas constitue le repas du midi des Espagnols. L’arrivée à Portugalete se fait par la traversée de la Ria grâce à une navette suspendue par un impressionnant pont à la structure métallique digne d’Eiffel. Des rails font circuler cette navette maintenue dans le vide par des câbles. L’après-midi s’offre à nous. Nous en profitons pour passer chez le coiffeur pour A qui ressort ravi de son dégradé. Le reste de l’après-midi se résume en une longue et agréable sieste.


Jeudi 15 juin : Castro-Urdiales (28 km)

A : Cette nuit, je me suis réveillé plusieurs fois. Une première à 3h, une 2ème à 5h15 et la dernière à 7h. Nous étions seuls dans le gymnase avec un couple de français de l’âge de Joan. On a pu prendre notre petit déjeuner avec les restes dans le frigo que les pèlerins avaient laissés et sommes partis à 8h. Nous avons longé la ville, puis une piste cyclable pour marcher un bout d’une autoroute. Une étape très spéciale, mais chaleureuse car en arrivant à 5 km avant la destination, j’ai pu sauter dans l’océan depuis un plongeoir en bâton. Puis suite à ma baignade, nous sommes allés boire une boisson et j’ai pu manger une glace. En repartant, nous avons enfin pu prendre un chemin adapté. Et arrivés dans les hauteurs, nous avons croisé un vieux couple d’allemands, anciens pèlerins qui nous ont indiqué où était l’albergue. Arrivé en ville, je me suis lancé dans une “pêche à la poulette” et j'ai essayé de faire des yeux-contacts à toutes les plus belles espagnoles à peu près de mon âge. Puis après 5 km parcourus dans la ville, nous sommes arrivés dans la minuscule albergue où nous dormons. Nous avons directement fait à manger avec en premier plat des pâtes au thon et en deuxième de la semoule pesto. Puis, j’ai pris ma douche et avons fait des courses où j’ai pu continuer mon jeu de regards et sommes rentrés avant que l’albergue se ferme et pouvoir aller se coucher.


Joan : Tout le monde dans le dortoir est déjà parti lorsque nous nous réveillons à 7h. Nous glanons quelques vivres laissées dans le frigo par de précédents marcheurs pour nous concocter un petit déjeuner impérial. La marche longe l’autoroute via une piste cyclable. L’itinéraire promet beaucoup de route. Je pose l’objectif de l’heure de marche en silence et c’est avec dépit que A s’y soumet. Nous ne faisons pas de vraie pause pique-nique, mais grignotons à plusieurs reprises et certaines fois en marchant, des fruits à coques. Le sentier est parfois dévié car des travaux sont à l'œuvre pour remettre en état des portions le long de la côte qui pourraient être dangereuses. Nous composons entre l’itinéraire proposé via le fléchage et ce qui est indiqué sur ma carte numérique qui est d’une précieuse aide. Après avoir pris un raccourci proposé par l’itinéraire jacquaire longeant malgré tout dangereusement une route, nous débouchons sur une très belle plage qui appelle A à la baignade. Nous prenons ce temps et après quelques sauts dans l’eau salée, repartons par un beau sentier de terre qui sera le seul de la journée. Nous enjambons une colline qui, au terme de son ascension, nous dévoile une vue surplombant la baie et le port de la ville de Castro-Urdiales. Nous longeons le fronton de mer et sa plage pour rejoindre le gîte pèlerins où heureusement il reste de la place pour nous. L’endroit est simple, mais propre et propose une cuisine, ce qui n’est pas toujours le cas. En ouvrant le frigo, nous découvrons, à nouveau, de nombreuses vivres laissées aux prochains. Je m’en donne à cœur joie pour composer une sauce avec des pâtes et complète par un plat de semoule car l’appétit d’ogre de A grandit. Nous passons une soirée tranquille avant de reprendre la marche demain pour une étape similaire de quelques 25/28 km, selon ce que l’itinéraire proposé.


Vendredi 16 juin : Laredo (25 km)

A : Ce matin, comme d’habitude, nous partons en dernier. Je prends mon petit déjeuner (bol de céréales) et Joan s’en prend un. Puis à 7h50, nous partons. La première pause est faite à 8h40 et un terrain de foot s’est offert à nous. J’ai pu jouer un petit peu et sommes repartis quasiment aussitôt. Nous avons enchaîné les kilomètres sur la route pour arriver à un bar où nous avons bu un café. Puis nous nous sommes trompés de chemin et l’avons récupéré peu de temps après. Puis, nous avons pris un chemin dans la montagne qui était barré par un panneau “danger ceci n’est pas un camino”. Nous ne l'avons pas écouté et avons suivi le bord de la côte sur les rochers où des intrépides espagnols, non pèlerins, s'étaient aventurés mais en sens inverse. Le chemin n’était pas dangereux, en tous les cas, nous avons fait attention car cela est primordial. Nous sommes arrivés en ville et sommes rentrés dans l’albergue catholique où nous sommes installés. Puis nous sommes sortis en ville pour aller à l’hôpital. Nous avons poireauté jusqu’à ce qu’un groupe de belles jeunes espagnoles me demandent une cigarette et avons pu demander notre chemin. Nous avons fait ensuite des courses pour manger un poulet-patates et espérons pouvoir le manger avant la fin de la soirée, car il était long à cuire.


Joan : Nous commençons la journée par l’heure de silence, ce qui a le don d’énerver A. Il peste et trouve toutes sortes de raisons pour faire des pauses dès la première heure, que je lui refuse. Cela finit par passer et un café vient soulager cette peine. Nous prenons ensuite un autre itinéraire afin de raccourcir l’étape par un plus beau passage qui plus est. Sur notre route, nous faisons halte à une source sortant de la roche où un lavoir succède à un bassin naturel. Nous observons les poissons dans l’eau claire en mangeant et avons la chance de voir évoluer deux anguilles dans cet environnement minéral.

Le chemin du littoral que nous prenons aborde une falaise en la longeant depuis une plage, puis grimpe dans la montagne et nous offre au bout de l’effort, une incroyable vue aérienne sur le littoral accidenté et l’océan d’un bleu intense. Au-dessus de nous planent d’immenses aigles et goélands. Nous voyons au loin la ville de Laredo qui s’étend le long d’une longère de sable dans la baie. Les immeubles sont alignés le long de la plage qui n’en finit pas. Heureusement, nous arrivons par la vieille ville et son charme rustique. Le gîte de ce soir se trouve dans un couvent. Nous sommes reçus par des Sœurs et traversons un magnifique cloître pour rejoindre le dortoir sous de hautes voûtes en arc brisé. Nous cuisinons un poulet entier avec des pommes de terre à la demande de A et le dégustons après deux bonnes heures de cuisson, mais l’attente en valait la chandelle.


Samedi 17 juin : Bareyo (25 km)

A : A 7h, Joan est réveillé et pendant qu’il prenait son café, je préparais mon sac. Dès qu’il est revenu, nous sommes partis et avons rencontré Béat, un pèlerin swiss avec qui j’ai sympathisé. Sur le bord de la côte du Laredo, il m’a expliqué l’histoire du chemin de Saint Jacques et de Jacques et ils sont venus après sa mort, en bateau. Puis nous avons aussi pris un bateau pour aller à Santander et avons rencontré Corina, une pèlerine allemande de l’âge de Joan avec qui nous avons pu marcher. Au début, je parlais beaucoup, du coup Joan a voulu faire l’heure de silence où elle aussi s’est prêtée au jeu. Nous avons marché sur des rochers en bout de côte, puis sur une plage où j’ai fait de nombreux dessins.

A midi, nous avons mangé une pizza, car elle est végan et nous avons repris la route jusqu’au camping où nous sommes à Bareyo. Au camping, il y avait un terrain de foot où des jeunes plus petits et plus grands que moi jouaient déjà et je leur ai demandé si je pouvais me joindre à eux. Ils ont accepté et bien évidemment, mon équipe a gagné car déjà j’étais dans l’équipe et que les joueurs de mon équipe étaient collectifs entre eux et moi, puis je suis redescendu, avons mangé et allons nous coucher.


Joan : Je prends ce matin le café servi par les Soeurs tandis que A finit de se préparer. Je rencontre alors Béat, un suisse retraité qui parle français. Il accompagne notre marche le long de la côte jusqu’au ferry qui, à 9h, embarque tous les pèlerins depuis la plage via une passerelle escamotable. Nous prenons ensemble notre petit déjeuner à un café, Corina, une jeune allemande se joint à nous. C’est avec elle que nous repartons et allons passer un long moment. J’initie l’heure de silence. A son terme, nous rejoignons une plage par un passage rocailleux à travers une colline. Nous marchons sur le sable, tandis qu'A s’y amuse à dessiner en nous suivant à vue. Béat le rejoint et évolue ainsi par paire. Nous arrivons au bout de cette plage et rejoignons l’asphalte, les pieds pleins de sable. Nous décidons de nous offrir un restaurant et c‘est Corina qui décide du lieu pour correspondre à son régime végan. C’est une pizzeria dans une ambiance rock et londonienne que nous découvrons. C’est un voyage dans le voyage. Les pizzas sont excellentes, mais copieuses pour un midi et emportons les restes dans un sac plastique. Je trimballe un rouleau de sacs congélation qui me permettent de conditionner toutes sortes de vivres. Nous reprenons la route avec le ventre bien plein et marchons avec lenteur vers notre but inexorable. Nous visons un camping avant Guemes qui est l’étape officielle, mais représentant trop de kilomètres. Le matériel de bivouac, malgré le fardeau que représente son poids, offre l’avantage de pouvoir, plus ou moins, adapter les étapes. Enfin arrivés, la journée n’en est pas moins finie. Nous prenons d’abord le temps de boire un coup au bar du camping. Nous faisons ensuite les courses à l’épicerie qui y est attenante. Puis nous montons les tentes. A a repéré un terrain de foot. Je l’y accompagne et l’y laisse en compagnie d’enfants dans ce lieu prévu à cet effet et m’en vais prendre ma douche. Je le rejoins avec Corina et profitons de la vue sur l’océan et du retour du soleil à travers les nuages avant de redescendre tous les trois. Le camping est sur plusieurs niveaux d’une colline. Le stade est au bout et nous campons en bas, mais A semble n’être jamais fatigué, surtout lorsqu’il s’agit de jouer au foot. Après avoir cuisiné avec notre propre matériel, nous prenons la direction de nos tentes respectives pour une nuit qui se fait attendre.


Dimanche 18 juin : Santander (22 km)

A : Ce matin, je me réveille de mauvaise humeur et range ma tente avant de prendre mon petit déjeuner. Joan a choisi de prendre un chemin alternatif sur la côte où nous avons vu plein de surfeurs naviguer sur les vagues. Donc nous avons bien marché et avons fait une pause dans une petite ville. Après l’alternative, j’ai pu jouer au foot et il a pu boire un café en me regardant. Puis, nous avons réitéré la marche en silence avant d’arriver en bateau qui nous emmenait à Santander. Arrivés à Santander, nous nous sommes un petit peu baladés avant de boire un coup et de visiter une église. Puis nous avons rejoint l’hôtel où le prix n’était pas le même que sur Booking et avons donc rajouté. Puis arrivé dans la chambre, j’ai pris ma douche et sommes allés au kebab après cette grosse journée. Corina a pu prendre un durum végétarien et nous, le classico salade, tomates, oignons sauce spicy et blanche Après ce bon repas, nous sommes rentrés et écrivons le blog avant de dormir et demain Corina reprendra son chemin pendant que nous resterons à Santander.


Joan : Le réveil est difficile pour A qui, la veille, a joué longuement au foot en plus de la journée de marche. Il finit par se lever et faire son sac après avoir maintes fois pesté. Le sourire est vite retrouvé et rejoignons le bar du camping qui, heureusement, est déjà ouvert pour que nous puissions prendre une boisson chaude. Notre amie allemande reste avec nous aujourd’hui et réservons ensemble à l’avance une chambre à partager dans un hôtel de Santander. A commence la marche en silence de son plein gré, ce qui est une étonnante et rapide progression comparée aux jours passés. Il progresse tête baissée en jouant à son Rubik’ s Cube. Nous faisons halte près d’une église, sous un kiosque pour nous abriter de la fine pluie qui commence à tomber. A en profite pour jouer au foot pendant que je discute avec Corina. 100 m plus loin, nous découvrons un city-stade sans l’avoir repéré sur la carte. A étant tellement heureux de le trouver ouvert, alors qu’ils sont d’habitude fermés, je lui accorde le temps d’en profiter. Puis, nous prenons l’itinéraire longeant la côte et faisant un détour de 3 km plutôt que celui allant tout droit le long d’une route passante. Le choix fut judicieux eu égard aux magnifiques paysages que nous découvrons. Le temps est à la bruine, rendant l’atmosphère similaire aux côtes anglaises. Les falaises écorchées complètent cette impression. Lors d’une éclaircie, nous en profitons pour faire une longue pause à contempler cet environnement si spécial. Puis, nous redescendons progressivement pour atteindre une longue plage de sable que nous essayons en vain de contourner. Nous finissons par devoir marcher dans le sable qui s’introduit partout et rend notre déplacement fastidieux. Au terme de cette épreuve, nous arrivons au port. La présence de Corina est une réelle joie pour A, comme pour moi. Nous alternons temps d’échange calme et franches parties de rigolade, surtout quand la fatigue ou l’épreuve du sable vient à nous gagner.

Le ferry nous emmène de l’autre côté de la baie dans la ville de Santander. Nous finissons cette après-midi par une boisson dans un bar. Puis nous rejoignons notre logement qui, pour la première fois, est un hôtel. Son confort, pourtant modeste, est pour nous, marcheurs, d’une grande satisfaction. Nous avons serviettes, draps et une chambre pour nous seuls à disposition. Etant dimanche et n'ayant pas de cuisine, nous allons manger un kebab en ville avant enfin de pouvoir rentrer profiter de notre maison temporaire. Demain, nous pourrons dormir plus car c’est un jour de repos.


Lundi 19 juin : Santander – Repos

A : Ce matin à mon réveil, Corina nous a quittés et après nous être préparés, Joan et moi sommes allés prendre notre petit déjeuner en face de l’hôtel. Puis après avoir pris notre petit déjeuner, nous avons loué des vélos pour aller à Décathlon. Malheureusement les vélos n’étaient pas électriques et très lourds, donc la route a été longue et a “cassé les c…” à Joan. Arrivés à Décathlon, nous avons récupéré la tente et après nous avons fait des courses dans un Lidl.

Rentrés à l’hôtel, nous avons mangé et avons regardé un film ensemble, puis nous sommes allés au rendez-vous médical de Joan où de bonnes nouvelles ont ressurgi. Puis, mon compère et moi avons récupéré son ancienne tente cassée pour la renvoyer par la poste. A la poste, nous avons reçu un ticket pour attendre notre place et avons envoyé le colis.En rentrant, nous avons mis du temps pour nous faire comprendre par le gérant car il ne comprenait pas que notre nourriture était au frigo. Puis nous avons regardé le début du film de Miyazaki “Porco Rosso” avant que j’appelle ma mère. Et maintenant j’écris le blog et range ma tente pendant que Joan prend sa douche.


Joan : Avec Corina, nous nous levons plus tôt et allons boire un café au bar de l’hôtel pendant que A continue sa nuit. Nous faisons ensuite nos “au revoir” à notre amie qui poursuit son chemin. Nous allons avec A prendre notre petit déjeuner dans un café à l’extérieur, le desayuno en espagnol. Je prends une part de tortilla et A une pâtisserie. Nous louons ensuite des vélos de ville pour aller chercher une nouvelle tente à Décathlon que j’ai commandée lorsque nous étions à Bilbao. Les vélos ne sont plus de la première fraîcheur et c’est avec peine et agacement que je m'affranchis des kilomètres tandis que A apprivoise et s’amuse avec ce deux roues. Nous rentrons en sueur et allons dans le salon de l’hôtel pour manger nos sandwichs jambon/avocat en regardant sur Netflix, la fin de Shrek 3 que nous avions commencé trois semaines en arrière. Il semble que c'était il y a une éternité ! Ce temps calme, une interaction fait du bien et repose. A doit ensuite m’accompagner à un rendez-vous chez le kiné. Notre dernière mission de la journée est d'amener ma tente cassée et quelques affaires dont on se déleste, à la poste pour les renvoyer en France. Nous pouvons enfin retrouver notre chambre. Après un repas réchauffé au micro-ondes, devant le film d'animation “Porco Rosso” de Miyazaki, nous allons fermer nos yeux dans ces agréables lits avant de reprendre notre itinérance demain.


Mardi 20 juin : Repos


Mercredi 21 juin : Santillana del Mar

A : ce matin, réveil à 8h 30 et ayant assez dormi, je me réveille d’un seul coup. Joan, en me voyant habillé et prêt, me félicite et après une cigarette, notre petit groupe se dirige au bar pour le petit déjeuner. Nous prenons tous une part de tortilla et après celle-ci engloutie, nous faisons nos “au revoir” et prenons la route. Nous faisons plusieurs pauses jusqu’à arriver à 10h50 sur une grande route jusqu’à San Viana Del Mar. En arrivant, une bande de jeunes en voyage scolaire se dresse devant nous. Nous prenons un café dans un bar avant de se balader, en attendant l’ouverture du couvent. Dès celui-ci ouvert, nous sommes les premiers arrivés et avons pris la demi-pension. Ensuite nous sommes arrivés dans la chambre où j’ai fait une sieste et Joan a pris sa douche. Et à mon réveil, nous sommes sortis en ville pour aller voir le musée de la torture. Bien mieux Guggenheim de Bilbao. Avec des objets tous terrifiants dont certains dont je ne connaissais l’existence. Puis nous avons fait les vitrines, je me suis acheté un souvenir et nous avons pris du saucisson de taureau entouré de poivre. Ensuite nous sommes rentrés, Anthony nous a appelés et m’a fait une commande de dessin. Puis nous avons chillé jusqu’au repas. À table, nous avons fait la connaissance d’un français allemand avec qui nous avons bien discuté et nous avons retrouvé Béat, mon mentor suisse et avons savouré ce repas. Après avoir mangé, un français bête alcoolisé est venu discuter avec nous et la discussion n’était pas si intéressante. Puis nous sommes remontés pour écrire ensemble le blog.


Joan : La nuit a été difficile pour moi à cause des moustiques, mais fort heureusement meilleure pour A. qui a pu obtenir un lit à la dernière minute. Nous allons prendre notre petit déjeuner au bar d’à côté avec les copains de la veille. Nous prenons tortillas et boissons chaudes. Nous prenons ensuite la route. C’est une nouvelle journée sur de l’asphalte qui s’annonce, l’heure de silence s’instaure facilement. A. n’a pas de grande motivation à marcher et parle de vouloir se poser pour dessiner. J’envisage un arrêt pour ce jour 15 minutes plus loin. A. continue de s’occuper à sa façon en jouant cette fois-ci des percussions avec son corps. Puis le silence reprend. Le paysage est d’abord urbain et industriel, et s’ouvre enfin sur de vertes collines où s'égrainent des maisons. Nous respirons à nouveau après avoir subi l’odeur des pots d’échappements et des usines, nous arrivons à Santillana del Mar, village médiéval aux innombrables bâtisses conservées dans leur état d’origine. Chaque rue est d’une authenticité irréprochable. Nous évoluerons dans les ruelles, le nez en l’air, au gré des demeures blasonnées, des ruelles pavées et des petites cours dissimulées . A. est attiré instantanément par la boutique où sont vendus nombre de souvenirs, babioles et autres kitcheries. Tous vendent plus ou moins la même chose à des prix plus ou moins différents. Nous goûtons une spécialité locale, une sorte de flan que A. engloutit avec gourmandise. Nous quittons ces boutiques pièges à touristes et rejoignons le gîte qui est aménagé au sein de l’ancien couvent. Nous prenons place dans notre chambre qui est une ancienne cellule. Le lieu est restauré avec goût et y prenons nos aises. Cela contraste avec la soirée plus spartiate de la veille. Nous faisons plus tard une sortie au musée de la torture qui nous offre un panel assez large de la folie des hommes. Cela a tendance à m’écœurer contrairement à A. que ça amuse. Nous retrouvons nos quartiers avant de rejoindre la salle commune pour le repas inclus. Je prends plaisir à manger ces plats travaillés. Nous avons moins eu l’occasion de cuisiner de manière sophistiquée ces derniers temps. Nous quittons ensuite cette atmosphère bruyante et cosmopolite pour rejoindre l’isolement de notre « cellule ». J’espère que le temps sera plus sec demain afin d’envisager de camper car les auberges sont toujours rares dans ce secteur.


Jeudi 22 juin : Santillana del Mar.– Canillas 21 km.

A : ce matin, je me réveille à 8h en dernier. Joan prend son petit déjeuner avant mon réveil et à son retour il m’explique le contenu de celui-ci. J’ai bien évidemment rentabilisé ce dernier et pris tout mon temps. Après avoir fini, je suis remonté préparer mon sac pour partir. Comme d’habitude, je le prépare à la va-vite. Nous prenons la route à environ 9h et nous entamons la première heure de silence. Puis, nous faisons une pause dans un parc pour que je puisse fumer mes cigarettes. Et après 15 minutes de marche, nous avons trouvé le mec alcoolisé qui faisait que répéter « moi aussi ». Donc, cette phrase est devenue son surnom pour Joan et moi et avons eu une meilleure discussion que la veille. Après 1h de marche en plus, nous avons refait une pause en sa compagnie. Ensuite, nous avons marché et avons fait une pause à la plage de Cobreces pour que je puisse jouer au foot. Vers 14h nous sommes partis et une discussion sur le matos des randonneurs s’est ouverte. Après 1h de marche, le temps avait l’air de passer si vite car nous avons refait une pause à moins de 2 km du camping où nous sommes. Arrivé au camping, une douleur au foie a ressurgi, puis à ma pomme d’Adam. Et Joan fut choqué du prix de voleur qu’ils voulaient nous faire payer la place de camping. Nous avons réussi à négocier pour faire ensuite les courses et pouvoir profiter de la plage privée du camping. Et maintenant que nous avons mangé, nous écrivons le blog avant d’aller dormir.


Joan : Nous prenons une heure de rab de sommeil, car l’étape du jour n’est pas longue. Cela laisse également le temps à la pluie de cesser. Ainsi, après un petit déjeuner dont A . a profité au point de se resservir maintes fois, nous reprenons la route. Nous retraversons les rues pavées dans une autre atmosphère que la veille. Il n’y a pas encore de touristes en cette heure matinale pour l’Espagne. L’itinéraire nous fait slalomer à travers un paysage champêtre, vert et vallonné. Les vaches nous regardent passer. Au hasard d’une montée, nous retrouvons un des Français, de la veille, Jean-Baptiste, qui, ayant dessaoulé de sa soirée, nous partage les raisons et motivations de son voyage sur le Camino. Il se lance dans cette aventure afin de se rencontrer, de se délester du poids de ses préoccupations matérielles et de faire le point. C’est alors qu’au terme de cette côte, nous découvrons à nouveau l’horizon de l’océan. Nous faisons notre pause de midi dans un bar restaurant, donnant sur une plage entourée de falaises de part et d’autre. A. en profite pour aller jouer au foot sur la plage, et partager ce moment avec des jeunes. Les prochaines heures de marche passent assez vite car nous nous lançons dans diverses discussions, impulsées par la curiosité de A. Nous passons cet après-midi avec une agréable légèreté et rions beaucoup. L’itinéraire a l’intérêt de nous faire passer dans des villages aux habitations remarquables. Les pierres de taille blanche accompagnent avec harmonie les façades à colombage. Chaque bâtisse possède son balcon aux balustrades en bois ouvragé. Je me régale et je suis impressionné par ce goût pour la préservation du patrimoine qu’on les villages de ??la Cantrabrie. Après une nouvelle pause, où A a pu jouer au foot, et après avoir passé une énième église sans pouvoir la visiter car fermée, nous arrivons à Canillas. Le camping où j’ai choisi que nous passerions la nuit, a l’avantage d’être à l’entrée de la ville. Il surplombe, depuis le plateau d’une falaise, une crique accessible par des escaliers. Nous montons nos tentes, allons faire nos courses dans le bourg qui par ailleurs continue de nous ravir les yeux et nous rentrons pour rejoindre cette plage en contrebas. Je m’efforce de rejoindre A dans l’eau. Plutôt que de faire des brasses, je préfère plonger dans la contemplation de ce milieu marin. Nous finissons par entamer une chasse aux crabes avant d’aller profiter d’une douche chaude et d’un repas cuisiné avec le réchaud à gaz. Nous rejoignons nos tentes respectives, gagnés par le sommeil et bercés par le ressac des vagues.


Vendredi 23 juin : Canillas–Colombres 29 km

A : Ce matin, réveil à 7h30 et je plie ma tente directement. Nous partons vers 7h45 et arrivons à 7h55 en ville. En se baladant, tous les bars et boulangerie étaient fermés. Donc nous avons continué 7 km plus loin vers un camping pour que le temps passe, et que les bars ouvrent. Arrivée, trois choix se sont ouverts à nous et avons baroudé dans les trois pour trouver le meilleur. Par chance, le dernier visité fut le meilleur à notre goût, et avons dégusté une part de tortillas chacun avec un croissant que nous avons partagé. Puis nous avons repris notre chemin sur l’asphalte et avons marché pour aller à San Vicente de la Barquera. Après, nous avons repris l'asphalte et ses moults dénivelés pour faire la pause midi dans un bled où il y avait un bar et des cages de foot. Après nous avons repris la route pour enfin arriver à Colombres et j’ai rencontré Calypso une jeune de mon âge, et Morgane son accompagnante, qui suivent l’itinéraire Saint-Jacques depuis Santander, avec qui j’ai pu sympathiser et avoir une discussion de mon âge. Cela ne m’était pas arrivé depuis longtemps, nous avons pu aller à la piscine et avons pu profiter de la chaleur avec de l’eau. Puis nous avons partagé le repas et j’écris le blog avant de jouer à Uno avec elles. Nous allons nous coucher.


Joan : Nous nous réveillons alors que le soleil vogue au-dessus de la mer, et nous inonde d’une lumière chaude nous invitant à commencer la journée. A. est efficace à se lever et à plier sa tente. Nous échangeons rapidement avec un campeur qui vient de sortir de sa tente. Il s’agit d’un cycliste ayant parcouru tout le tour de l’Espagne avant de remonter vers Saint-Jacques par le Portugal. Il est maintenant sur son chemin de retour vers Set . Son équipement rend envieux A. Il a une petite chaise et une petite table pliante pour prendre son petit déjeuner. Il nous propose un café, mais nous refusons pour poursuivre notre envie qui est de prendre un copieux petit déjeuner dans un café du bourg. Malheureusement, nous trouvons porte close devant chaque bar ou restaurant. Il est trop tôt pour l’Espagne. Nous commençons à regretter d’avoir répondu négativement au cycliste. Le début de la marche est pour moi pénible. Une petite variante dans certains rituels simples peut être contrariante ! Nous finissons par trouver notre bonheur dans un camping, de bord de plage, et pouvons enfin déguster une grosse part de tortillas avec surtout, un café ! Nous prenons la route qui longe l’océan. La vue est superbe et une petite nouveauté fait son apparition. Nous évoluons plein ouest avec à notre droite l’horizon de l’océan et à notre gauche, les montagnes ! Il s’agit sûrement de la chaîne de Los Pico de Europa. J’en suis ravi ! Après une pause à San Vicente de la Barquera, nous empruntons une piste raide qui nous élève vers des hauteurs offrant un point de vue plus net sur les montagnes environnantes. J’évolue lentement tandis que A. « bombarde » selon ses propres termes. Nous faisons la halte repas et apprécions. l’ombre qu’un platane nous offre. La discussion tourne autour de la qualité douteuse, des produits que nous achetons, à défaut de trouver mieux. Il nous reste 9 km à parcourir que nous hachons en deux pour reposer le corps et faire sécher nos tentes. Après avoir enjambé une large rivière et gravi une dernière côte, nous arrivons à Colombres. Le gîte pèlerin est grand et permet de profiter d’une cour intérieure. Nous rencontrons un binôme de marcheuses qui fait partie d’une association similaire à celle de Seuil. Calypso, une jeune de l’âge d’A. est accompagnée par Morgane. Nous accompagnons nos jeunes à une piscine en libre accès dans le bourg, faisons nos courses et allons partager un repas cuisiné en commun. Nous accomplissons enfin nos « devoirs » avant de rejoindre le dortoir.


Samedi 24 juin : Colombres - Llanes 27 km

A : Ce matin, je me réveille plus tard que d’habitude et après avoir préparé mon sac, nous partons direction un hôtel à 1 km qui fait le petit déjeuner. Arrivé là-bas je mange donc mes donuts acheter la veille et Joan un croissant avec du beurre et de la confiture. Et après avoir pris notre petit déjeuner, nous reprenons la route. C’était le bout du chemin. Une course équestre était organisée et nous avons vu des cavaliers préparer et échauffer leurs chevaux. Puis nous avons continué notre chemin avec son fort dénivelé pour arriver sur la côte et retrouver Pablo. Nous avons donc mangé notre repas de midi et sommes allés ensemble jusqu’aux hauteurs avant Lianes . Arrivée là-bas nous sommes restés sur les hauteurs pendant que l’on discutait et en arrivant à Llanes, nous avons retrouvé Corinna. Nous avons mangé une glace, bu un coup et retrouvé Pablo au supermarché. Il nous a offert des glaces achetées au magasin et nous avons marché ensemble jusqu’au camping. Arrivé à l'angle, il nous a quittés pour aller dormir. Arrivée au camping, je me suis directement dirigé pour jouer au foot et nous avons joué à Uno après manger.


Joan : Nous trouvons un café 2 km après le gîte pour prendre un petit déjeuner. L’humeur de A. n’est pas au beau fixe ce matin. Nous avons laissé partir l’autre équipe qui réalise une marche sociale pour ne pas entraver leur voyage respectif. On a de plus, beaucoup de kilomètres à accomplir, ce qui lance l’engrenage de sa « flemme ». Nous passons devant un stade qui reçoit une manifestation hippique. Ce qui attire grandement l’attention de A. C’est une occasion pour lui d’esquisser ses projections quant aux études qu’il souhaite faire. Il souhaite en effet commencer une formation de maréchal ferrant à la rentrée. Nous quittons l’asphalte pour rejoindre d’étroits sentiers au milieu d’une végétation rare, dense et épineuse. Nous évoluons au bord des falaise dans un dédale de rochers. Le tronçon est spectaculaire. La brume, percée par le soleil en atmosphère particulière. Nous traversons un troupeau de vaches, tranquillement installées à paître A. s’arrête, les prend en photo, faisant réagir le taureau qui se lève au milieu de ses dames. Je rigole en le voyant revenir tout penaud. Lors du passage d’une arche rocailleuse formant un pan au-dessus de l’eau, nous recroisons Pablo, l'espagnol rencontré au gîte où il n’y avait que quatre lits. Il était également présent à notre gîte hier. A. apprécie sa joyeuse compagnie. Il est toujours de bonne humeur et c’est un des rares espagnols à parler un bon anglais. Nous prenons la pause de midi en sa compagnie, au bord d’une rivière, dans des gorges qui se jettent non loin dans l’océan. L’atmosphère y est fraîche. Les pèlerins et autres marcheurs passent au-dessus de notre tête sur une passerelle en bois. J’en profite pour tremper mes pieds dans l’eau glaciale ce qui , après coup, fait un bien fou ! Nous continuons ensuite sur une piste. Un point de vue sur la montagne s'offre à nous, avec plus de précisions. Son ubac, versant nord, est d'un vert intense. Nous achevons les huit derniers kilomètres sous un puissant soleil en abordant la ville portuaire de Llanes depuis les crêtes. Nous retrouvons Corinna, notre amie allemande dans le cœur historique du bourg. Nous reprenons ensemble le chemin après avoir dégusté une glace et bu une boisson fraîche. Nous faisons nos courses pour le soir et cheminons jusqu’au camping de Poo. Nous installons nos tentes sur un emplacement surplombant le village et avec une impressionnante vue sur les montagnes, dos à l’océan. A. prend un temps pour jouer au foot, puis nous cuisinons. La casserole de bivouac ne permet pas de faire des miracles et c’est à nouveau un repas « à moitié bon » que nous dégustons. (Steak dans du pain avec oignons et fromage). Nous finissons par une partie de Uno endiablée avec Corinna, avant de rejoindre nos tentes respectives.


Dimanche 25 juin : Llanes - Nueva

A : Ce matin, réveil tardif pour moi. Nous partons de l’emplacement vers 8h40 pour prendre notre petit déjeuner au bar du camping. Joan prend du café et moi un chocolat et un bol de céréales. Nous sommes toujours en bonne compagnie de Corinna. Nous prenons donc la route ensemble à 9h pour marcher jusqu’à une plage de galets où nous avons dû affronter le vent intense de l’océan. Après manger nous avons changé de plage pour boire un coup et pour profiter de ce lieu sans vent. Par ailleurs, nous avons aussi joué au Uno, et avons ensuite marché jusqu’à l’endroit où nous sommes, une plage des côtes de Nueva. Arrivée à cette plage, nous avons chillé et j’ai pu colorier mon fabuleux dessin de « Rick et Morty », une saga de dessins animés sur Netflix, que j’apprécie énormément. Puis nous avons cherché un spot où poser les sacs pour trouver notre lieu de bivouac. Après avoir cherché, je suis allé sauter des rochers qui forment une arche au-dessus de l’océan. Et à la fin de ma baignade, nous avons posé les couvertures de survie et manger pour pouvoir gonfler les matelas et dormir à la belle étoile. Une première pour moi !


Joan : Je laisse dormir A. Jusqu’à 8h40 tandis que de mon côté, les habitudes m’empêchent de me lever plus tard que 7h. Nous plions le camp pour rejoindre le bar du restaurant et prendre l’indispensable café et chocolat chaud. Le ciel est bas aujourd’hui et il fait lourd. Nous marchons tous les trois en bord de côte, depuis la hauteur des falaises. Nous faisons notre pause de midi sur une plage de galets en plein vent. Nous prenons ensuite une boisson à un bar de plage dans une crique enfermant l’air. Nous cuisons à petit feu, puis sortons du four pour rejoindre à nouveau les hauteurs et l’air marin. Les montagnes sont toujours à nos côtés. J’ai repéré une plage qui pourrait convenir à un bivouac. Nous prenons sa direction en ayant laissé le chemin Jacquaire plonger dans les terres. Nous partageons l’heure de silence habituel. Puis revenons sur la carte. Vrais enfants. Les nerfs lâchent et transforment les derniers kilomètres en pitrerie en tout genre. Nous descendons enfin vers cette calanque attendue. L’eau a ouvert une anse à travers la roche, créant toutes sortes de cavités, grottes et arches minérales. Nous fêtons notre arrivée au bar, et y restons le temps de décider quel endroit serait le mieux pour un bivouac sauvage. Nous sommes informés que la police rôde chaque soir pour contrôler que personne ne campe dans ce lieu paradisiaque. Cela ne me rassure guère et décidons donc de se mettre aux abords de bâtiments abandonnés qui ne se situent pas sur le domaine public. Nous allons profiter de la plage, et tandis que j’observe les différents groupes de grimpeurs, escalader les parois rocheuses de la baie, A. joue au foot. Je le rejoins pour tremper mes pieds dans l’eau fraîche. La plage se vidant, nous rejoignons notre terrasse avec une vue imprenable sur l’océan. Nous décidons ce soir de dormir à la belle étoile. A. attend longuement de pouvoir observer ce dernier, même si je m’efforce de lui expliquer qu’avec la couverture rocheuse, elles sont sous la couette ! Nous passons une nuit agréable en immersion avec les bruits environnants de l’eau, des oiseaux, et la légère brise qui vient nous rafraîchir.


Lundi 26 juin : pas de blog


Mardi 27 juin : Ribadesella, repos

A : ce matin grasse matinée. Tout le monde s’est levé à 10h. Et après notre réveil, nous sommes allés faire des courses pour le petit déjeuner et le repas du midi. Puis, nous avons acheté un café et un chocolat au bar d’en face et sommes rentrés chiller. À midi, nous avons mangé une salade composée et à 15h30, Joan et moi sommes allés chez le kiné puis nous avons bu un coup et mangé un sandwich en ville pendant que Corinna se reposait. Après le coup à boire, nous sommes rentrés écrire toutes mes lettres à la juge et ma lettre de motivation. Après nous sommes allés nous baigner à la plage où j’ai pu affronter le courant et les vagues de l’océan. Nous sommes rentrés manger, puis maintenant j’écris le blog avant de me reposer pour reprendre la marche demain.


Joan : flâner dans nos lits a constitué l'essentiel de nos occupations de la journée. Nous nous sommes réveillés à 10h. Nous sommes ensuite allés faire les courses à Sia, un supermarché espagnol et avons pris une boisson chaude dans un café, le tout dans un rayon de 50 m autour de l’hôtel. A. doit composer différents écrits tels que sa lettre de motivation pour sa future école, une lettre à la juge et une carte postale. Il s’affaire à cette tâche de manière studieuse. Nous partons ensuite pour un rendez-vous chez le kiné afin que je puisse prendre soin de mes pieds et qu’ils puissent m’emmener encore loin. Je remercie A. pour avoir attendu en allant boire un coup tous les deux. Nous retrouvons ensuite notre chambre et nos lits qui nous happent une nouvelle fois. Nous réussissons à sortir une dernière fois pour profiter de la plage et des vagues. Corinna rend jaloux À. en se commandant une glace. Nous avons déjà eu notre lot de petits plaisirs aujourd’hui. La frustration fait partie du voyage parfois ! C’est moi qui fini frustré juste après, en découvrant à mi-cuisson des pâtes que la bouteille de gaz est vide. Heureusement elles finissent par cuire dans l’eau encore chaude ce qui sauve notre dîner. La dernière frustration de la journée est pour A. La possibilité de regarder Netflix alors qu’il a découvert que la plate-forme est installée sur la TV de la réception de l’hôtel. Seulement, le gérant lui refuse. Il se rabat sur une émission en espagnol. La vaisselle et les sacs prêts d’avance, nous pouvons enfin retrouver nos chers lits.


Mercredi 28 juin : Ribadesella - La Isla 15 km

A : ce matin, nous quittons notre nid douillet pour reprendre le chemin. Nous nous levons tous à des heures différentes. Joan à 8h, Corinna un peu après et moi en dernier à 8h40. Après m’être habillé, je prends mon lait pour me faire un bol avec des céréales et un verre de sumos de naranja, jus d’orange. Puis nous sortons des chambres et disons adieu à l’homme qui tient l’hôtel. Nous suivons les coquilles Saint-Jacques, jaunes et bleues qui sont balisé tout le long de Ribadesella. Puis, quand nous quittons la ville, Joan reçoit un appel important qui nous fait nous concentrer chacun sur notre chemin. Ensuite, après les premiers kilomètres, nous recroisons Calypso et Morgane chez Marina, une dame chez qui, à l’origine, le jour de repos était censé être. Mais comme il était occupé par Ribinad, nous l’avons avancé. Comme Morgane était censée finir son travail aujourd’hui, les trois filles étaient réunies sur la terrasse. Et du coup nous nous sommes arrêtés boire un coup avec elles. Après avoir discuté un moment, nous sommes partis et 600 mètres plus loin, nous nous sommes arrêtés chez Pablo. Ce Pablo avait 60 ans. Il faisait écrire la ville ou le pays d’origine sur une planche en bois qu’il plantait sur un pic en bois. Puis j’ai joué au mini golf contre lui dans son jardin. Et en partant, il nous a offert un magnifique citron. Un bon moment dont je me souviendrai pendant longtemps. Ensuite, Morgane a repris la route avant nous et nous avons continué à marcher pendant 5 km pour arriver à un bon un bar au bout d’une plage où nous avons fait la pause repas. Tout s’est bien passé jusqu’au moment où mon index a craqué et s’est tordu à l’inverse du sens naturel et la douleur n’a toujours pas cessé. Après les derniers kilomètres, Corinna a choisi de rester avec nous et nous avons préparé à manger. Corinna a fait la vaisselle et ça m’a vraiment fait plaisir. Et maintenant il est 20h10 et nous écrivons le blog avant d’aller se coucher.


Joan : nous reprenons notre routine de marche. Nous longeons le littoral puis circulons à travers une campagne vallonnée et boisée sans jamais s’éloigner de l’océan. À Vega, nous découvrons un village aux bâtisses traditionnelles, et notamment ces séchoirs anciens, structure en bois à 4 pans de toit posés sur des plots en pierre. Cela fait un moment qu’on en voit, et j’obtiens confirmation qu’il s’agit d'anciens séchoirs à maïs, tabac, etc. J’entends A. s’acclamer devant moi. Je comprends qu’il vient de reconnaître la jeune C. accompagnée de son éducatrice qui séjourne dans le charmant gîte de Marina. Cette dernière nous accueille avec du café et des crêpes. Nous échangeons joyeusement tous ensemble sur sa terrasse donnant sur la ruelle. Plus loin sur le chemin, au hasard d’un virage nous faisant passer de la route à une petite sente, nous sommes stupéfaits de découvrir une haie de panneaux où sont écrits un nombre incalculable de villes du monde entier. Nous prenons le temps de décrypter les différentes provenance quand un monsieur sort de la maison attenante et nous incite à faire le tour pour le rejoindre. Nous acceptons par curiosité. En entrant, il nous dirige vers un petit atelier, nous montre une planche de bois et des pinceaux. La communication se fait par le langage du corps uniquement. Nous comprenons que nous allons pouvoir ajouter le nom de nôtre ville d’origine à l’édifice. Nous complétons cette haie de panneaux, coloré, avec Nevers, la Roumanie, Douarnenez et Cologne. Pablo, créateur de cette idée originale, invite ensuite A. à une partie de mini-golf qu’il a installé dans son jardin. A. se prend au jeu et m’émet ensuite l’idée d’en faire plus tard sur le chemin si l’occasion le permet. À chaque découverte d’une nouvelle activité, il se prend de passion et souhaite pratiquer à nouveau ! Après cette étonnante rencontre, nous repartons, traversons une forêt d’eucalyptus pour déboucher sur le rivage. Nous faisons notre déjeuner avec un poulet rôti qui leste mon sac depuis le matin. Nous composons et dégustons nos sandwiches face à la mer en regardant les surfeurs glisser sur les vagues. Corinna avait prévu de nous quitter aujourd’hui pour continuer sur le chemin, mais le temps ayant passé trop vite, elle décide d’écourter sa marche et de rejoindre le même gîte que nous. Nous finissons la marche par une bière sans alcool et un coca, ravis de passer encore une soirée avec notre amie. Nous retrouvons à l’auberge, les typiques dortoirs des refuges pèlerins. J’improvise un repas avec une base de riz laissé par de précédents marcheurs et les restes de repas du midi. Cela finit par ressembler à une vraie belle salade composée, avec oignons frais, morceaux de Cheddar, de poulet, d’avocat et salade. Le reste de la soirée se compose de temps de repos, de l’indispensable douche et de temps pour A. à dessiner.



Vendredi 30 juin : Villaviciosa - Gijon 26 km

A : ce matin, au réveil, Corinna a ouvert la porte et pour lui dire de fermer la porte avec de la répartie, j’ai dit en anglais « if you want fresh air go outside ». Et là de raper américain et Joan a bien rigolé. Puis je me suis réveillé et nous avons pris le petit déjeuner et nous sommes partis. À un moment, nous avons changé de chemin avec Corinna et nous avons eu notre moment à Joan et moi. Nous avons marché pendant 8 km, pris une pause sur une montagne et continué 8 km pour s’arrêter à un camping 8 km avant Gijon. Nous avons commandé de quoi manger, moi le menu du jour et Joan un tapas de patatas bravas. Puis Corinna nous a rejoint quand elle devait y dormir. J’ai un peu joué au foot et nous avons ensuite joué au baby-foot. J’ai fait un câlin à Corinna en ne sachant pas si nous allions nous recroiser. Donc 8 km après nous sommes arrivés à Gijon, nous avons bu un coup et nous sommes arrivés à l’auberge qui est d’origine une location pour universitaire. Nous avons chillé, mangé, et enfin nous avons pu regarder Netflix. Puis nous avons fait une balade, et maintenant nous écrivons le blog avant d’aller dormir.


Joan : depuis une enceinte installée dans le dortoir, une reprise de Nothing Else Matters au violon, nous sort en douceur de notre sommeil, quelle belle surprise d’être réveillé de la sorte. D’autres mélodies suivent. Tout le monde range tranquillement ses affaires dans la semi clarté du jour qui perce à travers les volets. Je prends mon petit déjeuner en premier qui se résume à du café. Celui-ci est fait à la cafetière italienne, ce qui est une première depuis le passage de la frontière. Nous partons dans la fraîcheur du matin. Nous marchons un petit moment avec Corinna avant de se séparer lorsque je considère la trace sur ma carte numérique plus intéressante que le nouveau fléchage que nous découvrons. Nous nous retrouvons à nouveau tous les deux avec la facilité de pouvoir parler français. L’emploi d’une langue étrangère ne permet pas toujours d’utiliser toutes les subtilités de sa propre langue. Nous abordons les deux montées successives avec aisance en discutant . L’itinéraire nous fait alterner entre piste rocailleuse dans de forts dénivelés, descente sur de la route et quelques sentes de traverse. Le tout dans un paysage de basse campagne, vert et boisé, pigmenté de séchoir en bois sur leur pylône de pierre taillée en pyramide. Nous continuons sans vraiment faire de pause, car tous les restaurants que nous croisons sont fermés. Cela nous incite à tenter un arrêt au suivant, sans savoir à l’avance si ce sera le bon. Nous finissons par atteindre un camping 8 km avant notre objectif, la grande ville de Gijon. A. est tenter par le fait de s’y prendre un vrai repas que je lui accorde. Il prend le menu du jour, lasagnes, suivie de calamars frits et de riz au lait en dessert. Je commande quant à moi des patatas bravas trois sauces (aïoli, fromage et piquante). Tout ce qu’il y a de plus léger pour en repas de randonnée. Sans surprise, je suis cloué au sol et prenons le temps de se reposer. D’autant que Corinna finit par arriver à son tour. Elle décide de rester au camping tandis que je souhaite que l’on aille au bout de cette étape. Nous faisons nos au revoir à notre amie et reprenons la route. La marche se termine par 8 km de traversée de lotissement pour finalement arriver dans le cœur historique de Gijon aux allures de village. Cela contraste avec les larges rues rectilignes composées de bâtiments des années 60 en briques empruntées juste avant. Nous sommes dans une résidence universitaire qui ouvre ses portes l’été lorsque les étudiants sont en vacances. Elle a des airs d’auberge de jeunesse. A. découvre que la TV donne accès à Netflix. Il me tannait juste avant pour faire de la trottinette électrique et le voilà désormais avec un substitut qui lui fait changer d’avis. Nous finissons cette journée par une balade dans les rues animées de la vieille ville. En ce vendredi soir, les rues sont bondées de groupes en tout genre festoyant. L’ambiance du soir à l’espagnol, cela donne envie de faire la fête mais l’esprit et le corps sont malgré tout plutôt demandeurs d’une bonne nuit de repos pour continuer à avancer vers Santiago.


Samedi 1er juillet : Gijon - Aviles 26 km

A : ce matin, nous sommes réveillés à 5h du matin par le bruit des Espagnols faisant la fête dans le bar d’en face. Donc nous avons fermé la fenêtre et nous sommes recouchés. Puis nous nous sommes réveillés à 7h40 pour descendre prendre le petit déjeuner. J’ai pris un café au lait avec des tartines de Nutella et Joan un allongé avec les mêmes tartines. Nous avons pris la route et avons croisé beaucoup de policiers en train de contrôler le niveau d’ébriété des Espagnols, et nous avons acheté du pain, 500 m plus loin. Puis nous avons débuté l’heure de silence. Et après celle-ci, nous nous sommes arrêtés devant un enclos où un couple d’ânes était installé. Joan a pris une photo rigolote et moi qui ai fait tomber un briquet que j’ai dû aller chercher dans leur enclos. Puis nous avons marché pendant deux heures et nous avons fait une pause devant une église où je nourris un escargot avec des gâteaux. Puis nous avons remarcher pendant deux heures et avant notre arrêt, le chemin de Saint-Jacques nous a fait passer sur les rails de chemin de fer sans sécurité (barrière et feu de signalisation) et au moment où nous avons traversé ce chemin, un train de tourisme à grande vitesse est passé. Celui-ci nous a vu et nous avons eu le temps de traverser, mais ce moment nous a bien fait rigoler par la suite… Après cela, nous avons donc fait un arrêt à un bar pour routiers où nous avons mangé un sandwich et bu un coup. Puis à 14h30, nous avons repris la marche et de là, une longue discussion s’est lancée ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps. Nous sommes ensuite arrivés à l’auberge de Avilés où Corina était. Nous avons fait les courses, nous nous sommes reposés et mangé et maintenant que j’ai fait la vaisselle, j’écris le blog avant de prendre la direction du dortoir et d'aller dormir.


Joan : Le réveil est difficile pour moi ce matin. J’ai eu froid dans la nuit et surtout l’ambiance joviale de début de soirée répandu dans les ruelles de la vieille ville s’est transformée en soirée arrosée jusqu’à deux heures du matin. Je n’ai donc pas beaucoup dormi et cumule deux nuits peu réparatrices. Nous prenons notre petit déjeuner tous les deux. Nous sommes les seuls pèlerins étant venus dans cette auberge. Le début de la marche nous impose de finir de traverser la vieille ville. Nous longeons la marina puis une grande avenue rectiligne pendant plusieurs kilomètres. C’est l’heure de silence. Nous passons ensuite à proximité d’usines et d’autoroutes bruyantes et odorantes. On a du mal à imaginer comment les habitants des maisons que nous croisons peuvent vivre ici. Je m’affaire néanmoins à prendre des photos afin de montrer un visage objectif de nos marches. Nous prenons enfin de la hauteur pour rejoindre une piste qui traverse des forêts d’eucalyptus dans une ambiance de brume. Nous faisons halte à côté de 2 ânes. A. fait connaissance avec eux. Il est toujours très sensible aux animaux. La fatigue me pèse et c’est avec soulagement, qu’après avoir retrouvé l’autoroute, Nous pouvons faire une halte dans un bar routier qui ne paye pas de mine de l’extérieur mais est moderne et soigné à l’intérieur. Nous nous y restaurons, puis je fais la sieste affalé sur la table, pendant que A. dessine. Nous repartons pour les 9 km qu’il nous reste le long d’une monotone et interminable route. Nous compensons « l’inintérêt » de cette marche en nous lançant dans une discussion très riche et intéressante sur les relations et interactions inter humaines. Nous prenons notre temps avant de rejoindre le gîte pèlerin et de devoir à nouveau être entouré de beaucoup de monde. Une fois là-bas, je vais comme à mon habitude faire un tour en cuisine, voir les différents restes de nourriture laissés par les précédents pèlerins afin d’en tirer parti pour composer notre repas. Ce sera salade de concombre, tomates et oignons rouges avec une sauce vinaigrette à l’huile d’olive et au vinaigre balsamique, ce qui est rare. Puis pâtes aux courgettes, sauce tomate et mozzarella. C’est un réel plaisir de pouvoir de temps en temps profiter d’un repas qui ressemble à quelque chose ! A, fait ensuite la vaisselle, puis nous accomplissons nos tâches du soir habituelles avant d’aller nous coucher parmi les 50 pèlerins du dortoir.


Dimanche 2 juillet : Aviles - Muros de Nalon 26 km

A : ce matin, réveil à 7h40. Nous prenons notre petit déjeuner et rencontrons un jeune cycliste allemand qui passe à Santiago pour finir son voyage au Maroc. J’ai trouvé ce challenge magnifique et espère qu’il va y arriver. Nous avons pris la route à 8h30 et avons marché jusqu’à un bar pour faire notre pause midi. Joan a pris un café et moi un Coca-Cola et avons mangé des tartines tomates avocats avec de l’œuf pour Joan et moi du saucisson. La pluie est arrivée et nous sommes partis dès que celle-ci s’est calmée. 50 m après notre départ, nous avons croisé La Guardia en train de prendre en photo les restes d’un accident. Nous avons continué de marcher jusqu’à un bled où la question de bivouaquer était envisagée. Bien évidemment, Joan a choisi de bivouaquer et nous sommes allés jusqu’à la plage d’Argiles. Arrivée à celle-ci nous avons réfléchi où dormir et sommes ensuite allés boire un coup. Pendant que nous étions au bar, j’ai choisi de dessiner des caricatures de certaines personnes qui attiraient mon attention. Puis nous sommes retournés au parc. Nous avons joué au foot et Joan a passé un accord avec des débroussailleurs d’un terrain privé et nous avons pu camper. Puis nous avons mangé. Un hélicoptère de secouristes est venu récupérer quelqu’un. Après leur départ j’ai fumé mes dernières cigarettes avec vue sur la mer, et maintenant nous écrivons le blog et allons nous coucher. Et ce soir, je dors sans matelas…


Joan : le remue-ménage dans le dortoir a déjà commencé à 4h30. C’est une nouvelle nuit sans sommeil réparateur que je subis. Nous partons à travers la campagne asturienne. La majorité de notre parcours du moment se fait sur de la route, où nous croisons des maisons peu soignées. Le patrimoine bâti est moins mis en valeur que précédemment. Il semble que les Asturies soit une région plus pauvre. Le reste de notre cheminement passe à travers l’interminable forêt d’eucalyptus exploitée, sur des pistes défoncées par les machines, venant les arracher par pan de montagne, lorsqu’ils sont mûrs. On peut, sous un autre cycle de lecture, y vivre des moments de calme, plus introspectif et contemplatif. Cette essence donne à cette majestuosité qui pousse à élever le regard et à s’extraire de la réalité. Nous faisons halte dans un café près d’un rond-point et d’une route passante. Retour au concret. Il se met à bruiner. L’atmosphère est bouchée, la luminosité aveuglante. Après avoir déjeuné ce que nous transportions, nous partons pour les derniers kilomètres de l’étape. Je suis dans des réflexions d’ordres organisationnels concernant notre lieu de halte du soir. Le plan initial est de bivouaquer près de la côte mais le climat me rend sceptique. Nous passons devant une auberge qui attire l’œil d’A. Je décide finalement de tenter l’aventure du bivouac, écoutant mon feeling et mon instinct. Cette nouvelle n’est pas bien reçue par A. Ses arguments et sa façon de les amener m’oblige à le remettre à sa place. L’altercation donne suite à une marche silencieuse jusqu’au site de bivouac supposé. Ce dernier demande réflexion. Un site de repos avec cour chaise et table offre un certain confort, mais systématiquement, la présence d’une pancarte interdisant le camping installe le doute. Un terrain en surplomb, apporte la salutation. Il vient d’être débroussaillé par des ouvriers qui nous accordent la possibilité d’y bivouaquer. Nous passons un temps en bord de plage. La mer se déchaîne. Certains téméraires osent braver les vagues. Les particules d’eau en suspension brouillent la vue. L’esprit et notre motivation sont comme engourdis. Nous rejoignons ensuite notre campement lorsqu'une éclaircie vient nous soulager de cette torpeur. Nous nous couchons tôt, bercés par le son des vagues et le chant des goélands


Lundi 3 juillet : Muros de Nalon - Soto de Luno 18 km

A : ce matin, nous quittons et rangeons la tente à 7h30. Nous nous rendons sur le bord de plage pour que je puisse fumer une cigarette avant de partir. Nous avons fait les deux premiers kilomètres pour arriver au premier camping. Nous avons acheté du pain et une tablette de chocolat et l'avons dévoré. Puis nous avons repris la route mais cette fois avec l’heure de silence. 5 km après Joan et moi nous nous sommes pris la tête car je lui ai ordonné de dépasser les gens. Lui comme moi l'avons mal pris et j’ai donc avancé un moment. Nous avons fait une pause en haut d’une plage. Puis, avons marché pendant un petit moment pour enfin arriver à destination. En premier, nous avons bu un coup, et ensuite sommes allés à l’auberge. Nous avons fait des courses, j’ai joué au foot, puis j’ai eu ma première heure de de temps libre. Je me suis baladé, mangé une glace et je suis rentré huit minutes en avance. Puis nous avons fait notre vie chacun de notre côté et maintenant nous écrivons le blog.


Joan : cette nuit au grand air fut de loin la plus reposante de ces derniers jours. Nous plions dans une ambiance humide nos tentes. Nous faisons halte dans un camping pour un petit déjeuner improvisé après une montée en lacet, nous élevant 100 m au-dessus du niveau de la mer. A. me prend une nouvelle fois le bec, réduisant au silence le reste de la marche. Il n’y a rien entre notre départ et notre arrivée, 18 km plus loin. Nous les accomplissons d’une traite inter-coupée de deux micro-pauses. Une discussion avant la fin de la marche vient régler nos différends et apaiser la tension existante. Nous serons récompensés d’un café/coca et d’une part de tortillas. Le gîte pèlerin est ouvert lorsque nous arrivons à 13h. Nous nous installons, faisons une lessive, puis les courses avant de retourner profiter de l’espace extérieur. A. joue au foot, pendant que je me fais plaisir à préparer une alléchante salade au concombre, tomates, mozzarella, pois chiches, oignons, avocat, sauce César à défaut de mieux, huile d’olive et citron. Le tout accompagné d’une tortilla et arrosé pour moi de tabasco qui ne me quitte jamais. Du frais et des légumes dans ce monde de gras ! Nous recevons un appel de Seuil qui apporte des nouveaux paramètres à l’aventure. A. est désormais autorisé à profiter d’une heure de temps libre le soir et pourra, la journée, avoir des temps de marche en autonomie. Nous profitons de ce repas pour en discuter ensemble et déterminer le cadre de ces nouvelles libertés. Il s’en va ensuite profiter de son heure dont il revient légèrement en avance après avoir bu un coca, mangé une glace et sympathisé avec des chevaux. C’est dernier, ayant fini par le snober, il est rentré. Nous nous installons finalement dans nos lits superposés dans un immense dortoir illuminé par deux grandes fenêtres, allant jusqu’au plafond… Sans rideaux.


Mardi 4 juillet : Soto de Luna - Canero 27 km

A : ce matin, je me réveil à 7h30 après avoir rêvé. Mon rêve était sur moi et une sorte de capacité de super-héros à faire des sauts/bons de plus 15/20 m de long. Joan m’a donc réveillé à 7h30 et j’ai pris mon petit déjeuner après m’être préparé. Joan a bu un café et j’ai ensuite rangé mon sac. Aujourd’hui est un petit pas sur la marche. Joan m’a proposé de commencer par 5 km de marche seul qui consisterait à marcher pendant une heure et se rejoindre à un bar. Bizarrement, cette heure seule m’a paru extrêmement longue, puis arrivée au bar en question, je suis épuisé. Quand Joan est arrivé, j’ai commandé un coca et Joan un allongé. Puis, après cette pause, nous avons repris la marche pour marcher 2h30 en plus pour faire notre pause repas. Malheureusement le repas fut réellement infâme et Joan et moi sommes repartis avec des douleurs au ventre. 50 mètres plus loin, mon compañero avait vu sur sa carte, un petit stade de foot. Sur ce terrain, une association avec des personnes en situation de handicap jouait déjà. Je leur ai demandé si je pouvais jouer et nous avons fait un match. Malheureusement, personne n’a marqué et ils ont dû partir en plein match. Puis 15 minutes après, nous sommes retournés sur le chemin de Saint-Jacques pour deux heures plus tard, enfin arrivés à l’auberge. Joan à discuter avec des Québécois pendant que je jouais au basket. Puis, nous avons joué ensemble (Johanna et moi) et on s’est bien amusé puis nous avons mangé. Maintenant nous écrivons le blog avant d’aller dormir.


Joan : nous mettons en place l’heure de marche en autonomie. L’objectif est de se rejoindre 6 km plus loin, soit un peu plus d’une heure. A. part comme une flèche. C’est le lièvre et moi la tortue. Ses pauses me permettent de le rattraper et de le dépasser, jusqu'à ce qu’il reprenne la tête. C’est la première fois en deux mois qu’on se retrouve séparés l’un de l’autre de cette manière. La sensation est presque nouvelle et fait du bien à l’esprit. En nous retrouvant au bar, j’ai le sentiment que cela va pouvoir apporter la salutation aux tensions vécues jusqu’alors. Faut-il encore qu’A. ne se perde pas ! Il me rapporte en effet avoir dû faire appel à une locale pour retrouver son chemin. Il sait communiquer, ça c’est sûr ! Nous faisons halte dans un restaurant, après avoir fait 18 km le long de la côte à monter et descendre sans cesse pour passer les escarpements abrupts que l’eau a creusé à travers les falaises. Nous repartons plein de gras et peu satisfait du goût de cette halte et du menu (tortillas au chorizo et patatas Bravas). Nous rejoignons un terrain vague avec des cages de foot pour qu’A. se dépense et que je fasse une sieste. Un groupe de personnes en situation de handicap est en sortie avec leur accompagnant. A. joue au foot avec eux, aux tirs au but puis un match s’improvise. Nous reprenons la route pour accomplir sans peine les derniers kilomètres. L’auberge est au bord d’une rivière, entourée de montagnes boisées et plus étonnant, un immense pont routier enjambe ce paysage à 50 m de hauteur. Cette vision est presque surréaliste. J’ai discuté un temps avec des Québécois puis passons un moment à jouer au basket avant de nous préparer pour aller au lit.


Mercredi 5 juillet : Canero - Nouria 28 km

A : ce matin, réveil à 7h40. Nous montons directement prendre le petit déjeuner au bar. Pour ensuite redescendre et récupérer le sac pour partir. Nous partons en même temps mais j’accélère le pas pour faire l’heure de marche seul. Après les 7 km, nous nous arrêtons dans un bar où j’ai bu un coca. Puis un T-shirt m’intéresse et Joan et moi avons négocié pour l'avoir moins cher. Comme celui-ci sera mon cadeau d’anniversaire, il restera dans un sac plastique jusqu’au 12 juillet. Puis nous avons repris la route pour faire 11 km et faire notre pause repas. Nous avons dégusté des sandwiches et avons reposé nos yeux et nos corps. Puis, nous nous sommes arrêtés à un bar. Après avoir bu un coup, nous avons marché jusqu’à la ville du jour de repos et avons mis du temps à choisir où dormir. Joan voulais économiser et moi je voulais Netflix. Cette fois-ci ce n’est pas moi qui ai eu le dernier mot et nous dormons dans un hôtel pas cher mais un peu limite. Puis après notre arrivée, nous avons pris une douche, nous avons encore bu un coup et après nous sommes allés nous balader avant de manger. Nous avons mangé les mêmes burgers et sommes remontés chiller.


Joan : le gîte pour pèlerins se situe au rez-de-chaussée d’un restaurant, ce qui nous offre la chance de pouvoir directement bénéficier d’un petit déjeuner de luxe. Nous commençons la marche séparée. Le point de rencontre est 7 km plus loin. Nous nous retrouvons quasi en même temps à l’arrivée. Nous descendons dans la ville portuaire de Luarca et profitons du marché pour acheter des légumes vendus par des locaux qui ont meilleure mine que ce que l’on trouve en grande surface. A. Trouve également un T-shirt de foot qu’il s’offre après l’avoir durement négocié. Nous reprenons la marche sans grande motivation, en ayant hâte d’arriver à l’objectif que j’ai fixé pour le pique-nique. Nous atteignons enfin cette rivière, repérée sur la carte après 18 km. Aucune possibilité de la rejoindre se présente à nous. L’accès est trop abrupt et en friche. Nous nous nous installons dans l’herbe, surplombé par un énième immense pont routier. Nous reproduisons le sandwich de la veille qui nous avait bien plu, avocat, oignons, tomates et thon. La qualité des produits est bien au rendez-vous. Nous faisons une sieste, puis après 2 km, prenons une boisson dans un bar pour retrouver un peu d’énergie avant d’accomplir les 10 derniers kilomètres. Nous nous amusons en chemin à jouer avec nos bâtons en les tenant l’un sur l’autre en équilibre tout en marchant. L’arrivée à Nouria crée le problème du choix de l’hôtel. A. Veux pouvoir trouver une TV avec Netflix. Devant l’impossibilité de trouver telle chose, je finis par trancher. Sa frustration est forte. Nous nous rabattons sur d’autres plaisirs simples tels que boissons en terrasse, une glace pour A., une balade dans la ville avant de finir par un burger.


Jeudi 6 juillet : Nouria (Repos)

A : réveiller à 11h, Joan pars boire un café pendant que je somnole . À son retour, nous partons prendre notre petit déjeuner dans un bar au bout du canal. je prends mon colacao et mon sandwich puis Joan, un allongé, une part de tortilla. Nous avons fait nos courses et sommes retournés à l’hôtel. Joan a passé un coup de téléphone pendant que je chillais dans la chambre. À son retour, je suis parti en heure de sortie et à mon retour, nous avons regardé la télé. Vers 19h30, je suis allé chercher du pain en face et nous avons mangé notre salade composée. Après ce bon repas, nous avons regardé le film « Le Franc-Tireur » car il passait sur TVS monde et nous avons enfin pu regarder la télé française. Puis nous écrivons le blog avant d’aller dormir.



Joan : A. profite d’une longue grasse matinée pendant que je m’efforce de travailler le rapport que je dois transmettre toutes les deux semaines. À son réveil, nous prenons la direction d’un café pour y prendre notre petit déjeuner qui se compose de sandwich et d’une part de tortilla, accompagné d’une boisson chaude. Il est alors 12h ! A. Prends alors son heure de sortie pour aller se balader. Le reste de la journée se résume à une agréable flânerie dans le lit devant la télévision. A. à défaut de Netflix s’est rabattu sur TVS monde, qui nous propose un programme éclectique en français ou québécois. Je n’ai pas trouvé d’autres activités à faire dans cette petite ville qui pourrait remplacer celle-ci. Cela change malgré tout de notre quotidien en mouvement ! Je prépare dans la chambre une salade qui sera notre repas du soir. Nous nous couchons après avoir regardé un vieux film de guerre sur le maquisard dans le Vercors.


Vendredi 7 juillet : Nouria - Valdepares 14 km

A : ce matin, nous nous levons à 9h30 et partons prendre le même petit déjeuner que la veille à 10h. Nous partons ensuite chacun de notre côté jusqu’à 30 minutes de marche, je fais une pause et Joan me dépasse. Nous nous sommes retrouvés 7 km plus tard et avons repris la marche seul, pour se retrouver une heure après où Joan a fait des courses de son côté et moi acheter une canette de Sprite . Nous avons donc fini la marche ensemble et arrivé 1 km avant le camping, Joan a changé le plan de marche pour raisons personnelles. Puis nous sommes arrivés au camping, j’ai dessiné la commande de Anthony et j’ai joué au foot avant de rejoindre un restaurant chic au bord de l’océan qui prépare de très bons poissons. Au total 50 € pour 2, c’était pas donné, mais très développé gustativement. Puis nous sommes rentrés écrire le blog.


Joan : nous profitons encore de nos lits ce matin, car la journée de marche sera courte. Nous n’avancerons que de seulement 14 km. Nous prenons notre habituel petit déjeuner en terrasse avant de se quitter. Nous commençons séparés. Nous nous retrouvons à un tiers du trajet à Carida puis finissons ensemble. Je me charge en chemin lors d’une pause, de reprogrammer les étapes qui suivent pour maintenir un rythme de 25 km par jour et nous permettre d’avoir un peu d’avance, afin que A. puisse honorer un rendez-vous qu’il a le 28 juillet. Nous rejoignons le camping à Grandella qui offre directement une bonne impression. Il est coloré, calme et propose des nuitées en petites cabanes au style western ou encore des tentes Safari. Nous nous contenterons bien sûr de nos propres tentes qui sont nos petits cocons. Nous profitons de coins d'ombres et du bar durant toute l’après-midi. A. se lance dans un dessin pour répondre à une commande de Seuil de réaliser l’évocation d’un binôme de marche Seuil. Il se consacre à cette tâche de manière investie. Le résultat est superbe ! Il intègre ses marcheurs dans une représentation riche en couleurs de l’univers de Rick et Morty, une série animée dont il est fan. Tout y est, les montagnes, une auberge au style futuriste, une végétation opulente, le tout sur une autre planète, car c’est un peu ça ce voyage, évoluer dans de Nouveaux Mondes. Nous partons ensuite en mission pour trouver un endroit où se restaurer. On nous conseille le restaurant en bord de plage. Un agriculteur sur un tracteur d’un autre temps, nous indique de rejoindre la côte et ses palmiers pour trouver ce fameux bien. Le restaurant, de par son emplacement et la vue qu’il offre nous indique qu’il sera cher. On ne se trompe pas ! Malgré tout, on déguste, de loin, le meilleur plat que l’on a eu depuis le passage de la frontière. Un très beau morceau de poisson au nom inconnu et à l’assaisonnement, sobre mais parfait. On comprend que dans les restaurants espagnols, il n’y a pas d’entrée ou de plat principal, mais plutôt les plats que l’on partage. Nous sommes bien les seuls à se manger une assiette chacun, qui sera la seule vu le prix. Difficile de déroger à ses habitudes françaises, lorsqu’il s’agit de gastronomie. Nous rejoignons le camping, satisfait, dans la fraîcheur du soir.


Samedi 8 juillet :Valdepares - Ribadeo

A : ce matin, je me lève à 9h30. Joan a essayé de me réveiller avant mais en vain. Nous avons pris notre petit déjeuner puis la route. Nous sommes partis chacun de notre côté et nous nous sommes retrouvés 5 km avant Ribadeo. Puis nous avons fini le chemin ensemble pour traverser ensuite à pied un énorme pont. Arrivée à l’auberge, nous nous sommes enregistrés et sommes partis manger un délicieux Juanchi’s Burger. Je suis très content du repas du midi et Joan a demandé quelle fête était commémorée aujourd’hui. « Tout le monde a mis ses plus beaux habits car il y a très longtemps des Espagnols auraient migré à Cuba et seraient revenus avec beaucoup de sous. C’est pour ça que nous sommes tous habillés en blanc. » Nous sommes allés à Décathlon pour m’acheter des balles de Jonglages, ensuite nous avons fait les courses puis sommes entrés pour siester . Maintenant nous avons fini de manger et nous écrivons le blog avant d’aller dormir.


Dimanche 9 juillet : Ribadeo - Laurenza 27 km


Joan : le réveil est violent. Un espagnol, peu respectueux, allume la lumière du dortoir à 6h. Je lui demande de ré-éteindre ce qui provoque raillerie et encore plus de bruit. Les premiers temps de la marche aident à passer à autre chose et surtout le petit déjeuner que l’on trouve sur notre route en sortant de la ville. C’était inespéré comme nous sommes un dimanche. Nous nous séparons pour un objectif de 22 km à accomplir pour la matinée. Je pars en premier tandis que A. fume sa cigarette. L’itinéraire vire désormais Sud-Ouest en s’enfonçant dans les terres. Nous quittons la côte et l’océan et entrons en Galice. Le fléchage y est légèrement différent. En Asturie, la partie plate de la coquille Saint-Jacques indique la direction. Alors qu’ici, celle-ci est dans n’importe quel sens. Une flèche jaune se charge d’indiquer la direction. Cela peut paraître anecdotique, mais dans ce contraste de marche, nos sens se sont affûtés et habitués à ces détails. Le paysage reste le même qu’avant, d’éternelles forêts exploitées d’eucalyptus étalées à flanc de montagne. Les séchoirs ont changé d’architecture. Ce ne sont plus des cabanes carrées aux plafonds bas, mais des couloirs de 3 m de long reposant sur trois poutres maîtresses, parés de planches ajourées pour laisser circuler l’air, le tout rehaussé et reposant sur deux énormes piliers maçonnés . Deux grands pigeonniers en pierre font également leur apparition dans ce paysage du patrimoine vernaculaire. J'atteins enfin le village de Villamartin où se situe un bar ouvert. J’ai rencontré de nombreux pèlerins. A. arrive juste après moi, j’ai marché en continu alors que lui, avec ses nombreuses pauses, a quand même réussi à me rattraper. Nous mangeons et jouons un temps au foot avant de se séparer à nouveau, ce qui n’était pas prévu et c’est improvisé. Je finis les neuf derniers kilomètres, plongé dans une réflexion. A. me rejoint au bar où il était prévu qu’on se retrouve. Nous logeons ce soir dans un autre gîte pour pèlerin qui est quasi vide. Nous ne sommes que quatre. Nous, un espagnol et un belge. Nous sympathisons avec ce dernier et partageons avec lui notre repas. Nous passons une chouette soirée en sa compagnie et riions beaucoup avec A. à jouer avec ses balles de Jonglages .


Lundi 10 juillet : Laurenza - Abadim 22 km

A : Ce matin, réveil compliqué. Je me prépare et range mon sac pendant que Orry et Joan prépare le petit déjeuner. Malheureusement, je ne suis pas un amateur de porridge et du coup Joan et moi nous sommes forcés à finir. Ensuite, nous avons marché chacun de notre côté. J’ai marché avec des Hongkongais jusqu’à Mondonedo. Nous sommes arrivés et j’ai rejoint Joan qui était déjà à un bar. Nous avons bu un coup, et ensuite en allant visiter l’église, un homme derrière un comptoir a dit que l’entrée était payante. Nous avons donc rebroussé chemin et avons marché jusqu’à Abadim . Pendant la fin de journée, l’étape était vraiment longue en dénivelé. En plus je n’avais pas d’eau, mais par miracle, j’ai demandé à des bergers de l’eau. Ils m’ont offert du coca, de l’eau, des gâteaux, une glace, etc… puis j’ai rejoint Joan et là nous avons re-bu un coup et maintenant la soirée est passée et nous écrivons le blog avant d’aller chiller.


Joan : Réveiller A. est une fois de plus une épreuve à subir de bon matin. Heureusement, passée la tempête, A. est debout, A. est une autre personne. Orry, notre collègue belge de la veille, est prêt en même temps que moi, et nous prépare un petit déjeuner à base de flocons d’avoine pour être d’attaque pour cette journée qui s’annonce chaude. Le résultat n’est pas très abouti gustativement mais efficace pour obtenir l’énergie dont on a besoin. Nous faisons nos “au revoir” car en deux coups de pédales, Orry est déjà loin. La marche séparée de la matinée a pour point de chute Mondonedo, à 8 km. Je trouve sur une route, un prunier sur un talus raide qui m’oblige à réaliser une escalade bancale afin de projeter mon bras disponible vers les branches. J’obtiens mon petit trésor et arrive à la halte, sur la place de la cathédrale pour boire un café et manger un cheesecake en attendant A. Celui-ci arrive avec du retard au rendez-vous, accompagné de Hongkongais. Avant de partir, nous tentons une excursion pour visiter la cathédrale qui est magnifique d’extérieur. Un ballet de personnes en sortent et entrent, preuve qu’elle est ouverte, contrairement à la quasi-totalité des églises croisées sur notre chemin. Nous sortons aussitôt en comprenant qu'il faut payer pour la visite. Par principe, je ne paierai jamais pour entrer dans une église qui se doit d’être ouverte à tous.

La suite de l’après-midi nous amène à braver une longue montée de 600 m de dénivelé, sur une piste, avec de rares points d’ombre. A. n’ayant pas pris la peine de se réapprovisionner en eau, vient à en manquer. Il tient bon jusqu’à rencontrer des agriculteurs qui le dépannent gentiment d’une canette de coca et une bouteille d’eau. Nous nous retrouvons dans un bar après cette marche en plein cagnard. La brise de l’océan n’est plus à nos côtés pour nous rafraîchir. Nous nous rendons dans une auberge avec un peu plus de confort que d’habitude. Il découvre que la télé est équipée de Netflix, ce qui l’enchante. Il s’affaire néanmoins, en priorité à colorier sans tremper de sueur son dessin, puis à jouer au foot pendant que je cuisine. Nous finissions ensemble Spiderman 2 commencé à Gijon. Il n’y a pas foule dans le gîte ce qui nous vaut d’avoir une chambre/dortoir pour nous deux. Nous prenons très vite nos marques dans un nouvel endroit, comme nous en avons l’habitude chaque jour. Chaque petit repère ou coutume permet, à travers l’itinéraire, de se sentir partout, un peu chez soi !


Mardi 11 juillet : Abadim - Villalba 21 km

A : Ce matin, réveil à 7h pile. Joan a été surpris car cela faisait longtemps qu’il me le demandait. Nous avons pris notre petit déjeuner en premier et sommes partis. Nous avons quitté la ville pour rejoindre un tronçon plutôt agréable. Au début, nous étions dans des pâtés de maisons, puis 1h30 plus tard dans une forêt avec un magnifique chemin où nous avons rencontré Jésus. Celui-ci était un artiste graveur qui sculptait du bois d’une précision affolante. Nous avons fini cette partie de forêt en discutant maraîchage, potager. À midi, nous sommes arrivés dans un bar de la zone industrielle de la ville. Nous avons bu un coup, et avons ensuite rejoint l’hôtel. Joan a réussi à négocier une chambre double lits, avec Netflix, et nous avons regardé un documentaire de vols de proximité sur cette plateforme puis nous avons mangé du kebab. Et là, nous venons de finir le film Five de Pierre Niney et nous écrivons le blog avant d’aller dormir car demain c’est mon anniversaire 15 ans !


Joan : Nous avons passé un marché ensemble hier soir. A. finissait son ??? Et en échange, il devait se réveiller efficacement à l’heure ce matin. C’est avec une agréable surprise que je constate donc qu’A. est capable de se lever d’un coup à 7h précises. Il ne s’agit donc que d’un problème de volonté. Nous décidons de marcher ensemble aujourd’hui. Le ciel est bas et il fait frais ce qui contraste avec la journée d’hier. Nous progressons dans une campagne bocagère, où se décline un large panel de verts tendres. L’eucalyptus, exploité en ??? ont laissé place à des bois de feuilles naturelles. Les chênes sont rois en ce lieu. Le sentier est bordé de pierres plates, verticales alignées, formant des barrières. Il semble que nous marchons sur un chemin ancien, emprunt d’histoire et des passages nombreux des hommes ayant cheminé par ses terres. Nous abordons d’ailleurs la traversée de la rivière ??? par un pont médiéval unique. Ce pont, qui date du XVIIe siècle, comporte deux arches et est bordé de murs en pierre de granit, encastré dans la plate ??? du pont. Nous y rencontrons un artisan bijoutier, assis à l'entrée de cet édifice. Nous échangeons avec lui et repartons porté par ses encouragements. Nous arrivons en début d’après-midi à Villalba pour nous y établir pour une journée de pause afin de fêter l’anniversaire de A., ses 15 ans ! Nous allons dans un hôtel confortable. Celui-ci donne accès à Netflix, ce qui réjouit A. Nous profitons largement de ce loisir et nous mangeons plus tard un kebab installés sur la place principale de cette petite et paisible ville où s'amusent plein de groupes de jeunes et de familles.


Mercredi 12 juillet : Villalba (repos)

A : ce matin, je me réveille à 10h moins quart et je prends ma douche car aujourd’hui c’est mon anniversaire. Joan se réveille à 10h40 et après qu’il se soit préparé nous avons rejoint un bar juste en face. Nous avons bu un coup et pris notre petit déjeuner. Ensuite, nous sommes revenus à midi pour chiller à l’hôtel. Après un film, nous sommes allés chez le coiffeur et avons bu une boisson fraîche. Malheureusement, le coiffeur Jésus ne savait pas coiffer. Cette fois-ci, ce Jésus était plus âgé et moins précis et minutieux que celui de la veille. Après être allés chez le coiffeur, nous sommes rentrés. Une heure après. J’ai demandé qu’on aille chercher mon cadeau. Et maintenant nous avons fini notre repas, notre film et nous allons sortir avant qu’il fasse nuit.


Joan : Nous avons largement profité de nos lits ce matin. Après un petit déjeuner dans un café, nous sommes allés trouver un coiffeur pour A. Le reste de notre temps s’est décomposé en séance de cinéma dans la chambre d’hôtel et sortie balade dans la ville. À défaut d’avoir pu trouver un bowling ou autre, A. s’est également trouvé un cadeau après avoir mûrement réfléchi son choix. C’est au bout de la troisième visite dans un magasin de sportswear qu’il jette son dévolu sur un T-shirt Adidas violet. Nous écrivons avant d’aller prendre une dernière fois l’air et profiter du coucher de soleil.


Jeudi 13 juillet : Villalba - Baamonde 20 km

A : ce matin, nous quittons l’hôtel à 9h. Nous allons prendre notre petit déjeuner dans le même bar que la veille et malheureusement la tortilla n’était pas cuite. Nous avons pris la route à 9h30 et avons marché les 10 premiers kilomètres sans aucun arrêt. Puis nous avons fait une pause et avons pris le temps. Nous avons discuté slackline en trottinette pour ensuite reprendre la route. Ensuite 5 km plus tard, le soleil a enfin sorti le bout de son nez, car les 15 km précédents, j’ai dû utiliser ma veste coupe-vent tellement il faisait froid. Dès que j’ai voulu enlever ma veste, Joan a repéré une fontaine à eau, où l’on pouvait se réapprovisionner en eau et nous avons découvert une magnifique fontaine avec autour des énormes blocs de granit gravés en banc. 2 km plus tard, nous sommes arrivés dans la ville,, nous avons bu un coup, Joan est parti respirer et après s’être enregistré nous sommes partis pique-niquer dans un parc au bord d’une rivière. Par miracle, il y avait un ponton en bois fait pour sauter. Joan et moi avons apprécié notre moment passé dans ce lieu. Après manger, nous sommes rentrés faire des courses. J’ai joué au foot, appelé ma mère et avons dégusté nos nouilles chinoises avec un dessert banane, chocolat. Maintenant nous écrivons le blog pour aller se coucher.


Joan : nous vivons une nouvelle fois une marche en binôme . Après avoir cheminé, quelques jours séparés, le fait de progresser ensemble est presque une redécouverte. Cela comporte cet aspect agréable de pouvoir discuter et de se confronter à un objectif en équipe et pas uniquement pour soi-même. Nous traversons toujours cette accueillante campagne en étant majoritairement sur des sentiers ou des pistes. C’est un environnement qui a aussi quelque chose de familier pour moi, me rappelant ma terre natale de Bourgogne. Nous accomplissons d’une traite cette étape entrecoupée de quelques pauses à l’ombre des chênes. Nous faisons notre habituelle halte dans un bar avant de rejoindre l’auberge. J’ai respecté le souhait de A. de ne pas bivouaquer, sans une certaine frustration pour ma part. Nous rejoignons ce lieu de bivouac pour y passer l’après-midi. C’est une aire aménagée au bord d’une rivière et aux abords d’un vieux moulin et de son bief. La nature a été mise à l’honneur et l’aménagement des tables en granit s’insèrent avec harmonie dans le paysage. Ces paysages sont toujours semés d’exemples authentiques d’architectures traditionnelles, on traverse par exemple la rivière Labrada sur le pont médiéval de Sa, construit en grosses plaques d’ardoise, et comprenant plusieurs arches.

A s’essaye à la figure depuis le plongeoir. Nous passons ensuite un temps de repos à l’auberge avant de se mettre à une table dans la cour du gîte pour le repas. C’est à cette occasion que j’entreprends une discussion avec Jean, un québécois. Celle-ci nous happe et nous amène à réfléchir sur de nombreuses questions de société. A. nous rejoint dans ce dialogue qui s’oriente enfin, sur l’expérience qu’il vit, ses apprentissages et réflexions. Nous finissons cette soirée par une partie de dribbles avant de rejoindre le dortoir déjà silencieux.


Vendredi 14 juillet : Baamonde - Cabana 25 km


A : aujourd’hui est un grand jour, et pour découvrir pourquoi il faudra tout lire et être attentif.

Ce matin, réveil à 7h. Joan comme moi sommes très fatigués et après avoir englouti notre petit déjeuner, nous prenons la route. Joan me dit qu’il y a deux chemins, un à 101 km et l’autre à 99,989 km. Bien évidemment, nous prenons le plus court et marchons sur la route en discutant. 5 km plus loin, nous approchons un bar, mais Joan ne veut pas s’y arrêter. Je le suis donc sans faire de remarque. Il m’explique, que 4km plus loin il y a un certain pub ( public Horse). Arrivé là-bas, le bar était fermé. Et la dame, gérante de ce bar, était à la retraite et nous a expliqué que 400 m plus loin, il y avait un bar ouvert. Mais celui-ci avait une forte odeur d’excréments d’animaux qui en émanait. Après avoir bu un coup, nous sommes repartis et avons fini les 10 km restant sous la pluie. Arrivé à l’auberge, j’ai pris ma douche et fini le dessin de Seuil. Et maintenant je me lance le défi d’arrêter deux… Du… au…

La suite dans la prochaine journée de blog 😉


Joan : nous décidons de marcher à nouveau ensemble pour la journée. Nous partons sous un ciel bleu limpide magnifique. La température est basse, nous obligeant à nous couvrir plus que d’habitude. La marche vient réveiller les muscles et réchauffer le corps. Nous passons à la borne jacquaire indiquant le point des 100 derniers kilomètres. Nous retrouvons les éternels eucalyptus alignés en rang et l’asphalte. Nous atteignons au bout de 15 km un restaurant pour faire une halte boissons et casse-croûte. La marche amène son lot de discussions. A. est en pleine réflexion sur les enseignements qu’il tire de son aventure. Nous en parlons ensemble pour essayer de mettre des mots sur ces expériences. Le questionnement sur sa volonté ou du moins la projection d’arrêter de fumer et de retour. Passer ces échanges, nous finissons, les 10 derniers kilomètres en silence. Peu avant d’arriver, le vent se lève et se déchaîne sur nous, accompagné d’une fine pluie. Une rafale parvient même à m’arracher ma casquette de la tête. Le gîte dans lequel nous trouvons refuge quand nous arrivons, est vide et le restera définitivement. Un employé nous reçoit. Ce dernier passe ses journées dans un petit bureau à attendre les pèlerins qui sont rares à s’arrêter à cet endroit. Nous sommes seuls dans un dortoir d’une trentaine de places. Nous prenons nos aises . Je fais une sieste, tandis que A. finit de colorier son dessin. Nous mangeons ensuite un plat de pâtes à la sauce tomate et aux petits pois. La soirée se passe dans la bonne humeur, plein de moments de franche rigolade.


Samedi 15 juillet : Cabana - Boimorto 25 km


A : ce matin, réveil à 8h. Nous sommes efficaces pour ranger les sacs. Et après notre départ, nous prenons un raccourci. Celui-ci nous fait passer devant des maisons de geôlier gardées par des chiens agressifs. Mais à la fin, nous sommes arrivés au bar en un seul morceau. Nous prenons notre petit déjeuner et repartons. 5 km avant la fin, nous faisons un dernier arrêt avant notre arrivée et rebuvons un coup. Puis nous longeons une grosse route et arrivons à l’auberge. Malheureusement, nous sommes toujours seuls ce soir après une sieste improvisée, nous mangeons nos nouilles et allons au bar à 1 km pour prendre un dessert. Nous rentrons, je dessine et mon défi est qu’à partir d’aujourd’hui, j’arrête de fumer…

😁 enfin.


Joan : nous ne traînons pas à déguerpir. Rien ne nous retient, il fait froid et le seul réconfort se résume à des carrés de chocolat. Nous marchons sur 1 km sur l’itinéraire Jacquaire. Après avoir étudié les cartes la veille, nous partons à l’aventure, en suivant des tracés en pointillés, qui, dans la réalité, sont des pistes. Cela nous évite l’asphalte et nous soulage de 2 km avant le premier café. De plus, nous prenons de la hauteur et apprécions une vue panoramique sur la campagne embrumée, avant d’évoluer à travers des forêts. La piste est couverte d’herbes hautes, nous trempant les pieds. Malgré cela, nous arrivons, joyeux et victorieux au bar attendu. Nous prenons des bocadilas, c’est-à-dire des sandwiches et boissons chaudes. Bien remplis, nous repartons pour les 16 km qu’il nous reste. Le temps devient capricieux. La pluie alterne avec de belles éclaircies, nous rendant indécis sur le choix de garder nos vestes ou non. Nous anticipons notre approvisionnement en vivres à Sobrado, après avoir contemplé sa magnifique et monumentale abbaye. Nous prenons notre temps et après une dernière halte boisson, nous arrivons à l’auberge pèlerins de Boimorto près d’un étang. Nous sommes les premiers pèlerins et seront les seuls. C’est reposant, mais crée également un vide. On se sent seuls ! Demain, j’opterai pour une auberge tenue par l’habitant pour plus de chaleur. Nous nous reposons, mangeons, faisons une lessive et une sortie dans un restaurant pour s’offrir un dessert (postre en Espagnol).







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