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Quelles sont les motivations qui me poussent à soutenir Seuil ?

Dernière mise à jour : 9 avr.

Les motivations des adhérents et donateurs de Seuil sont aussi diverses et inspirées que le sont les rencontres entre marcheurs.

À l’âge de vingt ans Arlette Marcy s’occupait d’adolescentes de l’Assistance Publique à Denfert Rochereau (Paris, 14ème). Devenue professeur d’éducation physique, elle intégrait dans ses cours ce qu’elle appelle « la notion de l’attention à l’autre », aussi bien à travers l’art que l’effort sur le terrain. C’est très naturellement que sa rencontre avec Bernard Ollivier « sa petite folie, sa générosité, son calme, sa persuasion » l’ont amenée à aider et à faire connaître l’action de Seuil.

Une contribution singulière : vendre ses aquarelles au bénéfice de l’Association.

Le partage entre sa création et celle des jeunes et leurs accompagnants, car la « marche éducative » est aussi, à chaque fois, une création de vie et d’espoir !


Il n'est pas aisé de parler de soi surtout lorsqu'on pense faire partie du grand tout et que dans l'histoire humaine on est un tout petit maillon qui doit juste assumer sa part. Depuis toujours, je me suis intéressée aux « autres », ce qui a donné un sens à ma vie. Sans les autres nous ne sommes « rien ». Je n'oublie pas que mon grand-père paternel était très pauvre, qu'il a dû se priver toute sa vie pour que mon père devienne ingénieur et ait une belle vie.


Mon père accordait une importance primordiale à l'école, il m'a donné les moyens d'acquérir une culture générale ce qui m'a permis de résister, d'être libre, de faire face aux difficultés de la vie, de ne jamais reculer devant l'inconnu, de ne jamais laisser sur le bord de la route les individus en difficulté et de respecter les règles de vie communes. J'avais de la chance de faire de la musique, d'aller au théâtre, de faire du bateau, de l'escalade, de la randonnée......Il m'a donné le goût de l'effort. Il m'a également appris à respecter les individus, quelles que soient leurs origines, ethniques et sociales. Ces valeurs de la tolérance et de l'ouverture d'esprit ont guidé une grande partie de ma vie.

Je me suis toujours dit : « pourquoi ne pas donner un peu de tout cela à mes élèves, aux autres, de le partager pour qu'ils soient plus heureux dans leur vie puisque cela fonctionnait pour moi ? » C'est ce que j'ai essayé de faire avec courage et conviction. Je ne sais si cela a réussi, ce n'est pas à moi de le dire. il faut rester humble.


A 20 ans, je me suis occupée d'adolescentes de l'Assistance Publique de Denfert Rochereau. Elles venaient de familles désorganisées, vivaient dans la violence verbale, parfois physique. Elles la subissaient. Placées dans cette structure elles devaient obéir, ne pas poser de problèmes. Sinon c'était la maison de correction. Dans cette colonie de vacances, des petites randonnées de trois jours étaient organisées dans le but de les rendre autonomes, qu'elles apprennent à partager, à se socialiser..... Un peu d'argent destiné à se nourrir leur était fourni. Elles refusaient toute liaison avec les adultes. Ayant peur qu'elles meurent de faim, j'ai décidé de faire les courses et de préparé le repas et de déjeuner avec elles. Ces simples faits ont brisé l'écran qu'il y avait entre elles et moi. Je pris une belle leçon d'humilité ! Je suis allée les rencontrer dans les entreprises où elles étaient en apprentissage. Pendant douze ans j'ai entretenu des relations épistolaires avec elles. Un vrai bonheur. Cette simple expérience a guidé ma manière d'enseigner, toute ma vie professionnelle. Je ne les ai jamais oubliées, j'y pense encore.


Je suis devenue professeur d'éducation physique. Toutes mes années d'enseignement j'ai essayé de donner aux élèves l'envie de connaître, de chercher des solutions à leur difficultés... J'intégrais toujours dans mes cours la notion d'attention à l'autre, le respect des règles « bonnes » pour vivre ensemble, la notion d'art (peinture, musique, théâtre...) Je les emmenais à Fontainebleau pour la pratique de l'escalade. Je les préparais, leur faisais des topos sur la formation des rochers, sur les peintres de Barbizon, l'histoire..... Avec plaisir, je précise, ils faisaient à ma demande des cahiers sur lesquels ils écrivaient, dessinaient, faisaient des recherches...j'y mêlais les parents. Pour un prof d'EPS c'était inhabituel !! Cela se passait dans un collège de Trappes dans les Yvelines où les élèves s'agressaient parfois violemment. Certains rejetaient le mode de fonctionnement d'un enseignement unique. Le résultat de mon travail était interessant pour plusieurs raisons :

Je ne m'ennuyais pas. Nous étions toujours heureux de nous retrouver, la confiance était établie. L'entente entre mes élèves était conviviale.


L'escalade est une activité où l'élève se retrouve seul avec un rocher, froid, silencieux, parfois délicat à franchir. Il doit donc trouver ses propres solutions. Il y parvient. Très vite il est heureux de sa propre réussite reconnue par les autres. Il s'aperçoit qu'il est capable de....


J'organisais des randonnées à Fontainebleau. Je me suis très vite rendue compte des bienfaits de la marche, (que je pratiquais moi-même), sur mes élèves surtout quand ils étaient en difficulté. Une chose me parait importante : Je les sortais du collège......


Quelle belle profession que d'être enseignant. Quand on appartient à l'Éducation nationale, il n'est pas toujours facile d'avoir des idées et de pouvoir les appliquer. J'y étais un peu comme sur une ile déserte !! J'étais convaincue du bien fondé de ma manière d'enseigner. Je me moquais de notes administratives et pédagogiques... qui étaient bonnes quand même...!! Ce qui me parait important c'est de pouvoir justifier ses choix, d'avoir des convictions et d'agir dans l'intérêt des jeunes, de les écouter tout simplement !

Chaque jeune est différent, ne serait-ce le milieu dans lequel il évolue, sa personnalité..... notre attitude doit être différente et adaptée. Par la suite je suis allée en Lycée et j'ai pris toute la mesure de la détresse, de la démotivation et du manque d'espoir et de projet, de rêve des adolescents.


J'ai eu la chance de rencontrer Bernard Ollivier le jour où j'ai vendu mes canoës et kayaks à une famille de Tours. J'ai trouvé le livre la « descente de la Loire en canoé ». Je suis tombée sous le charme de l'aventurier qui m'a fait rêver. J'ai lu ses livres sur la route de la soie, la vie commence à 60 ans et les livres sur la difficulté de l'être humain. A cette occasion j'ai découvert Seuil et son histoire m'a interpellée. J'ai assisté au retour de Soukaïna à Corneville la Fouquetière, vu la pièce de théâtre jouée par deux remarquables artistes dont la générosité était visible et ressentie « une histoire de « légumes dans un jardin » ! Inoubliable d'humanité.


L'organisation de l'Association est remarquable. Les orientations qui apparaissent correspondent parfaitement à ce qui pourrait se faire à plus grande échelle en ce qui concerne les jeunes en grandes difficultés parfois en perdition. Je pense même qu'un certain nombre de jeunes juste en déshérence passagère trouverait une issue en partant marcher. Il est difficile de s'intégrer à un monde qui ne les entend pas ne les écoute pas et ne leur permet pas de rêver. (Je pense aux nouvelles orientations au sujet du numérique qui est un bel outil mais qui isole les gens à leur insu).


Est-ce que la construction de prisons spécifiques pour les jeunes est une solution ? Je ne le crois pas pour une grande partie. Ils sont enfermés, cela coûte une fortune. A la sortie trop souvent ils récidivent. Le constat est amer.

Et si on leur montrait qu'ils peuvent réaliser de belles choses, qu'au travers de la générosité, le bonheur et la reconnaissance viennent tout seul. Moi-même lorsque je marche, je réfléchis, sur ma personne, sur mes actions, sont-elles appropriées...? sont - elles éthiques....? sur mes prises de positions, je rêve, j'observe, je rencontre des humains..... tout cela me construit et m'apporte tellement. Combien de marcheurs j'ai rencontrés, sur Compostelle en particulier (je suis athée), qui essayaient de résoudre leurs propres difficultés....


Quand on réalise un exploit aussi petit soit-il, le Mont-Blanc par exemple, on redescend différend et regarde les autres et le monde d'une manière humble. On se dit « quelle chance j'ai de pouvoir faire cela » ! alors l'envie nous prend de partager.


La peinture, le dessin, l'écriture, la photo c'est la même chose, c'est une expression de l'être humain qu'il est nécessaire de partager. Beaucoup de jeunes seraient surpris de leurs capacités s'ils essayaient et si on les aidait à trouver en eux ce qu'ils sont capables de réaliser. J'en ai fait l'expérience. Cela fonctionne.

J'ai une admiration profonde pour Bernard Ollivier, sa petite folie, sa générosité, son calme, sa persuasion.... Il est venu à Mamers parler de Seuil. Il a toujours son petit chariot avec lui !! L'idée de cette association qu'il a eu de créer a pris de l'ampleur grâce aux personnes généreuses et compétentes, comme lui qui se battent pour la faire perdurer et la faire reconnaître. Alors Bravo.


Je donne mes modestes aquarelles à l'Association sans problème pour qu'elle en dispose comme elle le désire. Je peux même vous les faire parvenir pour en faire ce que vous voulez. elles sont le résultat des marches au long cour et de ce que j'aime. J'essaye de les vendre, le confinement supprime des liaisons qui vont se rétablir. Soyons patients, je continue. J'en ai d'autres !!!


Bon courage à tous.


Arlette MARCY





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