Marche de Jorxxx accompagné par Cedric
Lundi 13 juin : Le Puy en Velay
J : Je m’appelle J. J'ai 18 ans. Je fais la marche car j'ai eu des soucis dans mon passé. Ce matin, je me suis réveillé avec Cédric puis nous sommes partis au train. J’ai trouvé 10 centimes, puis après j’ai battu Cédric au 100 m. Je me sens bien juste, Narkos me manque de ouf. J’ai fait que dormir dans le train. J’ai hâte de commencer pour retrouver mon chien et mes proches.
Ma première nuit avec Cédric, on a mangé un kebab devant le match France/Croatie dans un bar avec un verre; Puis après on s’est baladé et j’ai trouvé un collier par terre. J’ai plein de bons signes pour la marche. J’ai pris deux cartes postales de la cathédrale du Puy en Velay. J’ai mal aux jambes. Il n'y a que des montées et descentes. A demain
Cédric : Je m'appelle Cédric et je vais accompagner un jeune pour la deuxième fois. Cette nouvelle expérience débutera sur les chemins de Stevenson avec J. La découverte de cette personne et de l’itinéraire semble aussi beau l’un que l'autre. Les jours, les semaines, les mois qui suivront nous confirmerons ou non ce ressenti.
D’ici là, nous nous découvrons l’un et l’autre par des parties de football, quelques longueurs dans la piscine, mais aussi et bien entendu par la marche.
Puis, nous arrivons au Puy en Velay à la suite d’un long voyage en train. J semble être exalté et enthousiaste à la perspective de ce long voyage à pied. A vrai dire, le sentiment est partagé.
Après une arrivée tardive, des affaires déposées dans un couvent, un tacos englouti, nous déambulons dans les ruelles. Notre itinéraire aléatoire nous amène au pied de la cathédrale. Qu'elle est belle et majestueuse. Au détour d’un regard, la bonne étoile de J l’amènera à trouver par terre un magnifique collier. La pierre polie reflète différentes couleurs selon comment on la tient. Elle est incrustée dans une pièce en bois, de forme ovale. Ce collier à l’ensemble harmonieux sera, je l’espère, un porte-bonheur, un gage de réussite dans cette marche pour J
Mardi 14 juin : Monastier sur Gazeille
J : On a commencé la marche pendant que je marchais j’ai eu une inspiration que mes jambes c’est des moteurs et mes pieds c’est des “BM double pieds” (mdr).Le soir était bien lourd. J’ai mal à l’épaule gauche. J’ai pas envie de faire des pauses. On a fini la marche de 19 km à 14h30 sans forcer. Cédric était derrière mais j’étais obligé de l’attendre. Toute la journée grand soleil.
On a dormi chez les Bonnes Sœurs. Dans la nuit, petite envie, je me lève, je tourne ma tête je vois deux Soeurs. J’ai couru pour aller aux toilettes. elles faisaient que de me regarder, en plus, j'étais en caleçon. Je reviens dans la chambre en courant. J’allume la lumière. Cédric il fait ah ah ah !
Aujourd’hui, journée amusante. J’ai aussi trouvé un collier en bois avec une grosse perle. La chance.
Cédric : Après un réveil bien matinal, nous prenons un café en regardant l’étape du jour. L’excitation du commencement emmènera J à marcher sur un rythme impressionnant. Nous traversons des champs de coquelicots et de blé sous une chaleur qui a dû accabler plus d'un randonneur; 28°, pas un nuage. L’air asphyxiant contrastait avec le rythme fluide que nous avons tenu lors de cette première étape, malgré les nombreuses montées que nous avons dû traverser. 14h30 sonne dans le village de Monastier sur Gazeille sous un soleil au zénith. Notre étape du jour s’achève ici après 19 km 600 de parcourus. Nous découvrons ensemble la première nuit en gîte et le partage de la chambre avec des inconnus.
Mercredi 15 juin : Goudet
J : Aujourd'hui, j'ai plus envie de marcher, gros mal de pieds. On a même pas marché nos 15 km à cause de mes pieds. Je vais chez le médecin demain.
On est dans un camping à Goudet. On va manger un burger, trop bon ! On a monté les tentes pour la première fois, c'était cool. Il fait une chaleur de ouf.
Cédric : Après une longue réflexion, nous décidons de re-chausser les souliers pour une étape de 15 km. Le départ s’effectue en début d’après-midi et les kilomètres défilent aussi vite que sur un compteur de voiture. On exagère à peine ! 8 kilomètres parcourus en 96 minutes sur un sentier caillouteux, avec des montées et descentes en veux-tu en voilà.
Seulement voilà, le deuxième kilomètre parcouru qui nous offre la découverte de somptueux villages de Goudet, nous obligera à faire une pause définitive, pour la journée.
La première nuit en tente s’inaugure sous une nuit fraîche, appréciable.
Jeudi 16 juin :
J : Nous nous sommes réveillés dans un camping impossible de dormir de la nuit.
J’ai attendu 1h Cédric pour qu’il se lève et qu’on prenne le train pour aller chez le médecin. Le médecin m’a dit que c’était un ongle incarné. Après on est allés au même gîte que la deuxième nuit. J’étais beaucoup fatigué et j’avais mal aux pieds. J'ai dormi environ 2h30
Cédric : Docteur à Monastier sur Gazeille pour un ongle qui fait des siennes. Le verdict médical sera positif. J peut continuer à marcher. Seulement nous traversons un temps de réflexion. Alors nous prenons nos marques dans ce petit village aux 1200 âmes. Le quotidien se crée au fur et à mesure que les heures s’écoulent. Les visages deviennent familiers, les sourires échangés sont sincères.
Bref, un rythme de vie s’instaure, le quotidien amène au partage et à la découverte de l’autre.
La confiance créée par les repères naissants poussera-t-elle vers un nouveau départ ?
Vendredi 17 juin :
J : Aujourd’hui encore un temps très chaud. On a rangé du bois dans le gîte où l'on est, puis après on est allés se promener dans Monastier. On est allé visiter le musée de l'École pendant 2h. C’était long, mais ils racontent des petites blagues, ça passait le temps parce que je suivais pas trop, car je ne comprenais pas tout. On rentre manger après on va dormir.
Cédric : A défaut d’un nouveau départ, c’est l’arrivée du soleil qui est bien ancrée. La chaleur étouffante nous cloue sur place dans l’après-midi que nous passons à jouer aux échecs et aux dés. Le moment de détente n’est pas démérité après ce travail de dur labeur : trier, ranger du bois, la tonne de bois à ramasser, y avait de quoi être abattus avant même de commencer, mais nous ne sommes pas laissés abattre.
Pour que la journée soit complète, nous avons complété l’activité physique à la culture. Direction “retour vers le futur” avec la visite du Musée des Écoles, animée par un ancien instituteur très loquace. Nous découvrons bon nombre d’anecdotes concernant l’Institution au XIX°s avec en point d’orgue, la célèbre méthode arithmétique. Le célèbre objet arithmétique : le boulier.
La fin de journée arrive, la deuxième nuit en tente se poursuit ; regard plongé à l’horizon où les plaines se dessinent .
Samedi 18 juin :
J : On a dormi en tente et pour une fois j’ai réussi à trouver le sommeil. On est allé voir un concours de pétanque. Il y en a qui jouent hyper bien et d’autres moins. On a aidé la personne du gîte à faire le ménage, aspirateur et serpillière. Je vois plein de chiens, le mien me manque beaucoup. J’ai hâte de rentrer. Je n'ai pas ma place ici.
Cédric : Le réveil après une nuit étoilée fut des plus appréciables, avec un soleil qui se lève doucement, dessinant le contour des plaines qui offre progressivement une très belle vue.
C’est le sourire aux lèvres que nous entamons notre journée. Nous commençons par aider l’hébergeur en nettoyant le gîte, ce qui impulse notre journée. Une fois que l’odeur du savon noir vient embaumer le gîte, nous partons jouer notre célèbre partie d’échecs à la place centrale du village. Nous finissons par sympathiser avec la gérante du bar qui nous offre les cafés. Il faut dire qu’on se donne des airs d’érudits à être en pleine réflexion à déplacer des pièces. Blague à part, la matinée se termine par la traditionnelle séance de sport.
L’après-midi fera office de spectacle. Nous contemplerons des joueurs de pétanque s’affronter à un concours. L’adresse et la dextérité dont ils feront preuve seront époustouflantes, les carreaux sifflent aux oreilles et les applaudissements suivront.
Puis la soirée pointe le bout de son nez. Nous endossons le costume de cuisinier . Une salade de saison sera concoctée à base de concombre, tomates, melon. Elle sera aussi rafraîchissante que la brise qui viendra apporter un peu d’accalmie à une journée bien chaude.
Dimanche 19 juin :
J : Aujourd’hui, je me suis levé. Il y a un arbre qui est tombé et la tente de Cédric s’est cassée, du coup, il en a demandé une autre au mec du gîte. Après on a rien fait de notre journée.
Cédric : La nuit fut saccadée. Le vent a soufflé fort dans la nuit, à tel point qu’il en devenait abrutissant. Son sifflement continu à différentes forces, peut être écouté comme un chant hypnotique qui nous berçait dans les bras de Morphée.
Que nenni. Pour ma part, cet élément viendra ériger un mur de bruit qu’il aura fallu escalader en plusieurs heures pour trouver le repos.
Un premier fait, dont on se serait bien passé : l’arceau de ma tente s’est brisé. Je n’étais pas là. J'étais, dans le gîte dans la pièce à vivre.. Nous nous retrouvons à bidouiller un réparation temporaire avec un collier, en juxtaposant les deux pièces fracturées. La pièce “réparée” nous allons immédiatement voir quel en sera le résultat. Bilan terrible. L’assemblage ne tiendra pas quelques secondes. Heureusement, l’hébergeur a des tentes de secours et aura la gentillesse de nous prêter une.
L’après-midi, nous tapons dans le ballon sous un soleil caniculaire, où nous nous hydratons bien.
La suite aura été plus somnolente avec l’attente de la fin de journée. Les minutes prennent des heures et l’agacement commence à apparaître.
Prendre un peu de distance s’impose et J. bénéficie d’un temps libre pour souffler. Fin de soirée sous un signe plus détendu, dans le silence
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