top of page

Marche de Stvxxx

Dernière mise à jour : 24 févr. 2023

Marche de Stvxxx accompagné par Edoardo



Samedi 3 décembre : Le Puy en Velay

S : Aujourd’hui, le samedi 3 décembre, on devait prendre le train pour Lyon à 10h qui nous amenait jusqu’au Puy en Velay, mais on est allé à la gare Montparnasse alors qu’il fallait aller à la gare de Lyon, du coup pas de panique on a repris des tickets pour 12h56 pour Clermont Ferrand, qui nous amenait jusqu’au Puy en Velay. On a fait 5h de trajet, On est dans un train qui dure 3h, un deuxième qui dure 1h et un bus qui dure 1h. Nous sommes arrivés au Puy en Velay dans un gîte. Tout se passe bien. Ce soir nous sommes allés dans une pizzeria et là nous nous apprêtons à aller nous coucher. Demain c’est notre première étape de 15 km. J’ai hâte de voir comment ça va se passer.


Edoardo : Qu'une envie pour moi ce matin au réveil : quitter Paris, le ciel bas et gris, la pluie et le trafic, le néon de l’hôtel. On reste coincé entre deux gares des trains, mais finalement on atteint le quai L à la gare de Lyon. Un vieux TER, tellement ancien qu’il me semble être dans une scène d’un film. A bord, un jeune homme passe avec un petit chariot et nous sert deux cafés bien corsés. On est à Clermont-Ferrand. De fil en aiguille on est arrivé en bus, la dernière étape sur le chemin pour le Puy en Velay. Il neige dehors, Paris est désormais loin.


Dimanche 4 décembre : Ramousroucle un peu avant Monbonnet

S : Aujourd’hui le 4 décembre, nous avons quitté le Puy en Velay à 10h15. La route était longue. Il y a eu de la pluie en chemin, puis de la grêle et ensuite de la neige. Il faisait froid, on était mouillé, ça a été une drôle de journée. On a marché 15 km avec Edoardo. Cette marche m’a paru interminable, mais on a fini par y arriver. Nous sommes dans un gîte à Ramousroucle dans un genre de studio. Il y a du chauffage, c’est un bon point après la journée qu’on a passée. J’appréhende demain en espérant qu’il ne se passe pas les mêmes choses.


Edoardo : J’accroche la coquille au sac à dos, je ferme derrière moi la porte de l’abbaye qui nous a donné le toit de notre première nuit. Le ciel était gris, l’air frais. On sort du Puy pour entamer le chemin. Des coups de feu de chasseurs résonnent dans le paysage me rappellent la cruauté des hommes envers les animaux. Ce sentiment ne me quittera pas pendant toute la marche. De la pluie et de la grêle en entrée, de la neige en plat de résistance : ça sera le menu de notre premier jour. Tout autour une nature plate, figée dans le mois qui clôture 2022. Mais aussi des sapins, des champs cultivés et des routes départementales. Mon coéquipier S marche d’un pas fort, tenace. Je suis surpris : 13h51, on s’arrête sous un arbre pour un casse-croûte glacial. L’après-midi passe vite entre le silence du paysage et une rencontre avec un âne courageux et un magnifique cheval.


Lundi 5 décembre : Monistrol sur Allier

S : Aujourd’hui, le 5 décembre, nous avons commencé la journée avec du soleil et nous avons fait la rencontre de deux chiens super adorables. J’aurais voulu les emmener avec nous pour cette aventure, mais hélas ça n’était pas possible. On a passé le reste de la journée dans la neige. C’était dur quand on avançait, mais ça va.

Sur la route, on a rencontré un homme qui faisait la marche en sens inverse. Il a commencé le 19 juillet et il allait terminer sa marche au Puy en Velay. Il a marché pendant cinq mois, quel homme courageux. Puis nous avons marché jusqu’à Saint Privat d’Allier où nous sommes rentrés dans un bar où le patron était désagréable. Il disait qu’on allait pas y arriver. Il faisait plein de blagues super mal placées sur ma couleur de peau. Je l’ai un peu remis à sa place à la fin.

Ensuite, nous avons repris la marche jusqu’à Monistrol sur Allier. Nous sommes arrivés au gîte où nous avons rencontré André, un homme bienveillant, nous avons dîné avec lui et après moi et Edouardo nous avons joué aux cartes et aux dominos. Nous nous apprêtons à aller nous coucher.


Edoardo : De la neige et du soleil toute la journée. Sur le chemin, on a croisé un homme qui revient de Santiago: il a parcouru presque 7000 km en cinq mois et demi. Quelle chance de le rencontrer sur la dernière étape.


Mardi 6 décembre : Saugues

S : Aujourd’hui, notre journée était toujours ensoleillée. Nous avons commencé la journée avec 3 km de montée, ça a été compliqué, mais on l’a fait, on a fait 11 km pour aller jusqu’à Saugues Il y avait de très beaux paysages. La route s’est super bien passée, Edouardo et moi avons eu beaucoup d’échanges durant cette journée. C’était super. Nous sommes arrivés à Saugues où nous avons été accueillis par Maud. Nous avons super bien dîné et là j’ai hâte d’aller me coucher.


Edoardo : On est au 3ème jour de marche avec S. Nous commençons à faire connaissance sur un plan personnel. On partage les repas, les moments de joie et les moins faciles. La marche est un moment de plaisirs avec des journées remplies de soleil et rythmées par l’enchaînement de nos pas. Pendant que la France regarde la coupe du monde à la télé, nous avons la chance de vivre le présent dans la simple beauté du paysage.


Mercredi 7 décembre : Le Sauvage

S : Nous sommes le mercredi 7 décembre, notre journée a commencé par du brouillard. Le froid a complètement gelé notre poche à eau, nous n’avons pas pu boire jusqu’à 14h. Aujourd’hui j’ai failli tomber cinq fois et je suis tombé une fois à l’entrée du village, ce qui m’a beaucoup fait rire. Nous sommes montés en forêt où il y avait pas mal de neige, ce qui nous a beaucoup ralentis. On a fait 11 km en 3h, un record pour nous. On a croisé une famille de sangliers en arrivant à Le Sauvage, là où on devait se loger. Nous sommes bien arrivés avec Edoardo, nous nous sommes posés quelques heures, puis nous avons mangé et ensuite nous sommes sortis regarder les étoiles à l’aide d’une application. Nous avons pu voir Mars et Jupiter. Quelle chance. Nous allons bientôt aller nous coucher pour se remettre de ces 19 km et ce sera reparti pour une 5ème journée de marche de 13 km.


Edoardo : Longue marche Saugues - Le Sauvage aujourd’hui. Le brouillard ne s’est levé que dans nos derniers kilomètres nous laissant dans une journée laiteuse et froide où même les sons disparaissent sous nos pieds. Les seules traces récurrentes étaient celles d’un homme et d’un animal. On découvrira en arrivant dans le gîte qu’un homme avec un gros sac et un âne nous devançaient d’un jour. Nos hôtes doutent qu’ils puissent passer les Pyrénées avec une telle configuration. S était en pleine forme aujourd’hui. Il a mené le chemin du début à la fin. On a fait, pour la première fois, un moment de silence et de marche à distance, même seulement que quelques dizaines de mètres. A midi, on a mangé une demie niche de pain avec du fromage de la région et de la confiture du Puy en Velay. Ce soir c'est la pleine lune, on regarde les planètes dans le ciel et on se recharge pour demain.


Jeudi 8 décembre : Saint Alban sur Limagnole

S : Aujourd’hui, le 8 décembre, le soleil était de retour parmi nous. Le chien du gîte nous a suivis pendant 15 mn, puis a disparu. Cette journée a été assez dure pour moi. J’étais beaucoup fatigué. J’avais du mal à avancer car j’avais passé une mauvaise nuit à cause de la pleine lune. On est bien arrivé à Saint Alban sur Limagnole avec Edoardo où nous avons rencontré le monsieur du gîte qui était très sympa qui est pèlerin, lui aussi. Nous avons fait les courses et bien mangé et j’ai hâte d’aller me coucher après la nuit que j’ai passée. Demain, on repart pour 16 km, j’espère que j’aurais retrouvé mon énergie.


Edoardo : Comme première image ce matin, je vois la lune argentée éclaircir le haut plateau du domaine Le Sauvage entouré par la forêt. J’avais besoin d’une bonne nuit de sommeil pour me ressourcer de la longue marche d’hier. A 9h30, on prend la route. Le soleil fait son entrée avec ses rayons sur les cimes des sapins, la neige tombe des arbres nous donnant à voir une pluie d’étincelles à notre passage. Un chien blanc se roule dans la neige, le lac du domaine le fond dans le paysage. Nous marchons sur du plat à grands pas. Aujourd’hui, c’est moi qui mène le chemin. On quitte la Haute-Loire, on rentre dans la Lozère. La chapelle de Saint Roch nous annonce l’entrée dans l'Occitanie. Nous marchons en silence jusqu’à un arbre qui héberge notre repas de midi. On a des ronces, des roses qui nous entourent pendant qu’on partage notre repas. Je n’ai pas d’eau dans ma gourde, mais un magnifique paysage devant moi.


Vendredi 9 décembre : Aumont-Aubrac

S : Aujourd'hui 9 décembre, j’ai passé une journée moyenne. Le sol était rempli de verglas et de pluie. Ça a été une sale journée. En arrivant à Aumont-Aubrac, j’ai tout remis en question à propos de cette marche. J’ai un coup au moral. Je veux juste aller me coucher.


Edoardo : Bonne marche, bon rythme, temps difficile avec 16 km sous la pluie et le brouillard. S a un pas de marche remarquable, mais aujourd’hui il a beaucoup d’émotions et des pensées qui le traversent. Les conditions climatiques ne nous permettent pas de marquer des pauses pour re-souffler ou apprécier le paysage, mais je n’ai pas le choix sur le terrain, vu la météo. Arrivés au gîte, on est encore une fois seuls, ce n’est pas facile pour S. de ne jamais croiser des jeunes de son âge. J’espère que ses pensées vont s’adoucir dans les jours à venir


Samedi 10 décembre : Nasbinals

S : Nous sommes bien arrivés à Nasbinals.La journée a été longue, 27 km aujourd’hui, dans la région de l’Aubrac, il fait super froid. Il y avait des plateaux à perte de vue. Aujourd’hui, peu de montées, mais beaucoup de plats. Bisous les followers.


Edoardo : L’Aubrac qu’on découvre est battu par des vents gelés. Autour de nous des terres et des gros rochers massifs. La région est figée dans un temps ancestral. Dans le paysage on ne voit pas de poteaux électriques, ni d’antennes du réseau téléphonique, seul le barbelé posé par l’homme est là à nous indiquer les lotissements. On arrive au gîte de Nasbinals en milieu d’après-midi. On fait les courses dans une grande épicerie bien fournie avant de nous diriger vers la boulangerie où on aura en cadeau une niche de pain de seigle. Le soir, il y a les quarts de finale de la coupe du monde. S découvre l’existence de l’équipe de France. Au début, il a du mal à se figurer la sélection des joueurs sur base nationale, mais là il commence à comprendre et après un gros support pour les Bleus, il a hâte de voir la demie finale face au Maroc.


Dimanche 11 décembre : Combrassets

S : On est bien arrivé aux Combrassets. Cette journée m’a paru longue, nous avons fait 20 km aujourd’hui. On a croisé un pèlerin avec un âne, on a discuté un peu avec lui et on a repris notre route, mais sur cette route on a dû prendre un chemin où l’homme avec son âne ne pouvait pas passer, donc nous l’avons attendu pour l’aider à trouver une solution. Il a opté pour l’idée de traverser un autre champ et reprendre le GR65. On a fait beaucoup de chemins aujourd’hui, nous avons traversé beaucoup de plateaux et de portails, puis vu une biche. Le gîte où l’on est est incroyable. Nadège est super sympa. Hâte d’être demain.


Edoardo : Ce matin on a finalement rencontré l’homme qui marche avec l’âne. Ca faisait plusieurs jours qu’on suivait des empreintes d’un pèlerin qui chaussait une grande pointure avec un animal à ses côtés.

On avait eu des infos sur lui pour la première fois par les tenants du domaine du Sauvage. Finalement, la rencontre s’est faite sur un terrain entre Nasbinals et Les Combrassat. Une fois avoir échangé avec lui et parlé de son projet encore une fois seul. Ce n’est pas facile pour lui de ne jamais croiser des gens de son âge. J’espère que ses pensées vont s’ adoucir dans les jours à venir.


Lundi 12 décembre : Espalion

S : J’ai passé une bonne journée, on a fait une heure de silence avec Edoardo. Ce matin, c’était sympa. J’ai pu être dans mes pensées et me projeter pour le futur. Nous sommes bien arrivés à Espalion, on s’est installé à l'hôtel, puis fait les courses. Ensuite on est allé manger au resto, au cinéma, nous avons regardé un film super intéressant sur deux amies. Je fais de gros bisous aux gens que j'aime. Il se reconnaîtront.


Edoardo : S a eu un réveil pas facile car la nuit d’avant il n’était pas assez couvert et il a souffert du froid pendant son sommeil. Mais après le petit déjeuner, on a été surpris par un beau soleil qui nous a accompagnés pour la grande partie de la matinée. S était motivé pour marcher et on a mis en place plus d’une heure de silence dans laquelle il a été en tête de la marche et il a beaucoup aimé la forêt de l’Aveyron qui descend entre Combrassets et Espalion. Le moral est haut, on marche à bonne allure. Les hirondelles volent, dans l’après-midi le ciel se couvre quand on longe le Lot.

Arrivés à Espalion, on fait les courses sous la pluie, on dîne pour la deuxième fois depuis notre départ dans un restaurant et on termine la soirée en regardant un film au cinéma. Très longue journée, on s’attend à deux ou trois jours de pluie devant nous.


Mardi 13 décembre : Campuac

S : Nous sommes bien arrivés à Campuac. Cette journée a été longue. J’ai cru qu'elle allait jamais se terminer. On est sorti très tard de l’hôtel aujourd’hui. On a commencé à marcher vers 10h45 et nous sommes arrivés à 17h et quelques brouettes. Deux choses m’ont marqué durant cette journée.

Chose 1 : on est passé de l’autre côté d’une école, ce qui m’a rappelé l'école primaire où je m’amusais comme jamais avec les copains et les copines, où tout nous semblait bien et facile, où il n’y avait pas de moquerie ou de bagarre, pas comme l’étape du collège où on nous classait tous dans une case, on donne une étiquette à l’autre avant même de lui avoir parlé ou fréquenté, pas de harcèlement ou pire encore d’autres qui se font frapper à cause de sa couleur de peau ou de sa sexualité, ça m’a rappelé comment le collège change de l’école. J’aimerais que tout ça change et pouvoir venir en aide à tous ces jeunes qui subissent ce genre de choses. Je vous fais une promesse à tous ceux qui regardent ce blog qu’après ces trois mois, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour les aider et que ça s’arrête une bonne fois pour toutes.


Chose 2 : Sur la route aujourd’hui, j’ai sympathisé avec une vache qui était super adorable, je l’ai caressée et elle m’a léché la main comme un petit chien qui était content de revoir son maître. Elle avait des larmes qui coulaient quand je la caressais, ce qui m’a fait de la peine. Je pense arrêter de manger de la viande, parce qu'après tout, la viande c’est des animaux qui ont été tués et de voir cette vache dans cet état là m’a fait prendre conscience que je ne devais pas les manger, car ce sont nos amies.


Edoardo : On craignait la pluie vu que la veille on a été accueillis par des averses à Espalion, mais finalement le climat a été clément avec nous. En revanche, beaucoup d’eau coulait dans les sentiers des collines dans les bois. J’ai dû même fabriquer un pont d’urgence pour passer une petite rivière qui avait pris trop d’eau et qui s’était transformée en une chute d’eau assez dangereuse à traverser avec des sacs à dos.. Le chemin semblait sans fin, beaucoup du terrain s’était transformé en boue. L’arrivée au refuge semblait inatteignable.

Finalement, au coucher du soleil, on arrive dans un beau gîte où un poêle nous attendait avec des bûches qui brûlaient. Le repas sera merveilleux : entrée, du bœuf et des carottes cuisinés dans du rouge, des légumes, du fromage, un dessert. Le rêve après une longue, longue journée.


Mercredi 14 décembre : Conques

S : J’ai passé une moyenne journée. On est arrivé à Conques. C’est super. Demain, on part pour Decazeville où je vais arrêter de marcher, car j’en ai marre. Merci d’avoir regardé mon blog. Je ne sais pas quelle sera la suite de cette histoire.


Edoardo : Une marche commencée sous une fine pluie avec un ciel gris. Je suis plein d’énergie. Le paysage autour m’inspire. Je m’arrête plusieurs fois pour prendre des clichés avec mon appareil photo. S marche à un bon rythme devant moi. On s’arrête tôt pour manger dans un village déserté par les hommes, mais il garde un charme discret et subtil. On arrive tôt à l’abbaye de Conques. Notre binôme se met en route pour faire des réservations pour les jours à venir. On approche de Noël, trouver des hébergements pendant les fêtes est quasiment impossible.

Peu avant l’heure du dîner, S passe un coup de fil. Il rentre agité quelques minutes après. Finalement on ne regarde pas la demi-finale France-Maroc ensemble. S est dans ses pensées. Avant de rentrer dans ma chambre, je croise le prêtre avec lequel j’ai sympathisé dans l'après-midi. Il me laisse un mot que je garde pour moi “vous n’êtes pas là pour sauver”



Vendredi 16 décembre : Decazeville

S : Aujourd’hui, c’était notre journée de repos. Je me suis levé vers 8h et j’ai regardé Netflix pour que le temps passe vite et qu’il arrive 9h30 pour pouvoir aller prendre le petit déjeuner chez le monsieur qui tient le gîte. On a très bien déjeuné. J’ai, à nouveau, regardé Netflix, ensuite, nous sommes allés en ville pour pouvoir laver nos affaires. C’était plutôt cool. En attendant que ça se termine, on a joué aux dominos. Ensuite, on a mangé un morceau et puis nous sommes allés regarder Avatar au cinéma. C’était trop bien. Là on est rentré à 20h38, on va manger et on va aller se coucher.


Edoardo : La terrasse de notre gîte surplombe la vallée de Livinhac Le Haut et notre premier jour de repos se présente à nous par un matin ensoleillé avec la brume qui est ancrée aux champs, dans les collines juste en bas de nos fenêtres. Après avoir pris notre petit déjeuner, on est descendus à Decazeville vers midi. Nous allons laver nos fringues, encore mouillées par la pluie de la veille, dans une laverie installée dans un carwash aux abords de la ville historique. Decazeville est une ville ouvrière désertée à la fin des années 80 par la fermeture des mines d’extractions du charbon. Une grande partie de son sol est creusée par des galeries où les mineurs travaillent. J’ai l’impression d’être au Texas ici. Une fois repartis avec notre lessive sous le bras, on achète du pain et on s'arrête pour manger les provisions qu’on a dans nos sacs à dos. Le temps passe doucement, on parle de cinéma en attendant d’aller en salle regarder la première nationale de Avatar “La voie de l’eau” en 3D. On s’installe dans la salle en espérant que le film soit à la hauteur de nos attentes. Le film est d’une beauté rare. Je suis sidéré par la capacité de ce réalisateur de rendre réelles des images que je pensais exister seulement dans les rêves. On est enchanté à la sortie du film. On rentre en marchant par un chemin qui nous mène par les collines. On est dans le noir, seulement les étoiles éclairent notre marche à l’orée des bois entre les maisons installées sur la colline.


Samedi 17 décembre : Figeac

S : Aujourd’hui, c'était un départ pour Figeac, une étape de 27 km. La route était super longue. J’ai cru que le chemin était sans fin, on a croisé des vaches, des ânes et des moutons avec leur bébé. Notre pause à midi m’a permis de poser plus de questions à Edoardo sur le métier d’être acteur, car j’aimerais devenir acteur plus tard, et jouer dans tous genres de films, malgré le fait que j’aimerais plus jouer dans des films d’horreur ou dans des séries comme Stranger Things. En arrivant, on a découvert l’hôtel qui est super accueillant, on a pris une douche et nous sommes allés regarder au cinéma She Said, un film qui parle d’actrices et d'employés qui auraient été abusés par leur directeur, truc de fou. Je ne comprends pas comment cela puisse être possible. Sur ce : Bonne soirée, dormez bien.


Dimanche 18 au jeudi 22 décembre : pas de blogs


Vendredi 23 décembre : Cahors

S : Après un arrêt de six jours, j’ai décidé de reprendre la marche, parce que je ne veux pas décevoir les gens que j’aime, ni les perdre, donc je veux reprendre et leur montrer que je suis capable de le faire et de changer, surtout parce que c’est ce qu’ils attendent de ma part, un changement, donc je suis prêt à reprendre et à affronter toutes les épreuves.


Edoardo : Les jours de Noël se rapprochent et nous devons faire face à une crise à gérer. Marcher dans cette période n’est pas simple. et on a eu besoin d’un temps de remise en discussion avant de pouvoir envisager de reprendre le chemin. Les jours d'arrêt sont les plus difficiles. Les binômes ont du sens dans la progression et quand on est figé dans un endroit, nos motivations deviennent floues et les pensées prennent le dessus.


Samedi 24 décembre : pas de blog


Dimanche 25 décembre : Cahors

S : Aujourd'hui, j’ai passé une mauvaise journée, entre parti aux Urgences pour une infection urinaire, vu que les docteurs ne sont pas ouverts et entre voir plein de gens dans la rue super bien habillés pour aller rejoindre leurs familles ou se balader ce soir dans Cahors et voir les jeunes avec leurs cadeaux dans la rue, comme des voitures électriques, un vélo ou une trottinette.

Notre hôtel est en face de la gare SNCF et j’y suis allé pour voir s' il y avait un train pour Paris pour rejoindre ma famille. J’aurais fait Paris - Marseille, puis Manosque. Mais bon, hélas, je ne l’ai pas fait.

Cette année, Noël m’a dégoûté, car je suis loin de ma famille et le fait de ne pas pouvoir fêter ça avec eux me donne un sentiment de dégoût. Là, je suis en bad mood. Je n’ai pas envie de repartir demain car j’ai besoin de m’en remettre de cette situation, mais est-ce que Seuil va pouvoir comprendre ça ? Je ne sais pas. Bon j’ai hâte d’être à demain et de voir ce qui va se passer, si on marche ou si on prend ce temps. Bonne soirée.


Edoardo : La veille de Noël nous passons un bon moment dans un restaurant indien, le seul établissement ouvert à Cahors. Avant de nous coucher, nous sommes dans l’idée de repartir le lendemain pour aller à Lascabanes.

Finalement, les plans changent au réveil. S n’est pas de bonne humeur, il se questionne sur le fait de passer Noël à Cahors. On décide alors d’aller aux Urgences pour la deuxième fois en une semaine. Encore une fois, nous repartons avec des bonnes nouvelles. S va bien. Nous mangeons le midi au bord de l’eau, le pont Valentré en arrière-plan.

L’après-midi semble interminable. Je convaincs S de faire une balade en fin d’après-midi.

La ville est désertée, tous les commerces sont fermés, les seules personnes qui marchent semblent ne pas avoir vraiment un domicile fixe comme nous. Ils sont certainement dans un voyage. Ils se parlent, ils se serrent les coudes. Je n’ai personne pour parler dans la rue. S marche loin devant moi. On fait le dîner le plus silencieux depuis le début de cette aventure.


Lundi 26 décembre : pas de blog


Mardi 27 décembre : Moissac

S : On est bien arrivé à Moissac. La journée a été longue, mais aujourd’hui j’ai marché avec quatre autres pèlerins, deux éducateurs et deux jeunes qui ne faisaient que 4 jours de marche. On a eu beaucoup de discussions et c' était super sympa. J’ai passé un très bon moment avec eux. En arrivant, on a rencontré les gérants du gîte, des gens sympas, puis j’ai proposé à Edoardo d’aller voir au cinéma un jeune que je connaissais de mon ancien collège qui a gagné The Voice Kids qui a été mon meilleur ami à l’époque, mais quand il a commencé à être connu, il m’a lâché. Bref, son film était émouvant et m’a rappelé La Réunion. Le film s’appelle “Le Petit piaf”


Edoardo :

Mercredi 28 décembre : Auvillar

S : On a fait 21 km aujourd’hui, ça a été que du plat, on a fait 16 km. Edoardo et moi, chacun de son côté, ce qui a été très cool, parce que j’avais besoin d’être seul à ce moment-là, ce qui m’a permis de me retrouver un peu, malgré le fait que les 16 km ont été en silence. 5 km avant d’arriver on a rattrapé les marches d’hier, donc les cinq derniers kilomètres on les a faits ensemble. Ensuite arrivé à Auvillar on s’est tous posé au point de vue, et on à tous mangé ensemble, vu que nous nous sommes arrêtés à Auvillar et que, eux, s’arrêtent 8 km après Auvillar. Quand ils sont partis, ça m’a fait chaud au coeur, mais bon c’est la vie. Ensuite, on est rentré au gîte où l’on a rencontré Laurence, une femme super sympa. Elle a une gigantesque maison. Pour une fois Edoardo et moi avons dormi dans des chambres séparées, ce qui m’avait manqué, puis on a mangé et on s’est couché avec des bouillottes.


Edoardo : .

Jeudi 29 décembre :

S : Aujourd’hui, c’est notre premier mois de marche. Il ne reste plus que deux mois et ce voyage sera derrière nous. J’ai hâte que ça se termine, mes proches et mes demi-frères me manquent et aussi ma vraie famille. Quand je les retrouverai, je ferai en sorte de rester auprès d’eux, car je me rends compte que j’ai tout fait pour m’en éloigner donc c’est dommage. Il faut rattraper tout ce temps perdu.

Aujourd’hui, on a fait 22 km, ça a été quand même assez long, il n’y avait pas mal de plats, mais quand il y avait des montées, ça ne rigolait pas. Je me dis que ça nous entraine Edoardo et moi pour les Pyrénées où il y aura beaucoup de montées, mais ça va, on marche juste pour une journée, après ça sera plus facile en Espagne.

On est bien arrivé au gîte où on a rencontré Nat qui s’occupe du gîte. Elle nous a cuisiné un bon plat. On a bien mangé. Puis on a joué au Mille bornes qui n’a pas été une réussite parce qu’on n’a pas compris les règles, donc on est passé au Uno où Nat et Edoardo ne connaissaient pas les règles, donc je leur ai expliqué, mais ils n'ont rien compris. Et arrive le moment où Edoardo me fait une réflexion sur les jeux parce qu’il n’avait pas compris quelque chose et que je me suis montré énervé, car je n’arrivais pas à expliquer comme il faut, ce qui m’a agacé. Et Edoardo m’a engueulé parce que je m’énervais, sauf ce qu’il n’a pas compris c’est que je ne m’énervais pas sur lui, mais contre moi, parce que je n’arrivais pas à expliquer.

Aujourd’hui, j’ai beaucoup pensé à ces deux éducateurs et les deux jeunes avec qui on avait marché, j'ai ressenti comme un manque. Ça se passait tellement bien avec eux, mais bon c’est la vie. Ce soir, ils ont envoyé un message à Edoardo où ils ont dit qu’on était de très bonnes personnes et qu’on était une belle rencontre. Ils m’ont dit de ne rien lâcher et que j’arriverais jusqu’à Santiago. Et que si j’avais un coup au moral, ils étaient là et qu’on pouvait les appeler.


Edoardo :Quelle magnifique nuit on a passé chez Laurence à Auvillar. Non seulement une maison qui ressemble à un château, un accueil avec un gâteau et du café, des rires avec elle et ses invitées. En plus de cela elle nous a gâtés avec une bouillotte bien chaude que l’on a mis sous nos couettes. Ma chambre était grande avec deux fenêtres, une terrasse, des meubles de campagne magnifique, et un double lit chaud et confortable. Au matin, on a trouvé des petits porte-bonheur et à côté un mot pour chacun d’entre nous. Nous avons laissé des mots et un cadeau comme lien d’attache. Ce que l’on tisse sur le chemin est une toile qui se dessine au fil des jours.

Le matin, il ne faisait pas encore jour quand je suis sorti acheter du pain. Il faisait pourtant chaud. Je me dis que dans le futur ce sera une punition de marcher l’été et la haute saison sera l’hiver. Marcher au matin devient une habitude que je commence à sentir comme une nécessité. On est une team extrêmement rapide en chemin, les hôtes sont toujours surpris par le fait qu’on toque à leur porte toujours en avance. Une nouvelle page s’ouvre, on est au deuxième mois de marche


Mardi 24 janvier : Santo Domingo de la Calzada

S : Bonjour. J’espère que vous allez tous bien. Moi, ça va malgré la fatigue. Je suis vraiment désolé d’avoir arrêté le blog. Maintenant, je reprends les nouvelles depuis tout ce temps, c’est que nous avons passé les Pyrénées, Edoardo et moi, avec un autre pèlerin qui s'appelle, Alexandre, qui est super sympa.

Donc, nous sommes bien arrivés en Espagne. On a formé un groupe avec six ou sept pèlerins qui sont super sympas.

En arrivant à Pampelune, j’ai rencontré une québécoise qui s’appelle Joanie. Elle est grave sympa, mais elle marche très lentement. Je l’embête souvent avec son accent. J’ai marché deux étapes avec elle où l'on a beaucoup discuté de la vie. Elle nous apporte beaucoup de choses à l’image de la vie. Puis arrive le jour où elle me dit qu’elle prend une pause, donc on la perd pour un jour. On décide de continuer avec cet autre groupe, on fera quatre autres étapes avec eux avant que notre chemin se sépare, car on faisait une petite étape par rapport à eux. On s’installera dans un gîte où l’on sera complètement gelé.

Quelques jours après, on sera dans un gîte à Najera où l’homme qui nous accueille avait l’air “grave sympa”. On fera la rencontre d’un français, dont je ne me rappelle plus le nom, mais qui est quand même, dans mes pensées, qui était super agréable avec qui j’ai beaucoup discuté.

Le lendemain,, on a dû faire une pause, car Edoardo avait trop mal à la jambe et on devait aller voir un médecin. En sortant du médecin, il me dit qu’il peut continuer, mais qu’il faut surveiller. On décide de ne pas rester dans le même gîte, car le matin, le gérant n’était plus si sympa que ça et on décide d’aller dans un autre gîte qui est ouvert sur le chemin pour arriver à l’auberge. On a croisé un pèlerin qu’on avait croisé à Pampelune. Il allait au même gîte que nous. Je lui ai demandé alors s’il avait des nouvelles de Joanie. Il m’a dit alors qu’elle allait arriver dans pas longtemps à notre auberge, ce qui était un plaisir pour moi d’entendre ça. Joanie finit par nous rejoindre avec un coréen. Ce fut les retrouvailles. Ils décident alors de tous aller manger un kébab ensemble.

Aujourd'hui, le 24 janvier est un jour spécial, c’est mon anniversaire. Je gagne 16 ans, cela me vieillit. J’ai mangé à midi au resto avec Edoardo. En fin d’après-midi, j’ai appelé tous mes proches, surtout mon Lieu de Vie, car je ne les ai pas souvent au téléphone. J’étais tout content de pouvoir leur parler, Les éducateurs, les jeunes, je vous fais de gros bisous. Virginie, j’ai 400 €. On se barre de Faucon.

Bon à toute, et à tout le monde à bientôt pour le prochain épisode.


Mercredi 25 janvier : Belorado

S : Aujourd’hui, une étape de 22 km. La marche m’a paru courte. J’ai parlé avec Edoardo la plupart du temps. Je lui ai raconté un peu comment ça se passait au Faucon quand j’y étais. On est arrivé au gîte vers 13h, on est passé à l’épicerie où l’on a pris des choses à manger pour midi. Joanie nous a rejoints, ainsi que les autres. Nous avons fait chacun ce que nous avions à faire.

Un peu plus tard, un pèlerin est arrivé. Nous avons fait connaissance avec lui et il nous a montré son crédencial. Il avait fait 600 km avant d’arriver au village. Il est passé par l’Italie, Marseille etc…Ils ont décidé de tous aller manger au restaurant, on était six, ce fut un agréable repas. Nous sommes rentrés et j’ai chanté avec la coréenne et aussi dansé.

Son attitude m’a perturbé, car elle est professeur d’anglais dans la vie de tous les jours. Super moment avec elle. Ensuite, j’ai beaucoup discuté avec Joanie qui est une ancienne éducatrice. En parlant avec elle, je me suis mis à pleurer, ça a été une très belle discussion. Je pense aller me coucher et réfléchir demain sur tout ce qu’on s’est dit. Bonne nuit.


Vendredi 27 janvier : Burgos

S : Aujourd’hui, a été une étape de 23 km. Ça m’a semblé interminable entre la neige à perte de vue, puis la grêle et le soleil en même temps. Ce fut quand même une belle journée.

Donc, nous sommes bien arrivés à Burgos où nous ferons une pause. Prenez l’accent québécois quand vous dites “pause”. Bon trève de plaisanterie, on a pris un AirBnb car les gîtes nous jettent dehors à 8h, alors qu’on est en pause. Le soir, on a mangé des pâtes à la carbonara et Edoardo m’a acheté un gâteau pour fêter mes 16 ans, puis je suis allé me coucher.


Samedi 28 janvier : Burgos – repos

S : Je me suis réveillé vers 9h. J’ai pris le petit déjeuner avec les autres et je suis allé me doucher. Ensuite, j’ai regardé la télé malgré le fait que c’est en espagnol ou en anglais. Je me suis dit qu’au moins j'apprends les langues. Puis à midi, on a mangé de la pizza faite par un italien de notre groupe, ce qui était très bon. J’ai, à nouveau, regardé la télé.

Vers 18h, on a décidé d’aller tous les quatre au bowling. Joanie, moi, Edoardo et Enrico. En arrivant sur place, il y avait beaucoup de gens, on a demandé pour jouer au bowling, on nous a donné le numéro 93 alors qu’il était au numéro 55. Comme ça faisait une longue attente, on a décidé alors d’aller jouer aux Arcades dans la salle d’à côté. On jouera à un jeu de voitures, puis au Bolly, à un jeu de zombies, à la moto, au pistolet, au chamboule, au truc où il faut marquer dans le camp adverse.

Certains jeux donnent des tickets et avec ces tickets on peut gagner un jeu. Des jeunes me regardaient gagner les tickets, donc j’ai décidé de leur donner mes tickets.

Au bout de 2h, il n'était qu’au numéro 69. Donc, on a décidé de rentrer manger et de revenir. Avant de partir, on a demandé à un mec du bowling “le numéro 93 passe dans combien de temps ?”. Il nous a dit “dans 2h”, donc on est rentré manger. On mangera des lasagnes faites aussi par l’italien.

Au bout d’1h30, Edoardo a appelé le bowling et leur a demandé à quel numéro ils en étaient. Il nous ont sorti le numéro 21. Attendez, pas de panique. On a décidé d’aller sur place et en arrivant, ils en étaient au numéro 52. Nous reprenons un ticket et on reçoit le 57. Nous sautons de joie. Pendant ce temps, on est retourné jouer aux Arcades. Puis arrive notre tour de jouer, au 1er tour, je finis dernier et au 2ème tour, je finis 2ème. J’étais super content. Là, nous sommes rentrés et je vais aller me coucher, car il est 1h du matin et que demain, nous avons une étape de 20 km.


Dimanche 29 janvier : Hornillos del Camino

S : Aujourd’hui est une étape de 19 km. Une bonne journée. On aura parlé de ce qu’on pense faire à notre retour, Edoardo et moi, puis, on marchera séparément entre lui et moi sur les derniers kilomètres. Le soleil sera bien présent.

En arrivant au gîte, nous nous rendons compte que dans le village où l’on est, il n’y a rien d'ouvert. En rentrant dans le gîte, on a retrouvé un pèlerin français avec qui on avait passé une soirée avant que notre route ne se sépare. Ce fut les retrouvailles. Chacun vaque à ses occupations. Joanie et Enrico finissent par arriver.

Vers 18h30, le mec du gîte avait préparé à manger pour quatre autres pèlerins.. Joanie, moi et Edoardo, décidons de lui acheter des pâtes, malgré le fait qu’on en avait un peu dans notre sac, mais ce n’était pas suffisant. On lui demande de la sauce tomate en même temps, puis arrive le moment de payer et le mec nous sort 25 € par personne. On se regarde tous en mode, c’est une blague ! Et il finit par nous dire que les pâtes coûtent 16 € par personne, que la sauce tomate coûte 4,50 €, et qu’il y a 5 € pour le gaz. Du coup, on lui dit qu'une seule personne peut payer pour quatre les 25 €. Il a refusé. Il voulait à tout prix 25 € par personne. Edoardo décide de ne pas manger, donc du coup pour trois, on pouvait utiliser les pâtes qu’on avait dans notre sac. Joanie décide alors de ne payer que la sauce tomate et l’affaire est résolue, mais cet homme était vraiment bizarre, sachant que les pâtes coûtent 1,20 € dans un magasin.


Lundi 30 janvier : Castrojeriz

S : Notre journée commence par le mec du gîte qui s’embrouille avec Edoardo pour l’histoire des pâtes d’hier soir. Je décide alors de commencer à marcher avec Joanie et Enrico. De loin, j’ai aperçu le français qui marchait, donc je l’ai rejoint. Au bout de 10 mn, Edoardo nous a rejoints. On a parlé de foot pendant 30 mn et ensuite chacun a fait son chemin. Au bout de ces 20 km, nous posons nos affaires et nous irons manger au restaurant. Après être sortis du restaurant, on a fini tous au complet au gîte. On finira par apprendre qu’il n’y a rien dans tout le village, donc pas de douche, pas de radiateur. Les toilettes, il y a une solution.

Puis, j’ai grimpé la colline pour visiter le château, une très belle vue se présente à moi. Je finis par redescendre jusqu’à la maison. On mangera et on ira tous se coucher. Il y avait un mec dans notre chambre qui parlait dans son sommeil et qui toussait, ce qui m’a beaucoup dérangé, mais j’ai fini par m’endormir.



Mardi 31 janvier : Fromista

S : Une étape de 25 km. Cela m’a paru long, mais je positive en me disant qu’à partir de demain, il restera trois semaines de marche jusqu’à Saint Jacques de Compostelle. Une très belle étape sous le soleil. Sur le chemin on a rencontré un coréen super mignon dans sa façon de faire. On rediscutera du retour avec Edoardo. On est arrivé au gîte vers 13h45. On a rencontré l'homme du gîte super sympa qui parle aussi français. Il nous a conseillé un restaurant pour manger. On ira là-bas où l’on sera traité comme des rois, de grosses portions nous seront servies.

En rentrant au gîte, on s’est retrouvé à nouveau tous au grand complet, juste qu’on a un nouveau avec nous. Le coréen, lui et moi jouons aux cartes jusqu'au moment où on a entendu un chien courir devant la porte, ce qui lui a fait peur, car il a peur des animaux. Il m'emmènera faire le tour de la maison, cramponné à moi pour savoir s’il était encore là. On s’est rendu compte que c’était le chien de l’homme du gîte. On ira manger. J’ai continué à lui faire croire que le chien était encore là pour lui faire peur, puis chacun ira se coucher.


Mercredi 1er février : Carrion de Los Condes

S : Février est enfin arrivé, plus que trois semaines et c’est fini la marche. Aujourd'hui était une étape de 19 km, assez courte. J’ai marché un peu avec Joanie et ensuite avec Edoardo. Je lui ai dit que je n’avais pas l’impression d’avoir travaillé sur moi, car j’ai mis une barrière dans mes pensées et que du coup, je n’ai pas travaillé sur moi.

Les 13 km je les ai marchés vite et seul. Je suis arrivé 30 mn avant tout le monde. Notre amie coréenne est arrivée ensuite. J’ai fini par aller récupérer Edoardo sur le chemin et je l’ai accompagné.sur les derniers kilomètres. Il ressentait une grande fatigue.

On s’installera, puis on ira manger au restaurant. J’ai mangé un hamburger. Un peu plus tard, j’ai fini sur un banc avec Joanie en parlant de la vie. On parlera pendant 2h. Ensuite, on ira manger au restaurant, Joanie, moi, Enrico et le coréen. Edoardo qui était trop fatigué restera à la maison. Pendant le repas, le coreen me dira qu’il m’envie, car à mon âge, il aurait aimé vivre les expériences que moi j’ai vécues. Il me trouve trop cool. Je lui ai dit qu’il est cool aussi. C’est dommage qu'on va se perdre demain, car il fait une plus grande étape que nous. En partant de la pizzeria, j’allais payer quand il m’a proposé de payer. Il disait qu’il m’invitait. J’ai trouvé ça trop cute. En arrivant au gîte, on a fait des photos souvenir et Joanie nous annonce qu’au Canada, il fait -44° .


Jeudi 2 février : Ledigos


Pas de blog


Vendredi 3 février : Calzadilla de Los Hermanillos

S : Aujourd’hui a été ma pire journée, malgré le fait qu’il y a eu des moments bien. Tout a commencé par une embrouille entre Edoardo et moi. Pendant 17 km on a marché séparément, ensuite on a marché ensemble. On parlera des films que j’ai vus la veille. Quelques mètres avant d’arriver à notre village, j’ai sauvé un bébé mouton égaré de son troupeau. En arrivant au gîte, on s’est installé et puis Enrico nous a envoyé un message et nous a demandé où l’on était, car il disait être arrivé au gîte, sauf qu’on y était aussi et comme c’est tout petit, on lui a demandé à quel village il était. Et il se trouve qu’il avait fait fausse route et qu’il était à 14 km de notre village. On lui demande alors si Joanie est avec lui et il dit que “non”. Joanie, au moins, était sur la bonne route. On dit à Enrico de nous rejoindre demain à Mansilla. Joanie finit par nous rejoindre et elle se rend compte qu’il n’y pas de chauffage et qu’il fait très froid. Quand elle a pris sa douche, elle est tombée sur l’eau froide. Pas de chance Joanie.

Quelque temps après, on décide d’aller manger au restaurant, parce que le magasin pour faire les courses n'est ouvert que le matin et qu’on n’avait pas grand chose à manger dans notre sac. En arrivant au restaurant, le mec nous dit “qu’il ne sert pas à manger ce soir”. On lui demande s’il y a quelque chose à manger et il nous dit que “non”. Sachant que c’est le seul restaurant du village, la panique m’envahit. Je me demande ce que je vais manger. On part et on se dit, il y a un bar sur internet qui dit qu’il est ouvert. Donc on y va. En arrivant sur place, c’était fermé. J’étais déçu.

Puis Edoardo me dit un des petits trucs à manger à moi. Je lui demande alors ce qu’il a. Il me dit une banane, quelques craquottes, un misérable morceau de fromage et un œuf mollet. Sachant qu’on est trois. Je me dis que ça n’allait pas suffire.

Sur le chemin du retour, je dis que je vais appeler Seuil et voir avec eux s’ils ont une solution, car ils nous ont dit que s’il y avait un problème de les appeler. Joanie me dit “qu’est-ce qu’on va faire”. Je lui dis peut-être qu’ils nous diront de prendre un taxi. En arrivant au gîte, je demande à Edoardo le portable pour appeler l’association et qu’est-ce qu’il me répond : “non les appels, on est en autonomie. Si on n'a pas à manger, on ne mange pas”. Je décide d’appeler l’association quand même, mais personne n’a répondu et ils n’ont pas rappelé. Je me suis retrouvé à manger 3 craquottes, un bout de fromage et la moitié d’un œuf.

Edoardo m’a énormément déçu, car il sait que j’ai besoin de manger pour prendre des forces pour le lendemain, mais bon. Je crois qu’il ne l’a pas compris. Je ne sais même pas ce que je vais manger demain matin.

En allant fumer, j’ai craqué en repensant à ma journée et un couple est passé devant moi. Ils sont venus me voir et on a parlé à l'aide de google traduction et je leur ai raconté l’histoire du restaurant, puis ils se sont levés et sont partis.

J’ai commencé à écrire mon blog, quand tout d’un coup quelqu’un frappe à la fenêtre derrière moi. Je tourne la tête et c’était le couple. Je sors les voir et qu’est-ce qu’ils me donnent des œufs, du pain et du lait. Quelles personnes formidables !, Merci à eux.

Aujourd’hui a été une étape de 30 km. Très longue journée, en plus c’était la première fois qu’on faisait 30 km. Faucon au secours !


Samedi 4 février : Mansilla

S : Aujourd’hui a été une petite journée. On a fait 17 km. Sur le chemin, on s’est arrêté avec Joanie pendant 30 mn où l’on a cherché des auberges pour dormir. On a bronzé un peu tous ensemble au soleil. C’était plutôt cool. Avant on n’avait pas en tête de faire des pauses et de rester là dans l’herbe sans rien faire au soleil, puis on a repris la marche. J’ai marché devant jusqu’aux 500 derniers mètres car il y avait deux chemins et je ne savais pas lequel prendre. Donc j’ai attendu Edoardo. Ensuite, on ira tout droit et arrivés au village, on a attendu 5 mn, le temps que l’homme du gîte vienne nous ouvrir. On s’installera et irons faire les courses dans l’épicerie du coin sachant que l’épicerie appartient à l’homme du gîte. Joanie finit par arriver. On mangera tous ensemble. Enrico arrivera un peu plus tard, puis je suis allé dans le bar du coin où sur le mur est marqué “on parle français”. En arrivant dans le bar pour chercher un tampon pour la credencial, on parlera français ensemble.


Dimanche 5 février : Léon

S : Nous sommes tous bien arrivés à Léon. On aura fait 23 km. Assez bonne journée. L’entrée de Léon n’a pas été trop longue. On s’installera dans une auberge de jeunesse tous ensemble. Edoardo ira visiter la ville et moi j’irai fumer devant la cathédrale, enfin ce que je suppose être la cathédrale, quelque temps après j’apprenais que c’est un musée.

Vers 18h45, on ira faire les courses où j’achèterais un coca comme d’habitude. A un moment, je passe entre deux garçons qui parlaient français, sur le moment je ne m’en suis pas rendu compte. Je crois que je n’entends pas beaucoup parler français. Je me tourne vers eux et je dis “vous parlez français ?” l’air choqué. Ils me répondent que “oui”. Je leur demande alors s’ils habitent ici. Ils me disent que “non” et qu’ils viennent de France. Je leur demande alors ce qu’ils font en Espagne. Ils me disent un échange de famille. Le concept c’est que leur lycée organise à ce qu’ils viennent dans une famille en Espagne et que eux viennent chez eux ensuite. Ils finiront par me demander ce que je faisais là. Je leur ai dit “le chemin de Saint Jacques”. Ils diront “c’est cool” et que eux aussi aimeraient le faire. Je leur ai dit “c’est dur, mais ça en vaut la peine de le faire”. J’ai fini par leur dire “au revoir et bonne continuation”.

Edoardo et moi déposons les courses à la maison et ressortons, car on a un truc de spécial ce soir, un Escape Game sur Game of Thrones. En arrivant sur place, le monsieur parlait espagnol. Et oui je fais un Escape Game en espagnol, malgré le fait que je ne pratique pas cette langue. On ira dans la première pièce où il y a un puzzle, un casse-tête sur une image d’araignée et plein d’autres trucs encore. Au bout d’une trentaine de minutes, on a résolu la dernière énigme, sauf qu’on pensait ne pas avoir terminé jusqu’à ce que Edoardo se rende compte que la porte de la deuxième salle était déjà ouverte. Il nous restait une trentaine de minutes pour la deuxième salle. On résoudra toutes les énigmes à part pour la dernière où il nous restait 3 minutes pour la résoudre, mais on l’a quand même résolue. Puis on est rentré manger.

Edoardo : Il était une fois un homme qui désirait voir des paysages lointains. Il décide de partir faire un voyage, dont le parcours pour y arriver était fort intéressant, au moins de ce que les autres gens pour y avoir été, disaient. Il partit avec un sac rempli d’habits et des petits encas. Sur le chemin, il commença à trouver plein de choses car les gens qui étaient passés avant lui avaient l’habitude d’y laisser ce dont ils ne voulaient plus. Il se rendit compte de marcher dans une espèce de musée à souvenirs. Il était tellement content de trouver des choses gratuites qui commençaient à remplir son sac avec des souvenirs ici et là. Plus il avançait, plus il trouvait des choses et vite son sac était rempli. Comment les porter ? Il commence à les prendre en photo, mais plus de photos il prenait, moins d’espace, il lui restait.

Il commença alors à ne garder ses souvenirs que dans sa tête. “Ça fera moins de poids”, se dit-il. A un certain moment, fatigué d’emmener autant de choses, il commença à se défaire de ce qu’il ne voulait plus. Plus il avançait, plus il laissait des choses.

L’endroit qu’il voulait atteindre était encore loin, mais il en avait vraiment assez de porter du poids sur ses épaules.

A un certain moment, il se rendit compte qu’il avait pratiquement vidé tout son sac et laissé beaucoup de choses. Et ce fut à ce moment-là que sur le chemin, il trouva un long désert à traverser.

Tout d’un coup, tout devint silencieux autour de lui. La puissance du désert était à l'œuvre.

Ce fut à ce moment-là qu'il se rendit compte que les souvenirs qu’il avait gardés en tête, même que ces derniers étaient durs à porter jusqu’au bout. Mais ceux-ci étaient les plus difficiles à s’en débarrasser, car ils étaient désormais dans sa tête.

Il voulait pourtant être léger et ce fut alors qu’il trouva une ruse. Les souvenirs qui sont dans ma tête, je les mettrais dans des livres, sous forme de phrases, se dit-il. Ce sera une façon d’en donner aux autres et de me faire de la place dans ma tête.

Après tout cet effort, il se rendit compte qu’il avait faim. Ce fut alors qu’il décida de se cuisiner des pâtes. Il acheta de quoi en faire et ce fut un repas royal.


Lundi 6 février : Villadangos

S : Une étape de 20 km au bord de l’autoroute. Quelle journée ! On a avalé 40 paquets de cigarettes à cause des pots d’échappement. On marchera tout le temps à côté avec Edoardo et on discutera de Joanie et d’Enrico, car en partant de Léon, on les a laissés là-bas, car c’était leur journée de pause. Nous sommes bien arrivés au gîte. C’est un très bel endroit où la pièce est à 20°. En revanche, dehors, il fait froid.

Aujourd’hui, le chemin a cherché à me dire quelque chose car tout a débuté quand je me suis pris les branches des arbres, puis j’ai essayé de passer entre deux poubelles, mon sac s’est accroché à la poubelle. Quelques minutes plus tard, on passait sur une toute petite route étroite où il y avait des rambardes de l’autoroute, mon sac s’y est accroché aussi, et quelques kilomètres avant d’arriver, j’ai trouvé 10 centimes par terre qui brillaient. Je ne sais pas s’il faut appeler ça la chance ou la poisse. Sur ce, je vous laisse et je vais dormir.


Mardi 7 février : Hospital de Orbigo

S :Aujourd’hui était une petite étape car on a fait que 13 km. Sur le chemin on parlera avec Edoardo, puis on verra un homme à vélo qui faisait le chemin lui aussi. Je lui ai dit “bonjour et buen camino”. On a continué à marcher jusqu’au moment où Edoardo me dit de regarder par terre au sol, il y avait une coquille Saint Jacques toute blanche avec le symbole de Saint Jacques dessus. C’est étrange car il y a une semaine, j’en voulais une et voilà qu’on en a trouvé une posée là au sol sur le sentier du chemin. Edoardo me dira “que c’est parce que tu l’avais demandé”. Il me dira “regarde le chemin te l’a donnée”. On s’est dit que peut-être le chemin me donne ce que je voulais, donc Edoardo m’a dit dans le prochain vœu “demande quelque chose qui te servira pour la suite”. Nous sommes bien arrivés au gîte. On est dans un restaurant et un bar, c’est cool. Dans l’après-midi, Edoardo est sorti et je l’ai suivi comme un agent secret dans toute la ville. C’était cool. Voilà


Edoardo : Aujourd’hui, on a fait une étape tellement courte que je ne m'en souviens même plus. Mais je ne peux pas oublier les poids lourds qui faisaient trembler la terre sous nos pieds pendant qu’ils avalaient le goudron de la route nationale. Je me souviens, en particulier, d’un d’entre eux, un camion doté d’une cabine rouge à capot avec le poste de conduite qui était placé derrière le compartiment moteur, qui pointait la route avec assurance. Il était attelé d’un semi-remorque à citerne avec finition miroir. Il pesait certainement plus de 4 tonnes et pourtant semblait fendre l’air comme une étoile filante dans une nuit claire d’été. Derrière lui, en arrière-plan, des montagnes enneigées et des champs de maïs en jachère. J’ai été surpris de le voir sortir de l’horizon et ma surprise m'empêche de voir à l’intérieur de la cabine.

Soudain, je n'ai pas pensé à donner un visage à son conducteur, mais tout de suite, j’ai eu une vision de la casquette qu’il portait. Il m’a certainement vu marcher au bord de la route. Ma veste bleu clair, mon sac rouge clair, ma casquette à visière noire, le ciel bleu derrière moi, mes cheveux au vent. Je me demande si lui aussi, pour un moment, il a rêvé de changer sa vie et d’être à ma place.


Mercredi 8 février : Astorga

S : Aujourd’hui a été une journée de 16 km. C’était cool. On a croisé un peu de neige sur la route. On a marché tout le temps à côté avec Edoardo sans forcément se parler.

Six kilomètres avant d'arriver à Astorga, on s’arrêtera dans un coin sympa où vit un homme. Il a construit sur le camino un endroit où peuvent dormir les pèlerins l’été. Il offre des trucs à boire et à manger en donativo. On est resté 20 mn avec lui, puis est arrivé le moment où il me demande mon prénom. Je lui dis mon prénom, et il me dit qu’en espagnol, c’est un autre prénom, sauf que c’est le nom de quelqu’un qui m’a été cher. Je suis resté sans voix. On reprendra la route avec Edoardo et on discutera de ce qu’il vient de se passer. En arrivant à Astorga, on ira faire les courses pour manger à midi, car le gîte ouvre à 14h, sachant qu’il n’est que 12h45. On mangera sur un banc et irons au gîte ensuite.

Dans le gîte, il y a plein de gens. En fin d’après-midi, j’ai fait un appel avec ma psy où elle me transmettra un message d’un jeune de mon Lieu de Vie. Ça m'a beaucoup ému, car je m’attendais pas à ça de lui. J’espère que ce jeune arrivera à s’en sortir dans sa vie. Je lui souhaite que du bonheur à ce garçon incompris par la société. J’apprendrais autre chose qui me bousculera un peu, mais ça va. Cet après-midi, j’ai fait un spa avec Edoardo dans un un hôtel 4*. C’était super. On a même été dans un hammam et un jacuzzi. J’étais aux anges. Ce soir, on mangera des pâtes au thon et voilà.


Edoardo : Il est 4h45 de l’après-midi. La lumière tamisée trace un chemin dans le couloir qui mène au jacuzzi. Je sors du sauna pour gagner l’entrée à la salle rectangulaire de la piscine. Un peu plus loin, les méridiennes où on a laissé nos peignoirs. En face, trois miroirs ronds font écho aux luminaires circulaires installés autour du bassin.

11h20 du matin, autour de moi et mon compagnon de route s’ouvre un paysage caractérisé par de la terre rouge ocre avec des jeunes sapins qui bordent la route sur plusieurs kilomètres. Nos empreintes cassent l’équilibre silencieux qui a été créé cette nuit par la neige qui est venue ajouter une couleur au panorama qui nous accompagne pendant qu’on franchit la colline.

Une petite cabane au milieu des champs est remplie de fruits et d’une sélection de nourritures que seulement une personne vivant au contact avec la nature pouvait imaginer. Des confitures, des crèmes, des bananes, des kakis, des dattes et l’or noir de mes désirs : des fèves au chocolat et du café noir bouillant qui m’attendaient. Je m'installe sur un hamac pour boire mon café, alors que mon compagnon roule le tabac entre ses doigts. Je parlerais avec l’homme qui vit dans la forêt du camino primitive, le plus beau, le plus difficile à traverser, le plus authentique avec peu de gîtes.

A faire dans la belle saison avec une tente pour dormir à la belle étoile à côté d’un feu de bois et une personne pour partager ces moments de bonheur.


Jeudi 9 février : Astorga - Jour de repos

S : Aujourd’hui était une journée de pause pas comme les autres. On a dû quitter le gîte à 8h30. On est allé dans un café pour boire un truc chaud pour faire passer le temps car à 10h, Edoardo, Joanie et moi avons rendez-vous au spa. Pendant ce temps dans le café, j’ai fait des tresses à Joanie. Puis est arrivé 10h. On est allé au spa. C’était super cool. On a fait du sauna avec Joanie, puis du hammam avec Edoardo et Joanie. On a fait un peu trempette dans la piscine, puis Joanie et moi on s’est posé sur les chaises chauffantes et nous avons discuté de ce que je ferais au retour. Par la suite, on se fera masser. C’était tellement cool ce moment-là. Ensuite, nous avons mangé un bout et nous sommes rentrés au gîte car il était 14h. Puis nous sommes ressortis pour visiter un château où je me suis senti comme un roi. Puis je me suis posé sur un banc dans un parc avec Joanie. On parlera de nos vies à chacun. A la fin, avant de rentrer, elle me dira qu’aujourd’hui elle a pris une décision et qu’elle nous suivra jusqu’à Santiago, ce qui m’a beaucoup ému car je l’aime bien et qu’aussi j’ai fait sa première étape avec elle où je l’ai accompagnée jusqu’au gîte, dont elle me disait qu’elle aimerait terminer avec nous. It's so cute. Puis je ferai un appel à Faucon où j’aurais aimé pouvoir parler avec un jeune en particulier, mais ce n’était pas possible. Je parlerais avec un autre jeune que j’aime bien, les autres étaient trop occupés sur leur téléphone (les gars lâchez un peu vos téléphones, non mais sérieux) Puis j’ai appelé mes grands-parents pour leur demander s’ils seraient disponibles pour la fête de retour. Mais ils ne peuvent pas car ils travaillent. Puis j’ai appelé ma mère pour lui demander si elle venait. Elle me dit que non, car mes grands-parents ne viennent pas, ça m’a beaucoup blessé car c’était un moment important pour moi sachant que Virginie ne vient pas non plus. Ça m'a un peu mis un coup au moral. En revanche, j’aurais aimé demander à Faucon si un jeune pouvait venir avec Téo me chercher, mais ils me diront que ce n'est pas possible non plus. Un peu dégoûté, mais ça va.


Edoardo : On a une date de retour et deux sièges réservés sur le vol Santiago-Barcelone du 23 février. Devant nous encore treize jours de marche et un nombre indéfini d’aventures. Chaque moment sera unique. Même les moments d’inconfort seront bientôt des memories à garder précieusement comme souvenirs de cette aventure.


Vendredi 10 février : Rabanal del Camino

S : Aujourd’hui, on a marché 20 km. Ça n'a pas été trop long je trouve. C’était une assez belle journée au soleil. J’ai marché avec Edoardo pendant pratiquement toute la journée, sauf pour les deux derniers kilomètres. En arrivant au village, j’ai croisé une femme qui fait le camino aussi. On a marché ensemble jusqu’à l'auberge où l’on croisera un chien qui m’a sauté dessus, pour jouer bien sûr.

En arrivant au gîte, j’ai posé mes affaires. Edoardo m’a rejoint, puis on a discuté avec un autre pèlerin qui vient de Strasbourg. Il a une vie pas très facile, puis nous sommes partis faire les courses à l’épicerie du coin. La femme était très sympa. On finira 10 pèlerins dans le même dortoir. Vers 19h, Joanie, Edoardo, moi et une pèlerine et un autre pèlerin nous asseyons pour discuter. C’était un très bon moment.

Samedi 11 février : Moliinaseca

S : Une journée avec du soleil. Que demander de mieux ! Aujourd’hui, on a beaucoup monté, on a été jusqu’à 1509m d’altitude Au début, j'appréciais le chemin, puis ça a commencé à me saouler. Je trouvais ces 25 km trop longs. Puis, nous sommes arrivés à notre village, on s’est posé au gîte, puis nous sommes allés faire les courses pour midi et soir. J’ai mangé à midi des nouilles piquantes. Le soir, tous les autres et Joanie sont allés au restaurant. Edoardo et moi sommes restés au gîte pour manger.


Dimanche 12 février : Ponferrada

S : Ma journée la plus courte, car aujourd’hui on a fait que 8 km pour arriver à Ponferrada. Nous sommes partis Joanie, Edoardo, Daniel et moi vers 8h30. En quittant le gîte, on voulait se poser dans un bar pour faire passer un peu le temps. Mais tout était fermé, donc nous avons pris le chemin pour Ponferrada. Sur le chemin, Joanie et moi apprendrons à Daniel des mots en français, puis je ferai beaucoup de vidéos du chemin que je vais mettre sur l’ordinateur de Faucon. Par la suite, je ferai une vidéo où je demanderai aux autres ce qu’ils en pensent du chemin. A Edoardo, je lui demanderai ce qu'il pense de notre binôme, ensuite, je répondrai à mon tour aussi.

Nous prendrons une pause par la suite où nous discuterons en anglais pendant 30 mn. Puis nous avons repris la route. En arrivant à l’entrée de la ville, on avait perdu Joanie et Daniel, donc Edoardo et moi sommes allés poser nos sacs au gîte. On est allé vers le centre ville où l’on passera devant un très beau château. On s’arrêtera dans une cafétéria où j’ai pris un milkshake Oréo et des pancakes, puis Joanie nous a rejoints. On restera tous ensemble dans la cafétéria pendant 20 mn, puis Edoardo est allé chercher un tabac pour moi. On verra une brocante de loin et décidons d’y aller. J’ai trouvé deux trucs qui m’intéressent. J’ai acheté un cadeau pour ma sœur et pour une de mes éducatrices préférées. On ira ensuite dans un bar acheter deux paquets de clopes car on est dimanche et on n’est pas sûr que le tabac soit ouvert. On retournera rejoindre les autres à la cafétéria. On ressortira par la suite et moi et Edoardo passerons dans une boutique de pèlerins où j’ai acheté un collier pour moi. On rejoindra Joanie et Daniel en face du magasin où l’on restera là pendant 1h à parler ou à chanter. C’était un très bon moment. Puis arrive 14h. Donc nous sommes allés au gîte. Chacun fera sa vie jusqu’au moment où je dis à Edoardo et à Joanie “viens on va visiter le château”. En arrivant au château, la femme a refusé de nous faire la réduction des pèlerins parce qu’on n’avait pas nos crédencials. On paiera 12 € pour entrer. Le château était super grand, ça nous a pris 2h pour le visiter. Dans le château, j’ai proposé à Edoardo et Joanie de jouer à cache-cache. Ils ont refusé. En sortant du château, nous sommes rentrés. J’ai fait à manger et Edoardo s’est occupé du dessert. C’était cool ce repas à quatre. J’ai passé un agréable moment.


Lundi 13 février : Villafranca del Bierzo

S : Aujourd’hui, on a fait 23 km. Nous passerons par plusieurs villages. Je suis parti comme une flèche, au bout de 10 mn de marche auprès d’Edoardo jusqu’au moment où j’ai croisé Daniel. Donc, j'ai décidé de marcher avec lui où je lui donnerais des cours de français et lui me donnerait des cours d’anglais. On aura le temps de passer dans un bar pour qu’il achète des clopes, fume une clope avant de repartir et de s'arrêter à la banque, car il doit retirer de l’argent. On a aussi eu le temps de s’arrêter au village juste avant le village où on devait dormir avant qu’Edoardo nous rejoigne. Je ferai les 7 derniers kilomètres avec Edoardo. En arrivant au gîte, on a posé les sacs, puis on est allé au restaurant où tout était bon, très bon. Le soir, on est retourné au restaurant, mais ils nous diront qu'ils ne servent à manger qu’à 20h, donc Joanie et moi irons faire les courses, puis on se posera sur un banc et on discutera des choix à prendre si on a des regrets ou pas. A 20h, on ira manger au restaurant où le repas était très bon, mais j’avais pas très faim. J’ai l’appétit coupé en ce moment. En sortant du restaurant on ira au gîte, sauf que lorsqu’on arrive la porte est fermée avec des cadenas. On appelle alors Daniel à la rescousse, mais il n'arrive pas à ouvrir la porte. On ne pouvait pas appeler la personne du gîte car quand ils ferment la porte et qu'on n'est pas là, on ne peut plus rentrer. Daniel trouvera une solution et nous fera escalader un mur pour rentrer dans la cour. On lui dira “merci”, puis chacun ira au lit. Au beau milieu de la nuit, je me suis réveillé où j’ai vu que tout le monde dormait, ça m’a rendu un peu triste car je me disais quand je vais rentrer je n’aurais plus personne qui dormira à côté de mon lit ou même quelqu’un qui dort au-dessus de moi.


Mardi 14 février : O Cebreiro

S : Aujourd’hui je ressens beaucoup de stress, car on passe deux étapes en une seule journée. On doit faire 28 km. On a fait 21 km de plat où je parlerai à Edoardo de tout et de rien. C’est étrange comment on passe de village en village très rapidement. Dans un village, on voulait s’arrêter manger, mais il n’y avait rien d’ouvert jusqu’au moment où la dame d’un bar nous demande ce qu’on cherche. On lui répond “à manger”. Elle décide alors de nous ouvrir son bar pour qu’on puisse manger. J’ai mangé un croque-monsieur, on s’est installé à la terrasse de dehors au soleil. C’était sympa. En partant, elle nous fera un tampon et elle nous donnera comme cadeau des gâteaux faits maison. Les 7 derniers kilomètres ont été de la grosse montée. Arrivé tout en haut, il y avait une très belle vue.

Je parle un peu avec Edoardo, puis je décide d’aller prendre ma douche. Il n’y avait pas de porte. Je décide d’aller voir la douche des filles et c’était pareil. J’ai pris ma douche, puis suis allé fumer. J’ai entendu Joanie arriver et je me suis jeté sur elle en lui demandant comment c’était la montée pour elle. On fumera une clope ensemble en face des montagnes. C'était très beau. Le soir, Edoardo et moi sommes allés dîner au restaurant où j’ai mangé des pâtes, car je n’avais pas beaucoup faim. En sortant du restaurant, j’ai vu un pull où il y a marqué “camino de Santiago” qui coûte 24 €. Je décidai de l’acheter, puis on rentrera se coucher.


Mercredi 15 février : Triacastela

S : Aujourd’hui, est une étape de 23 km pour arriver à Triacastela. On est toujours accompagné par le soleil. Quelle chance. Dans une des montées, j’ai dit à Edoardo “ça serait cool de faire de la luge”, puis il me dit “regarde, y a une luge dans les buissons”. Je suis resté choqué. J’ai fait un peu de luge dans les descentes, puis on est passé par de très beaux villages. Arrivé au village, on s'installe, puis Edoardo prendra chacun une séance chez un masseur.

Quand Joanie est arrivée on s’est posé sur un banc au soleil et on a parlé de boutons et de pieds. On ira faire les courses. Par la suite, je suis allé au massage où j’ai demandé de faire fort. Elle m’a fait très mal. J’ai cru pleurer. Le soir, j’ai fait à manger des pâtes au thon. Voilà.


Jeudi 16 février : Sarria

S : Cette journée, j’ai marché lentement car j’avais mal aux jambes du massage d’hier. Dans les montées, j’avançais comme un escargot. A la fin d’une montée, on a retrouvé Joanie qui faisait une pause. Donc on a fait une pause avec elle. C'était sympa. Puis, nous avons repris la route. C’était beau de continuer à voir les montagnes de loin. Sur le chemin, j’ai croisé un homme qui parle espagnol. Je ne comprenais rien de ce qu’il me disait jusqu’au moment où il sort un tampon pour la credencial. Il me fera le tampon, puis Edoardo arrivera, discutera avec l’homme et lui donnera 2 €. Il me dira que c’est un SDF et que le tampon qu’il m’a fait était payant. Il me dira de faire attention à qui je parle surtout quand je ne comprends pas.

Arrivé au gîte, je ferai mes trucs, puis j’ai appelé ma psy où je dirais un de mes plus grands mensonges, dont j’en suis pas fier. Je voulais enfin me libérer de ce poids là, car j’ai envie de tourner la page. J’ai envie de construire ma vie, aller de l’avant. Je sais que ça va blesser les gens qui m’entourent du mensonge que j’ai dit, mais j’étais perdu à ce moment. J’étais dans une autre phase de ma vie. Aujourd’hui, j’ai envie que ça change. J’en suis mort de tous les jours me réveiller avec ce poids sur mes épaules. J’avais envie de gagner en sincérité. Comme dirait le directeur de mon Lieu de Vie, c’est le moment où je décide de prendre ma vie entre mes mains. J’espère que les gens ne m’en voudront pas beaucoup, car j’ai changé et que je suis sorti de tous ces cercles qui m’entourent. J’ai appris de mes erreurs et je souhaite juste avoir une vie meilleure.


Vendredi 17 février : Portomarin

S : Une étape de 22 km. Le soleil a décidé de nous accompagner jusqu’à Santiago. A ce que je peux constater on a beaucoup traîné aujourd’hui sur le chemin où on s’est arrêté prendre des photos ou pour parler avec Joanie. 12 km avant d’arriver, un vieil homme nous arrête dans la rue, Edoardo et moi, et nous donne à chacun une noix en nous disant “apportez là à Santiago pour moi”, car il n’était plus capable de faire le chemin. Il m’a beaucoup touché avec son discours. Joanie finit par nous rattraper et l'homme lui donne une noix aussi jusqu’au moment où il dit à Joanie “viens avec moi, viens on sort ensemble, que je te marie” et il disait avoir besoin de compagnie. Joanie lui a dit alors que “non”. L’homme demande à Joanie : “Edoardo est ton mec”. Joanie dit que “oui” et que moi “je suis son fils”, ce qui me faisait marrer. Puis nous avons repris la route, sauf que lorsqu’on a passé un virage, on voit au moins 30 personnes avec des sacs à dos, des ados et des adultes, car ils commencent tous aux 100 derniers kilomètres. Je les double un par un. Arrivé au gîte, je me suis posé et fait mes affaires. Vers 18h, j’ai dit à Edoardo que j’avais vu un t-shirt du camino qui me plaisait que je je veux l’acheter. J’ai pris le t-shirt mais aussi une casquette. Après tout ça, j’ai appelé ma sœur et lui ai parlé de mon mensonge. Elle l’a très mal pris, ce que je comprends totalement. Mais ça m’a rendu triste car je ne voulais pas la blesser. Je lui ai demandé de ne rien dire aux parents et que je leur dirai moi-même. Elle m’a dit que quand notre mère l’apprendra, elle sera déçue, chose que je savais à quoi m'attendre. Autre stress, c’est Faucon, car je ne sais pas ce qu’ils en pensent de ça ou comment ils vont le prendre. Je ne voulais pas en arriver là. Sur ce, je vais me coucher. Je suis rempli d’émotions là maintenant.


Samedi 18 février :

S : Aujourd’hui devient une étape de 24 km. Ça commence par moi qui double assez rapidement les élèves portuguais, j’ai marché 1h seul jusqu’au moment où je retrouve Joanie qui faisait une pause, on fumera une clope ensemble jusqu'à ce que Edoardo arrive. Il nous dira que lui, il continue son chemin. Je suis resté là allongé au sol pendant que les élèves espagnols nous dépassaient. Ils sont 90 élèves, puis j’ai repris la marche avec Joanie. On a parlé de nos complexes, discuté de tas de sujets différents, fait 4 voire 6 pauses avant d’arriver.

En arrivant, on fera chacun notre vie, puis on est allé fumer à la terrasse avec Joanie et on a parlé tranquillement.

Quand j’ai vu des espagnols qui étaient dans notre gîte le jour d’avant mais qui faisaient beaucoup de bruit. Donc on ne les aime pas beaucoup et donc du coup, je crie à Joanie à couvert, elle me regarde en mode “pourquoi ?” jusqu’à ce qu’elle voit les espagnols. De là, elle se jette au sol et moi avec. Je les regarde passer en disant “ils vont venir, tu crois”, et il y a Joanie qui me dit “chut”. Finalement, ils ne sont pas venus. Nous voilà contents. Après avoir fini la clope et de rigoler de ce qui vient de se passer, Edoardo revient du supermarché et nous dit, j’ai vu les espagnols qui descendaient la route, en les voyant, je me suis caché derrière un camion pour qu’ils ne voient pas à quel gîte je vais. On lui racontera aussi notre aventure, on éclatera tous de rire, puis Joanie dit, jusqu'à quel âge pour faire ça ?”. Le soir, on mangera moi et Edoardo, puis j’irai me coucher.


Dimanche 19 février :Arzua

S : On a fait notre dernière grosse étape. Aujourd’hui c’était 29 km. J’ai tracé pendant 16 km tout seul jusqu’au moment où je me pose sur un banc et que Edoardo arrive. On discute genre 20 mn, puis on verra les enfants portuguais arriver. On se dira “c’est pas possible, ce matin on est parti à 7h45 pour ne pas les croiser” car ils encombraient le chemin. Les 6 derniers kilomètres avant d’arriver à Arzua, on se posera sur un banc pour discuter pendant 30 mn, puis on reprendra la route. En arrivant au gîte, on se posera dans un restaurant qui ne m’a pas plu.. Puis le soir, on mangera Edoardo et moi. Bon, je vous avoue être stressé pour ce qui arrivera prochainement dans ma vie. Je suis beaucoup rempli d’émotions et de questions.



Edoardo

n’a pas écrit depuis le 10 février

245 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Marche de Enzxxx

Marche de Enzxxx accompagné par Pierre Samedi 30 mars : E : Je m’appelle E. J’ai 15 ans. Je viens du Nord. Pendant les trois derniers jours, je suis parti rencontrer mon accompagnant, Pierre, pour mar

Marche de Anaxxx

Marche de Anaxxx accompagné par Damien Samedi 30 mars : A : Après un premier jour chaotique et un vent à faire tomber les dents, la 2ème journée de marche commence sous la pluie. Heureusement, elle ne

Marche de Rjoxxx

Marche de Rjoxxx accompagné par Martin Jeudi 21 mars : R : Bonjour, je m’appelle R. J’ai 17 ans et demi Je viens de Candé dans le 49. Je suis vraiment pressé de partir. Je suis impatient de découvrir

bottom of page