Marche de Carxxx accompagnée par Karine
Vendredi 20 décembre
C : Je me nomme C. Je suis âgée de 17 ans et je viens de Paris connu par les touristes pour être la ville des amoureux. J’ai comme objectif de partir sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle pour me ressourcer et effectuer un travail sur moi-même afin de gagner confiance en mes capacités. Je suis arrivée à Seuil le mardi 17 décembre en train ; vers midi, j’ai rencontré Karine qui m’accompagnera durant ces péripéties. Le lendemain, nous nous sommes occupées aux préparatifs avant le grand départ. En fin d’après-midi, nous sommes allées nous baigner dans un étang durant 4 mn afin de faire un travail sur la respiration. Nous sommes parties jeudi au lieu de vendredi faute de train. Cet imprévu m’a fortement angoissée mais malgré cela l’aventure débute. Nous sommes arrivées vers 14h30 au Puy en Velay pour ensuite rejoindre l’accueil Saint François, un endroit accueillant qui nous héberge pour la nuit. Nous avons ensuite visité la ville et acheté à manger pour le soir. Ce fut une fin de journée très mouvementée. Le lendemain vendredi nous nous sommes réveillées à 7h pour partir à la messe à 7h30 se faire bénir. Nous avons pris le petit déjeuner puis nous sommes parties à 9h40 commencer la marche. A midi, nous sommes arrivées au village Saint Christophe pour manger. Nous avons ensuite rencontré une dame qui nous a chaleureusement invitées à prendre le thé afin de ne pas rester dans le froid. Nous avons beaucoup discuté, puis c’était reparti pour marcher. Vers la fin, c’était un peu difficile de garder le rythme mais malgré cela j’avais accompli l’objectif du jour d’arriver à Fay avant 17h. Nous avons été bien accueillies et nous avons bien mangé. A 21h, ce sera le dodo pour moi.
Karine : Je m’appelle Karine et j’accompagne C dans cette folle aventure
Nous nous sommes rencontrées près de Rennes pour le traditionnel stage de préparation de 3 jours… qui a duré 2 jours. Faute de train pour traverser la France jusqu’au Puy et pour ne pas tourner en rond tout le WE : accélération. Pas de marche test… mais impossible d’échapper au traditionnel bain dans l’eau glacée : GRR… d’autant impossible que C était super emballée. La rencontre avec C s’est très bien passée ; elle est enthousiaste des animaux - autant dire que voir les vaches, les poneys et la famille de ragondins dans les alentours du gîte a été un vrai plaisir pour elle. Idem avec le crapaud du gîte qu’elle a pris dans sa main pour le caresser. C est très gourmande et aime bien mettre la main à la pâte pour préparer les repas. Par contre les voyages en train sont moins son affaire : un mauvais moment à passer avant de retrouver la nature. Apparemment pas : prolongation de la nuit, intérêt pour le parcours de marche… et nous voilà au Puy. Sympathique installation au gîte, tout en haut de la vieille ville à côté de la cathédrale, un temps de pause bien mérité avec une vue splendide des hauteurs de la ville haute… et c’est parti pour une promenade car C ne tient pas en place et c’est très bien (cathédrale, la vieille ville, le marché de Noël…) et puis vers 17h30 le « coup de la panne » : retour au gîte, douche, dîner et à 19h30 elle est couchée… besoin d’énergie pour le lendemain
Depuis hier soir et encore ce matin, je sens que C appréhende cette première journée de marche : elle traîne. Même pour aller à la bénédiction des pèlerins ce matin : on arrive en retard alors que ce n’est pas du tout son genre.
Et finalement : 18 km avalés « les doigts dans le nez « 😁 Limite si je n’ai pas dû courir après 🤣 et en profitant vraiment de voir les animaux : les chevaux, les vaches, l’âne, les poneys. C' est dans son élément. Soirée tranquille au gîte, finalement bien moins fatiguée qu’hier soir (moi aussi d’ailleurs) envie d’échanger avec les hôtes. Une super journée !
Samedi 21 décembre
C : Aujourd’hui ce fut un réveil à 7h15 pour pouvoir prendre le petit déjeuner à 7h30. Nous nous sommes ensuite préparées à partir. Nous avons marché jusqu’à midi, puis nous sommes arrivées à Saint Privat. Il n’y avait aucun bar ouvert, alors nous sommes montées à l’église qui était fermée. Je me suis assise sur un banc avec Karine et quelques minutes plus tard un chat nous a tenu compagnie alors que nous étions dans le froid. Un monsieur est arrivé pour promener ses chiens et nous avons discuté une dizaine de minutes avant qu’il nous propre du thé pour nous réchauffer. Ce gîte fut fort accueillant avec de la nourriture digne d’un festin.
Karine : Toute petite étape de 7km à peine plus. La neige recouvre toute la campagne, le soleil est au rendez-vous, ça s'annonce bien... Mais C ce matin n'a pas la forme de la veille : il faut dire qu'elle a un rhume - elle n'est forcément pas au mieux. Toujours est-il que les contrariétés vont s'accumuler dès le premier kilomètre ! D'abord les bâtons : après sa chute d'hier en glissant dans la cour du gîte j'avais fini par la convaincre - on les a réglés ce matin au départ - à peine 1km plus loin, le bouc émissaire bâtons est puni et rattaché au sac. La neige c'est beau mais pour C ça finit par être une contrariété : parfois on s'enfonce et on ne voit pas en dessous : ce n'est pas marrant quand on se retrouve le pied et la cheville dans une flaque parce que la glace sous la neige a craqué sous le poids. Ensuite les petits ou grands arbres au milieu du chemin. Stratégie de C passer en dessous (je n'ai toujours pas compris ou) stratégie de Karine contourner l'obstacle en passant par la forêt (en pente) à l'extérieur du sentier - c'est Karine qui a perdu : je me suis retrouvée par terre à glisser dans la neige. C’est d'humeur maussade et trouve le temps long pour arriver : même le panneau du village Le Chier l'a à peine déridée. Heureusement il y avait un troupeau de vaches (avec des veaux) à l'horizon ; on s'est approchées : ça guérit tous les maux. Direction saint Privat avec entrain... Sauf que le chemin en descendant est mauvais : gros coup de stress. L'arrivée au village est difficile : C ne supporte plus de porter le sac à dos et le gîte n'ouvre qu'à 15h30. J'aurais dû appeler (je saurai pour la prochaine fois !!!) Après un bon pique-nique je l'emmène en haut du village pour s'abriter dans l'église il fera moins froid... Grr Fermée ! Heureusement un chat a passé les 2h avec nous, puis le propriétaire du château juste à côté avec ses chiens qui nous a offert le thé : le voilà débarquant avec sa théière classe et deux mugs. Finalement 3h d'attente à la fois pénibles et enrichissantes. Vite oubliées quand a 15h on débarque au gîte qui est ouvert : accueil super sympa des hôtes, on est très confortablement installées. C a retrouvé le sourire, rêve de sa douche et se projette aussi dans l'étape de demain : petite victoire !
Après une sieste de 2 heures : les courses et on est déjà à l'heure du dîner : délicieux et gargantuesque... Heureusement qu'on a l'excuse de marcher le lendemain ! Pendant le dîner, on a planifié le départ, on a discuté avec les hôtes pour savoir par où passer pour éviter la descente escarpée de Rochegude à Monistrol et on a parlé des deux étapes d'après. Belle soirée !
Dimanche 22 décembre
C : Aujourd’hui, fut un un réveil matinal avec la musique de Soprano le coach. Au petit déjeuner, il y a eu l’embarras du choix et toujours aussi succulent qu’au dîner du soir précédent. Nous nous sommes préparées et sommes parties dans le froid. Il y avait beaucoup de pluie, donc nous dûmes mettre les ponchos que nous appelons Karine et moi “le chameau” à cause du sac qui fait une bosse. Ce fut une journée très fatiguante et pleine d’émotions. Durant les jours précédents, je suis sortie de ma zone de confort ce qui était très difficile pour moi. A table, j’ai sorti la phrase “l’impossible est possible”, mais je compris quelques secondes plus tard que mes mots se retournaient contre moi.
Karine : On avait dealé hier soir avec C un réveil et une préparation du sac plus rapides avec de la musique, entre autres le coach de Soprano qui avait déjà fait son petit effet lors du stage de préparation avec Anthony. Ça a marché nickel : à 8h32 on était en route.
Un peu après Saint-Privat on est passées faire un petit coucou a une hôtesse de gîte chez où j'avais logé il y a un an et qui était avec sa famille pour ces quelques jours ; C était souriante et présente dans notre discussion. Un joli moment. A partir de ce moment et pour l'essentiel de la marche j'ai vu le protège sac à dos orange de C qui faisait la marche en tête !!! Et moi je suivais derrière, mais j'ai dû plus d'une fois y mettre de l'énergie pour ne pas laisser un écart trop grand. Et les conditions ne nous ont pas toujours aidées : la bruine dès le départ, la pluie au moment de notre pause à Monistrol et qui a redoublé quand on a commencé les 4 km de montée, le vent froid sur le plateau quand on a voulu se poser pour déjeuner et pour finir vent et neige à l'arrivée à Saugues. Au milieu de la grande montée on a croisé un cheval sur la route qui s'était échappé de son enclos ; J'étais fascinée et puis très vite culpabilisée de ne pas pouvoir l'aider alors qu'il essayait de rentrer dans l'enclos de 2 chevaux voisins. C est allée à la maison voisine prévenir pour être sûre qu'on s'occupe du cheval et qu'il ne lui arrive rien.
A l'arrivée à Saugues, difficile moment pour C : après cette marche de championne les émotions prennent le dessus ; d'abord la mauvaise humeur et puis les larmes. Comme elle l'a dit plus tard, après une bonne douche qui lui a fait retrouver le sourire, aujourd'hui j'ai mis mon âme dans cette marche et maintenant je n'ai plus d'âme qui me reste... Au cours de la soirée et en se reposant elle s'est reconstruite une énergie et une envie de communiquer et de blaguer. Moment inoubliable pendant le dîner et la discussion avec l'hôte du gîte, C nous sort un improbable - mais tout à fait à propos - "l'impossible possible". La surprise n'a pas duré longtemps je lui avais déjà dit en rigolant "et ben ça tu as bien fait de le dire car je saurai te le rappeler pour l'étape de demain"... Elle nous a avoué qu'elle l'avait réalisé en le disant : on était tous les trois morts de rire.
Après le dîner on s'est mis d'accord sur la stratégie pour le lendemain matin : on s'est accordé un petit 1/4h de plus mais on ne change pas une "musique qui gagne"
Mardi 23 décembre
C : Un réveil matinal avec la musique de Soprano “le coach” comme chaque matin. Notre nouveau petit rituel du lever ! Nous avons pris le petit déjeuner et nous avons préparé nos sacs avant le départ d’une longue marche de 19 km. J’eus beaucoup d’émotions et de douleurs musculaires. J’ai beaucoup ruminé durant cette marche. A un moment, je n’en pouvais plus et je pleurai du fait que j’y avais mis toute mon énergie et que c'était impossible pour moi de continuer et c’est là que Karine me sort la phrase “l’impossible est possible”. Comme quoi nos mots peuvent se retourner contre nous ! Je me plaignais beaucoup durant la marche mais à des moments j’étais contente car des chevaux venaient vers moi, ce qui était la première fois. Arrivée à Le Sauvage, le monsieur du gîte de Saint Alban nous a emmenées en voiture jusqu’au gîte de Saint Alban faute de gîte à Le Sauvage. J’eus le responsable de marche au téléphone qui m’a redonné courage pour les prochains jours.
Karine : Nouveau réveil musical. Le premier kilomètre est difficile, il faut dire que nous sommes “cueillies” par le vent et la neige qui dureront toute la journée. Beau moment de communion de C avec les poneys à La Clauze, mais elle ne veut pas prendre le temps de poser son sac et se ravitailler… la suite va être difficile. Ses émotions débordent 2 km plus loin ; elle transforme en négatif toute sa belle journée de la veille. Après des encouragements et un câlin, elle repart courageusement. Vidée au bout de 14 km, elle dévore le paquet de dattes et finit les deux derniers kilomètres comme une fusée malgré la neige qui s’amoncelle : résultat des courses deux chutes pour moi, une pour C et de la neige jusqu’aux genoux à l’arrivée au Sauvage. C arbore après ces 19 km compliqués un grand sourire : ça fait chaud au cœur. La douche, la conversation avec Anthony et l’aligot-saucisse du dîner lui donnent la pêche ; on parle de l’histoire du vilain petit canard qui découvre qu’il est un magnifique cygne.
Mardi 24 décembre :
C : Aujourd'hui, fut un réveil matinal avec la même musique comme toujours, notre petit rituel du matin. Nous partîmes vers 9h en voiture et nous arrivâmes à 10h05 à La Chapelle Saint Roch pour commencer le parcours. Bon, bon… en fait, non, nous avons décollé 45 mn plus tard car les chevaux m'attendaient. Nous avons beaucoup parlé de divers sujets durant la marche avec Karine, ce moment partagé fut un réel plaisir. J’ai fait plusieurs pauses chevaux durant la marche, mais une rencontre m’a particulièrement marquée. Après avoir passé du temps avec un cheval, nous allions repartir quand il me salua soudain d’un signe de tête. Je trouvais ce moment fort émouvant. Je me posais la question “si les animaux me font confiance pourquoi je ne devrais pas avoir confiance en moi-même ?”La réponse est peut-être dans la question me dit Karine. La confiance en soi commence par des questionnements me dis-je en conclusion. Nous avons partagé un bon repas en compagnie d’un cycliste écossais pour le réveillon de Noël.
Karine : Le coach de Soprano est toujours au programme du réveil mais cette fois C trainaille au petit déjeuner. Comme nous avions convenu d’un horaire pour la montée en voiture avec le propriétaire du gîte, j’ai un peu remis l’église au milieu du village. Le trajet a été boudeur mais arrivées à la chapelle Saint Roch, l’envie est là. De faire une photo d’abord et de se lancer dans la marche. Même si “lancer” est un bien grand mot, on a dû faire 300 m en 45 mn : C discuta avec les chevaux (race comtoise) et découvre la jalousie des étalons entre eux et moi je discute avec le propriétaire qui passe dans un sens avec son tracteur puis dans ‘l’autre, un peu surpris de nous trouver encore là. Le contact avec les animaux et le fait qu’ils viennent vers elle font du bien à la confiance de C. Le reste de l’étape a été une vraie balade : joli paysage avec pas mal de forêts, retour du soleil, deux chevreuils qui filent au loin. Un nouveau paquet de dattes en a pris pour son grade. On va faire des provisions demain !!!
La marche de ce matin a été propice à la discussion : des sujets personnels, politiques et beaucoup de curiosité et de réflexion sur soi. L’enthousiasme ne quitte pas C. De retour au gîte de Saint Alban, elle écrit ses blogs de retard, relit ses notes et me partage le très beau message que son amie lui a écrit pour son départ. C se réjouit de passer la soirée de Noël avec le cycliste écossais qui nous a rejointes pour la nuit. Nous avons discuté, préparé nos repas et mis le tout en commun : un très bon moment pour un Noël à part. Avant d’aller nous coucher on échange sur son cadeau de Noël : elle ne l’aura sans doute pas avant le jour de repos à Cahors, raison de plus pour pouvoir se projeter et commencer à choisir ce soir.
Mercredi 25 décembre : Aumont-Aubrac
C : Réveil avec notre petit rituel comme toujours, vous devez vous en douter. Nous avons pris une partie du petit déjeuner en compagnie de notre cher cycliste écossais. Nous sommes parties en chemin à 8h45 avec un beau ciel bleu. Durant cette marche, nous avons parlé d’histoire avec Karine (Louis Pasteur, Henri IV, Louis XVI). C’était très intéressant. Nous avons fait une pause chevaux, la femelle était enceinte. Au début, ils ne s’approchaient pas, puis finalement ils sont venus. Nous avons continué le chemin et on a fait une autre pause chevaux, mais cette fois-ci c’était un grand joueur. Il n'arrêtait pas de mordre mes habits et de lécher ma doudoune. C'était un beau souvenir. Nous sommes allées à l'église et avons découvert le distributeur de plats à emporter, un concept dont je n’avais jamais entendu parler. Ces découvertes à Aumont Aubrac étaient fascinantes. Le soir on a joué aux fléchettes et Karine a découvert que je ne savais pas viser la cible. Après c’est un bon dodo pour moi.
Karine : Après un bel au revoir au cycliste écossais qui ce matin nous a acheté des chocolatines (C y tient !) et un boost d’énergie avec le son de Nirvana, nous partons pour nos 16 km du jour. La bonne nouvelle : le beau temps est là et pour la première fois depuis Le Puy le bonnet est rangé et faire une pause pique-nique est un agréable moment.
C est super motivée ; une vraie fusée ou un cabri dans les montées qui aime ressentir ses mollets travailler. Moi aujourd’hui j’ai l’impression de me traîner !!
Faute de chevaux… on discute - ce matin c’est histoire : Henry VIII, Henri IV et la saint Barthélémy, Louis XVI et Necker
C découvre cette tradition du Chemin de poser des cailloux sur les croix ou les statues. C est emballée - elle aime bien le principe de laisser une trace et en pose partout, et dans les conditions les plus compliquées. Et puis elle réalise qu’elle a eu un déclic : marcher en profitant plutôt que compter les km qui restent à parcourir. Elle s’est aussi prise d’une frénésie de lecture des papiers en libre-service dans les églises. Je crains le poids du sac dans quelques jours !
Mais rien ne passe au-dessus des chevaux ! Alors quand 2 apparaissent enfin au bout de 9 km, surtout en profiter pour faire la pause déjeuner.
La fin de la marche se fait à vitesse grand V ; sans une nouvelle pause chevaux ont était à Aumont-Aubrac à 14h30.
Une fois de plus on a le gîte rien que pour nous ! C’est grand et agréable ; c’est chauffé dans toutes les pièces 😁.
Et ce soir on doit se préparer à manger nous-mêmes - un 25 décembre au soir sans course ça s’annonce bien… mais miracle du Chemin, il y a un distributeur de plats cuisinés préparés maison à 10 m du gîte (oui ça existe! Et c’est bien pratique 😁)
On s’occupe de notre repas, on prépare le parcours et le planning de demain (à commencer par des courses)
Jeudi 26 décembre : Nasbinals
C : Aujourd’hui, je suis très fatiguée encore. Je me dis que plus je marcherais plus j’aurais l’habitude. Nous sommes parties marcher et sur notre chemin, un veau était sorti de son enclos. Opération sauvetage de veau. Karine est allée chercher de l’aide et moi je restais avec le veau pour qu’il ne parte pas ou qu’il se blesse. Après avoir été remis dans l’enclos, nous partîmes continuer la marche. Nous sommes arrivées à une chapelle où j'ai mis un mot dans un cahier “26 km on va y arriver”. On a mangé en deux étapes pour garder de l’énergie mais vers 13h c’était la baignade de 2 mn dans l’eau froide. Vers la fin de l’après-midi, on a vu un âne avec une vache. L’âne était très joueur mais la vache n'osait pas s’approcher sans doute par méfiance. On a vu ensuite dans un autre même enclos un âne avec deux chevaux et une brebis. Nous sommes arrivées à destination la nuit tombée avec nos lampes frontales sur le front. A la fin de la marche, j’étais épuisée.
Karine : Départ matinal pour une longue étape de 26 km. Le givre recouvre la campagne et le soleil au rendez-vous c’est MAGIQUE ! C s’enthousiasme et prend des photos.
Le vilain petit canard qui se découvre un beau cygne est de retour : il est écrit avec les autres témoignages de pèlerins (et graffeurs) dans le tunnel de passage sous l’A75
Un veau est sorti de l’enclos de son troupeau et divague sur la route : C reste avec lui avec prudence et je vais interpeller deux gars du village : dix minutes plus tard le veau a retrouvé sa mère ; C est contente.
La petite chapelle de la Bastide avec ses peintures murales turquoises est mignonne ; un livre d’or : C tient à y écrire quelque chose « 26km à faire, je vais y arriver »
Aujourd’hui C est attentive à son rythme de marche pour ne pas se mettre dans le rouge, à se nourrir et à prendre soin de ses pieds à la pause. Car enfin on peut faire des pauses plaisir au soleil. Du coup sous l’impulsion de C on a enlevé nos chaussures et chaussettes et posé nos pieds sur l’herbe froide un délice.
Depuis le temps qu’elle en rêvait : C a repéré sur le grand plateau de l’Aubrac le spot idéal pour un bain d’eau glacée (marotte de notre responsable de marche) - 2mn chrono comme une championne dans une eau qui doit être à 2 ou 3 degrés !!! Moi j’assure l’intendance, la sécurité et les photos 🤣🤣🤣
Avec toutes les pauses « animaux » l’arrivée de nuit se profile, même si à 5km de la fin C est repassée en mode fusée. On est arrivées à la frontale au village : pas si mal
À l’entrée du bourg de Nasbinals, nous avons hurlé notre fierté d’avoir fini cette étape - je ne sais pas si quelqu'un nous a entendues : le voisin le plus proche était le cimetière
Vendredi 27 décembre : Saint Chély d’Aubrac
C : Nous sommes parties marcher vers 9h25 et on a découvert sur le chemin des montées épuisantes dans des parcs à vaches. Les vaches n’étaient pas là bien sûr. Dans La montée, on a trouvé un point d’eau où j’ai pu me baigner pendant 3 mn dans l’eau à environ zéro degré. On a ensuite continué la montée et avons décidé de faire une pause car j’avais besoin de digérer cette montée. Le soleil était très agréable. Première fois de la journée que je regardais le paysage car sur tout le chemin, j’étais perdue dans mes pensées. On a fait la pause repas à Aubrac qui m’a fait du bien. On est reparties et en fin d’après-midi, nous sommes arrivées dans le gîte d’un ancien accompagnant Seuil, Eric. Il nous a super bien accueillies et j’ai été heureuse de l’avoir rencontré.
Karine L’heure du départ était cool ce matin ; et pourtant faux départ : à 50m du gîte C se réveille qu’elle a oublié de remettre un compeed.
Le début de la marche est calme et silencieux, propice à quelques confidences sur ses péripéties enfant ou sur les cours qui lui manquent.
Le chemin monte sans fin au travers des parcages à vaches de l’Aubrac à 1300m d’altitude, la neige est de plus en plus présente : c’est usant. Nous faisons une agréable pause, assises dans l’herbe ; C fume ce n’est pas le meilleur signe. D’ailleurs le paysage est splendide mais C me confie qu’aujourd’hui elle n’arrive pas à en profiter.
Elle ne laisse pas échapper l’occasion d’un nouveau bain dans l’eau glacée : aujourd’hui 3mn chrono ! J’admire… tout en me disant que ça va lui bouffer de l’énergie.
Arrivée à Aubrac : une table nous attend pour un bon pique-nique au soleil. Mais l’urgence est à trouver des toilettes pour C : les WC publics sont fermés à cette saison - une habitante lui propose finalement de l’accueillir. C est frappée du respect pour les pèlerins.
La tranquille descente sur Saint-Chély que nous espérions est en grande partie un sale petit chemin avec des cailloux et de la neige ou de l’eau qui a inondé partout. Usant !!! C est de plus en plus fatiguée sans perdre encore le sourire : elle réinvente pour le coup les règles de base de l’anatomie. Elle a des courbatures aux genoux et est enceinte des genoux, des cuisses et des pieds🤔
Enfin nous arrivons au gîte d’Eric : on ne le savait pas, il a accompagné trois marches Seuil. C a assez de force pour profiter du dîner et de la conversation avec Éric et puis s’effondre. J’ai passé une très bonne soirée et cerise sur le gâteau, Éric nous a bien conseillées pour gérer la découpe de Espalion - Conques
Samedi 28 décembre : Espalion
C : Nous sommes parties à 9h15 de chez Eric après un petit déjeuner en sa compagnie très agréable. Le matin après avoir commencé à marcher nous nous sommes arrêtées dans une ferme où il y avait des vaches et des veaux. On a vu le moment où il ouvrait l’enclos entre les veaux et les mamans, un moment très émouvant. En reprenant le chemin, on a vu des chèvres qui mangent des branches d’arbres. Je les ai surnommées “gogole”. On a vu aussi des oies et une a essayé de me pincer, alors je l'ai surnommée “sale gosse”. En arrivant à Espalion, on a vu beaucoup de “wesh - wesh” adolescents que je surnomme comme ça parce qu’ils font les intéressants. On a vu des jeunes femmes faire une balade en cheval. Nous sommes arrivées au gîte puis nous sommes allées chercher de quoi manger pour le soir. Une fin de soirée tranquille.
Karine : C est vive au petit déjeuner comme jamais. Elle est reposée et a vraiment apprécié l’accueil d’Eric.
Dès le début de la marche C est en mode confidence : pour une fois (je cite) elle a spontanément sorti une phrase où elle a confiance en ses capacités ; elle m’explique aussi pourquoi elle ne veut plus faire semblant d’être wesh pour faire comme les autres.
Dans notre descente sur Saint Côme on croise une grande étable avec les vaches alignées pour la distribution de foin. L’agriculteur après avoir fini vient discuter avec nous et va libérer les veaux et les vaches pour permettre la tétée. C est aux anges.
C n’est pas découragée du sale chemin de descente qui l’angoisse - elle descend lentement mais sûrement : gros câlin à l’arrivée. Pour la suite de la marche elle ne se départit pas de sa bonne humeur (piques et blagues) même quand il faut faire la pause pique-nique dans le
À Saint Côme, on se rattrape : petite gourmandise et pause sur un banc en plein soleil, les pieds à l’air sur le dallage. C’est en même temps un petit exercice pour le chemin de C : s’assumer comme on est sans stresser ou s’énerver des gens qui nous regardent bizarrement ou qui suggèrent qu’on fait pitié 😁
Les 5,5 derniers km pour Espalion se font bien : C découvre au passage que les oies sont des sales gosses et les chèvres un peu secouées.
La logistique pour le lendemain est un peu compliquée ce qui finit par stresser C ; du coup elle me propose gentiment d’aller préparer le dîner. Et au milieu de tout ça on a « opéré » l’ampoule de C. Ce soir, elle a battu son record d’heure de coucher : 21h45. Je ne vais pas traîner… bonne nuit 😴
Dimanche 29 décembre : Les Fonteilles
C : Aujourd’hui, l’objectif est d’arriver à Les Fonteilles. On a marché tranquillement au point qu’on avait un peu de retard. Vers 14h, nous sommes arrivées au pont Estaing où nous nous sommes arrêtées pour enlever les chaussures et chaussettes pour poser les pieds par terre et ressentir le froid afin d’avoir une bonne circulation du sang. On avait les doigts de pied en éventail. Pour arriver sur le pont, on a fait 5k en une heure, les trois derniers kilomètres de la journée ont été une montée. Nous sommes enfin arrivées à destination et Léo nous a accueillies chez lui. On a mangé du pain d’épice avec du thé vert en attendant Florian pour qu’il vienne nous chercher en voiture pour retourner à Espalion. On a mangé avec Florian, sa fille et Aurore. Avant de manger, j’ai un peu dessiné avec sa fille, Florian a coupé la salade et je lui ai dit que ça ne se coupe pas, ça se plie. C’était un peu comme un repas en famille. Il nous a surnommé le “duo salade”.
Karine : Sur l’idée de notre hôte « vétéran de Seuil » nous mettons en place un code couleur du Ressenti le matin au départ : C me dit que les voyants sont au vert
Ce matin on se pèle plus que sur les plateaux de l’Aubrac 1000 m plus haut, à cause de l’humidité du Lot. On voit bien pourtant le soleil essayer de percer alors sur la campagne saisie dans le givre c’est MAGIQUE
Nous arrivons à l’église romane Saint-Pierre de xxx. Heureusement, elle est ouverte car elle a une particularité unique, une chapelle aérienne, au-dessus de l’église principale, à laquelle on accède par une escalier super étroit avec des marches de 30cm - au moins si on tombe on est retenues par les murs. Pour C , plaisir de lire les messages d’espoir laissés dans la chapelle, de faire des photos et d’écrire dans le livre d’or
La montée qui suit est rude mais une formalité ; la descente d’après, abrupte : typiquement le genre de chemin qu’elle surnomme « catastrophique « : descendu d’un trait
Une longue pause cheval précède une confortable pause pique-nique au soleil avec poulet rôti et galette des rois partagée. Nous n’avons pas avancé très vite ce matin - que pour des bonnes raisons. C exprime son inquiétude sur notre heure d’arrivée ; je lui explique que beaucoup de plats arrivent : elle met le turbo et on arrive à Estaing en 1h.
Cela nous autorise une pause soleil « les doigts de pied en éventail « sur le pont. Bon pour préparer les 8km à suivre et la rude montée ; bon aussi pour faire abstraction du regard des passants/automobilistes qui nous regardent comme des ovnis.
Vers 17h nous arrivons en bonne forme après quelques pauses “vaches” au gîte a Fonteilles, chez l’ami de notre hôte d’Espalion Florian, qui nous accueille pendant que Florian vient nous récupérer : thé vert, Pain d’épices maison, et une séance TV et photos pour voir Florian jouer le gendarme dans la série l’Eclipse.
Et pour finir en beauté cette magnifique journée : dîner avec notre hôte, sa fille et son amie. Un excellent moment plein de fous rires : C dessine avec la petite fille et participe à la bonne ambiance générale : le « la salade ça ne se coupe pas « va rester » !!!
Lundi 30 décembre : Conques
C : Léo est arrivé à 8h45 pour nous déposer en voiture à Golinhac. On a vu des animaux sur le chemin. Il y avait trois chevreuils qui mangeaient du chou. Il y avait également des vaches. Après un au revoir assez difficile pour moi à Léo, on a pris la route. Dans une chapelle, j’ai écrit sur un cahier de notes “j’ai confiance pour le rythme de la marche”. Nous avons vu deux ânes sur le trajet et un des deux avait des oreilles un peu comme un lapin. On a vu une race de cheval assez costaud. Quand on était presque arrivées vers Conques, il y avait une descente assez difficile où je suis passée devant car Karine l’avait déjà faite dans le passé et qu’elle en n’avait pas un bon souvenir. Nous sommes arrivées à destination à Conques vers 17h10
Karine : Florian nous a récupéré aux Fonteilles hier soir ; ce matin c’est Léo qui a la gentillesse de nous conduire à Golinhac. En cours de route : 3 chevreuils dans le champ de choux. Pas farouches : un régal pour les yeux.
Avant le départ de notre étape C écrit un long message dans le livre d’or de l’église de Golinhac : « plus nous avançons plus nous profitons de l’instant présent »
C me parle spontanément du code couleur : vert. Il est super-vert : elle est super enthousiaste - les 2 moments de convivialité la veille chez Léo puis chez Florian l’ont marquée ! Elle est fière aussi et sent qu’elle a déjà changé : elle me parle de solidarité mutuelle pendant la marche
Elle parle aussi de projets : rien de précis mais l’envie d’en avoir et elle me parle de sa famille de Moissac
On fait une super pause au soleil à Espeyrac : on fait des courses pour Conques et C en profite pour se faire chauffer une boîte de raviolis par la gentille dame de l’épicerie. Un expresso chacune avec le reste de gâteau au yaourt d’Aurore : le paradis !
Le trajet de l'après-midi se passe bon train : je vais bien physiquement mais je sens que quelque chose ne tourne pas complètement rond chez moi : peut-être l’appréhension de la descente sur Conques dont je garde un mauvais souvenir. Je partage avec C qui « prend les choses en main » : dans cette descente abrupte qu’elle appelle « chemin catastrophique » elle va rester devant et m’encourager. J’arrive en bas vidée : on se tape dans la main.
Nous sommes accueillies comme des reines à l’hostellerie de l’abbatiale par le frère hospitalier Pierre-Adrien. Pour le dîner nous ne serons pas seules loin de là : une chorale en résidence pour quelques jours et l’association Limbo. Ça fait finalement beaucoup de monde pour C.
Mardi 31 décembre : Conques (jour de repos)
C : Aujourd’hui, c’est le jour de pause. J’ai fait la grasse matinée jusqu'à 10h30, puis j’ai pris un chocolat chaud. Notre pause repos est à Conques.
Ce matin, on a décidé de faire un petit tour dans une partie du village, puis c’était l’heure du repas. Au début de ce repas, il a lu l’histoire de La Belle au Bois Dormant qui était contée de façon humoristique. L’après-midi, j’ai fait une sieste, puis j’ai rejoint Karine un peu plus tard dans la bibliothèque. A 17h30, il y avait une chorale qui chantait à l’église. Ils venaient d’une association. A 21h, c’était l’heure du repas du réveillon et nous étions nombreux car il y avait également deux associations dont la chorale. Je me suis couchée vers 23h tombant de fatigue.
Karine : Hier soir j’avais laissé le choix à C : réveil à 8h30 pour le petit déjeuner ou réveil à une heure qu’elle choisirait mais pas de petit déjeuner. Elle a choisi la 2e option : je m’y suis tenue. Elle s’était d’ailleurs réveillée toute seule quand - absorbée par les appels aux hébergements- j’ai laissé passer l’heure et je suis revenue dans la chambre à 10h30.
J’ai vite senti que l’humeur du jour était « molle » : j’ai fait en sorte qu’elle ait un chocolat chaud qu’elle s’est préparée ; on a réussi à faire une première promenade vers 11h40 - mais son briquet qui n’avait plus de fuel était son principal sujet d’intérêt. Je ne suis pas sûre que les belles ruelles de Conques sous le soleil aient eu beaucoup de crédit ; un chat qui passait par là oui
Le déjeuner collectif qu’on nous a gentiment offert est un nouveau moment compliqué (57 personnes la salle) ; heureusement c’est un déjeuner avec les frères, donc avec lecture donc en silence… ce qui lui pèse moins. La lecture du jour : la belle au bois dormant en version originale de Charles Perrault ! Qui aurait parié 😁 Ça plait bien à C.
Pour autant elle le déclare à la fin du repas qu’elle n’aime pas les jours de repos ! Ça ne m’avait pas échappé… ni une ni deux : elle est repartie se coucher.
Je lui laisse une heure pendant que notre linge se lave et se sèche (on s’occupe bien de nous !) et puis finalement je discute avec l’art-thérapeute de l’autre association, j’oublie l’heure du linge, j’y retourne et j’irai me balader un peu plus tard dans Conques pendant que C écrit ses blogs
Le concert dans l’abbatiale est très beau : un vrai moment d’émotion pour C et pour moi.
Le bon moment pour écrire nos vœux 2025 pour nous, les autres binômes, Seuil et ses superbes personnes qui assurent au quotidien pour les jeunes. On a vraiment beaucoup rigolé en écrivant ces vœux 🤣🤣🤣 on est de superbe humeur à l'heure du réveillon collectif avec la chorale Cantate Domino, l’association Limbo et les amoureux de l’abbatiale Sainte Foy de Conques qui nous ont rejoints à l’hostellerie !
Mercredi 1er janvier
C : Pour commencer, Bonne année et mes meilleurs voeux. Bon la marche a débuté avec une montée épuisante. Super ça… Ensuite, on a sonné la cloche de l’abbaye même si j’étais de mauvaise humeur. Eric tu ne m'avais pas dit qu’il y avait cette montée ! Vers le début du trajet, on a vu des poneys rikiki : Ils étaient adorables. Ensuite, un peu plus loin on a vu une dame qui avait des chevaux et des ânes. En plus de ça, elle m’a autorisé à rentrer dans l’enclos pour passer du temps avec eux. A midi, on n’a pas beaucoup mangé alors quand nous sommes arrivées au gîte, j’étais épuisée. Les personnes qui nous ont accueillies étaient formidables.
Karine : Bonne année 2025 ! 1ere étape de l’année. Ce matin C décide de partir comme une fusée dans la montée de Conques… (et pourtant j’avais prévenu) Et avant même la chapelle Sainte Foy, elle bloque et ne veut plus avancer. Atteindre la chapelle et faire sonner les cloches la requinque ; à un rythme régule la montée de Conques finira par être avalée
La suite de la matinée se passe sereinement, dans la discussion et avec les premières pauses animaux de 2025 : ânes, mini-poneys, chevaux… toujours autant appréciées. Jusqu’au drame de la boîte à livres de Noailhac ! En plus des 3 kg de livres qu’elle a pris à Espeyrac, C se charge encore d’un livre monstrueux pendant que je cherche un commerce… quand je découvre le pot aux roses quelques centaines de mètres plus loin le ver est déjà dans le fruit : les solutions les plus farfelues sont imaginées (quand on est au milieu de nulle part le 1/1) pour se débarrasser du/des livre (l’envoyer par la poste, faire venir la responsable de marche qui a dû venir dans la région, les laisser dans une chapelle devant laquelle on passe…). Au pied du mur : blocage - pour C c’est la fin de la marche. Heureusement la croix de Tagadou va nous sauver : déjeuner, discussion, compromis, cris libérateurs… nous en repartons avec le sourire.
L’étape n’est pas très longue mais finit par être éprouvante. Bien contentes d’arriver dans le cocon de Libellules et Papillons, d’autant que l’accueil est formidable. Dans notre galère d'hébergement (même à Figeac!) ils vont vraiment nous aider !
Jeudi 2 janvier : Figeac
C : Aujourd’hui, n’était pas une si bonne journée par rapport au mental. J’ai beaucoup ruminé durant la journée. J’ai eu mon père, mon frère et ma grand-mère, ce qui m’a fait super plaisir. J’ai fait une pause chevaux qui m’a réconfortée mais je me sentais vide. Vide comme si j’étais rien …. Je pense que je me sentais vide car mon entourage me manque. Malgré ça, nous sommes arrivées à Figeac où j’ai rencontré Martine, une belle personne avec un beau et grand cœur. J’ai fait la promesse de revenir la voir un jour. Le soir, j’ai eu un chagrin car mon amie me manquait énormément. Nous avons eu un appel avec une ancienne jeune qui avait fait la marche, pour m’encourager et me dire que c’est normal de ruminer et vivre des moments difficiles durant la marche car on est seule face à soi-même, la thérapie de la marche. En tous cas, merci de m’avoir autant encouragée, ça m’a redonné la force d’avancer.
Karine : De son propre aveu C « se traîne ce matin ». C’est son ressenti au demeurant on attaque la marche et on avance sûrement. À Montredon C appelle son père ; elle y réfléchit depuis 2 jours et ce matin c’est le bon moment pour elle. Elle aura aussi son frère et sa grand-mère : à ce moment il fait beau, dans cette 1/2h c’est la seule fois de la journée qu’on verra le soleil.
La suite de la marche est plus difficile pour C : tout d’un coup les émotions débordent - les larmes, l’impression de destruction, de vide, de devenir un zombie. Les mots du mieux que je peux, des câlins… C ne lâche rien : elle repart. Malgré la bruine, malgré les pieds qui chauffent, nous arrivons à Figeac.
C fait ses blogs, je fais quelques courses (en oubliant la moitié de la liste d’ailleurs) et nous allons ensemble commander notre pizza.
La dame du gîte est très gentille, très attentionnée. Nous sommes un binôme Seuil : elle est aux petits soins : elle nous parle avec tendresse du jeune qui est resté 3 jours chez elle avec son accompagnatrice. C connecte avec cette dame ; elle sent une bonne personne avec laquelle elle reste discutée à une heure bien tardive pour elle et notre lever matinal demain.
Vendredi 3 janvier : Cajarc
C : Ce matin, nous nous sommes levées plus tôt que les autres jours pour prendre le bus à 7h51 jusqu’à Faycelles. Nous avons pris le petit déjeuner dans un bar aux alentours et quand nous sommes arrivées à l’intérieur, nous étions comme des aliens qui débarquaient sur terre. Nous avons ensuite pris la route et j’ai fait la rencontre d’une vache baveuse. Après m’avoir bavé sur ma main et mon gant, nous dûmes reprendre le chemin afin de ne pas mordre trop sur notre temps précieux. A un moment, plein de coqs se sont mis à chanter les uns après les autres. Je me suis demandée si les poules n'avaient pas mal aux oreilles à force. Pendant notre pause repas, rebelote, il y en a encore qui se sont mis à chanter. J’ai fini par penser qu’ils étaient détraqués vu l’heure où ça chantait. La prochaine fois que j’entends chanter un coq à midi, il n’y a pas photo, je le mettrais à la casserole. Nous avons aussi vu notre premier cochon. C’est beau un cochon “hi hi“ a répondu notre très cher directeur. A la fin de la journée, on est venu nous chercher en voiture pour nous ramener à Cajarc Gaillac, après 23 km.
Karine : Ce matin on doit prendre le bus de 7h51 pour Faycelles pour rendre l’étape jusqu’à Cajarc raisonnable ; si on le loupe c’est 31 km, 😱 j’essaie de ne pas renvoyer mon stress à C. Finalement on a le bus et on arrive à destination 10mn plus tard : nous avons la bonne surprise de prendre notre petit dej au chaud au bar multiservices du village. Nous faisons exploser la composante diversité féminine des présents : on passe de 0 à 2 🤣
On part bon train - après une pause « vaches » - marche directe sur le Gréalou alternant les périodes de silence et d'échanges.
C’est là qu'un miracle se produit : à la 14e étape, nous croisons notre 1er pèlerin sur le chemin - il est parti du Puy le 28/12 et fait 40km par jour ! Notre score jusque-là était un cycliste le 24/12 au gîte de Saint-Alban et un marcheur le 28/12 au gîte d’Espalion.
Après la pause déjeuner qu’elle a appelé de ses vœux plus tôt que d’habitude,
C' est toujours très bien et évoque ses amis, souvenirs,…
Elle tente même d’avoir ma peau en me récitant « miam miam do do » en boucle pendant 10 mn mais la marche est plus forte et le « miam miam do do » glisse sur moi comme sur les plumes d’un canard.
Pas beaucoup d’animaux en cours de route mais une nouvelle innovation : un magnifique cochon (on a même l’impression qu’il vient d’être brossé !) - va pour la pause « cochon »
Arrivées à Cajarc, nous nous précipitons à la boulangerie pour un goûter : bonne surprise il y a un opticien à côté qui peut changer les plaquettes de lunettes de C.
Au fur et à mesure de la soirée et de ce que nous faisons cuire, pour le dîner et le lendemain midi, le gîte devient de plus en plus confortable et la température agréable. Une fois le dîner avalé, nous nous concentrons sur demain midi et les pâtes au beurre froides transportées dans le plastique des petits pains. Je crois qu’on va battre la tortilla froide de ce midi…
Samedi 4 janvier : Limogne sur Quercy
C : Aujourd’hui, nous partons de Cajarc → Direction un camping. Sur le trajet, il n’y avait pas grand-chose à dire à part qu’on a eu une montée. Nous sommes arrivées à 13h35 à destination et nous avons été au restaurant, notre petit plaisir de la semaine. Nous y sommes restées jusqu’à 14h45 pour ensuite aller faire des courses. Après, direction le camping, là on a réservé un mobil home. Un monsieur très gentil nous a accueillies en compagnie de mimi, un chat femelle qui adore mordiller les doigts et bien évidemment son chien, Oggy, qui a toujours un jouet dans sa gueule. Après avoir passé un peu de temps avec les animaux, le monsieur nous a accompagnées au mobil home et hop ! C’est la sieste d’une heure pour moi. Après la sieste, je suis sortie pour aller chercher du thé et je me suis assise 10 mn avec mimi en attendant que le monsieur revienne de ses courses. Après avoir longuement discuté avec lui, je suis partie sous la douche en chantant. Karine a eu le droit à un concert pendant ma douche et après ça va être l’heure de transformer les pâtes au beurre dans un sac plastique en pâtes carbonara !
Karine : Ce matin il bruine. La météo annonçait de la pluie à l’heure du déjeuner : il a bruiné toute la journée. Ce n’est pas très enthousiasmant mais vaille que vaille on part : l’étape n’est pas trop longue. On avance à un bon rythme à travers ces chemins typiques du Quercy : entre deux murets de pierre recouverts de mousse, dans des « forêts » de petits arbres tordus voire rabougris, avec des cabanes circulaires en pierre… la température n’est pas mauvaise mais l’humidité nous refroidit - l’idée de manger nos pâtes froides sous la bruine nous séduit moins… Avec toute l’incertitude que ça comporte, on décide de tracer sur Limogne et de se consoler de cette journée maussade avec un petit restaurant s’il est encore ouvert. On recyclera ce soir nos pâtes au beurre en carbonara 😁. 13h40 on est arrivées sur la place du village : on file au Galopin et son menu du jour. C ne se dégonfle pas et demande une Virgin pina colada : ça tombe bien l’endroit est spécialiste des cocktails. Après cet agréable moment, direction les courses et notre camping. L’entrée en ce jour de janvier pluvieux a l’air triste - d’autant avec la piscine et le tennis désaffectés - mais qu’est-ce qu’il est confortable notre mobil-home! Là pour le coup on est vraiment au chaud ! Après une petite sieste, C qui n’a pas eu son compte d’animaux (uniquement quelques vaches et 2 ânes aujourd’hui) va jouer avec les animaux du gérant. On regarde aussi ensemble le passage entre Cahors et Moissac pour voir s’il est raisonnable de gagner une journée sur le plan de marche ; pour lui laisser plus de temps avec sa grand-mère de Moissac (ce qui en plus devrait nous faciliter la vie avec les hébergements).
En allant chercher un sachet de thé pour le petit déjeuner, C a eu l’occasion de discuter un long moment avec le gérant du camping qui a vu passer d’autres binômes Seuil au fil du temps ; elle en est revenue enthousiaste.
À tel point que je l’entends pour la première fois chanter sous la douche 😁 La suite de la soirée est du même acabit : joyeuse et déterminée (yc pour l’opération de la 2e ampoule). C a pris deux décisions ce soir : a) elle se projette sur la grande étape pour arriver à Cahors et veut s’y préparer et b) elle a « décidé de garder son humour » alors qu’elle le voyait apparemment d’un mauvais œil jusque-là. Très bonne nouvelle 😁
Dimanche 5 janvier : Bach
C : Aujourd’hui, c’était la meilleure nuit que j’aie passée depuis le début de la marche. Petite grasse matinée et bon petit déjeuner avec des petits pains au beurre et du chocolat fondu. Après que Oggy nous ait fait un petit numéro toujours avec son jouet dans la gueule, nous partîmes en route. A midi, nous vîmes une famille de canards narcissiques assez gros quand même et l’enfant apprenait à voler mais passait plus de temps à se nettoyer les plumes.
Narcissique qu’il est, il préférait être beau que savoir voler. Nous avons vu des moutons écervelés qui n’avaient pas de mémoire. Plus loin, c’est une pause cheval et ce cheval ne pensait qu’à manger. Nah, mais oh ! Après la deuxième pause cheval, il faisait le fier. Nous finîmes par arriver ! C’est l’heure de la douche et après le monsieur qui nous a accueillies, nous fît à manger. C’était un ancien restaurateur. Après, j’ai été en appel avec la jeune fille qui avait fait le chemin avec Seuil et Clémence et après c’est le dodo pour moi.
Karine: Aujourd’hui petite étape de 13km alors c’est grasse matinée. D’autant que nous sommes bien dans notre chez nous et du coup, encore moins pressées de partir. Un oiseau un peu cinglé vient cogner aux fenêtres pour se faire remarquer : le salon, la cuisine puis la chambre - il a tout essayé. Nous finissons par décoller et aller dire au revoir à notre hôte et au chien Oggy
C me dit : « je me sens bien « ! Ça s’est une belle façon de commencer la journée !
Pas de montée, pas de descente, un petit rayon de soleil : improbable. On avance bien, on discute de soins esthétiques (eh oui!)
À Varaire : tout est là pour une agréable pause pique-nique : du soleil, un banc, les décos de Noël et la famille Canard dans la mare du village - le petit apprend à voler sans trop de succès sous la supervision du papa.
À peine sorties du village, pause : C avec les chevaux, Karine assise sur un muret. Redémarrage. 300m plus loin, rebelote : C avec les chevaux, Karine assise sur un muret… qui s’effondre ; Karine par terre. Le mythe du muret du Quercy s’effondre aussi ! Celui-là avait peut-être une excuse : il est tout récent 🙃🤔 !
Nous poursuivons tranquillement notre chemin jusqu’au gîte, une magnifique bâtisse de la région complètement retapée.
Ce soir, le moral de C n’est pas aussi au beau fixe que les jours précédents : le courant avec le monsieur n’a pas l’air de passer, et C fait une fixette sur son poids. Il devient urgent de se peser - tout le monde a beau lui dire que la marche ça fait mincir et maigrir, elle tourne en boucle, et ne veut plus manger de pâtes alors qu’elle s’est gavée de chocolat ce matin et au goûter.
Après quelque temps en retrait, C retrouve le sourire. On regarde la topographie de la longue étape de demain ; le monsieur retrouve grâce à ses yeux. Et finalement, la voilà lancée dans une nouvelle tentative de déstabilisation au « miam miam dodo ».
Lundi 6 janvier : Cahors
C : Départ pour 8h parce qu’on a 24 km à faire. Sur le chemin, nous avançons très bien tout en ayant fait plusieurs pauses. La première pause m’a un peu tracassée parce que je ressentais le stress du cheval et j’avais l’impression qu’il boitait. J’ai réussi à lui faire des petites papouilles tout en lui parlant de façon rassurante, puis il est parti. Il s’est roulé dans la terre et s’est pris soudainement à galoper vers moi. Nous sommes reparties sur le chemin et plus loin nous avons vu une dame qui nettoyait un lavoir rempli de salamandres et de têtards de salamandres. Après nous sommes reparties et nous avons dû faire une deuxième pause dans une aire de pique-nique pour manger. A 1,5 km de Cahors, il y a eu une longue descente assez difficile. Quand nous sommes arrivées dans le gîte, la dame nous a accueillies chaleureusement avec un beau sourire.
Durant la soirée, je l’ai aidée à mettre la table et à faire la vaisselle pour passer du temps avec elle.
Karine : 7h59 - départ pour notre étape de 27km - il fait encore nuit, mais nous sommes toutes les deux d’attaque. Traversée du village et visite de l’église : en sortant on aperçoit une dame en face qui nous salue à grands gestes depuis chez elle.
On trace jusque Mas de Vers. À la sortie du village, décoration locale le long de la route : des canettes de desperado ont été accrochées aux branches des arbres tous les 10m - sacrée haie d’honneur 😳
Au détour d’un chemin, nous arrivons à un lavoir ancien ou une dame enlève à l’épuisette des algues parasites. Dans la partie basse déjà bien nettoyée et ré-oxygénée, il y a de la vie dans la vase : pleins de bébés salamandre !
On poursuit notre marche. Je demande à C, qui a envie de parler ce soir à Anthony, notre responsable de marche, ce qu’elle veut lui dire : réponse «J’sais pas « 😁
La bruine s’invite par intermittence et la sensation de froid qui va avec - on n’avait pas besoin de ça : le plateau au-dessus de Cahors nous paraissait déjà interminable. Et pourtant à 2km de l’arrivée C est toujours en forme (pas de problème de plante de pieds, pas trop de fatigue, juste un problème à l’aine qui revient)
Et surprise : au moment où on atteint le pont Louis-Philippe pour rentrer dans la ville, coup de fil d’Yvon le directeur de Seuil. Il voulait féliciter chaleureusement C pour ses trois premières semaines de marche 👍
La traversée de Cahors est plus compliquée mentalement : beaucoup de monde, beaucoup de jeunes à la sortie des collège/lycée. C est mal à l'aise.
On finit par arriver au gîte, un agréable cocon. La connexion est immédiate avec la dame, Anne : C fait tout - elle aide à la soigner car elle s’est coupée en faisant la cuisine, elle fait la vaisselle, elle met la table du petit déjeuner…
On est « comme à la maison » et C s’y sent bien.
Mardi 7 janvier : Cahors (repos)
C : Aujourd’hui, c’est la journée de pause et “cerise sur le gâteau” avec la gentille dame du gîte d’hier. Après l’avoir aidée à faire la vaisselle, Karine et moi sommes parties en direction de la poste, mais arrivées là-bas, nous avons découvert que ce que nous étions allées chercher n’était pas en poste restante, sauf mon crédential que j’avais perdu à Saugues. L’après-midi, nous sommes allées acheter l’appareil photo car il y avait eu un souci d’envoi. Nous sommes ensuite allées dans un salon de thé bio où j’ai pris un bubble tea, mais manque de chance, les billes de tapioca étaient dures. En rentrant, j’ai pris ma douche et je suis allée aider la dame à préparer le repas pour manger. Ce fut une fin de soirée tranquille.
Karine : On a passé une excellente nuit dans notre dortoir-perchoir infusé aux huiles essentielles et décoré avec des drapeaux de prières tibétains. En pleine forme après la grasse matinée et le petit déjeuner.
Direction la Poste pour récupérer en poste restante les documents administratifs et l’appareil photo de C. et le credencial oublié à Saugues. À part le credencial qui est au RV : fiasco !! Pas de carte vitale, pas de carte d’identité (accessoirement pas d’appareil photo) et dans 3 semaines on est à la frontière - EXASPÉRATION…
Qu'à cela ne tienne, on oublie la contrariété avec quelques courses logistiques (dont d’indispensables Compeed que C a dévalisés depuis le début de la marche) et un passage par Yves Rocher pour se faire plaisir et prendre du gel douche et une crème hydratante (il y a urgence).
Après une pause au chaud au gîte, direction Boulanger pour acheter l’appareil photo. Puis retour dans le vieux Cahors pour une balade dans les ruelles et la Cathédrale, acheter le carnet de dessin et finir par une gentille pause gourmande qui nous tient lieu de déjeuner. C’est là dans le salon de thé que j’entends soudain C me dire : « Elle est bien foutue la gamine « !!! Sorti de nulle part - mais la remarque est positive et ça change des remarques sur les wesh-wesh 😁
On rentre au gîte par une jolie rue avec d’anciennes maisons bien refaites. Et enfin on a Anthony au téléphone (ça faisait 10j avec ses vacances) : plein de choses positives et de blagues. La bonne humeur de la soirée se poursuit : avant et pendant le dîner. C a fait un premier dessin riche de sens sur son nouveau carnet.
Mercredi 8 janvier : Lascabanes
C : Début de marche difficile avec une montée. J'étais tellement stressée que j’ai fait une crise d’angoisse. Nous sommes reparties 30 mn après, mais je ressentais toujours ce poids au cœur. J’avais pas assez mangé au petit déjeuner car je n'avais pas envie de grossir, mais au final mon corps s’est retourné contre moi.
A midi, on a mangé des patates avec du jambon et une compote en dessert. J’ai fait une pause pour appeler mon cousin et ma mamie à qui je vais rendre visite aux alentours de Moissac et aux alentours de l'étape d’après. L'après-midi, la flotte a fait des siennes. Quand nous sommes arrivées au village de Lascabane, nous n’avons pas de suite trouvé la place où se trouvait le gîte, mais au final, on arrive au chaud.
Karine : Déjà au petit déjeuner ça ne va pas fort : elle ne mange pas de pain, juste une clémentine et un yaourt. La fixette sur le poids est manifestement revenue : avec la dame du gîte on la motive à manger le reste de tarte au sucre et du pain.
En haut de la montée en escalier de Cahors : caprice, cette fois, c’est l’appareil photo acheté la veille qui ne convient pas. Évidemment elle ne le dit pas : “juste je ne veux plus marcher”. Comme pour les livres, je lui explique que ça n’a rien avoir avec la marche mais c’est un caprice d’ado à cause de l’appareil photo. Forcément ça ne lui plaît pas et C décrète qu’elle ne veut plus faire la marche avec moi. Je poursuis donc et l’attends 300m plus loin ; au bout de 3mn je vois passer une fusée boudeuse. Je remets mon sac à dos et je repars : la distance augmente mais je ne m’inquiète pas. Elle m'attend, avec quelques larmes qui coulent, au pied d’un pont 2km plus loin.
La marche reprend : arrêt au « club de loisirs canin » par curiosité puis les montées arrivent et inévitablement C est vidée : banane, petits pains et dattes y passent.
On continue car en apparence ça semble toujours aller mais 12h15 : grosse crise d’angoisse. Pleurs, cris, j’en prends aussi pour mon grade, elle menace, puis essaie de se faire mal. Parler ne donne rien : juste s'asseoir à côté et attendre. Au bout d’une 1/2h elle est prête à repartir de sa propre initiative.
Un peu plus loin au village on fait une pause déjeuner ensoleillée : la suite de l'après-midi se déroule comme si de rien n’était ! 😳
C appelle son cousin et sa grand-mère comme convenu pour organiser la logistique à Moissac. Tout va bien malgré une tentative de bruine. Le gîte est très mignon et confortable. C semble bien : exercices physiques qui lui tiennent à cœur, douche… mais les idées noires sont là à nouveau. SOS Anthony pour la conversation dont C a besoin pour positiver, arrêter de se dévaloriser (parce que c’est ce qu’on lui a toujours répété) et sourire à nouveau. À l’heure d’aller se coucher il semble que le cygne soit de retour 😅
Jeudi 9 janvier : Lauzerte
C : Ce matin, c’est un très mauvais temps qui s’annonce. Il pleut…. super. Bon le matin, on a tracé jusqu’à Montcuq sous la pluie. On est ensuite allées à la pharmacie et on a trouvé une boulangerie épicerie pour aller manger notre repas du midi. Les sandwichs qu’il nous a servis faisaient la taille d’une baguette de pain donc franchement énorme au point qu’on a pas pu les finir. En dessert, ce fut la galette des rois, mais nous n’avons pas eu la fève. En revanche, je savais où elle était, alors j’ai eu le droit à la couronne de super héros Marvel. On est ensuite à nouveau en chemin et en arrivant sur Rouillac, j’ai pris un raccourci et il y a eu un couac, du coup après un certain temps, nous nous sommes retrouvées. A la chapelle, j’ai marqué “j’apprends de mes erreurs même si c’est dur à entendre”. On a fait une pause quelques kilomètres plus tard et avant de repartir, nous nous sommes rendues compte qu’il nous restait 6,6 km, alors on s’est dépêchées pour arriver au gîte où des enfants nous ont accueillies.
Karine : La journée commence fort : après le petit déjeuner, C ne se sent pas bien, elle vomit. Il pleut (c’était annoncé pour toute la matinée 😭) C décide de partir vaille que vaille : nous prenons dès le départ nos costumes de dromadaires.
À la sortie du village C est tracassée : où est son ami l’appareil photo ? Vidage du sac à dos (sous la pluie…) ouf l’appareil photo est là.
Nous faisons les 10km jusqu'à Montcuq d’une traite ! C repère à l’entrée du village un snack qui a l’air sympa : elle ne veut aller que là pour la pause ; elle a raison Philippe est très gentil et on va passer un bon moment avec des sandwichs géants et une part de galette.
Entre temps on a d’autres achats à faire : on décide d’aller à la pharmacie plutôt qu’à la supérette du bout du village. Bonne idée ! On discute gentiment avec une dame, qui s’avérera travailler à l’office du tourisme. Elle nous rattrape dans la rue et avec sa collègue nous guident pour passer par l’ancien GR : même nombre de kilomètres mais beaucoup moins glissants dans la descente de sortie du village.
13h14, ça fait plus d’une 1/2h qu’on est reparties : C crie sa fierté à la face de la nature ! Elle se lance vraiment à fond, 2 fois. Le retour à la normale est ponctué d’un « pas de danse de dromadaire » qui montre qu’elle n’assume pas encore 😁 demain pas de pas de danse !
On arrive à la belle église de Rouillac. Sur les indications de la dame de l’office de tourisme de Montcuq, on cherche partout l’allumage de la lumière : on finit par trouver dans une niche fermée par une double porte en bois un tableau électrique d’un autre âge. « et la lumière fut » ! D’autant que le premier rayon de soleil de la journée arrive enfin et illumine les vitraux, pendant qu’on observe les fresques.
Départ direction Montlauzun : promesse de toilettes, mais comme trop souvent ils sont fermés l’hiver. Qu’à cela ne tienne, opération MacGyver ; avec une pièce d’1€ pour actionner la fermeture, le tour est joué 💪
Après une nouvelle pause agréable : prise de conscience qu’il reste plus de kilomètres que prévu 😱 sms à notre hôte de gîte et on trace (malgré la sale montée et les chemins boueux). Arrivée 17h45 : soirée tranquille en perspective chez la dame, et ses enfants… enfin on espère !
Vendredi 10 janvier : banlieue de Moissac
C : Ce matin, il ne pleut pas. C’est déjà ça. Nous sommes parties débuter la marche et au bout de 5 mn, nous avons vu un pigeonnier sur pilotis et un peu plus loin, l’église de Saint Sernin où j’ai écrit un mot sur un cahier comme toujours. Et nous avons sonné les cloches. Nous avons fait notre pause repas à Durfort Lacapelette entre 13h et 13h30. Après notre repas, un monsieur nous a gentiment demandé si nous voulions passer aux toilettes avant de repartir. Sur le chemin, nous avons vu une ferme et je me suis arrêtée pour passer du temps avec une vache baveuse, mais un chien à côté n'arrêtait pas d’aboyer alors nous avons fini par partir. Nous avons fini par arriver au gîte à 4 km de Moissac et j’ai rencontré Nathalie, une femme formidable. Nous sommes allées voir ses ânes et ses poules et nous avons mangé avec elle en compagnie de son mari et ses trois chiens, dont deux ressemblaient à des loups blancs. Ce fut une magnifique soirée.
Karine : Du mal à partir mais pas de notre fait ; celui de l’organisation de la dame du gîte pour l’eau et amener les enfants à l’école
C' est dans une forme olympique : on reparle des blogs, des étirements, des exercices et de mouvements de yoga.
Nouveau petit mot à l’église Saint-Sernin et comme à Conques on a pu sonner la cloche. C est aux anges, elle essaie même d’apprivoiser l’appareil photo.
On trace : et on en a MARRE MARRE MARRE de morfler à cause des chemins boueux - pour les deux derniers km avant Durfort-Lacapelette on décide de bouder le GR pour prendre des vieilles petites routes.
Une table de pique-nique nous attend devant la salle des fêtes : au moment du départ grosse concurrence, le club de marche du village (âge moyen : séniors) s’est donné RV exactement à cet endroit-là 😁
La pluie s’invite : opération « chameau » pour repartir équipées. Dès la sortie de Durfort-Lacapelette, le GR - toujours plus boueux - est banni. Pas de km gagnés, mais un sacré paquet de stress et d’énervement en moins.
On trace : sur le coup de 15h besoin d’une pause. Petit plaisir simple du chemin : on squatte le muret d’entrée des maisons, on les trouve très confortables et on les remercie en partant 😁 Et au demeurant, on ne doit pas encore faire trop peur, la voiture de gendarmerie qui passait par là ne s’est pas arrêtée 🤣
Reste 4 km, la pluie redouble on trace. On arrive au gîte et l’accueil est superbe. Pas le temps de dire ouf : la dame emmène C voir les ânesses, les poules, les poussins et les 3 beaux chiens : des bergers suisses blancs qui ont donné le nom au gîte « les loups blancs ». Demain on a la chance de pouvoir faire grasse matinée car on a rallongé ces 3 dernières étapes : je sens qu’on va avoir du mal à partir
Samedi 11 janvier : Moissac
C : Aujourd’hui, petite grasse matinée et petit déjeuner à 9h. Ensuite, avec Nathalie, nous sommes allées donner à manger aux ânes et aux poules. Après un long au revoir, j’ai appelé mes grands-parents car je ressentais le besoin de leur dire que je les aimais fort et qu’ils me manquaient. Nous sommes parties du gîte vers midi en direction de Moissac. Nous avons posé nos affaires au gîte de Moissac, un endroit vraiment magique. Nous avons acheté une galette des rois après avoir été à l’abbatiale Saint Pierre de Moissacs où se trouvait un souvenir de famille qui me tenait à cœur. Nous sommes ensuite allées voir ma mamie et j’étais vraiment contente de la voir. Elle avait elle-même déjà acheté une galette des rois, donc en fait, on en avait deux. Bon, bon, go manger comme des goinfres. Nous sommes parties vers 17h de chez elle pour retourner au gîte prendre une douche. Nous avons mangé à 19h30 et avons beaucoup discuté et puis ça a été le dodo pour moi.
Karine : Grasse matinée dans notre petit cocon. Notre envie ce matin : prendre notre temps et profiter ! Après le petit déjeuner, C va nourrir les ânes de carottes et de pommes avec la dame si attentionnée ; elle lui parle de son enfance très mouvementée et comment elle a pu saisir la chance qui lui a été donnée alors qu’elle allait basculer du mauvais côté de la force.
De mon côté je me relance dans la logistique des hébergements et pour Lectoure c’est une sacrée galère : après 2h et 10 coups de fil je commence à désespérer ; même le presbytère ne répond pas !
C souhaite passer un petit coup de fil à son papa et à sa maman ; elle parle du blog qu’on fait tous les soirs et qui est sur le site de Seuil et on la sent fière ! Elle leur dit aussi à tous les deux qu’elle les aime fort ; c’est la première fois qu'elle l’exprime comme ça - elle est émue d'elle-même et de leur réaction.
12h40 : on part. C est déchaînée !!! D’abord elle veut emporter une punaise (des champs) comme compagnon jusqu'à Saint-Jacques 😱😱😱 j’ai vu le moment où je n’allais pas l’en dissuader… Et puis, maintenant qu’elle a découvert la puissance libératrice du cri… C crie dans les rues de la banlieue de Moissac « mamie nous arrivons ! » 😳
À peine 1h de marche et nous voilà au gîte : une décoration de malade, unique en son genre, ou le casse-noisette et le saint-Nicolas sont rois ! Juste bluffant. Une atmosphère d’un autre temps et rien que pour ça on est contentes d’être là !
On se change et direction l’abbatiale, une boulangerie pour acheter une galette et direction la grand-mère de C à 1km de là. C attendait ce moment depuis plusieurs jours. C’est émouvant.
De retour au gîte, douche et dîner avec l’hôte Patrick et son fils : un très bon moment.
Dimanche 12 janvier : Pommevic/Auvillar
C : Aujourd’hui, c’est direction chez mes cousins ! Nous sommes parties tranquillement en route après avoir fini mon petit déjeuner et écrit le blog.
Après une photo devant le gîte, c'est un bel aurevoir qu’on fait. Merci à Patrick pour toute son aide. Sur le chemin, nous avons longé le Canal du Midi et nous avons vu une vingtaine de cygnes. Ce fut un moment fort émouvant car le vilain petit canard que j’étais avait disparu et à présent, je me sentais comme un beau cygne. Nous avons mangé le long du Canal en compagnie d’un rouge-gorge. Nous sommes arrivées vers 15h30 et 45 mn plus tard, mes petits cousins sont arrivés. Ils m’ont montré leur chambre ainsi que leurs dessins et après nous avons fait un skyjo, du scrapbooking et ensuite j’ai écrit un mot sur une feuille pour ma petite cousine. Nous avons ensuite joué au ballon et nous avons mangé. Mes petits cousins partirent dormir car ils avaient école le lendemain. Avec mes cousins, nous avons bu une tisane et 30 mn plus tard, ce fut l’heure du dodo. Je vous aime mes cousins et merci pour cet accueil.
Karine : Ce matin on a du mal à partir car on est trop bien au gîte Alienor. C s’est motivée pour finir ses blogs car ce soir chez ses cousins même pas en rêve !!! Après un passage à la boulangerie, on décolle enfin pour notre marche de 15/16 km
Nous longeons dès le centre de Moissac le canal du midi (aka canal entre 2 mers, aka canal latéral à la Garonne) sous le soleil enfin revenu : c’est magique 😎et propice à la discussion et aux objectifs.
On passe de l’objectif d’éradiquer les « meee » (onomatopée réflexe et un peu enfantine de C lorsqu’on la contrarie - ça marche à tous les coups) à Sénèque «la vie ce n’est pas d’attendre que l’orage passe c’est d’apprendre à danser sous la pluie » ! De fil en aiguille, C revient sur ses discussions de la veille avec ses parents : émotion, acceptation, compréhension. C’est beau. Et ce n’est pas fini : un ballet d’une trentaine de cygnes résiste au courant sur la Garonne avant le pont de Saint Nicolas de la Grave. Je ne peux m’empêcher de dire à C que c’est un signe du destin. Elle est émue aux larmes. D’autant que des promeneurs habitués qui passent à ce moment nous disent que c’est rarissime d’en voir autant à cet endroit.
Sérénité et plaisirs simples. La voie ferrée est à côté, on regarde passer les trains : TER, Intercités, OUIGO. Manque l’INOUI ; on entend un train au loin, on se retourne : c’est lui - là on crie comme des folles 🤪
À 15h45 on arrive chez le cousin de C et sa famille : C rayonne. Elle y verra aussi son oncle et sa tante et un autre cousin et sa famille. Elle prépare un joli message pour sa petite cousine. Elle est bien ; elle est à sa place !
Lundi 13 janvier : Miradoux
C : Aujourd’hui, nous sommes parties de chez mes cousins à la frontale. Nous avons vu le lever du soleil et face à nous se trouvait Auvillar. C’était magnifique. A Auvillar, nous avons fait des courses et après sur le chemin, nous avons vu un merle blessé à l’aile. J’espère qu’il s’en sortira. Prochain objectif, apprivoiser l’appareil photo. Go. Escalade de la butte à droite de moi pour prendre une belle photo de la tour. Le matin, j’ai chanté la Marseillaise et la réponse de Karine fut la musique de Star Wars. Nous avons mangé au village Saint Antoine et un monsieur qui faisait du jardinage nous a apporté une cafetière avec des tasses. Je me suis mise à chanter sur le chemin et derrière, Karine s’est mise à danser sur ma philosophie. Arrivées à Flamarens, nous sommes allées à l’église et nous nous sommes aperçues qu’il manquait un mur. On nous a expliqué qu’elle avait reçu la foudre. Nous avons passé la soirée avec Dominique et Pascal à regarder leur poêle qui était leur télé après que j’aie fait la vaisselle.
Après ça, j’ai décidé de crier à la nature et de regarder les paysages afin de faire partir tout le négatif. J’ai chanté sur le trajet et en arrivant à Lectoure, c’est la pause poney. Il en avait rien à faire, alors je suis partie. Nous sommes arrivées chez une dame et un monsieur qui nous ont accueillies car il n’y avait aucun gîte d’ouvert, je suis allée faire les courses avec ce monsieur et nous avons beaucoup discuté sur le trajet. Nous avons mangé ensemble et nous avons parlé de leur fille qui a énormément de points communs avec moi. Je suis allée donner à manger à leur chat et à 21h45 gros dodo pour moi.
Karine : Départ à 7h30 il fait -3°c et la frontale est de sortie. Lever de soleil à gauche, pleine lune à droite : c’est beau.
Le mystère de l’appareil photo est percé ; l’appareil est apprivoisé par C. D'ailleurs elle escalade un haut talus pour prendre une photo d’Auvillar et la vallée de la Garonne.
C a aussi envie d’écrire un message à Yvon le directeur de Seuil qui l’encourage.
Elle est tellement en forme qu’elle se met à chanter : La Marseillaise - d’où ça sort ? C’est l’hôpital qui se fout de la charité car je lui réponds en faisant la musique de Star Wars - délires simples du chemin.
Entre-temps DÉLIVRANCE : la dame du presbytère de Lectoure que j’avais contactée par mail faute de mieux m’a rappelée ; elle nous a trouvé une famille pour nous héberger demain.
Après 13km : pause déjeuner au soleil au centre du village de Saint-Antoine. Les gens de la maison du coin, qui sont en train de jardiner nous apportent du café pour finir notre repas 😁 On est juste bien : je tchatche avec le facteur et C s’est lancée dans son blog d’hier.
Poursuite du chemin, sous le soleil : malgré les montées, C est de bonne humeur et recommence à chanter. C’est la 1ere étape où je l’entends chanter pendant la marche. Petit à petit les montées aussi ont été apprivoisées
Arrivées au village de Flamarens, comme d’habitude on va rendre visite à l’église : SURPRISE un pan entier est effondré (suite à la foudre il y a des décennies). Avec le beau temps et la vue sur le paysage à des km à la ronde c’est MAGIQUE ! Une église en ruines avec des restes de fresques et de couleurs, protégée et sécurisée en vue de sa restauration : cadre somptueux pour une pause ; on a le temps, on n’est jamais arrivées aussi tôt malgré les 22km de notre journée.
L’accueil au gîte est bien agréable : des hôtes qui sont des vrais pèlerins et qui ont fait le chemin en octobre et novembre cette année.
Après une boisson chaude, nous partons faire nos courses pour le repas que nous mettrons en commun avec nos hôtes ! Pas d’échange avec notre responsable de marche ce soir : C est contrariée. Heureusement la soirée avec Dominique et Pascal est bien chaleureuse et C met le reste de côté.
Mardi 14 janvier : Lectoure
C : Aujourd’hui, nous sommes parties de chez Dominique et Pascal. (Ils vont me manquer). Nous avons croisé une dame qui nous a raconté sa rencontre avec une femme de 23 ans qui avait cassé sa tente. Sur le chemin, nous avons rencontré deux chasseurs qui préparaient une battue aux sangliers. J’ai passé beaucoup de temps avec leurs cinq chiens. Nous avons mangé à Castet-Arrouy au soleil. Nous avons repris la route et à l’endroit où la route s’éloignait du sentier que nous allions prendre, nous avons croisé un chien qui avait les yeux rouges et était très agressif. Voyant qu’il devenait de plus en plus dangereux, Karine m’a demandé d’avancer afin qu’il ne m’approche pas. Ce chien nous a suivies sur 300m avant de nous laisser enfin partir. Je me sentais pas bien. Nous avons croisé un pèlerin américain et des marcheurs dont un monsieur avec ses chiens et en les voyant ce fut une peur immense qui m’a traumatisée parce qu'ils grognent comme le chien qui nous a agressées
Karine : Comme d’habitude quand on est trop bien dans un gîte et qu’on a une étape raisonnable, on a du mal à partir, à se séparer de Dominique et Pascal. On décolle : 100m plus loin, une vieille dame touchante nous interpelle, inquiète qu’on dorme sous la tente par ce froid. Elle nous raconte le lien qui a été maintenu avec une jeune femme qu’elle avait dépannée cet été et qui est restée en contact avec elle pendant tout le temps de son chemin jusque Santiago.
Direction Castet-Arrouy et nouveau stop : deux chasseurs préparent une battue aux sangliers. Contre toute attente, C veut rester pour la battue (elle qui est inconfortable avec la chasse ! 😳) - on se met d’accord pour rester un peu pour qu’elle puisse jouer avec les chiens pendant que je discute et puis après on part. Quand le gars en charge de la battue apprend qu’on est de Paris, il n’en revient pas 🤣
Déjeuner tranquille avant l’inattendu…
D’abord une douleur au dos 1km après Castet-Arrouy : sac à dos vidé et fermeture éclair remise - pas sûre que ce soit l’origine du mal mais au moins c’est fait.
2km plus loin, quand le GR s’éloigne de la route, un chien nous gronde et aboie dessus avec un air fou et ne veut pas nous lâcher - flippant - je fais passer C devant et je dois me retourner en permanence pour surveiller le chien super agressif qui n’attend qu’une chose : attaquer. J’ai eu vraiment peur.
On continue car C semble être OK. Le pèlerin américain que Dominique et Pascal nous avaient annoncé arrive : on parle et on fait des photos ; tout semble être ok. On repart et C me dit quand même qu’elle se sent bizarre : comme si elle n’était pas vraiment dans la réalité, comme si elle s’observait de l’extérieur ou que son cerveau était incapable de traiter les informations qu’elle capte. Arrive un autre randonneur : un jeune qui tient un gîte dans les environs - sympa on discute. Un promeneur du coin arrive avec ses 2 chiens noirs joueurs - au moment où ils grondent C se tétanise et s’effondre en larmes : gros gros câlin, elle s’apaise. Quand elle se sent prête on repart ; puis 500 m plus loin C reprend en main ses émotions (banane, cris, profiter de la nature) elle se remet la tête à l’endroit - la suite est une formalité.
On a RV devant la cathédrale de Lectoure avec Marie, qui nous a trouvé une famille pour nous accueillir : on est contentes de la rencontrer. Elle nous amène chez notre famille. Ce sera soirée moules-frites maison et surtout une très très belle rencontre.
Mercredi 15 janvier : La Romieu
C : Aujourd’hui, nous partons du gîte du couple qui nous a accueillies, qui m’a énormément touchée. Je traînasse avec qu'une seule envie, c’est de rester encore un peu. Le monsieur nous a déposées à la cathédrale après qu’il nous ait emmenées à Intermarché. A midi, nous avons mangé à Marsolan et il y avait des toilettes propres. Avant d’arriver au gîte, nous sommes allées faire des courses. En arrivant, j’ai dessiné et après je suis allée à la douche. Entretemps, nous avons rencontré Laurent, le propriétaire du gîte. Le soir, nous avons mangé une raclette pour fêter nos 500 km. J’ai écrit mon blog des jours précédents et après c’est le sommeil qui a pris le dessus.
Karine : Dur de partir - C à été très touchée par la rencontre avec ce couple et en particulier la dame et son histoire qui résonne en partie avec la sienne. Malgré sa bipolarité, elle a pu avoir une famille et des enfants et sa cadette - qui a presque le même âge que C - a beaucoup beaucoup en commun avec C.
Ce n’était peut-être pas leur intention mais nous laissons un donativo sérieux ; on en a discuté la veille au soir avec C, c’est important d’aider les gens qui nous aident, voire de les encourager à se laisser aider !
Un tour à la belle et sobre cathédrale et nous quittons Lectoure.
Moment cocasse de la matinée : C essaie de faire des papouilles à un labrador qui garde sa propriété. Le chien est derrière une porte qui n’est pas fermée alors C veille consciencieusement à la laisser fermée pour qu’il ne s’échappe pas. 30s plus tard il est sorti par le portail grand ouvert 20m plus loin. Je suis MdR.
Pause-midi au soleil à Marsolan. Au passage, merci au village du Gers pour leurs toilettes publiques qui sont ouvertes et propres !
Les sentiers boueux, argileux et herbeux sont de retour l’après-midi et avec eux la grogne croissante de C. Au milieu du 2e sentier, après 2 pauses vidage de chaussures et moi qui regarde tout ça de loin, voire refuse de tomber dans le panneau d’une forme de caprice, démarrage d’une fusée qui a tracé seule en tête le km suivant. Je la retrouve avant le prochain hameau ; elle s’est apaisée. La suite du chemin est tranquille et ensoleillée : à l'orée d’un bois C me montre 3 chevreuils en train de détaler.
Arrivées à La Romieu, on croise Romain, le randonneur/hebergeur d’hier après-midi. Ce matin, lors de son retour, il s’est fait attaquer par le chien ! Il va signaler la situation : c’est dangereux. Et puis demain matin on passera devant son gîte, alors on s’arrêtera boire un café.
Ce soir nous fêtons nos 500km alors en improvisant avec ce qu’il y avait à l’épicerie, on a décidé que ce serait : RACLETTE 😋 et on a mangé 1,4kg de pommes de terre à nous deux (à parts égales) 😳😳😳
Jeudi 16 janvier : Condom
C : Pour commencer, j’ai un petit message à faire passer à M et Laetitia. Bravo pour vos un mois de marche, vous êtes très courageuses. Ensuite, je voulais dire à M que tout le monde n’arrive pas jusqu'à là, alors elle peut vraiment être fière d’elle. Tu verras un jour, tu regarderas le paysage avec sérénité, mais ça ne se fait pas si vite. Moi, en tous cas, je suis fière de vous et je lis vos blogs. Bon pour moi, ça va pas trop. Déjà, j’ai traîné pour me préparer. Nous avons ensuite pris la route et nous nous sommes arrêtées voir Romain pour prendre un café. J’avais envie de dormir. Nous sommes reparties sur le chemin et là, sentiers boueux, super… J’étais vraiment en colère. Une fois arrivées, nous avons rencontré Pierre, le propriétaire du gîte. La douche pour faire une lessive et c’est la sieste pour moi. Ensuite, nous avons regardé les gîtes pour les prochaines étapes. J’étais de très mauvaise humeur, alors je me suis énervée sur Karine. Je suis montée dans ma chambre jusqu’à ce qu’ils appellent pour manger. J’ai quasiment pas mangé et j’ai tout vomi à cause du stress.
Karine : Ce matin C trouve son bonheur dans la confiture de rhubarbe. Mais dès le petit déjeuner terminé, C chouine qu’il fait froid et se vautre avec sa doudoune contre le radiateur au lieu de se bouger. Finalement notre hôte n’a pas pu passer ce matin pour voir son beau dessin - on fait une photo et on lui envoie.
Comme promis on passe voir Romain pour prendre un café avec lui à son gîte de l’Encre - c’est 1km avant Castelnau en pleine campagne - on se sent bien. Mais c’est aussi la grosse suite de galère avec les chemins boueux. C n’en peut plus et ça la fait exploser régulièrement ou partir en fusée devant ; ce n’est pas plus mal car après quelques centaines de mètres de fusée elle s’est apaisée.
En plus des chemins boueux, un passage de ruisseau délicat - elle est super bien passée mais a stressé au point d’accepter mes bâtons !!! Re- elle explose. On avance moins vite que prévu, c’est sans fin jusqu’au lac de Bousquetara où on retrouve enfin un aménagement jusque Condom.
On se précipite au gîte de Pierre qui nous prend en charge et nous accueille comme des reines.
C’est l'après-midi « chaud/froid ». En l’espace de 30mn, C m’a demandé qu’on parte à 8h demain pour qu’elle ait du temps pour elle l’après-midi, puis elle se précipite pour faire une sieste (on a marché 13km et il est 14h30) Je la retiens : douche en premier pour permettre la machine à laver. Après sieste. Au réveil, C est à fond pour qu’on travaille ensemble sur les hébergements, quasiment jusqu'à Saint-Jean Pied de Port ; on va y passer 1h30 et C est très concentrée sur l’affaire. Petite sortie rapide à la cathédrale et retour en mode « je teste » ; elle me teste depuis ce matin et ce soir j’ai décidé qu’elle allait me trouver 😈 je remets calmement mais sûrement l’Eglise au milieu du village ==> C part bouder dans son lit. Pierre ancien éducateur n’en n’a pas perdu une miette ; il continue à préparer le repas et on discute sereinement. Pierre a appelé C pour le dîner ; elle descend avec son sac de médicaments - la première fois qu’elle les exhibe comme ça - au bout d’une vingtaine de minutes, la contrariété a sans doute raison de son corps - elle part vomir et se coucher.
Demain est un autre jour 🙃
Vendredi 17 janvier : Montréal du Gers
C : Aujourd’hui, nous sommes parties à 9h pour pouvoir avoir le temps de dire au revoir à Pierre. On a appelé une dame qui avait fait tomber sa clé et il y avait son numéro dessus. Elle nous a demandé d'aller au bar que tenait son mari qui était à 50m devant nous. Le monsieur était complètement à l’ouest. Nous avons ensuite vu un chat errant très mal en point que j’ai pris dans mes bras pour l’apaiser un peu mais je me suis fait mordre à la main, bon d’accord.
Sur le chemin, on a vu un chevreuil et on avançait à chaque fois qu’il avait la tête baissée pour manger un peu comme 1 - 2 - 3 soleil. Deux autres chevreuils sont arrivés pour le prévenir de notre présence et ils sont partis en courant. On a fait une pause repas par terre entre les champs et le passage du GR. J’ai rattrapé mes blogs. Durant cette journée, Karine et moi avons beaucoup parlé de comment je me projetais. En arrivant, c’est la pharmacie et coup de stress intense car on me dit qu’il y a 9 chances sur 10 que la morsure s’infecte, mais ça n’a pas empêché de passer une bonne soirée avec Dominique, la propriétaire du gîte.
Karine : Après le petit déjeuner, C est toujours en mode « traînailler » - elle veut jouer avec les araignées… Je ronge mon frein pour ne pas compromettre le départ
On dit adieu à Pierre qui nous a si bien accueillies.
Ce matin, C est en mode « sauver le monde ». D’abord on trouve une clé dans la rue avec un prénom et un numéro de téléphone ; C veut qu’on appelle, je m’exécute. Surprise : on a limite, l’impression de déranger ! Finalement la personne nous demande de les déposer au café du coin.
Puis à la sortie de Condom, C attrape un chat errant en piteux état. Elle le caresse et surtout elle se fait mordre - on rince à l’eau, c’est tout ce qu’on a.
La marche après cet incident semble propice à la discussion : d’abord elle me dit que se faire mordre lui servira de leçon 😁… ensuite C s’excuse (pour la soirée d’hier) - je lui explique pourquoi je lui ai mis en évidence son comportement de gamine ; elle a tellement passé d’étapes positives que maintenant la marche c’est aussi acquérir plus de maturité : plus de C de 17 ans qui prépare son projet d’après marche et devient autonome, et moins de C la petite fille qui prend tout pour un jeu.
Visite de Larressingle, joli village fortifié, dans le brouillard. Visiter Larressingle à un autre mérite : éviter un grand passage boueux délicat.
La discussion repart sur le projet de C : je me fais « l’avocat du diable » contre ce qui lui paraît la meilleure solution selon elle : elle m’apporte de nouveaux arguments, me parle de sa relation au travail et du contexte professionnel difficile pour elle… important pour préparer son projet d’après marche !
Au détour d’un chemin, entre un champ et un petit bois : un chevreuil. On joue à 1,2,3 Soleil avec lui, en s’approchant à chaque fois qu’il baisse la tête pour manger. Mais ça n’a qu’un temps : 2 de ses compères déboulent du sous-bois et détalent avec lui. Confirmation : les chevreuils ont bien le cul blanc.
Pause pique-nique assises dans l’herbe au soleil au bord d’un champ et du GR : au TOP. C finit ses blogs de retard pour qu’on puisse les envoyer à Monique avant son départ en WE. Et on finit le trajet jusqu'à Montréal du Gers les doigts dans le nez.
Dans le doute on passe à la pharmacie acheter du désinfectant et demander conseil au passage. Le pharmacien est disponible et aidant mais entendre parler d’infection et de consulter le médecin (on essaie de le voir mais il est déjà parti en WE) stresse C qui est prise de vertiges. Elle fait face - repos et douche lui font du bien. Elle subit ce stress mais est ultra-volontaire pour la suite de la marche. On passe une excellente soirée avec Dominique qui prend soin de nous et 21h c’est l’heure pour C d’aller se coucher.
Samedi 18 janvier : Eauze
C : Aujourd’hui, on nous a dit que le GR passerait sur la zone verte. Youpi ! On a eu trop de boue ; je commençais à en avoir marre. Bon avant la zone verte, il y avait un sentier boueux, mais le positif, c'est qu'on a vu un renard. On a décidé de faire la grève contre les sentiers boueux alors on est tout le temps restées sur la zone verte qui nous emmenait à Eauze. A midi, on a fait la pause repas par terre et à quelques dizaines de mètres, il y avait des chevaux. Ils n’en avaient rien à faire que l’on soit là et en plus, ils étaient en train de bronzer au soleil. Nous avons vu beaucoup de promeneurs en nous rapprochant de Eauze. On est allées faire des courses et ensuite, nous sommes arrivées au gîte et je suis allée faire une sieste. Après, j’ai réservé mon premier gîte en appelant les propriétaires. On a mangé et après j’ai passé du temps avec leur fille jusqu’à 21h30 et après, c’est l’heure de me coucher.
Karine : La main de C ne présente pas de signes inquiétants ce matin : pas de gonflement supplémentaire, pas de rougeur flagrante ; on fait le nouveau pansement et on se met en route. On sent bien le froid alors que le thermomètre n’est pas si bas (-3).
Sur notre chemin boisé, un renard traverse : notre compteur d’animaux augmente 😁
À défaut de trouver une table ou un banc, on pique-nique le long de la voie verte contre un arbre près d’un enclos de chevaux : dans ma tête on va faire d’une pierre 2 coups. Mais pour une fois les chevaux ont décidé de snober C ; et encore plus ceux que l’on voit se dorer la pilule au soleil après être reparties.
Au gîte, bonne nouvelle : après 1 journée d'antibiotiques, la main de C va mieux ; ce qui ne va pas nous empêcher de continuer les pansements et l’arrosage à l’alcool.
Une petite sieste pendant que je discute avec le monsieur du gîte et puis grande première : C fait elle-même la réservation de gîte de Pimbo pour mardi prochain 👍 impeccable !
On passera une très bonne soirée avec la famille qui nous accueille : grand-mère, parents et enfants. C a particulièrement connecté avec la jeune fille de la famille ; ça fait plaisir à voir.
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